Il est ressuscité !

N° 246 – Août 2023

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Assomption

L’HYMNE des pre-  mières vêpres de la fête de l’Assomption de Notre-Dame est une merveille, œuvre du pape Pie XII qui a promulgué ce dogme en 1950.

Assomption de la Sainte ViergeAu cœur et à l’apogée de son règne, ce Pape qui avait reçu la consécration épiscopale le 13 mai 1917, le jour de la première apparition de Notre-Dame à Fatima, paraissait « prédestiné » à accomplir les “ petites demandes ” de Notre-Dame. Cette poésie le laisse pressentir.

« Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie » qui est au Cœur de la Sainte Trinité !

Dieu, un seul Dieu, en trois ­Personnes divines, Père, Fils et Saint- Esprit, Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, une personne humaine que l’hymne chante, “ Première ” :

O Prima, Virgo, prodita,
E Conditoris Spiritu,
Ô Vierge, la première, exhalée

du souffle du Créateur.
Prædestinata Altissimi,
Gestare in alvo Filium,
Prédestinée du Très-Haut, à porter dans son sein le Fils.

Ainsi, depuis l’origine, avant la naissance du monde, Elle est là, déjà « exhalée du souffle du Créateur », c’est-à-dire “ conçue ” par Dieu, non pas par engendrement, ni par Création, mais par “ spiration ”.

Ainsi, la Vierge est présente auprès du Très-Haut, « prédestinée », c’est-à-dire qu’elle existe déjà avant d’avoir reçu cette destination de la parole de l’Ange, prédestinée à porter dans son sein le Fils du Très-Haut, deuxième Personne de la Sainte Trinité.

Depuis longtemps, Dieu pensait à Elle, la concevait « pleine de grâce », habitée du Saint-Esprit, fille Immaculée du Très-Haut, mère du Verbe, son Fils.

Tu perpes hostis femina, 
Prænuntiata dæmonis,
Ô toi, Femme ennemie perpétuelle du démon, annoncée d’avance,

Cette Vierge Imma­culée, issue du souffle du Créateur, est l’humiliation de Satan. Elle est la revanche que Dieu remportera par la victoire d’une Femme dont il est écrit qu’Elle lui écrasera la tête : « Ipsa conteret caput tuum. » (Gn 3, 15)

Oppleris una gratia Intaminata origine.
Seule comblée de grâce, Immaculée dès l’origine.

Évidemment, pour une telle “ offensive ”, il faut bien que la Vierge ait des forces tout à fait divines. Elle est l’Immaculée Conception, donc inaccessible à l’Adversaire « dès l’origine ». Où se situe l’origine de la Vierge Marie ? Mystère.

NOTRE-DAME DU ROSAIRE

Tu ventre Vitam concipis,
Vitamque ab Adam perditam.

Dans ton sein tu conçois la Vie
Et rétablis la vie perdue par Adam.

Diæ litandæ Victimæ
Carnem ministrans, integras.

De la divine Victime du sacrifice,
Ministre de la Chair.

C’est le sacrifice de la Croix, de toute éternité décidé par Dieu, et accepté, attendu par la Vierge Marie, servante du Seigneur en cet office.

Merces piaclo debita,
Devicta mors te deserit.
Salaire dû au crime,
La mort vaincue s’éloigne de toi,
Almique concors Filii
Ad astra ferris corpore.
Et un seul Cœur avec le doux Fils
Avec ton corps tu es transportée aux Cieux.

Après avoir partagé la mort rédemptrice de Jésus sur la Croix, en expiation de nos péchés dont ils se sont revêtus l’un et l’autre, dans une inhabitation mutuelle de leurs deux cœurs, il ne pouvait être question d’une deuxième mort pour Marie !

Depuis que Jésus est monté au Ciel, le jour de l’Ascension, elle ne songe plus qu’à le rejoindre, et la mort n’a plus d’empire sur Elle pour l’en empêcher.

