Il est ressuscité !

N° 221 – Mai 2021

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Jubilés

NOUS avons célébré le 13 mai dernier, fête de l’Ascension et anniversaire de la première apparition de Notre-Dame de Fatima, le jubilé d’or de notre mère Lucie du Précieux Sang, cinquantenaire de la fondation de la communauté des Petites sœurs du Sacré-Cœur : pour « vivre à côté, à l’ombre des frères comme la Vierge Marie à l’ombre de saint ­Joseph », et apporter « un supplément caché à la prière des frères ». Leur secret ? « Une tendre dévotion à la Vierge Marie » et un amour tendre de Jésus sous l’habit et la devise du Père de Foucauld : Jésus ­Caritas. « Les sœurs n’auront pas d’autre règle que celle des frères, parce qu’elles ont une vocation d’effacement à l’ombre de leurs père et frères. » Et d’un service modeste dans une grande communauté d’esprits.

Pour l’occasion, toutes nos communautés disséminées en France ont rallié la maison-mère. Seuls nos frères et sœurs du Canada n’ont pas pu venir. La retransmission en direct des célébrations a atténué la peine de ce renoncement sans en amoindrir le mérite et c’est sans doute à leur sacrifice que nous devons la réussite de cette réunion inédite !

Malgré leur absence, pour accueillir quatre-vingt-quinze religieux, il a bien fallu pousser les murs, agrandir le chœur de la chapelle, aménager des dortoirs, de nouveaux réfectoires... Nous ne nous étions pas rassemblés ainsi depuis dix ans ! Dix années durant lesquelles les communautés ont bien grandi... Nous avons pu nous en rendre compte le 12 au soir, lors de la procession aux flambeaux en l’honneur de Notre-Dame de Fatima : la double file de nos frères et de nos sœurs s’étirait interminablement le long des allées du parc, tandis qu’au sommet de son brancard fleuri, la Dame de lumière, oscillant doucement au rythme de la marche, semblait agréer nos cantiques.

Le jour de la prise d’Habit de la petite sœur Lucie du Précieux Sang, le 1er juillet 1974, notre Père avait achevé son sermon en demandant les prières de nos amis : « Priez pour que nous soyons fidèles à notre vocation inébranlablement au moment où tellement de rochers sont délités, tellement de grands arbres sont fauchés par la tempête. Il faudrait que notre petite maison et ses petits arbrisseaux soient comme protégés de la tempête et soient fermes, afin de vous apporter cet encouragement, à vous-mêmes qui êtes dans les tempêtes du monde, pour que vous restiez fidèles à travers cette crise d’apostasie terrible du monde, que vous fassiez votre salut et que vous aidiez ceux qui vous seront donnés à faire eux aussi leur salut, afin que nous nous trouvions tous un jour heureux dans la vie éternelle. Ce qui sera la vraie fête dont toutes ces fêtes humaines ne sont que la préparation ! »

Assurément, nos amis ont bien prié ! Réunis si nombreux, nous avons pu savourer les prémices des fruits du grand combat de notre Père contre la Réforme : notre unanimité de convictions dans l’atta­chement à la vérité, et de cœurs dans l’amour du Cœur Immaculé de Marie. En attendant son triomphe qui restaurera cette communion dans l’Église tout entière !

Dans son sermon, frère Bruno livra le secret de cette union merveilleuse qui règne dans nos communautés et dont la fidélité de mère Lucie est le symbole : nous sommes enfants d’un même père ! Cela lui permit aussi d’exprimer avec toute sa délicatesse notre affection pour cette fille incomparable de l’abbé de Nantes :

« Vous êtes sa fille au point que, cinquante ans après votre arrivée parmi nous, je ne saurais dire autre chose de vous : vous n’êtes “ que ” sa fille, et c’est pour cela que nous vous aimons. Et que je puis dire n’avoir jamais connu l’ombre d’un dissentiment entre nous en cinquante ans ! Le “ Perpétuel secours ”, ce doit être ça... Toutes vos filles rassemblées aujourd’hui autour de vous, y compris celles de la maison Saint-Georges au Canada, le disent avec moi, et aussi tous leurs frères. Nous sommes vraiment les enfants du même Père, par un extraordinaire privilège, en ces temps qui sont les derniers : vous, ma Mère, vos filles et nous leurs frères. »

Quelques minutes auparavant, frère Bruno lui avait remis la houlette, figure de la sainte Croix à l’effigie de Notre-Dame de Fatima, ainsi que la couronne de fleurs, signes sacrés tout à la fois des combats présents et de la gloire future, de son autorité de mère et de sa dignité d’épouse.

