Il est ressuscité !

N° 254 – Avril 2024

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


CAMP NOTRE-DAME DE FATIMA 2023

L’Évangile de Jésus-Marie (6) 
« Jésus faisait route vers Jérusalem. »

DES CONTROVERSES APRÈS LA FÊTE DES TABERNACLES (Octobre 29) 
À LA RÉSURRECTION DE LAZARE (Février 30)

DANS le précédent article (paru en février 2024,  Il est ressuscité n° 252) frère Bruno nous a expliqué comment, au milieu de sa vie publique, Notre-Seigneur s’est tourné résolument vers Jérusalem, parce que « s’accomplissait le temps où il devait être enlevé » (Lc 9, 51). Son « enlèvement », c’est son arrestation, sa Passion et sa mort, mais dont Il ressuscitera pour être ensuite enlevé dans le Ciel comme Élie, retourner glorieux dans le sein de son Père, entraînant à sa suite la multitude des âmes rachetées.

« Christ aux outrages » Abbaye Notre-Dame de Jouarre (XVe siècle).
« Christ aux outrages »
Abbaye Notre-Dame de Jouarre (XVe siècle).

C’est pourquoi, après que saint Pierre eut témoigné de sa foi en Lui, Jésus a annoncé sa Passion en toute clarté, il y marche désormais, en affrontant ses ennemis à Jérusalem, témoignant de sa Vérité, qui leur est insupportable, jusqu’à ce qu’ils le mettent à mort.

Nous sommes toujours dans la Ville sainte, peu de temps après la fête des Tabernacles, donc dans les premières semaines du mois d’octobre de l’an  29. Les foules, dont la meilleure part était émerveillée par Jésus, sont reparties. La controverse continue, mortelle, entre Notre-Seigneur qui paraît seul, et les Juifs, c’est-à-dire les habitants de la Judée, parmi lesquels ses ennemis acharnés ; prêtres, scribes et pharisiens, qui à plusieurs reprises déjà ont voulu le lapider, mais aussi des disciples, qui ont cru en sa parole. Les Apôtres et les saintes femmes, comme la Vierge Marie, ne sont pas mentionnés. Notre-Seigneur a pu lui dire de demeurer à Béthanie, dans une famille amie, pensons alors à son angoisse, sachant que Jésus avait voulu rester seul parce que la lutte devenait trop dure. Elle prie, mais Elle admire aussi son courage et sa force, Elle a confiance en Lui.

Dans le dernier article, frère Bruno s’était arrêté sur une prodigieuse annonce de la Crucifixion, comme témoignage de la Divinité de Jésus : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous saurez que JE SUIS » (Jn 8, 28). Et, commente saint Jean, qui seul suivait discrètement Notre-Seigneur dans cette lutte, voyant bien les mouvements des auditeurs : « 30 Comme Il disait cela, beaucoup crurent en Lui. »

« 31 Jésus dit alors aux Juifs qui l’avaient cru : “ Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples 32 et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. ” »

Cette révélation est tout à fait nouvelle : Jésus avait annoncé qu’il apportait « aux captifs la délivrance » (Lc 4, 18), selon l’oracle d’Isaïe, mais sans autre explication, dans l’Évangile, sur cette libération. Ce verset si important a, de tout temps, été cité par les gnostiques qui prétendent que leur système, “ vérité ” suprême, offre à ceux qui y adhèrent une liberté supérieure : depuis l’Évangile selon Philippe (IIe siècle) jusqu’à Jean-Paul  II (cf. CRC n° 298, janvier 1994, p. 18). Les exégètes modernes ne sont pas en reste, en affirmant que cette Liberté évoque nécessairement le contexte des guerres juives, quand les israélites ont voulu s’émanciper du joug romain... en  70 après Jésus-Christ... Frère Bruno a réfuté ces déformations du sens littéral et obvie des paroles de Notre-Seigneur que tous ces impies refusent (cf. Note exégétique publiée dans Bible, archéologie, histoire, t. 3, p. 199). Comme d’ailleurs les Juifs de l’an  30, scribes et pharisiens haineux, piqués au vif par ces mots : la vérité vous rendra libres, et qui interpellent Jésus par-dessus le cercle des nouveaux convertis, à qui ils étaient adressés :

« Nous sommes la semence d’Abraham et jamais nous n’avons été esclaves de personne. Comment peux-tu dire : vous deviendrez libres ? » (Jn  8, 33)

Incroyable aveuglement ! Ils oublient, dans leur orgueil racial, que les enfants d’Abraham ont été délivrés par Yahweh de l’esclavage égyptien (2 200 av.   J.-C.), puis du joug babylonien, qu’ils avaient mérité par leur perfidie et leur ingratitude (586-538 av. J.-C.). Et le Peuple élu, sous domination romaine, n’a toujours pas retrouvé son indépendance. Autant de figures de l’esclavage où croupit l’humanité depuis le péché des origines :

« 34 Jésus leur répondit : “ En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave. ” »

« Esclave de qui ? Jésus va bientôt le révéler, commente frère Bruno. Mais c’est trop clair, il a percé le secret de leur cœur, comme la confrontation à propos de la femme adultère l’a bien montré ! En face de Jésus, pas un seul n’a osé jeter le premier la pierre à cette femme. Ils se reconnaissent donc pécheurs, donc “ esclaves ”. » (Le Témoignage de Jean, commentaire du quatrième Évangile par notre Père, transcrit par frère Bruno et publié dans Bible, archéologie, histoire, t. 3 p. 16)

« 35 Or, l’esclave ne demeure pas à jamais dans la maison, tandis que le fils y demeure à jamais. 36 Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. »

C’est un avertissement, en parabole : si ces juifs demeurent esclaves du péché, ils ne demeureront pas à jamais dans la maison, la Maison de Dieu. Ils en seront donc chassés... Il faut, pour y demeurer, être fils et donc affranchi, délivré du péché par le Fils Unique, Jésus.

« 37 Oui, je sais que vous êtes la semence d’Abraham ; et quand même vous voulez me tuer, parce que ma parole n’entre pas en vous. 38 Je dis ce que j’ai vu chez mon Père ; et vous, vous faites ce que vous avez entendu auprès de votre père. »

Jésus attaque, par cette première allusion : ils sont esclaves du péché et pourtant, ils ont bien un père, qui les inspire et les dirige... Ses ennemis, sentant venir leur condamnation, protestent avec haine :

« “ Notre père, c’est Abraham. ” Jésus leur dit : “ Si vous êtes enfants d’Abraham, faites les œuvres d’Abraham ! 40 Mais non ; vous cherchez à me tuer, moi, un homme qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu. Ce n’est pas cela qu’Abraham a fait ! 41 Vous faites les œuvres de votre père. ” »

Jésus témoigne, c’est irréfutable, qu’ils sont infidèles à Abraham, qui, lui, « avec une foi puissante, rendit gloire à Dieu » (Rm  4, 20). Ce que ces juifs refusent de faire. Ils ne font pas les œuvres d’Abraham, ils font les œuvres de leur père...

Poussés dans leurs retranchements, « ils lui disent : “ Nous ne sommes pas nés de la prostitution ; nous n’avons qu’un seul Père : Dieu. ” » À cette protestation perfide contre les Samaritains détestés, auxquels Jésus a accordé ses faveurs, et contre la pécheresse qu’il vient de gracier, Notre-Seigneur répond, dévoilant son Divin Cœur :

« 42 Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; je ne viens pas de moi-même ; mais lui m’a envoyé. » (Jn  8, 34-42)

Jésus se tient là comme un accusé, face à ses juges, et déjà condamné à mort. Héroïquement, il fait front pour attester qu’il vient de Dieu. « Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez » : cette plainte, si belle et touchante, dans une telle dure controverse ! manifeste les sentiments les plus profonds et les plus vifs du Sacré Cœur de Jésus : Il aime et veut sauver, il souffre de ne pas être aimé, de ne recevoir que haine et ingratitude en réponse à son Amour miséricordieux. Ce reproche « exhale toute la plainte de Yahweh recherchant l’amour de son peuple Israël comme un mari l’amour de sa femme infidèle (Os 1-3). Jésus en a laissé échapper l’aveu, comme de la bouche même de Yahweh, de qui Il est sorti et de qui Il vient. Il n’est pas de plus clair dévoilement de sa Divinité ! plus éloquent que les miracles les plus éclatants. » (ibid. p. 17)

Mais, précisément, ses ennemis ne peuvent entendre ces paroles de leur Dieu :

« 43 Pourquoi ne reconnaissez-vous pas mon accent ? C’est que vous ne pouvez pas entendre ma parole. Vous êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir. »

Le nom de leur vrai père est lâché. Notre-­Seigneur dénonce la cause véritable de la haine de ces notables, archontes de Jérusalem, sanhédrites et pharisiens, envers Lui : ils se sont soumis à Satan, qui agit, par eux, contre Dieu. Le diable est dans cette foule, haïssant froidement et éternellement ce Fils de Dieu auquel il a refusé de se soumettre, qui vient maintenant le jeter dehors (Jn 12, 31), et régner à sa place. Il est présent en ses suppôts, inspirant leurs paroles, dirigeant leur conduite ténébreuse.

« 44 Vous êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir. Il était homicide dès le commencement et n’était pas établi dans la vérité parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu’il est menteur et père du mensonge. »

Comment, dès lors, affirmer que “ tous les hommes sont frères parce qu’ils ont Dieu pour Père ”, comme Paul  VI et Jean-Paul  II n’ont cessé de le faire, et François à leur suite ? Mystère d’iniquité, certaines âmes se livrent à Satan, devenant ses instruments, ses “ fils ”, pour accomplir ses désirs de haine et de mensonge... La fraternité universelle ici-bas est une chimère, contraire à l’Évangile.