Tanta coruscans gloria,
Natura cuncta extollitur,
Illuminée de tant de gloire,
la nature entière est exaltée,
In te vocata verticem,
Decoris omnis tangere.
appelée en toi à toucher le sommet de toute beauté.

En cette fête du 15 août, où nos sœurs déploient tous leurs talents de fleuristes pour garnir nos autels, nous comprenons que leurs bouquets s’accordent bien avec la gloire et la beauté qui ruissellent sur le visage de la Vierge Marie, dans son Cœur et tout son être et, au-delà de son être, dans le cortège innombrable des martyrs, des vierges, des confesseurs, des pénitents, des solitaires qui, aujourd’hui, reconnaissent en elle leur Mère, leur Étoile. Ainsi toute la terre est revêtue de sa beauté sans, évidemment, qu’aucune tache de la terre n’éclabousse l’Immaculée.

Ad nos, triumphans, exsules,
Regina, verte lumina,
Dans ton triomphe, ô Reine,
tourne vers nous exilés, la lumière du Ciel.

Cæli ut beatam patriam,
Te, consequamur, auspice.
Afin que nous atteignions
la bienheureuse Patrie, sous ton auspice.

Jesu, tibi sit gloria,
Qui natus es de Virgine,
Cum Patre, et almo Spiritu,
In sempiterna sæcula. Amen.

À vous, Jésus, soit la gloire,
Qui êtes né de la Vierge,
Avec le Père et le Doux Esprit
Aux siècles éternels. Amen.

Ainsi l’Immaculée Vierge Marie, personne humaine sans égale, « Prima », la « première », est au centre de la Sainte Trinité. Quel mystère ! Les trois Personnes divines sont absolument suffisantes à constituer la perfection infinie de Dieu. Et cependant Dieu a “ conçu ” la perfection de la Grâce pour la faire paraître au Cœur même de ces trois divines Personnes dans le Cœur Immaculé de Marie. Réjouissons-nous de ce mystère, oubliant nos misères, nos tristesses, confiant nos inquiétudes à ce Cœur Immaculé, notre ­Perpétuel Secours.

Depuis le 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, jusqu’au 15 août, fête de son Assomption auprès de son Fils, elle est la Reine du Saint Rosaire, au fil des mystères joyeux et douloureux puis, enfin, glorieux, que nous méditons en égrenant notre chapelet. La Vierge Marie est appelée auprès de son Fils à partager la gloire que lui rendent les anges et les saints.

NOTRE-DAME DES DOULEURS

À l’heure présente, la “ bienheureuse Vierge Marie ” est cependant en grand chagrin parce que personne ne fait cas de ses demandes, de sa bonté, de ses tendresses, ni les bons ni les mauvais. Les bons continuent leur chemin mais sans embrasser la dévotion réparatrice par laquelle son Cœur Immaculé arracherait à l’Enfer les mauvais qui y tombent en masse parce que personne ne prie pour eux. Alors qu’elle l’a promis à Lucie, François et Jacinthe, le 13 juillet 1917, après leur avoir montré l’Enfer dans toute son horreur : « Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront... Je viendrai demander... la communion réparatrice des premiers samedis du mois. » Ce qu’elle fit le 10 décembre 1925, accompagnée de l’Enfant-Jésus porté par une nuée lumineuse. Elle mit la main sur l’épaule de Lucie et lui montra, en même temps, un Cœur entouré d’épines qu’elle tenait dans l’autre main. L’Enfant lui dit :

« Aie compassion du Cœur de ta Très Sainte Mère entouré d’épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu’il y ait personne pour faire acte de réparation afin de les en retirer. »

Ensuite, la Très Sainte Vierge dit :

« Vois, ma fille, mon Cœur entouré d’épines que les hommes ingrats m’enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, tâche de me consoler et dis que, à tous ceux qui, pendant cinq mois, le premier samedi, se confesseront, recevront la Sainte Communion, réciteront un chapelet en méditant les quinze mystères du Rosaire, en esprit de réparation, je promets de les assister à l’heure de la mort avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme. »

frère Bruno de Jésus-Marie