« Notre-Seigneur vous donne part, ma Mère, depuis de nombreuses années, à son souverain pouvoir sur les brebis de son enclos, expliqua frère Bruno. La houlette que vous venez de recevoir à l’effigie de cette divine Pastourelle, est une figure de la Croix du Christ, terreur des loups rugissants déambulant autour de votre enclos, cherchant qui dévorer. Et la couronne que vous venez de recevoir, avant même d’être la couronne de gloire qui vous est promise, est le signe de votre royale victoire sur ces démons en ce monde par la puissance du Cœur Immaculé de Marie, notre Mère et notre Reine, à jamais ! »

Si cette cérémonie fut tellement émouvante, ce fut bien par l’évocation discrète des épreuves endurées et surmontées par notre Mère et par nos communautés, dans le sillage de notre Père.

Le soir, reprenant la parole après le chapelet, frère Bruno précisa ce lien entre la gloire et la croix, en développant l’un de ses sujets de méditation de prédilection : les apparitions de Fatima accomplissent à la lettre les visions prophétiques de l’Apocalypse. La Dame de lumière qui annonça, le 13 mai 1917, la fin de la Grande Guerre est la même que celle qui était apparue à saint Jean dans le ciel de Patmos (Ap 12, 1), suspendant le châtiment divin. Au verset suivant, cette Femme enfantant dans les souffrances du Calvaire le Premier-né d’entre les morts, fils aîné de la nouvelle famille des enfants de Dieu et de Marie, c’est Notre-Dame des Douleurs que les trois pastoureaux contemplèrent le 13 octobre.

Et puisque saint Jean poursuit en évoquant l’Ascension de son Enfant « enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son trône » (Ap 12, 6), nous attendons son retour, que précède Notre-Dame de Fatima.

« L’attente de ce retour est toute notre raison d’être depuis notre fondation. Pour moins de cinquante nouvelles années ? Nous ne savons pas. Dieu le sait ! dans la pauvreté, dans la solitude et le silence qui est “ louange de la Gloire de Dieu ”, selon l’article premier de notre sainte Règle :

« “ Les frères et les sœurs se retireront en petit nombre dans des ermitages, oasis de paix au milieu du monde, pour la louange de la Gloire de Dieu. Ils y vivront pauvres, dans la solitude et le silence. C’est ainsi qu’ils attendront éveillés le retour du Seigneur qui ne saurait tarder. ” »

C’est donc bien confortées dans leur vocation que nos sœurs renouvelèrent ensuite leur allégeance à leur mère prieure, en présence du Saint-Sacrement exposé : « Ma Mère, je promets de vous obéir fidèlement ! »

Le fruit de cette journée, c’est l’alacrité décuplée de nos petites sœurs, résolues à tous les dévouements pour prolonger l’œuvre de notre Père. Et nous, les frères, sommes les premiers à profiter de leur enthousiasme communicatif !

PÈLERINAGE D’ACTION DE GRÂCES À SAINT JOSEPH

Le lendemain 14 mai, c’est auprès de saint Joseph, notre grand Protecteur, que nous avons accompli un pèlerinage d’action de grâces pour ce magnifique jubilé d’or. Point besoin d’organiser une expédition à Cotignac, à Espaly ou à Kermaria : nous avons en Champagne, au sud de Troyes, un petit sanctuaire dédié au chef de la Sainte Famille, perdu au milieu des champs : Saint-Joseph-des-Anges. Depuis plus de soixante ans que notre maison est sous son patronage, nous ne lui avions pas encore rendu nos devoirs ! Ce fut une plongée dans “ la religion de nos pères ” du dix-neuvième siècle.