« 45 Mais parce que je dis la vérité vous ne me croyez pas. 46 Qui d’entre vous me convaincra de péché ? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? 47 Qui est de Dieu entend les paroles de Dieu ; si vous n’entendez pas, c’est que vous n’êtes pas de Dieu. »

C’est sans réplique. Aussi les juifs n’ont plus que l’insulte et la malédiction à la bouche :

« 48 N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu as un démon ? » Jésus répond, sur un ton d’extraordinaire sincérité : « Je n’ai pas un démon, mais j’honore mon Père, et vous, vous cherchez à me déshonorer. 50 Je ne cherche pas ma gloire ; il est Quelqu’un qui la cherche et qui juge. 51 En vérité, en vérité, je vous le dis si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. »

Frère Bruno commente : « Encore une fois, Jésus ne répond pas, même aux pires accusations, sans porter une lumière nouvelle, éclairant ses disciples, aveuglant davantage ses adversaires :

« 52 Les juifs lui disent : “ Maintenant nous savons que tu as un démon. Abraham est mort, les prophètes aussi, et tu dis : Si quelqu’un garde ma parole, il n’aura jamais entre les dents la saveur de la mort. 53 Es-tu donc plus grand qu’Abraham notre père, qui est mort ? Les prophètes aussi sont morts. Qui prétends-tu être ?

« Jésus répond en laissant entrevoir sa gloire future, qu’il remet au soin de son Père : “ Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites : Il est notre Dieu, 55 et vous ne le connaissez pas. ” Ils ont beau dire, ils mentent en nommant “ notre ” Dieu celui qu’ils ne connaissent pas, tout en se faisant gloire de le connaître eux seuls. Tandis que Jésus, lui, comment pourrait-il dire qu’il ne connaît pas son propre Père ? Ce serait un reniement ! “ Mais moi je le connais ; et si je disais : Je ne le connais pas, je serais semblable à vous, un menteur. Mais je le connais et je garde sa parole. ”

« Faisant un pas de plus, Jésus jette à la face de ses ennemis, de ses assassins, une éblouissante révélation. Il se donne pour le fils de la maison, héritier de la Promesse, le véritable Isaac, cause de la joie et du rire d’Abraham :

« “ 56 Abraham, votre père, exulta à la pensée qu’il verrait mon Jour. Il l’a vu et il fut dans la joie. ”

« Jésus se donne pour contemporain d’Abraham ; il affirme sa préexistence éternelle, déjà “ criée ” par Jean-Baptiste : “ Celui qui vient derrière moi, le voilà passé devant moi, parce qu’avant moi il était. ” (Jn 1, 15)

« On songe à Melchisédech, “ roi de Salem ” et “ prêtre du Très-Haut ”, qui apporta à Abraham “ du pain et du vin ” (Gn 14, 18), personnage mystérieux auquel le psaume  110 assimile le Messie (Ps 110,  4).

« Mais Jésus semble surtout insinuer qu’il était présent à chacune des théophanies qui marquèrent les pérégrinations du Patriarche : celle du chêne de Mambré où lui fut annoncée la naissance d’Isaac, source du “ rire ” de Sara (Gn 18), mais aussi celle du “ pays de Moriyya ”, au jour du sacrifice d’Isaac, aussitôt récompensé par son joyeux recouvrement, lorsque l’Ange du Seigneur arrêta le bras d’Abraham déjà levé sur son fils pour l’immoler (Gn 22,  1-12). » (ibid., p. 17)

Ces juifs lui demandaient avec haine « qui prétends-tu être ? » bien qu’ils le devinent déjà, avec une lucidité démoniaque, mais ils veulent un aveu public, afin de le lapider sur-le-champ, sans jugement, sous prétexte de blasphème. Jésus, pour le triomphe de sa Vérité, va se révéler en toute clarté :

« 57 Les juifs lui dirent alors : “ Tu n’as pas cinquante ans et tu as vu Abraham ! ” 58 Jésus leur dit : “ En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, JE SUIS. ” 59 Ils ramassèrent alors des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se déroba et sortit du Temple. » (Jn  8,  43-59)

MON DAVID, VAINQUEUR DES PHILISTINS
Ô Verbe, ô Christ, que vous êtes beau, que vous êtes grand !

JE vous voyais épié, cerné par les pha­risiens. Leur haine implacable devinait Qui vous étiez et, s’ils vous pressaient   de le déclarer, c’était pour vous perdre aux yeux du peuple, vous accusant de sédition et de blasphème. Im­pres­sionnée, l’opinion basculerait dans leur camp et c’en serait fini de l’Évangile. Avec une souveraine majesté, vous proclamez ce qui vous condamne : « Avant qu’Abraham fût, Je suis. » Mais pour que la Vérité l’emporte, plus tard, victorieuse du complot, pour que les nations croient en Vous, Fils de Dieu Sauveur, vous confondez vos ennemis : menteurs et homicides, hérétiques pleins de malice et de perversité, secte dressée contre le Messie qu’elle refuse de reconnaître et de servir, les voilà à jamais convaincus de péché, dénoncés au monde comme fils de Satan. Dès lors, ils peuvent un instant l’emporter et Vous condamner au nom de leur Père Abraham. Leur père, c’est le Diable, Satan ! Leur violence accusera leur défaite. Vous savez que cette lutte se terminera par un assassinat prémédité, légal, rituel, une exécration religieuse et civile. Cela ne vous effraie pas. Au contraire, la claire prescience que vous avez de votre fin vous donne une magnifique sérénité. Et jusque sur la Croix va briller contre tous les mensonges la Lumière de cette révélation que vous attestez : Jésus de Nazareth, Vrai Fils de Dieu et Sauveur, est Roi des Juifs et notre Roi !

(Page mystique n° 3, avril 1968.)

LA GUÉRISON DE L’AVEUGLE-NÉ

Saint Jean continue en racontant un autre événement qui rompt le tragique insoutenable de ces controverses. Jésus a donc échappé à la haine homicide de ses ennemis, car l’Heure n’est pas venue de se livrer entre leurs mains, et voilà qu’il semble maintenant circuler librement.

« 1 En passant, il vit un aveugle de naissance. –  Il arrête son regard sur ce pauvre homme – 2 Ses disciples lui demandèrent : Rabbi, qui a péché, lui, ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ” » (Jn 9, 1-2) La réponse de Jésus dépasse de très loin la question, et toute imagination humaine. Elle montre qu’Il dirige tout, qu’il aime cet aveugle, qu’il l’a prédestiné à bénéficier de cet Amour : « Ni lui ni ses parents n’ont péché, mais c’est afin que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu. 4 Tant qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé. La nuit vient, où nul ne peut travailler. » Il s’agit de la nuit de la trahison et de l’épreuve, qui approche à mesure que croît la haine des ennemis de Jésus. « 5 Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »

Il se met donc au travail : « 6 Ayant dit cela, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, enduisit avec cette boue les yeux de l’aveugle 7 et lui dit : Va te laver à la piscine de Siloé. Ce qui veut dire : Envoyé. » Jésus est le Dieu tout-puissant et miséricordieux, qui s’abaisse vers ce pauvre homme. C’est de son Corps divin que découle la grâce.

« L’aveugle s’en alla donc, il se lava et revint en voyant clair. » Mais, dans son empressement à obéir, il a laissé partir Jésus, que ses yeux tout neufs n’ont pas encore vu.

« 8 Les voisins, et ceux qui étaient habitués à le voir auparavant, car c’était un mendiant, dirent alors : N’est-ce pas celui qui se tenait assis à mendier ? 9 Les uns disaient : C’est lui. ” D’autres disaient : Non, mais il lui ressemble. ” Lui disait : C’est moi ! ” »

« 13 On conduisit l’ancien aveugle aux Pharisiens –  qui s’arrogent l’autorité d’un bureau des constatations – 14 Or c’était sabbat, le jour où Jésus avait fait de la boue, et lui avait ouvert les yeux. » (Jn  9, 1-14) Le paralytique de Béthesda avait aussi été guéri le jour du sabbat, quelque quatre mois auparavant, et déjà les Juifs en avaient conçu une haine mortelle. Par ce miracle, Jésus affirme de nouveau sa souveraineté, et réveille un lourd contentieux. L’on voit bien dans cette affaire le parti pris des Juifs, leur haine systématique se heurter à la sincérité, à la bonne foi, non dénuée de malice, d’un indéniable miraculé, qui a vu la lumière pour la première fois de sa vie, grâce à Jésus ! C’est un irrécusable témoignage en faveur du Christ, accusateur pour ses ennemis.

