10 MARS 2024

Le serpent d’airain, un figuratif de la Messe

L’ÉGLISE, en ce quatrième dimanche de carême nous fait méditer sur le figuratif du serpent d’airain dans le livre de l’Exode. Moïse est à la tête du peuple élu pour la conquête de la Terre promise. Pour passer au-delà du pays d’Édom, il contourne une tribu ennemie en emmenant son peuple dans un horrible désert.

Le peuple meurt de chaleur et de fatigue et se révolte contre Moïse, comme d’habitude, quand les choses ne vont pas. Il regrette l’Égypte avec ses oignons, ses viandes et attire sur lui le châtiment de Dieu. Alors sortent du désert des serpents venimeux qui mordent la plante des pieds des Hébreux dans leur marche et qui provoquent la mort d’une quantité de juifs. Moïse se retourne vers le Tabernacle dans l’Arche d’Alliance et supplie Dieu d’avoir pitié de son peuple. Dieu lui dit : « Fabrique un serpent d’airain et cloue-le à un poteau. Ainsi, ceux qui regarderont vers le serpent seront guéris de leurs plaies, les autres mourront. »

On lit cela avec étonnement dans la Bible. Mais Notre-Seigneur y fait allusion avec Nicodème, ce sage d’Israël, qui ayant peur de se montrer le jour en présence de Jésus, venait l’interroger la nuit. Dans sa conversation, Jésus lui dit : « Le serpent dans le désert, c’est le symbole de ce qui va m’arriver. »

Ce serpent élevé sur un poteau est le symbole du mal, c’est le diable. Dieu commande à Moïse de clouer un serpent et de concentrer toute l’attention des Hébreux qui, regardant ce serpent, verront que Dieu est plus fort que le mal. S’ils regardent, comme Dieu l’a demandé, le serpent cloué au bois, ils seront guéris et ainsi le peuple rentrera finalement dans la Terre promise.

Le serpent est la figure du diable qui sera vaincu par Jésus-Christ sur la Croix. Jésus a pris la place d’Israël pécheur, et il va se laisser crucifier à la place de ce peuple pour vaincre le démon.

Les Hébreux, qui sont mordus par ces serpents brûlants dans le désert, représentent l’humanité pécheresse. Il faut qu’elle tourne avec étonnement les yeux vers ce serpent cloué au bois dans l’Ancien Testament. Il faut qu’elle tourne avec foi les yeux vers la Croix. Quand les Hébreux regardent avec foi le serpent, c’est en figure comme s’ils regardaient Jésus cloué sur la Croix pour leur rédemption. C’est Jésus qui a pris la place. Mais comme il est Dieu, il ressuscitera, alors que le diable sera mort à jamais. Les vrais chrétiens devraient venir à la Messe avec les sentiments des juifs mordus par les serpents, à cause de leur rébellion dans le désert.

Première partie de la Messe : on confesse ses péchés. Il faut vraiment que les chrétiens se rendent compte chaque fois qu’ils vont à la Messe qu’ils sont dans l’attitude de gens qui sont en train de mourir de la morsure de Lucifer, et qu’ainsi, ils attendent le salut, non de leurs propres mérites, ni de ceux d’aucun autre homme, mais de ce mystère par lequel Jésus va être élevé de terre, comme il le dit à Nicodème et nous attirer tous.

Nous sommes attirés, pendant la Messe, nous revivons la Passion du Christ. Lui la revit sur l’autel, et si nous nous unissons à lui par la confiance et une prière ardente, nous recevrons en échange le salut de nos âmes et le salut de tous ceux que nous aimons.

Au cours de la messe, nous sommes attirés et revivons la Passion du Christ. Voilà comment ce figuratif du serpent d’airain peut ranimer en nous de grands sentiments de pénitence, de conversion, de considération de notre malice humaine, et le sentiment que Jésus est véritablement notre Sauveur.

Si Jésus n’était pas mort pour nous sur la Croix. Si à chacune de nos Messes, Jésus n’intercédait pas de nouveau pour nous, afin que nous soyons pardonnés, sanctifiés, confortés sur le chemin qui nous mène au Ciel, nous et tous ceux pour qui nous prions, vivants et défunts, notre salut serait absolument impossible.

Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 14 septembre 1994