À l’origine de ce pèlerinage, la dévotion d’un bon curé, l’abbé Cardot, ami du Père Emmanuel du Mesnil-­Saint-Loup et du bienheureux Père Brisson. Cette église fut l’œuvre de toute sa vie. Au prix de vingt ans d’efforts, il éleva d’abord une tour de trente-cinq mètres de hauteur au sommet de laquelle fut placée en 1877 une statue monumentale de l’Immaculée Conception : sept mètres, huit tonnes et demie, visible à dix lieues à la ronde ! C’était l’hommage d’un pauvre curé de campagne à la Reine des Cieux, sous ce vocable défini en 1854 par le saint pape Pie IX.

Quant à la chapelle de Saint-Joseph-des-Anges, au pied de la tour, ce bon prêtre mourut sans en voir l’achèvement dont il laissa le soin à son ami l’abbé Brisson. D’abord réticent, ce dernier fut bientôt conquis par les largesses du Maître des lieux !

Nos dévotions faites, la suite de notre pèlerinage nous mena à Villemaur, sur les traces d’un autre pauvre curé de campagne, notre bien-aimé Père, qui fut au vingtième siècle dans sa paroisse une fidèle image de saint Joseph.

La collégiale de Villemaur fête cette année le cinquième centenaire de son splendide jubé. Mais une autre occurrence nous y attirait : le 6 août 1961, il y a juste soixante ans, Mgr Le Couëdic, évêque de Troyes, remettait dans cette église la coule monastique aux premiers Petits frères du Sacré-Cœur. Ce jubilé de diamant atteste la solidité de l’édifice bâti par notre Père !

ANNÉE JUBILAIRE DE SAINT JOSEPH

Tirant toujours le meilleur parti de l’initiative du Saint-Père de dédier l’année à saint Joseph, frère Bruno continue à aviver notre confiance dans sa toute-puissante intercession, à l’école de notre Père.

Par exemple, le mercredi de la troisième semaine après Pâques se célébrait jadis la solennité de saint Joseph patron de l’Église universelle, instituée par Pie IX et restaurée par notre Père dans nos communautés. Après avoir porté en procession la statue du chef de la Sainte Famille, frère Bruno prononça un sermon roboratif sur l’universel recours de sainte Thérèse d’Avila à son saint de prédilection : « Je ne me souviens pas de lui avoir jamais rien demandé jusqu’à ce jour qu’il ne me l’ait accordé. »

Au cours du salut du Saint-Sacrement qui suivit, nous le priâmes avec cœur pour l’Église (cf. encart) !

SUPPLIQUE A SAINT JOSEPH

Ô SAINT JOSEPH, en ce jour qui vous est consacré, nous voulons vous honorer et vous prier pour l’Église, avec une confiance sans limite en votre toute-puissance.

Nous proclamons vos vertus, nous les admirons et nous vous glorifions de cette vocation qui fut la vôtre, de cette tâche que vous avez si bien remplie, vous empressant à servir, aimer, entourer de mille sollicitudes Marie et Jésus. Vous êtes le protecteur, le patron, le chef de l’Église, comme vous fûtes le chef et le père attentif de la Sainte Famille de Nazareth.

Aussi, nous vous adjurons d’avoir pitié de la Sainte Église que vous ne pouvez laisser en cet état, que vous devez secourir par votre intercession toute-puissante, afin qu’elle restaure la foi, l’espérance, la charité et qu’elle rende aux sacrements toute leur autorité. Qu’elle rétablisse la discipline afin que les âmes se convertissent, que les vocations fleurissent et que tous progressent dans la sainteté.

Vous, si vigilant dans la défense de l’Enfant-Jésus et de la Vierge Marie, comment ne le seriez-vous pas au sein de l’Église, prolongement de la Sainte Famille de Nazareth, et comment ne seriez-vous pas tout-puissant sur le Cœur de Marie, votre fidèle Épouse ?