« 15 À leur tour les Pharisiens lui demandèrent comment il avait recouvré la vue. Il leur dit : Il m’a appliqué de la boue sur les yeux, je me suis lavé et je vois. ” 16 Certains des Pharisiens disaient : Il ne vient pas de Dieu, cet homme-là, puisqu’il n’observe pas le sabbat ; d’autres disaient : Comment un homme pécheur peut-il faire de tels signes ? Et il y eut scission parmi eux. 17 Alors ils dirent encore à l’aveugle : Toi, que dis-tu de lui, de ce qu’il t’a ouvert les yeux ? Il dit : C’est un prophète. ” »

« Constatation de foi minimale, humaine, de simple bon sens, commente frère Bruno : un homme qui fait un tel miracle est un “ prophète ”, c’est-à-dire un homme de Dieu, cela est évident. Le moyen d’échapper à une conclusion aussi contraignante ? C’est de nier le fait. » (ibid., p. 19)

« 18 Les Juifs ne crurent pas qu’il eût été aveugle tant qu’ils n’eurent pas appelé les parents de celui qui avait recouvré la vue. 19 Ils leur demandèrent : Celui-ci est-il votre fils dont vous dites qu’il est né aveugle ? Comment donc y voit-il à présent ? 20 Ses parents répondirent : Nous savons que c’est notre fils et qu’il est né aveugle. 21 Mais comment il y voit maintenant, nous ne le savons pas ; ou bien qui lui a ouvert les yeux, nous, nous ne le savons pas. Interrogez-le, il a l’âge ; lui-même s’expliquera sur son propre compte. ” 22 Ses parents dirent cela parce qu’ils avaient peur des Juifs ; car déjà les Juifs étaient convenus que, si quelqu’un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait exclu de la synagogue. »

Voilà cette fameuse mesure d’exclusion de la synagogue, dont les exégètes modernistes affirment, sans aucune preuve, qu’elle n’a pu être fulminée du temps du Christ, mais qu’elle évoque forcément la malédiction des rabbins à l’encontre des chrétiens, en 85-90 ap.  J.-C. Et “ donc ”, Jean l’évangéliste transpose dans l’histoire de Jésus l’expérience de la communauté primitive, et “ donc ” ce récit n’est pas historique... En fait, cette mesure d’excommunication a parfaitement sa place dans l’affrontement mortel auquel nous assistons (cf. la réfutation de ce mensonge par frère Bruno dans Il est ressuscité n° 248, octobre 2023, p. 13). Sans cesse les ennemis de Jésus ont dû terroriser la foule pour l’empêcher de venir à Lui, au point que finalement, Il sera seul, aux jours de sa Passion, devant une foule possédée d’une haine satanique, réclamant sa crucifixion.

Mais la lâcheté des parents de l’aveugle miraculé met en valeur la courageuse sincérité, et la loyauté de leur fils :

« 24 Les Juifs appelèrent donc une seconde fois l’homme qui avait été aveugle et lui dirent : Rends gloire à Dieu ! – apostrophe d’usage pour le sommer de dire la vérité. Alors même qu’ils posent comme principe un mensonge : – Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. ” 25 Lui, répondit : Si c’est un pécheur, je ne sais pas ; je ne sais qu’une chose : j’étais aveugle et à présent j’y vois. ” » Cette réponse, d’une indéniable véracité, les embarrasse :

« 26 Ils lui dirent alors : Que t’a-t-il fait ? Comment t’a-t-il ouvert les yeux ? 27 Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous l’entendre à nouveau ? Est-ce que, vous aussi, vous voudriez devenir ses disciples ? 28 Ils l’injurièrent et lui dirent : C’est toi qui es son disciple ; mais nous, c’est de Moïse que nous sommes disciples. 29 Nous savons, nous, que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. ” 30 L’homme leur répondit : C’est bien là l’étonnant : que vous ne sachiez pas d’où il est, et qu’il m’ait ouvert les yeux. 31 Nous savons que Dieu n’écoute pas les pécheurs, mais si quelqu’un est religieux et fait sa volonté, celui-là il l’écoute. 32 Jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. 33 Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. ” 34 Ils lui répondirent : De naissance tu n’es que péché et tu nous fais la leçon ! Et ils le jetèrent dehors. » (Jn  9, 15-34)

Ces “ docteurs ”, confondus dans leur perfidie par ce merveilleux aveugle, n’ont plus que l’insulte à la bouche. Quant à lui, qui voit désormais de ses deux yeux, il lui manque encore de voir clair du regard de l’âme, ce que Jésus va lui accorder. La sobriété du récit de saint Jean laisse paraître la bonté, l’Amour du Cœur de Jésus pour cet homme, innocent persécuté à cause de son Nom :

« 35 Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Le rencontrant, il lui dit : “ Crois-tu au Fils de l’homme ? ” 36 Il répondit : “ Et qui est-il, Seigneur, que je croie en lui ? ” 37 Jésus lui dit : “ Tu le vois ; celui qui te parle, c’est lui. ” 38Alors il déclara : “ Je crois, Seigneur ”, et il se prosterna devant lui. » (Jn  9, 35-39)

Notre-Seigneur a voulu faire ce miracle comme une parabole en action. Il en explique la leçon :

« C’est pour un discernement que je suis venu en ce monde ; pour que ceux qui ne voient pas voient et pour que ceux qui voient deviennent aveugles. »

« 40 Des Pharisiens, qui se trouvaient avec lui, entendirent ces paroles, ne devinant que trop l’allusion cinglante qu’elles contiennent. Ils lui dirent : Est-ce que nous aussi, nous sommes aveugles ? 41 Jésus leur dit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais vous dites : Nous voyons ! Votre péché demeure. ” »

L’infirmité de l’aveugle miraculé figurait l’état de son âme, de toutes les âmes, avant que Jésus, Lumière du monde, ne les éclaire de sa Vérité. Et parce que ce pauvre homme était humble, religieux, attendant la venue du Fils de l’homme, il a cru en Jésus, désormais, il voit. Tandis que les Pharisiens qui regardent Notre-Seigneur du matin au soir, qui l’observent et surveillent ses moindres gestes, sont maintenant aveuglés par leur haine ténébreuse. Ils disent pourtant : Nous voyons ! ils prétendent avoir la capacité de discerner ce qui est de Dieu et ce qui ne l’est pas ; et, au même moment, ils refusent de constater le miracle ! C’est pourquoi leur péché demeure, irrémissible, tant qu’ils refusent le Salut que Jésus apporte. C’est devant eux et devant la foule, qu’il prononce une nouvelle parabole.

LE BEAU PASTEUR MÈNE SES BREBIS 
AU PÂTURAGE DE LA VIE

« 1 En vérité, en vérité je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans le parvis des brebis, mais en fait l’escalade par une autre voie, celui-là est un voleur et un brigand ; celui qui entre par la porte est le Pasteur des brebis. » (Jn 10, 1)

C’est Lui-même, Jésus. Il est le Pasteur, et Il est aussi la Porte du parvis, comme il va le dire. Les voleurs et les brigands, qui n’entrent pas par la Porte sont les sanhédrites et les pharisiens.

« 2 Celui qui entre par la porte est le Pasteur des brebis. 3 Le Portier lui ouvre et les brebis écoutent sa voix, et ses brebis à lui, il les appelle une à une et il les mène dehors. 4 Quand il a fait sortir toutes celles qui sont à lui, il marche devant elles et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. »

Les brebis de Notre-Seigneur sont les âmes qui le suivent docilement, parce que Dieu le Père, qui est le Portier, les attire à Lui (cf. Jn  6,  44), en ouvrant leur cœur à sa Parole. Mais puisque les autorités juives refusent la lumière de sa révélation, Jésus doit faire sortir ces brebis de la synagogue où elles sont parquées, pour les mener dehors, les faire paître en pleine et paisible liberté dans son Église. C’est la terrible annonce du rejet et du châtiment d’Israël, mais aussi la révélation de l’Amour de Dieu Notre-Seigneur pour ceux qui écoutent sa Voix et le suivent, formant la nouvelle communauté de salut qui n’est plus fondée sur la race, mais sur la personne de Jésus seul.

« 6 Jésus leur tint ce discours mystérieux, mais eux ne comprirent pas ce dont il leur parlait. » Il leur explique donc : « En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la Porte des brebis. 8 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. – Il s’agit des mauvais pasteurs, prêtres et faux prophètes qui “ se paissent eux-mêmes ”, que les vrais Prophètes ont toujours dénoncés, notamment Ézéchiel (chapitre  34) – 9 Je suis la Porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. Il entrera et sortira, et trouvera un pâturage. 10 Le voleur ne vient que pour voler, égorger et faire périr. Moi, je suis venu pour qu’on ait la Vie et qu’on l’ait surabondante. » (Jn 10, 2-10)

Jésus est la Porte par laquelle les fils d’Adam soumis à l’esclavage du démon réintègrent la Divine Famille, devenant par le baptême fils du Père éternel, enfants de Marie Immaculée et petits frères de Jésus. Entrer, sortir, trouver un pâturage, c’est la liberté retrouvée des enfants de Dieu, à qui la Vie divine est donnée, en surabondance, dans l’Église. Mais notre Médiateur doit payer le don d’une telle grâce :

« 11 je suis le beau Pasteur ; le beau Pasteur donne sa vie pour ses brebis. 12 Le mercenaire, qui n’est pas le pasteur, et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit-il venir le loup, il laisse les brebis et s’enfuit, et le loup s’en empare et les disperse. 13 C’est qu’il est mercenaire et ne se soucie pas des brebis. 14 Je suis le Beau Pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, 15 comme le Père me connaît et que je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis. »

Quel Amour en de telles paroles ! Que les auditeurs, sans doute, ne pouvaient comprendre, mais Jésus parle pour l’avenir, quand son Esprit-Saint aura été donné. La connaissance, qui est Amour, établie par le Christ avec ses disciples est à la ressemblance de celle que ce Fils et son Père ont l’un de l’autre, elle en est même le fruit. Comme Jésus est tout tourné vers son Père, appliqué à faire sa Volonté, et aimé de Lui, ainsi les brebis avec leur beau Pasteur.

