9 MAI 2024

Le mystère tellement
réjouissant de l’Ascension

VOILÀ quarante jours que nous attendons ce grand événement de l’Ascension. Nous l’attendons avec Jésus lui-même et avec ses apôtres. Durant les quarante jours qui suivirent la Résurrection, Jésus ne cessa d’apparaître à ses apôtres pour compléter son enseignement, leur dire toutes les vérités qu’ils ne pouvaient pas comprendre avant que le grand mystère de la Rédemption ne soit complètement consommé, accompli, parfait.

Maintenant, les disciples peuvent tout comprendre, ils ont foi en Jésus, confiance en Lui, ils acceptent toutes ses révélations. Dimanche après dimanche, l’Église nous les fait méditer, elles nous préparent à l’ultime étape de la vie du Christ : son retour auprès du Père. Grand mystère ! Expérience inouïe que Jésus lui-même allait vivre pour la première fois. Il s’y préparait et y disposait en même temps ses apôtres, afin qu’ils soient heureux et ne s’attristent pas de la séparation. En effet, Jésus allait pouvoir agir plus puissamment en faveur des siens pour leur préparer une place dans le Ciel. Lui et son Père enverraient l’Esprit-Saint afin de leur donner force et courage dans le témoignage qu’ils devaient rendre à la vérité.

Sous l’effet de la méditation de ces prodigieuses révélations, nous devons être dans la plénitude de la joie. En effet, l’Ascension, ce n’est pas tout simplement le départ de Jésus. Il veut aussi se rendre dans le sein du Père pour travailler au salut de tous ceux que le Père lui donnera.

Nous trouvons un écho de ce désir véhément de Jésus dans le cœur de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus désirant aller au Ciel pour : « Aimer, être aimée, et revenir sur la terre pour faire aimer l’Amour (…) je sens que ma mission va commencer, ma mission de faire aimer le Bon Dieu comme je l’aime, de donner ma petite voie aux âmes. Si le Bon Dieu exauce mes désirs, mon Ciel se passera à faire du bien sur la terre jusqu’à la fin du monde. Je ne veux pas me reposer tant qu’il y aura des âmes à sauver. » Jésus, de même, n’est pas parti là-haut pour se reposer à la droite du Père. S’il demande à monter au Ciel, c’est pour davantage et mieux travailler au salut des hommes que le Père lui a confiés.

Après le repas, l’action de grâces terminée, Jésus et ses Apôtres, accompagnés des saintes femmes, montent au mont des Oliviers. Là, Jésus les bénit, et les envoie prêcher au monde entier. C’’est un ordre : « Allez par le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné. » (Mc 16, 16)

Puis Jésus monte au Ciel. Une nuée l’a accueilli. Nous savons bien que la nuée lumineuse est à la Transfiguration, par exemple, le symbole de la nature divine, c’est Dieu. Or, cette nuée l’accueille, elle s’ouvre pour ainsi dire pour Lui, et Il entre en elle.

Maintenant, nous pouvons embrasser d’un seul regard la course de géant accomplie par Jésus-Christ, vrai Dieu fait homme pour que l’homme soit fait Dieu.

L’Annonciation est le commencement de la révélation de la naissance du Christ du sein du Père, il sort du sein de son Père... Très humblement, la Vierge Marie reçoit le Fils de Dieu dans son sein pour le montrer au monde. Neuf mois plus tard, c’est la naissance visible de cet Enfant, né de la Vierge Marie.

À la fin de la vie du Christ, la Résurrection répond à la Nativité. La Résurrection est ouverte à tous les hommes. Ce jour-là, c’est Pâques, tout le monde se réjouit. Tout le monde sait que Jésus était mort et qu’Il est sorti vivant, né vivant à une vie nouvelle, et transfiguré. C’est la grande fête de Pâques qui correspond à la Nativité.

Mais ce n’est pas fini. Il monte, Il rentre dans le ciel, Il revient à son Père. De la même manière qu’Il est comme sorti de Dieu au jour de l’Annonciation, de la même manière, Il achève sa course en rentrant dans le sein du Père, en attendant que, par notre sainteté et par la grâce de la Résurrection, nous aussi, nous le suivions et nous le retrouvions dans le sein de Dieu. Il était venu de Dieu, comme dit l’Évangile de saint Jean, et maintenant, Il est rentré dans le sein de Dieu.

Voilà ce mystère de l’Ascension. Quand on l’a compris, l’âme mystique est remplie d’une allégresse infinie, parce que notre nature humaine est entrée en Dieu. C’est la gloire de Dieu qui se reflète maintenant sur la Face du Christ. Jésus est au Ciel où Il travaille pour nous, afin que nous allions le rejoindre et vivre avec Lui pour l’Éternité.

Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 16 mai 1985