Souvenez-vous qu’à Fatima, vous avez béni le monde, manifestant ainsi la puissance que le Ciel vous donnait pour ces temps d’apostasie que nous vivons.

Cœur très pur, très généreux et tout-puissant de saint Joseph, vous dont l’obéissance aux ordres du Ciel fut toujours parfaite, triomphez du cœur du pape François, nous vous en supplions, afin qu’il se soumette aux demandes de notre Mère et Reine ! Qu’il lui consacre la Russie et établisse dans le monde la dévotion à son Cœur Immaculé.

Par votre intercession, l’Église, revenue de ses erreurs, retrouvera son antique splendeur. Elle mènera les âmes au Cœur Immaculé de Marie, notre refuge et le chemin qui nous conduira jusqu’à Dieu.

Ainsi soit-il.

RETRAITE DU PREMIER SAMEDI DU MOIS.

Le 1er mai, la fête de saint Joseph Artisan coïncidant avec le premier samedi du mois, frère Bruno a saisi cette occasion pour nourrir encore notre dévotion envers saint Joseph, en lui consacrant la “ télé-­session ” mensuelle.

Samedi après-midi, frère Thomas nous décrivit le rôle joué par saint Joseph tout au long de l’histoire de France, depuis son évangélisation jusqu’à nos jours. Où l’on découvre avec plaisir que cette dévotion n’est pas neutre ! À toutes les époques, elle se manifeste contre-révolutionnaire et de contre-réforme ! Et voici formulée par notre frère la leçon du pieux et savant Gerson, de l’angélique Pie IX et de saint Joseph Sarto, saint Pie X : « Ne pas prendre parti contre la Révolution sous prétexte de ne pas faire de politique, c’est trahir le patronage de saint Joseph, qui implique une forte politique et une profonde mystique. »

Notre Père, héritier de cette lignée des dévots de saint Joseph ajoutait : « Saint Joseph sera l’artisan de notre redressement français, lui qui est le vice-roi de la Sainte Église et du monde. »

Frère Pierre prit ensuite son tour d’antenne pour présenter de même l’histoire du Canada français, terre consacrée à saint Joseph dès ses origines, et où le saint frère André, au vingtième siècle, donna à sa dévotion un éclat incomparable. Ces deux conférences ne tarderont pas à être publiées sur la VOD.

Le lendemain, c’est une conférence de notre Père lui-même qui nous introduisit dans “ le cœur doux et humble de saint Joseph ” (sigle : S103. 6). Bossuet célèbre avec éloquence les grandeurs du père de l’Enfant-­Jésus, mais il reste étranger au mystère de son mariage avec la Vierge Marie, n’envisageant la virginité de cette union que négativement. Notre Père, quant à lui, est sans rival quand il s’agit de célébrer les merveilles du cœur de saint Joseph, si bien dilaté par l’amour de Dieu resplendissant en Marie et en Jésus qu’il est notre meilleur modèle de l’enfance spirituelle et de la pureté positive.

La dévotion à saint Joseph siège donc au premier rang parmi nos activités phalangistes, sans éclipser toutefois nos autres travaux ! Nous avons bien des motifs de lui rendre grâce, ainsi qu’à notre Père.

Bien cher frère Bruno, le 8 mai 2021

Bien souvent je me désole de ne pas pouvoir profiter davantage de toutes les richesses qui nous viennent du Père et de vous-mêmes, qui êtes ses disciples. Il n’est pas un article de la CRC qui ne soulève un enthousiasme dont j’aimerais vous faire part, ainsi qu’aux autres frères. Mais de mois en mois, toutes ces perles me paraissent défiler trop vite devant mes yeux, les dernières tendant à me faire oublier à quel point je m’étais passionné pour les précédentes. Bien évidemment, notre consolation doit être que tout ce travail est destiné à produire beaucoup de fruits plus tard, à l’heure de saint Joseph et du Cœur Immaculé de Marie ; il n’est pas réservé à la poignée d’   enthousiastics que nous sommes au sein de la Phalange de l’Immaculée.