« 16 J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de ce parvis ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur. »

Frère Bruno commente : « Le mot de parvis (aulè), prend ici toute sa signification : il désigne les temples des païens où notre beau Pasteur a aussi des brebis, dispersées dans toutes les nations du monde. Il doit aller les chercher afin de les délivrer de leurs fausses religions et les mener elles aussi, en les joignant au troupeau d’Israël, afin de les rassembler toutes en une seule Église, derrière son Chef et Pasteur. » (Le Témoignage de Jean, dans Bible, archéologie, histoire, t. 3, p. 21)

« 17 C’est pour cela que le Père m’aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre. 18 Personne ne me l’enlève ; mais je la donne de moi-même. J’ai pouvoir de la donner et j’ai pouvoir de la reprendre, tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père. » Un tel dévoilement des plus hauts mystères est encore la révélation des cœurs : « 19 Il y eut de nouveau scission parmi les Juifs à cause de ces paroles. 20 Beaucoup d’entre eux disaient : Il a un démon, il délire. Pourquoi l’écoutez-vous ? 21 D’autres disaient : Ces paroles ne sont pas d’un démoniaque. Est-ce qu’un démon peut ouvrir les yeux d’un aveugle ? ” » (Jn  10, 11-21)

MINISTÈRE EN JUDÉE 
(octobre - décembre  29)

Saint Jean passe ensuite directement au récit de la fête suivante, deux mois plus tard. Que s’est-il passé entre temps ? Reprenons la narration de saint Luc (chapitres  10 à 19), dont le témoignage est très fourni sur cette période qui court entre la confession de saint Pierre (septembre  29) et le “ Dimanche des Rameaux ” (2 avril  30), bien plus que celui de saint Marc, tandis que saint Matthieu raconte ces faits, mais en les distinguant et regroupant selon les besoins de sa composition. Les récits de saint Luc au contraire, ne manifestent pas, semble-t-il, de regroupements thématiques et n’indiquent aucune situation géographique, si ce n’est que Jésus fait route vers Jérusalem (13, 22 ;  17, 11  et  18, 31). Il ne s’agit pas d’un seul voyage, explique notre Père, qui se faisait en quelques jours, mais d’une attitude, d’une résolution du Cœur de Jésus qui est désormais tout tourné vers le Sacrifice qu’il va offrir sur la Croix à Jérusalem, et qui, dans ce but, affronte ses ennemis. C’est pourquoi Il est monté dans la Ville sainte pour la fête des Tabernacles et, maintenant qu’Il ne peut plus y demeurer, il semble que Notre-Seigneur sillonna la Judée, enseignant ses disciples, et attirant les foules, qui sont encore indécises. Nous allons retrouver la même “ atmosphère ” qu’à Jérusalem : Notre-Seigneur est terrible pour ses ennemis qui le harcèlent, mais il se montre très bon pour ses disciples, quoiqu’exigeant, car il marche toujours vers sa Croix, et Il enseigne ainsi à son Église à vivre en temps de persécution.  Nous sommes à la fin du mois d’octobre de l’an 29.

DOUCEUR DU DIVIN CŒUR ENVERS SES DISCIPLES.

S’éloignant de Jérusalem, Notre-Seigneur a pu retrouver ses disciples, les saintes Femmes, et surtout la Vierge Marie. Pendant qu’il était dans la Ville sainte, les soixante-douze disciples qu’Il avait envoyés (Lc 10, 1-16, cf. Il est ressuscité, n° 252, février 2024 p. 27) ont rempli leur mission, ils reviennent maintenant auprès de leur Maître pour lui rendre compte avec enthousiasme :

« “ 17 Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton Nom ! ” 18 Il leur dit : “ Je voyais Satan tomber du Ciel comme l’éclair ! Voici que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents, scorpions et toute la puissance de l’Ennemi, et rien ne pourra vous nuire. 20 Cependant, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, – du pouvoir que je vous donne – mais réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les Cieux. ” – De l’amour que mon Père vous manifeste. – ” 21 À cette heure même, il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit-Saint et il dit : “ Je te bénis, Père, Seigneur du Ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents – les “ docteurs ” de Jérusalem – et de l’avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir.  22 Tout m’a été remis par mon Père, et nul ne sait qui est le Fils si ce n’est le Père, ni qui est le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler. ” » (cf. encart page suivante)

En saint Matthieu, Notre-Seigneur continue : « 28 Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, –  le fardeau des préceptes pharisiens – et moi je vous soulagerai. 29 Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de Cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. 30 Oui, mon joug est aisé, et mon fardeau léger. » (Mt 11, 28-30)

Le Cœur de notre Dieu se manifeste par le Cœur de Jésus qui est si bon, si aimable ! Il est doux, compatissant à toutes nos misères, et humble de Cœur, humble parce qu’il est Fils, tout tourné vers son Père, recevant tout de lui, tout consacré à l’aimer, à lui obéir. Et dans cette humilité, Il est disposé à tout souffrir, à être blessé dans son Amour, à pardonner toujours ! Oui, mettons-nous à son école, buvons à cette source ! Et que son Règne arrive, que toute la terre, libérée des chaînes de Satan, se soumette au joug de douceur et de miséricorde des Saints Cœurs de Jésus et de Marie !

« 23 Puis, se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! 24 Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu ! ” » (Lc 10, 23-24)

Saint Luc a raconté ce retour des disciples immédiatement après leur envoi. En fait, nous supposons qu’ils ont accompli leur mission pendant que Jésus était à Jérusalem, pour la fête des Tabernacles, et c’est dans ce contexte qu’eut lieu la question d’un scribe, et la réponse qu’il reçut par la parabole du bon Samaritain (cf. Il est ressuscité n° 252, février 2024, p. 27-28) que saint Luc raconte ensuite. Nous passons donc à l’événement suivant, qui se déroule à Béthanie, à moins de trois kilomètres de Jérusalem.

« Comme Jésus faisait route, il entra dans un village et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. 39 Celle-ci avait une sœur nommée Marie – c’est Marie-Madeleine qui, arrachée par Jésus à sa vie de perdition, a retrouvé la maison familiale – qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. 40 Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du service. Intervenant, elle dit : Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc de m’aider. ” 41 Mais le Seigneur lui répondit : Marthe, Marthe, tu te soucies et tu t’agites pour beaucoup de choses ; 42 pourtant il en faut peu, une seule même. C’est Marie qui a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. ” » (Lc 10, 38-42)

« NUL NE SAIT QUI EST LE FILS SI CE N’EST LE PERE,  
NI QUI EST LE PERE SI CE N’EST LE FILS. »

“SIGNE de contradiction ” dès l’Origine entre les bons et les mauvais anges, les justes et les réprouvés.   Dieu, dans l’absolue et infinie liberté de volonté que les philosophes lui reconnaissent, maîtresse des mouvements de son Cœur selon son bon plaisir, le Dieu Un, YAHWEH - JESUIS a désiré d’être... PÈRE !

Avant qu’aucune créature ne soit père ni mère, et que cette “ ipséité ” ne convienne à personne, Dieu ainsi engendra de son sein, de son Cœur, le fruit de son amour, l’objet de son désir, un “ Dieu de Dieu, Lumière de sa Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu ”, image de sa Substance et reflet de sa Face, son Fils unique et Bien-aimé, le Fils de Dieu à jamais, depuis toujours comble rassasiant de son désir.

J’étonnerai en disant, à leur commune et indivisible Gloire, que c’était leur Premier amour, plus que virginal, saint Amour car il n’est pas vrai que Dieu se connaisse, s’aime, et se soit réjoui en soi-même, de l’excellence de sa propre nature avant de se re-trouver en son Fils. C’est sur la Face et dans le Cœur Sacré de son Fils engendré de son premier Amour que le Père inengendré goûta la joie de connaître, d’aimer, de jubiler de la Sagesse, de la Bonté, de la Beauté, de l’infinie perfection de sa propre Nature, donnée à son Fils bien-aimé et imprimée en lui, resplendissante. Et de même ce Fils, né de Lui, sans un regard sur lui-même, évidemment ! en cela si différent de nous autres pauvres pécheurs et minables créatures, dès cette première minute d’éternité, n’eut d’attention, d’admiration, d’amour et de complaisance infinie que pour ce Dieu qu’il découvrait en son Père, sans un seul regard pour rien ni personne que Lui.

[...] Et c’est un mystère... d’amour ! Car le Fils né d’un tel Père se jette dans son sein, dans son Cœur d’où il a reçu l’être, pour s’affirmer en tout lui-même, par son enthousiaste, libre et aimante iden­tification à leur commune nature, vraiment et uniquement Fils d’un tel Père. Ce en quoi s’exalte sa singularité, sa personnalité, son ipséité absolue.

Le Père donne à son Fils sa propre divinité. Le Fils accueille ce don avec un égal amour... Ces deux amours se répondent l’un à l’autre. Celui qui donne éveille en son Bien-aimé ainsi comblé, un amour de reconnaissance. C’est la rencontre de ces deux élans l’un vers l’autre, du Père et du Fils, qui leur est comme une ipséité nouvelle, laquelle par un autre décret de leur libre désir et ardente volonté de bon plaisir, appelle cette rencontre et communion des deux à se manifester comme une vivante Personne dont l’ipséité tient toute dans le témoignage qu’elle donne au Père et au Fils de leur mutuel amour. Afin qu’ils puissent s’en réjouir, en un tiers Esprit, jamais en eux-mêmes, mais dans leur commune Sainteté.

(Dieu, l’infinie liberté de l’Amour, CRC n° 320, février-mars 1996, p. 22-23.)