J’énumère quelques sujets que j’ai en tête en ce moment :

– La dévotion à saint Joseph : je dois reconnaître que j’avais tendance à y voir une dévotion secondaire... Vos exhortations depuis décembre et votre dernier entretien avec frère Thomas, paru dans Il est ressuscité ! m’ont bien fait changer d’optique. Depuis janvier, nous disons tous les soirs la prière du Père à saint Joseph en union avec vous, pour qu’il demande..., non ! pour qu’il commande à la Sainte Vierge, son épouse, de sauver l’Église.

– Le commentaire des 150 Points par frère Louis-Gonzague nous aide à avoir une profonde compréhension de ce que le Père a voulu nous enseigner, notamment sur l’essence de la religion démocratique, car c’en est une. L’électeur républicain, sortant de l’isoloir, « avance gravement », comme dit le Père, pour déposer son bulletin dans l’urne, tandis qu’un ministre du culte démocratique confirme que le citoyen « a voté ». C’est une liturgie...

– Sur la VOD, entre deux logia, j’écoute les anciennes actualités du Père, à une époque où celui-ci avait toutes les raisons de soutenir l’Amérique de Reagan contre les Russes ; il est impressionnant de voir à quel point la situation est inversée maintenant.

– Les trois tomes passionnants de frère Pascal sur Mgr Freppel nous avaient déjà fait aimer et admirer ce grand évêque que la France a eu la grâce d’avoir, et son dernier article nous met l’eau à la bouche en ce qui concerne le quatrième. Le génie de Mgr Freppel a quelque chose de spectaculaire quand on voit qu’il a été capable de faire mieux que Bainville, en prévoyant non pas une, mais deux guerres d’avance, et en expliquant pourquoi. Comme l’abbé de Nantes, il ne prophétisait pas, mais ses prédictions étaient fondées sur une analyse empirique de la situation. La France n’a pas connu beaucoup d’hommes pour dire la vérité depuis la Révolution, mais somme toute, avec Mgr Freppel et l’abbé de Nantes, cela suffit : il n’y aura pas besoin de s’appuyer sur une autre doctrine que la leur pour tout restaurer dans le Christ.

En union de prières CRC,

B. G.

PROFESSION TEMPORAIRE À SAINTE-MARIE.

Lors de la grand-messe de ce dimanche 2 mai, notre sœur Blanche-Marie du Perpétuel Secours prononça ses premiers vœux temporaires. À l’issue de ses deux années de noviciat, elle reçut « les derniers et les plus beaux vêtements de notre Ordre, le scapulaire frappé du Cœur et de la Croix très sacrés de Jésus et le voile blanc des vierges consacrées », symboles des labeurs et de la gloire qui sont la part des épouses du Christ.

Nous avons noué ce jour-là une nouvelle amitié sacerdotale avec un religieux flamand, dont l’habit resplendissant était assorti au nom de notre nouvelle professe. Pour un jeune prêtre angoissé par l’effrayante consomption de l’Église, il est extraordinairement réconfortant d’en comprendre enfin les causes si clairement dénoncées par notre Père et d’en découvrir le remède : la dévotion au Cœur Immaculé de Marie.

JUBILÉ DES MARTYRS DE LA COMMUNE

Il est un autre anniversaire que la République célèbre à grand bruit, c’est celui de la Commune de Paris, en 1871. La Permanence Charles de Foucauld l’a commémorée elle aussi. À sa manière, c’est-à-dire en se rendant en pèlerinage à l’église Notre-Dame-des-Otages, dans le XXe arrondissement, construite en mémoire du martyre des ecclésiastiques horriblement massacrés par les communards le 26 mai 1871.

Ce dimanche 9 mai, les familles CRC de la région parisienne, privées d’activités phalangistes depuis des semaines, avaient répondu avec empressement à l’invitation de frère François. À 14 h 30, après quelques dizaines de chapelet permettant aux retardataires d’arriver, notre frère rappela le contexte historique de cette révolution. Tels qu’ils sont présentés dans les médias, déformés plutôt, ces événements dramatiques de 1871 nous sont incompréhensibles. Quel est le dessein du Bon Dieu sur cette capitale transformée par la mitraille et les incendies en un soupirail de l’enfer ? Quel parti prendre tandis que s’entre-tuent démons communards et soldats versaillais défenseurs de l’ordre ? Entendez : l’ordre capitaliste et bourgeois issu de la révolution...