Que c’est beau cette tendresse de Notre-Seigneur pour ses disciples, tandis qu’au-dehors ses ennemis rôdent pour le perdre. On voudrait se ranger dans la petite troupe de ses fidèles, pour écouter ses leçons comme sainte Marie-Madeleine. Ici, Jésus nous montre l’unique nécessaire : écouter sa Parole, – beaucoup méditer l’Évangile – ne pas le quitter du regard, pour le connaître, l’adorer, l’aimer de tout notre cœur, et l’imiter, pour aller au Ciel.

« 1 Et il advint, comme il était quelque part à prier, quand il eut cessé, qu’un de ses disciples lui dit :   Seigneur, apprends-nous à prier. ” 2 Il leur dit : Lorsque vous priez, dites : Père, que ton Nom soit sanctifié. ” » (Lc 11, 1-2)

Notre Père disait que Jésus avait tout simplement enseigné à ses disciples sa propre prière, en changeant quelques mots. Comme déjà, à Nazareth, Il avait pu la révéler à la Vierge Marie et à saint Joseph. C’est sur leurs lèvres, dans leur Cœur, qu’il faut la comprendre.

Prenons le texte de saint Matthieu, que l’Église a conservé dans sa liturgie : « Notre Père, qui êtes aux Cieux, que votre Nom soit sanctifié, 10 que votre Règne arrive, que votre Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel. »

Voilà tout le désir de Jésus et Marie, toute leur prière.

« 11 Donnez-nous aujourd’hui notre Pain super-substantiel. » C’est ainsi que saint Jérôme traduit le mot ejpiouvsion [epiousion]. Littéralement, expliquait notre Père, cela signifie “ le pain qui est au-dessus de l’autre ”, “ qui est au-dessus de la nature ”. Or, puisque Notre-Seigneur a dit : « C’est mon Père qui vous le donne, le pain qui vient du ciel, le vrai ; car le Pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel qui donne la vie au monde » (Jn  6, 32-33), ce “ pain surnaturel ” est bien plus que le nécessaire aliment de notre subsistance corporelle, c’est le Pain vivant, la Chair du Fils de Dieu, par laquelle Il demeure en son disciple, et son disciple en lui, gage de Vie éternelle et de résurrection. C’est pourquoi notre Père voulait traduire : « Donnez-nous aujourd’hui notre Pain célestiel. »

« 12 Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »  Notre-Seigneur ne disait pas cela, c’est là qu’il a modifié sa prière à Lui qui devait être : mon Père, pardonnez-leur, comme je leur pardonne leurs offenses.

« 13 Et ne nous soumettez pas à la tentation, mais délivrez-nous du Mal. » (Mt 6, 9-13) Notre-Seigneur lui-même est passé par la tentation, et il devra encore la souffrir, à Gethsémani. À cette heure, il dira de nouveau à ses disciples : « Veillez et priez, afin de ne pas entrer en tentation. » (Mc 14, 38)

« 9 Et moi je vous dis : demandez et l’on vous donnera – “ on ” désigne notre très chéri Père Céleste  – cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira [...]. 11 Quel est d’entre vous le père auquel son fils demande un poisson, et qui, à la place du poisson, lui remettra un serpent ? 12 Ou encore, s’il demande un œuf, lui remettra-t-il un scorpion ? 13 Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du Ciel donnera-t-il l’Esprit-Saint à ceux qui l’en prient ! » (Lc 11, 9-13)

C’est très rassurant, mais très exigeant aussi ! La balle est dans notre camp, pour ainsi dire. Le Bon Dieu n’attend que nos prières pour nous sauver.

LUTTE CONTRE LE DÉMON DE L’IMPIÉTÉ.

Un autre jour, « 14 Il expulsait un démon, qui était muet. Or il advint que, le démon étant sorti, le muet parla, et les foules furent dans l’admiration. 15 Mais certains d’entre eux dirent : “  C’est par Béelzéboul, le prince des démons, qu’il expulse les démons.  ” » (Lc 11, 14-15)

 Horrible blasphème : Jésus, par pitié, par bonté, libère ce pauvre homme, et eux l’accusent d’être un démon ! Il faut, pour en prendre la mesure, penser à la peine du Cœur Immaculé de Marie qui entend cela... Son Fils, son Dieu, qu’Elle adore infiniment, dont Elle admire sans cesse les vertus divines, la miséricorde, la douceur, la sagesse et la force, traité de démon ! Elle souffre pour son Fils, et aussi parce qu’elle sait que de tels cœurs endurcis méritent les flammes de l’enfer. L’Évangile est l’école de la dévotion réparatrice : c’est là que nous pouvons prendre conscience de la peine que font nos péchés au Cœur très Unique de Jésus-Marie.

Notre-Seigneur va leur répondre, il ne faut pas laisser ces blasphémateurs conquérir la foule :  « 17 Mais lui, connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté, et maison sur maison s’écroule. 18 Si donc Satan s’est, lui aussi, divisé contre lui-même, comment son royaume se maintiendra-t-il... puisque vous dites que c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons. ” »

C’est dire : “ Croyez-vous vraiment que les démons ont intérêt à se chasser les uns les autres ? Mais non ! C’est une armée bien organisée, ils sont tous unis pour perdre les hommes ! ”

« 19 Mais si, moi, c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons, vos fils, par qui les expulsent-ils ? Aussi seront-ils eux-mêmes vos juges. »

Il y avait déjà, dans l’Ancienne Alliance, des exorcistes qui chassaient les démons au Nom de Yahweh. Donc ces pharisiens qui accusent Jésus d’être de connivence avec le diable en ont uniquement contre Lui, dans leur mauvais esprit, alors même que c’est Lui, le Fils de Dieu, qui donne à ces juifs la force et la grâce pour lutter contre l’enfer.

« 20 Mais si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous. 21 Lorsqu’un homme fort et bien armé garde son palais, ses biens sont en sûreté ; – C’est Satan, qui règne sur le monde, jusqu’à ce que Notre-Seigneur arrive – 22 mais qu’un plus fort que lui survienne et le batte, – C’est Jésus !  – il lui enlève l’armure en laquelle il se confiait et il distribue ses dépouilles. »

Cette petite parabole nous rappelle que Jésus vient pour combattre Satan, le vaincre, pour régner à sa place. La conclusion est terrible, et interpelle tous les auditeurs : « 23 Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi dissipe. »

« Il n’y a pas de moyen terme, disait sœur Lucie. Ou nous sommes à Dieu, ou nous sommes au démon. »

C’est un combat à reprendre sans cesse, car « 24 lorsque l’esprit impur est sorti de l’homme, il erre par des lieux arides en quête de repos. N’en trouvant pas, il dit : Je vais retourner dans ma demeure, d’où je suis sorti. 25 Étant venu, il la trouve balayée, bien en ordre. 26 Alors il s’en va prendre sept autres esprits plus mauvais que lui ; ils reviennent et y habitent. Et l’état final de cet homme devient pire que le premier. » (Lc  11, 14-26) C’est bien le cas du peuple juif, délivré, enrichi, élevé par Yahweh au long des siècles de l’Ancienne Alliance, mais retombé sous la coupe de Satan, à l’exception de quelques âmes, et dont la perfidie méritera l’abandon et la malédiction divine. Avertissement pour les peuples qui recevront l’Évangile, et pour toutes les âmes, à ne pas faire de même...

« 27 Or il advint, comme il parlait ainsi, qu’une femme – au comble de l’admiration – éleva la voix du milieu de la foule et lui dit : Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les mamelles qui t’ont nourri ! 28 Mais il dit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent ! ” » (Lc 11, 27-28)

Notre-Seigneur ne contredit pas cet hommage à sa Sainte Mère, mais il révèle avec délicatesse et discrétion son vrai et plus grand mérite : sa Foi et son obéissance, qui ont tellement touché le Cœur de Dieu qu’Il a voulu s’incarner en Elle, la prendre pour Compagne et, bientôt, lui confier “ tout l’ordre de la miséricorde ”. C’est aussi un avertissement à ses auditeurs : l’appartenance à la race juive, ou même la parenté de sang avec Notre-Seigneur ne servent de rien pour entrer dans le Royaume de Dieu, qui est fondé sur la foi en Lui. Avertissement d’une actualité saisissante, qui condamne l’affirmation sur laquelle Jean-Paul  II a fondé toute sa gnose : « Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est, en quelque sorte, uni à tout homme » (Gaudium et spes 22, 2). Non, l’union de la chair n’est rien, si elle n’est fondée sur l’adhésion de l’esprit dans la Vérité, et la soumission de la volonté dans l’Amour, dont le Cœur Immaculé de Marie est la source et le modèle.

« 29 Comme les foules se pressaient en masse, il se mit à dire : Cette génération est une génération mauvaise ; elle demande un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas. 30 Car, tout comme Jonas devint un signe pour les Ninivites, de même le Fils de l’homme en sera un pour cette génération [...]. 32 Les hommes de Ninive se dresseront lors du Jugement avec cette génération et ils la condamneront, car ils se repentirent à la proclamation de Jonas, et il y a ici plus que Jonas ! ” » (Lc 11, 29-32)

Le texte de saint Matthieu nous éclaire sur ce signe de Jonas : « De même que Jonas fut dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, de même le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre durant trois jours et trois nuits. » (Mt 12, 40). Les juifs qui lui demandent encore de prouver qu’Il est bien le Messie, après ces sept mois durant lesquels Notre-Seigneur s’est manifesté à tous (nous sommes en octobre, peut-être en novembre 29), sont des incrédules endurcis. Sa Résurrection sera le dernier signe à eux donné après quoi, s’ils ne se convertissent toujours pas ! Jérusalem sera détruite, comme Ninive devait l’être (Jon 3, 4).