Frère François commença par désigner le grand responsable de la Commune : Adolphe Thiers. Cet homme politique machiavélique, parvenu au pouvoir grâce à notre défaite contre la Prusse, abandonna la population ouvrière de Paris à des factions révolutionnaires, dans l’intention de l’écraser ensuite pour mieux imposer au pays sa dictature républicaine. Très fort, l’homme ! La Commune n’a donc rien à voir avec une insurrection populaire spontanée et romantique...

À peine au pouvoir, ses chefs se vouèrent à la destruction de la religion catholique. Raoul Rigault en est une figure emblématique : étudiant paresseux et débauché, pilier de cabaret, devenu Procureur de la Commune. Il définissait ainsi la révolution : « Son critérium, c’est la mort des prêtres. Tant qu’il y aura des hommes qui prononceront le nom de Dieu, il y aura des coups de feu à tirer. »

Face à ces « démons échappés de l’enfer » ainsi que les appellera Pie IX, seul le sacrifice des martyrs éclaire cette période qui compte parmi les plus sombres de l’histoire de France.

À partir du 4 avril, les membres du clergé parisien sont emprisonnés en grand nombre. Providentiellement, leur correspondance nous est parvenue, nous dévoilant des personnalités admirables. Frère François évoqua plus précisément celles des Pères jésuites. L’un d’eux, le Père Olivaint, profita de son incarcération pour commencer aussitôt une retraite de trente jours des Exercices spirituels de saint Ignace !

« De cette manière, écrit-il à un confrère, je vis bien plus dans le Cœur du Bon Dieu que dans ma pauvre cellule. Je trompe ainsi et les lieux et les temps, et les hommes et les événements ; je profite de tout et je suis très content. J’ai déjà fait trois jours de ma retraite. Pourvu qu’on me donne le temps de finir !

« Pas un cheveu de ma tête ne tombera sans la permission du Maître, voilà ce que je sais bien ; et s’il fait tomber le cheveu et encore autre chose, ce sera pour mon plus grand bien. Mais si je ne suis pas digne de souffrir pour lui, du moins que je tâche par la retraite de m’en rendre digne. »

La vertu de ces religieux, transportant dans leurs geôles leur vie régulière de prière et de travail, force l’admiration ! L’ennui n’eut pas sa place dans les prisons de Mazas et de la Grande-Roquette où ils passèrent les mois d’avril et de mai. La crainte non plus ! car ils étaient animés par le don de force, puisé dans l’oraison et leurs dévotions de prédilection : le Sacré-Cœur, l’Eucharistie et la Sainte Vierge.

Ayant reçu Jésus-Hostie en prison grâce à de pieuses complicités, le Père Clerc est transporté d’enthousiasme :

« Ah ! prison, chère prison, quel bien tu me vaux ! Tu n’es plus une prison, tu es une chapelle. Tu ne m’es plus même une solitude, puisque je n’y suis pas seul, et que mon Seigneur et mon Roi, mon Maître et mon Dieu, y demeure avec moi. Oh ! dure toujours, ma prison, qui me vaut de porter mon Seigneur sur mon cœur, non pas comme un signe, mais comme la réalité de mon union avec Lui !

« J’avais l’espérance que Dieu me donnerait la force de bien mourir ; aujourd’hui mon espérance est devenue une vraie et solide confiance. Il me semble que je peux tout en Celui qui me fortifie et qui m’accompagnera jusqu’à la mort. »

Quant à leur amour pour Notre-Dame, il éclate à toutes les pages. Plusieurs récitent chaque jour le rosaire, le petit office de la Sainte Vierge, et l’entrée dans le mois de Marie redouble leur ferveur. Le 12 mai, le Père Caubert écrit :

« Les méditations de ce mois sont aussi bien propres à élever l’âme et à la fortifier. En étudiant le Cœur de la Sainte Vierge, on ne voit en elle qu’oubli entier d’elle-même, amour pur de Dieu et générosité dans le sacrifice, pour accomplir en toutes choses la volonté de Dieu ; et alors, comme par un attrait spécial de la grâce attachée à cette étude de la vie intérieure de la Sainte Vierge, l’âme se sent comme entraînée, suavement et fortement, à vouloir pratiquer les mêmes vertus, afin de plaire à Dieu et de le glorifier. Je me suis proposé cette étude pour ce mois-ci ; cela m’occupe utilement, et cela m’aide encore pour recommander souvent à la Sainte Vierge Paris et la France. »

À lire ces lignes empreintes de sérénité, qui soupçonnerait que leur auteur est en prison et en péril de mort imminente ?

Le 24 mai, fête de Notre-Dame Auxiliatrice, dès le point du jour, tandis que les combats entre fédérés et Versaillais se rapprochaient, la prison de la Roquette fut le théâtre de scènes dignes des catacombes. Çà et là, dans les cellules silencieuses, la sainte Eucharistie, secrètement conservée par quelques prêtres et religieux, fut pieusement distribuée. Ainsi fortifiés, les uns et les autres se préparaient au sacrifice suprême pour témoigner de leur foi jusqu’au sang.

Le Père Ducoudray confia à l’un de ses confrères : « J’ai grande confiance en la Sainte Vierge. C’est aujourd’hui la fête de Notre-Dame Auxiliatrice ! Et puis, si nous sommes fusillés, il est certain pour moi que ce sera en haine de la foi. À ce compte, le purgatoire ne sera pas long. »

Le soir même, il obtint la palme de la victoire. En effet, désemparés par l’avance de l’armée gouvernementale, les chefs de la Commune résolurent de massacrer des otages pour frapper les esprits. Vers huit heures du soir, un peloton d’exécution constitué de jeunes forcenés se rendit à la Roquette et se saisit de Mgr Darboy, archevêque de Paris, de l’abbé Deguerry, curé de la Madeleine, de l’abbé Allard, des Pères Clair et Ducoudray, jésuites, et de Louis Jean Bonjean, premier président de la Cour de Cassation. Quelques instants plus tard, la salve du peloton suivie de coups séparés apprit à leurs confrères en prière que le sacrifice des victimes était consommé.

Frappés par la coïncidence de ce martyre avec la fête de Notre-Dame Auxiliatrice, ils firent alors le vœu de célébrer une messe en l’honneur de la Sainte Vierge chaque premier samedi du mois pendant trois ans, pour le repos de l’âme des six défunts et pour obtenir leur propre conservation.

Le 26 mai, les communards aux abois réclament cette fois cinquante victimes. Dix ecclésiastiques sont désignés et répondent à l’appel de leur nom avec un calme et une dignité inaltérables : les Pères Radigue, Tuffier, Rouchouze et Tardieux, picpuciens, dont la cause de béatification est en cours, ainsi que celle du Père Planchat, Père de Saint-Vincent-de-Paul ; les Pères Olivaint, Caubert et de Bengy, jésuites ; l’abbé Sabatier, vicaire à Notre-Dame de Lorette ; l’abbé Seigneret, le vaillant séminariste. Trente-cinq gendarmes et quatre civils leur sont joints.

Les communards entraînent le douloureux cortège le long d’une voie douloureuse de trois kilomètres, ameutant la populace pour lui former une escorte grouillante et grondante jusqu’à la rue Haxo. Les récits font irrésistiblement penser au chemin de Croix du Sauveur : la même haine satanique se brisant contre la paix, le pardon des victimes. Après quelques hésitations des bourreaux un moment subjugués, le massacre des martyrs par la foule furieuse durera vingt minutes. Les forcenés s’acharneront ensuite sur leurs corps, ne leur épargnant aucun outrage : comme Jésus-Christ, les martyrs furent saturés d’opprobres et de douleurs : on ne dénombrera pas moins de soixante-douze coups de baïonnette sur le corps du Père de Bengy. Et pour achever la ressemblance, leurs vêtements furent partagés par leurs meurtriers.