Ces avertissements atteignent dramatiquement notre génération, et particulièrement nos pasteurs, parce que nous n’avons pas fait cas des volontés de notre Divine Mère et Médiatrice, de son appel à la pénitence, à la réparation, à la compassion envers son Cœur douloureux et Immaculé, malgré les châtiments dont Elle nous avait prévenus, qui n’ont rien à envier à ceux annoncés par Jonas, puis par Notre-Seigneur : la vision de la « grande ville à moitié en ruine » de la troisième partie du Secret du 13 juillet 1917 évoque pour l’Église et le Vatican la même dévastation que Ninive devait subir, et que Jérusalem a soufferte.

L’INVITATION D’UN PHARISIEN...

Après la parabole de la Lampe, saint Luc raconte : « 37 Tandis qu’il parlait, un Pharisien l’invite à manger chez lui. – Nous devons être dans un gros bourg de Judée, si ce n’est à Jérusalem même, en novembre de l’an  29 – Il entra et se mit à table. 38 Ce que voyant, le Pharisien s’étonna de ce qu’il n’eût pas fait d’abord les ablutions avant le déjeuner. 39 Mais le Seigneur lui dit : Vous voilà bien, vous, les Pharisiens ! L’extérieur de la coupe et du plat, vous le purifiez, alors que votre intérieur à vous est plein de rapine et de méchanceté ! 40 Insensés ! Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ? [...] 43 Malheur à vous, les Pharisiens, qui aimez le premier siège dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ! [...] 42 Mais malheur à vous, les Pharisiens ! »

Notre-Seigneur maudit ainsi, en face, les convives du repas, démasquant leur hypocrisie, leur ostentation, et mettant à nu leur orgueil, leur corruption. On imagine un silence lourd, mortel.

Un légiste se lève alors : « “ 45 Maître, en parlant ainsi, tu nous outrages nous aussi ! 46 Alors Jésus dit : Malheur à vous aussi, les légistes, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter et vous-mêmes ne touchez pas à ces fardeaux d’un seul de vos doigts ! [...] 52 Malheur à vous, les légistes, parce que vous avez enlevé la clef de la science ! Vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés ! ” »

Paroles terribles, sorties de la bouche du Fils de Dieu, le Souverain Juge ! Gardons-nous de trouver cela “ exagéré ”, dès le début du repas ! Il faut se rappeler que ces mêmes pharisiens qui invitent Jésus sont allés jusqu’en Galilée pour le persécuter, le calomnier, détourner de lui les foules. Leur cœur est fermé à la grâce, et Notre-Seigneur leur fait cette dernière charité de leur montrer la colère du Dieu de Justice outragé par leurs crimes. Il a dû le faire en différentes circonstances que saint Luc résume ici, tandis que saint Matthieu racontera ces malédictions dans son terrible chapitre   23, juste avant la Passion.

« 53 Quand il fut sorti de là, les scribes et les pharisiens se mirent à lui en vouloir terriblement et à le faire parler sur une foule de choses, lui tendant des pièges pour surprendre de sa bouche quelques paroles. » (Lc 11, 37-54)

Non seulement ils n’entrent pas eux-mêmes dans le Royaume des Cieux, mais ils empêchent d’entrer ceux qui le voudraient. C’est pourquoi Notre-Seigneur doit les démasquer devant la foule :

« 1 Sur ces entrefaites, la foule s’étant rassemblée par milliers, au point qu’on s’écrasait les uns les autres, il se mit à dire, et d’abord à ses disciples : Méfiez-vous du levain – c’est-à-dire de l’hypocrisie – des Pharisiens. 2 Rien, en effet, n’est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu. ” » (Lc 12, 1-2)

CONSIGNES POUR TEMPS DE PERSÉCUTION.

Notre-Seigneur annonce ensuite à ses disciples la persécution qu’ils devront subir de leur part, à sa suite, et comment il faut s’y préparer : « “ 4 Je vous le dis à vous, mes amis : Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps et après cela ne peuvent rien faire de plus. 5 Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez Celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, je vous le dis, Celui-là, craignez-le. » Mieux vaut mourir que de trahir Jésus, et d’aller en enfer ! D’autant plus que notre Père du ciel n’abandonne pas ceux qui souffrent pour Lui : « 6 Ne vend-on pas cinq moineaux pour deux as ? Et pas un d’entre eux n’est en oubli devant Dieu ! 7 Bien plus, vos cheveux même sont tous comptés. Soyez sans crainte ; vous valez mieux qu’une multitude de moineaux. 8 Je vous le dis, quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu ; 9 mais celui qui m’aura renié à la face des hommes sera renié à la face des anges de Dieu. »

Or « 13 quelqu’un de la foule – qui, visiblement, n’a pas compris la gravité de ce discours – lui dit : Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. ” 14 Il lui dit : Homme, qui m’a établi pour être votre juge ou régler vos partages ? 15 Puis il leur dit : Attention ! gardez-vous de toute cupidité, car, au sein même de l’abondance, la vie d’un homme n’est pas assurée par ses biens. ” » (Lc 12, 1-15)

Dans la perspective de la Passion, de la souffrance et de la mort à laquelle il faut se préparer, l’argent est un obstacle et une tentation. Les ennemis de Notre-Seigneur se caractérisent par l’amour de l’argent et nombreux sont ceux qui l’ont trahi par cupidité, ou bien par lâcheté, pour ne pas perdre leur condition. Jésus hait l’argent, disait notre Père. Pour en montrer la vanité, Il raconte la parabole de l’homme riche qui, après une bonne récolte, fait de grands projets pour agrandir ses greniers afin de pouvoir ensuite boire, se reposer, faire la fête. Et Dieu lui dit : « Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme. Et ce que tu auras amassé, qui l’aura ? 21 Ainsi en est-il de celui qui thésaurise pour lui-même, et n’est pas riche aux yeux de Dieu. »

Ces enseignements s’adressent à l’Église tout au long de son histoire, et ils nous parlent d’autant plus que nous sommes dans les mêmes circonstances : puisque l’Évangile de Notre-Dame de Fatima est rejeté, nous marchons vers le châtiment, la souffrance et la persécution. Mais à chaque instant et même dans les pires épreuves, le Bon Dieu garde ceux qui lui sont fidèles :

« 22  Voilà pourquoi je vous dis : ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. 23 Car la vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement [...]. Ne vous tourmentez pas. 30 Car ce sont là toutes choses dont les païens de ce monde sont en quête ; mais votre Père sait que vous en avez besoin. 31 Aussi bien, cherchez son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît.  32 Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s’est complu à vous donner le Royaume. » (Lc 12, 22-32)

Tout ce qui compte est d’acquérir un « trésor inépuisable dans les Cieux », de se préparer à la vie éternelle, et pour cela, d’être toujours prêt à paraître devant Notre-Seigneur :

« 35 Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées. 36 Soyez semblables, vous, à des gens qui attendent leur Maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il viendra et frappera. » La lampe allumée signifie la lumière de la Foi, de la Vérité catholique, qu’il faut garder coûte que coûte dans un monde apostat. Et garder les reins ceints, expliquait notre Père, c’est ne pas se laisser aller, littéralement, cela signifie garder sa ceinture, ne pas traîner en pyjama, s’abandonner à sa paresse, et à tous les vices qui s’en suivent.

La récompense que promet Notre-Seigneur pour cette fidélité est merveilleuse : « 37 Heureux ces serviteurs que le Maître en arrivant trouvera en train de veiller ! En vérité je vous le dis, Il se ceindra, –   Jésus lui-même ! – les fera mettre à table et, passant de l’un à l’autre, il les servira [...]. 40 Vous aussi, tenez-vous prêts, car c’est à l’heure que vous ne pensez pas que le Fils de l’homme va venir. 41 Pierre dit alors :   Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole ou bien pour tout le monde ? ” » (Lc 12, 35-41) Notre-Seigneur lui répond par la parabole de l’intendant établi par le Maître sur sa maisonnée. S’il est trouvé fidèle au retour de son Maître, il recevra un pouvoir plus grand encore, mais s’il abuse de son autorité, et s’il profite des richesses à lui confiées pour manger, boire et s’enivrer, il sera condamné avec les hypocrites. « Là seront les pleurs et les grincements de dents. » (Mt  24, 51) « À qui on aura donné beaucoup il sera beaucoup demandé, et à qui on aura confié beaucoup on réclamera davantage. » (Lc  12, 48)

Notre-Seigneur continue : « 49 Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé ! 50 Je dois être baptisé d’un baptême, et quelle n’est pas mon angoisse jusqu’à ce qu’il soit consommé ! » Notre Père voyait dans ces deux versets la manifestation du Cœur eucharistique de Jésus-Marie : ils ont hâte d’allumer dans tous les cœurs le feu de leur Amour, mais ils doivent pour cela passer par une terrible Passion, objet de leur agonie quotidienne. Angoisse de l’Un pour l’autre, mais aussi pour leurs disciples, c’est pourquoi Notre-Seigneur les prévient, afin qu’ils ne soient pas désarmés, abattus à l’heure de l’épreuve : « Pensez-vous, leur dit-Il, que je sois venu pour établir la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien la division. Désormais, en effet, on sera divisé père contre fils et fils contre père, mère contre sa fille et fille contre sa mère, belle-mère contre sa bru et bru contre sa belle-mère. » (Lc 12, 49-53)

JÉSUS SÉVÈRE, MISÉRICORDIEUX, EXIGEANT 
(Décembre  29).