Nous ne pouvons malheureusement qu’évoquer trop brièvement les actes de ces martyrs. Quelle peine que leur exemple magnifique soit aujourd’hui mis sous le boisseau ! Mais frère François leur consacrera un prochain article.

À l’issue de son exposé, il conduisit son monde en récitant le chapelet jusqu’à l’enclos des martyrs, à l’extérieur de l’église. Sur cette terre arrosée par leur précieux sang, tous, parents et enfants, demandèrent à genoux la grâce de conserver la foi catholique et de combattre victorieusement Satan à leur tour, en servant la communion phalangiste. Nous pouvons compter sur l’intercession toute puissante de la Sainte Vierge, Reine des martyrs, qui a si manifestement soutenu les otages qui recouraient à elle !

JUBILÉ DE SAINTE ODILE

Malgré les contretemps, nous n’avions pas renoncé à notre projet de pèlerinage au Mont-Sainte-Odile, pour le treizième centenaire de sa fondatrice. Le thème choisi pour cette année jubilaire est la parole de Notre-Seigneur : « Venez et voyez. » (Jn 1, 39)

« Venez » : ce samedi 15 mai, le cercle de Strasbourg un peu élargi, conduit par nos frères Thomas et André, a rendu hommage à sainte Odile au nom de toute la CRC. Nos pèlerins parvinrent au sommet les jambes un peu lasses, mais le cœur léger après s’être confessés au bon prêtre qui accompagnait leur marche.

« Voyez » : frère Thomas proposa trois images à contempler, trois grâces à demander. Le spectacle somptueux de ce monastère dominant la plaine d’Alsace nous rappelle que la prière est la vie même de l’Église. Une prière persévérante, qui lutte avec Dieu pour lui arracher la grâce qu’il désire tant nous accorder : la conversion du Saint-Père. Nous ne cesserons pas que le Bon Dieu ne nous ait répondu comme à sainte Odile : « Tu m’as vaincu ! »

Au pied du Mont, les ruines de l’abbaye de Niedermunster qui accueillait autrefois les pèlerins nous engagent à redescendre de la sainte Montagne pour courir au service des pauvres âmes, comme de vrais moines et moniales-missionnaires.

Auprès de la source, enfin, c’est la grâce de la guérison de tout aveuglement qu’il convient de demander, pour soi-même et surtout pour le pape François, afin de boire dans le Cœur Immaculé de Marie à la source intarissable qui fait jaillir l’eau vive de la Miséricorde du Cœur de Jésus.

Nul doute que les prières et les chants de nos amis, durant la grand-messe et le long du parcours jubilaire, n’aient touché sainte Odile comme ils ont réconforté les quelques pèlerins présents !

SESSION DE LA PENTECÔTE

À l’heure d’imprimer ce numéro, nous achevons les préparatifs de la session de la Pentecôte, répartie entre nos diverses maisons et certaines familles phalangistes. Sans compter tous ceux d’entre vous qui se sont inscrits pour la suivre en particulier. Reliés par les retransmissions en direct depuis la maison-mère, nous écouterons frère Bruno pulvériser Hans Küng et son maître livre, Être chrétien, compilation de toutes les hérésies qui grouillent aujourd’hui de haut en bas de la hiérarchie de l’Église (cf. camp de 1978, B 8). Il lui oppose notre foi catholique de Contre-Réforme : foi vivante, certes ! foi biblique, assurément ! et dont l’Immaculée victorieuse de toutes les hérésies est la source et la garante.

Ces trois jours promettent de nous combler de la fierté d’  “ être chrétiens ”, c’est-à-dire enfants de Marie et de l’Église catholique !

Quelques-uns auront de plus la joie de prêter enfin allégeance à la Phalange de l’Immaculée. Ils l’attendent depuis plus d’un an ! « Ego promitto fidelitatem ! »

frère Guy de la Miséricorde.