Ce récit de saint Luc paraît aussi peu construit que la vie peut l’être, expliquait notre Père. Ainsi des trois événements qui suivent.

Tandis que Notre-Seigneur admonestait la foule qui reste aveugle aux signes de l’avènement des temps messianiques, surviennent des gens qui lui rapportent comment Pilate avait fait exécuter des Galiléens séditieux. Jésus leur répond : « Pensez-vous que, pour avoir subi pareil sort, ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens ? –  tous sont pécheurs, en premier lieu parce qu’ils ne croient pas en Lui. – 3 Non, je vous le dis, mais si vous ne faites pas pénitence, vous périrez tous pareillement. » (Lc 13, 1-3)

Prophétie qui s’accomplira quarante ans plus tard, quand les Romains détruiront Jérusalem. Le Peuple élu n’a que trop abusé de la patience de son Dieu, comme le montre la parabole du figuier stérile que son propriétaire veut arracher : « Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le donc, dit-il à son jardinier, pourquoi use-t-il la terre pour rien ? » Ce figuier figure le peuple juif, qui n’a jamais porté de dignes fruits d’amour et de vertu, malgré toutes les grâces de Dieu. « 8 L’autre lui répondit : Maître, laisse-le cette année encore, le temps que je creuse tout autour et que je mette du fumier. » C’est l’année de grâce de la prédication de Jésus. « 9 Peut-être donnera-t-il des fruits à l’avenir... Sinon tu le couperas. » (Lc 13, 6-9)

Déjà saint Jean-Baptiste annonçait que tout arbre qui ne produit pas de bons fruits serait coupé et jeté au feu. Terrible annonce de l’enfer et du châtiment du peuple juif. Mais c’est l’Amour qui inspire à Notre-Seigneur de telles paroles : il voit ces âmes marcher à l’enfer, il veut les en préserver à tout prix.

Un autre jour, tandis « qu’il enseignait dans une synagogue le jour du sabbat », Jésus voit « une femme ayant depuis dix-huit ans un esprit qui la rendait infirme ; elle était toute courbée et ne pouvait absolument pas se redresser ». Il la libère et la guérit, avant même qu’elle ne le demande, provoquant l’indignation du chef de la synagogue qui dit à la foule : « Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler, venez donc ces jours-là vous faire guérir, et non le jour du sabbat ! » Mais Jésus confond son hypocrisie devant la foule, qui en est remplie de joie (Lc 13, 10-17).

« 22 Et il cheminait par villes et villages, –  toujours en Judée – enseignant et faisant route vers Jérusalem. »  Saint Luc rappelle ainsi que Jésus marche vers son Sacrifice, mais ce verset témoigne aussi d’une nouvelle montée vers la Ville sainte, pour la fête de la Dédicace, nous sommes donc maintenant au mois de décembre de l’an  29. Or « 23 quelqu’un lui dit : Seigneur, est-ce le petit nombre qui sera sauvé ? ” »  Question terrible ! Notre-Seigneur ne va pas répondre directement, car l’homme n’a pas à connaître le Jugement de Dieu. Mais tous, nous devons travailler coûte que coûte à aller au Ciel :  « 24 Luttez pour entrer par la porte étroite ; car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne le pourront pas. »

À l’heure du Jugement, tandis que ceux qui voudront entrer diront : « Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places ! » (Lc 13, 23-26) « Je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus ! Retirez-vous de moi, artisans d’iniquité ! ” » (Mt 7, 23) « 28 Là seront les pleurs et les grincements de dents, lorsque vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, et vous, jetés dehors. 29 Et l’on viendra du levant et du couchant, du nord et du midi, prendre place au festin dans le Royaume des Cieux. » (Lc 13, 28-29)

Notre-Seigneur annonce en toute clarté ce qui était si dur à entendre pour des oreilles juives : l’ouverture du salut aux païens et la malédiction d’Israël.

« 31 À cette heure même, s’approchèrent quelques Pharisiens qui lui dirent : Pars et va-t’en d’ici ; car Hérode veut te tuer ! ” » Réponse d’une majesté royale :  « Allez dire à ce renard : voici que je chasse des démons et accomplis des guérisons aujourd’hui et demain, et le troisième jour je suis consommé ! – Annonce de sa Passion. – Mais aujourd’hui, demain et le jour suivant, je dois poursuivre ma route, car il ne convient pas qu’un prophète périsse hors de Jérusalem. » (Lc 13, 31-33) Notre-Seigneur n’a peur de personne, il domine les événements et les hommes, avec une magnifique sérénité. Chaque jour est ordonné par son Père : pour l’instant, il passe en faisant le bien, guérissant et libérant les possédés, pour que tous sachent qu’Il est le Messie. Le jour où il doit être consommé, c’est-à-dire que son salut messianique sera accompli par son Sacrifice rédempteur, n’est pas encore venu. Il y marche cependant, avec force et courage, c’est dans ce but qu’Il retourne dans la Ville sainte. Ô Jésus, Fils de Dieu fait homme, que vous êtes beau, que vous êtes grand, que vous êtes sage ! s’exclamait notre Père. Reprenons le récit de saint Jean.

NOUVELLE MONTÉE À JÉRUSALEM 
(Décembre 30)

« 22 Il y eut alors la fête de la Dédicace à Jérusalem. C’était l’hiver. 23 Jésus allait et venait dans le Temple sous le portique de Salomon. 24 Les Juifs firent cercle autour de lui et lui dirent : Jusqu’à quand vas-tu nous tenir en haleine ? Si tu es le Christ, dis-le-nous ouvertement. ” » (Jn 10, 22-24)

La dernière fois que Jésus a quitté Jérusalem, les Juifs étaient divisés, entre ceux qui le traitaient de démon, et ceux qui, tout de même, étaient impressionnés par ses miracles (cf. supra p. 24). Ils refusent, en tout cas, de croire en sa Parole, aux multiples témoignages de sa Divinité. Au mieux, ils voudraient qu’Il se manifeste comme un Messie politique. Au pire leur interrogation n’est qu’un piège, afin de provoquer une lapidation publique.

« 25 Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père témoignent de moi ; 26 mais vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. » Notre-­Seigneur reprend la dernière parabole qu’il leur avait adressée : il révèle de nouveau l’amour miséricordieux qu’Il porte à ses disciples, auquel ses ennemis, qui l’écoutent, n’auront pas part... Leur fureur, leur jalousie s’emballe à ces paroles où culmine l’ultime révélation par laquelle Jésus répond à leur question, dévoilant ouvertement son être intime, sachant bien qu’il prononce sa propre condamnation :

« 27 “ Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent ; 28 je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais et nul ne les arrachera de ma main. 29 Mon Père, quant à ce qu’il m’a donné, est plus grand que tous. Nul ne peut rien arracher de la main du Père. 30 Moi et le Père nous sommes un. ” 31 Les Juifs apportèrent de nouveau des pierres pour le lapider. »

Mais, cette fois, Il leur tient tête : « 32 Je vous ai montré quantité de belles œuvres, venant du Père ; pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ? 33 Les Juifs lui répondirent : Ce n’est pas pour une belle œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème et parce que toi, n’étant qu’un homme, tu te fais Dieu. ” »

Ils prétendent mettre de côté les indéniables belles œuvres de Jésus, alors même qu’elles témoignent qu’Il n’est pas “ qu’un homme ”, comme ils l’affirment. Jésus va les confondre, en s’appuyant sur l’Écriture, qu’ils revendiquent contre Lui :

« N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : vous êtes des dieux ? 35 Alors qu’elle a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu fut adressée – et l’Écriture ne peut être récusée – 36 à celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde vous dites : Tu blasphèmes, parce que j’ai dit : Je suis Fils de Dieu ! »

La citation est tirée du psaume  82, « où l’oracle s’adresse, très menaçant, à des juges iniques si haut placés dans de saintes fonctions qu’ils étaient appelés “ des dieux ”. Parce qu’ils avaient reçu de Dieu le pouvoir de rendre la justice, ils n’en seraient que plus sévèrement condamnés pour leur prévarication en l’exercice de cette charge divine ! Jésus répond donc à ces “ juifs ” qui prétendent juger et déjà passent à l’exécution de leur sentence : “ votre Loi ”, celle que vous prétendez m’appliquer, ne vous appelle-t-elle pas “ des dieux ”, tout coupables et criminels que vous êtes, parce que vous avez reçu la Parole de Dieu en partage ? À plus forte raison, moi, que le Père a “ consacré ” », explique frère Bruno (cf. Le Témoignage de Jean, dans Bible, archéologie, histoire, t. 3, p. 22).

« 37 Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas ; 38 mais si je les fais, quand bien même vous ne me croiriez pas, croyez en ces œuvres, afin de reconnaître une bonne fois que le Père est en moi et moi dans le Père. »

« 39 Ils cherchaient donc de nouveau à le saisir, mais il échappa de leurs mains. » (Jn 10, 25-39)

C’est la dernière fois que Notre-Seigneur paraît à Jérusalem avant sa Passion. Saint Luc raconte son apostrophe à la Ville sainte : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble sa couvée sous ses ailes... et vous n’avez pas voulu ! »

Dieu, avec quelle patience ! a voulu les sauver, les arracher à l’empire de Satan, mais eux n’ont pas voulu, par quel mystère d’iniquité... C’est encore pour les solliciter à la conversion qu’il est revenu une dernière fois, malgré la haine de ses ennemis. Mais puisqu’ils refusent cette miséricorde, Notre-Seigneur les maudit :  « 35Voici que votre maison va vous être laissée. –  Jérusalem sera ravagée. – Oui je vous le dis, vous ne me verrez plus, jusqu’à ce qu’arrive le jour où vous direz : Béni soit celui qui vient au Nom du Seigneur ! ” » (Lc 13, 34-35) La prochaine fois que Jésus reviendra, les Juifs l’acclameront bien comme Celui qui vient au Nom du Seigneur, des rameaux à la main. Et il offrira pour eux, tombant sous leurs coups, le sacrifice de ses souffrances et de sa vie, en expiation de leurs péchés et des nôtres. On comprend alors que, pour ceux que tant de miséricorde ne convertira pas, la malédiction soit irrémissible.

MINISTÈRE “ AU-DELÀ DU JOURDAIN ”
(Décembre  29 - février  30)

Et, « de nouveau, il s’en alla au-delà du Jourdain, au lieu où Jean avait d’abord baptisé, et il y demeura » (Jn 10, 40). Notre-Seigneur trouve là un peuple bien disposé, qui fut ouvert au témoignage de son Précurseur : « 41Beaucoup vinrent à Lui et disaient : Jean n’a fait aucun signe, mais tout ce que Jean a dit de Celui-ci était vrai. ” 42 Et là, beaucoup crurent en Lui. » Cela explique bien la suite du récit de saint Luc, qui se déroule dans une atmosphère plus calme, l’opposition est moins forte que dans les épisodes précédents, qui devaient se dérouler en Judée, autour de Jérusalem.

Ainsi, un jour de sabbat, Jésus est invité à déjeuner par un chef des Pharisiens. À cette occasion, saint Luc rapporte plusieurs enseignements de Notre-­Seigneur, comme si tout s’était déroulé au cours du même repas, mais il a bien pu regrouper plusieurs événements advenus dans des circonstances similaires.

Ainsi, remarquant que les invités choisissaient les premières places, Jésus leur adresse une leçon sur la modestie : quand on est invité à un festin, il vaut mieux se mettre à la dernière place, de peur d’être ensuite rétrogradé si vient quelqu’un de plus important... Derrière ce conseil de prudence se cache une grande leçon : nous sommes invités par Dieu au festin des noces éternelles, et Lui seul connaît notre vraie valeur et la place que nous méritons. Pour être bien placé là-haut auprès de Jésus et Marie, il faut s’humilier, se considérer comme le plus pécheur de tous les hommes : qui s’abaisse sera élevé. Et surtout, ne pas s’enorgueillir, ni se complaire en soi-même, se croire meilleur que l’on est, comme le faisaient les pharisiens, car qui s’élève sera abaissé (Lc 14, 7-14).

Notre Père pensait que Jésus lui-même s’était mis à la dernière place lors de ce banquet, et que ces grands pharisiens ambitieux l’y avaient bien laissé, malgré l’hydropique qu’il venait de guérir miraculeusement ! (Lc 14, 1-6) Il acceptait d’être ainsi humilié, il s’en réjouissait même, à cause de l’exemple qu’Il nous donnait (cf encart ci-dessous).

« 15 À ces mots, l’un des convives lui dit : Heureux celui qui prendra son repas dans le Royaume de Dieu ! 16 Le Seigneur lui dit : Un homme faisait un grand dîner, auquel il invita beaucoup de monde. 17 À l’heure du dîner, il envoya son serviteur dire aux invités : Venez, maintenant tout est prêt. 18 Et tous, comme de concert, se mirent à s’excuser. Le premier lui dit : J’ai acheté un champ, et il me faut aller le voir, je t’en prie, tiens-moi pour excusé. 19 Un autre dit : j’ai acheté cinq paires de bœufs et je pars les essayer, je t’en prie, tiens-moi pour excusé. 20 Un autre dit : Je viens de me marier, et c’est pourquoi je ne puis venir... ” » (Lc 14, 15-20)

« Qui s’abaisse sera élevé »

C’EST de vous contempler,   ô Jésus, Fils de Dieu fait homme, qui imprime en nous une humilité parfaite. Vous qui, de con­dition divine, n’avez pas regardé comme un trésor à ne pas laisser perdre cette gloire qui vous égalait à Dieu, mais qui vous êtes anéanti, prenant une condition d’esclave et de­ve­nant semblable à nous, hommes, vivant parmi nous, comme nous, vous humiliant et vous abaissant jusqu’à vous faire le dernier d’entre nous, obéissant jusqu’à la mort et la mort de la Croix.

Vous, l’Époux, dépassant la sagesse des scribes, portant à son comble l’humilité de la vraie religion, vous avez tellement pris la dernière place que jamais personne ne pourra vous la ravir.

Vous ne vous êtes pas abaissé par intérêt, calculant que le Maître viendrait vous chercher là en bas pour vous inviter à monter plus haut, à sa droite, partageant son trône de gloire.

Quel est donc le secret ultime de cette humilité, qui de Vous passe en votre Épouse et d’elle à ses enfants, de génération en génération, avec la miséricorde ? C’est la flamme dévorante du feu de l’Amour. Qui aime infiniment s’abaisse infiniment, s’offre et s’immole et se consume jusqu’au dernier abaissement et anéantissement de lui-même devant Celui dont il se sait aimé. Le Fils s’abaisse à la mesure même de l’amour que lui porte son Père et l’Épouse s’anéantit pour ne plus être qu’un rien, un néant, et ne faire plus qu’un avec son Maître et son Seigneur, son Sauveur adoré dont elle se sait aimée.

De degré en degré, voici la révélation de l’humilité parfaite : Qu’il grandisse, Celui qui m’aime, et que je diminue pour Lui tout autant que je l’aime, infiniment !

(Page mystique n° 27)

Ce grand dîner figure encore le festin des noces de Jésus et Marie dans l’éternité du Ciel, commencé ici-bas dans la Sainte Eucharistie. Historiquement, les invités sont les juifs, qui ont été préparés pendant des siècles à cette nouvelle Alliance, qui auraient dû y adhérer pleinement, mais qui l’ont refusée : dans le texte de saint Matthieu, les invités battent et tuent les serviteurs du Roi qui, pris de colère, dit alors à ses serviteurs de faire entrer tous les pauvres, les boiteux, les crasseux qui errent dans les rues ; figure des païens, dont nous sommes, qui entreront en foule dans l’Église. Encore un grand avertissement aux juifs, et surtout aux pharisiens à qui Notre-Seigneur s’adresse pendant ce repas : puisqu’ils refusent de croire, ils perdront leur privilège, et les païens, qu’ils méprisent, prendront leur place dans le Royaume des Cieux. Mais en saint Matthieu, Notre-Seigneur termine par un avertissement à ceux qui ont été introduits dans le festin : s’ils n’ont pas revêtu « la robe nuptiale », le Roi les jettera « dans les ténèbres extérieures. Là seront les pleurs et les grincements de dents » (Mt  22,  11-14).

Et le récit reprend : comme « 25 des foules nombreuses faisaient route avec Lui, se retournant, Jésus leur dit : “ 26 Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu’à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. 27 Quiconque ne porte pas sa Croix et ne renonce pas à tous ses biens ne peut pas être mon disciple ”. » C’est sans équivoque : il faut être prêt à renoncer à tout ce qui pourrait nous être un obstacle sur le chemin du Ciel.

LA MISÉRICORDE DU PÈRE.

« 1 Cependant tous les publicains et les pécheurs s’approchaient de lui pour l’entendre. » Ce sont de pauvres gens, méprisés par les autorités religieuses, bien incapables de pratiquer toutes leurs prescriptions, qui trouvent en Jésus la miséricorde, la douceur, mais aussi la Vérité, et le chemin de la nécessaire conversion.

« 2 Et les scribes et les Pharisiens de murmurer : Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! ” » (Lc 15, 1-2)

Notre-Seigneur leur répond par trois paraboles, regroupées par saint Luc, qui révèlent l’Amour miséricordieux de Dieu, qui n’a de cesse que les pécheurs se convertissent : sous-entendu, Jésus est Dieu Lui-même, et Il travaille à cela ! C’est bien Lui qui purifie des pécheurs, et non eux qui Le souillent. Il leur dit donc la parabole de la brebis perdue, pour laquelle le Beau Pasteur n’hésite pas à laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres afin de la retrouver, et la réintégrer dans le troupeau. « C’est ainsi, je vous le dis, qu’il y a plus de joie dans le Ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n’ont pas besoin de repentir », du moins qui croient n’avoir pas besoin de repentir, comme les Pharisiens, qui n’ont pas daigné s’humilier en recevant le baptême de Jean.

La parabole de la drachme perdue a la même conclusion, puis c’est la parabole de l’enfant prodigue, au sujet de laquelle notre Père était intarissable.

« Un homme avait deux fils. 12 Le plus jeune dit à son père : Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. » (Lc 15, 11-12) Et il part à l’étranger tout gaspiller en plaisirs ignobles. Quand il n’eut plus rien, une famine survint, et dans son humiliation, il regrette la maison de son Père où les simples ouvriers mangent à leur faim... Conscient de son péché, « 20 il partit donc et s’en alla vers son père. Tandis qu’il était encore loin, son Père l’aperçut et fut pris de pitié » ; c’est donc que ce vieux Père, ne se résignant pas à la perte de son fils, allait chaque soir voir au loin, sur la route, s’il ne revenait pas. « Il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement. » C’est bien le Père qui court vers son fils ingrat, et non l’inverse ! « 21 Le fils alors lui dit : Père, j’ai péché contre le Ciel et contre toi, je ne mérite plus d’être appelé ton fils. ” 22 Mais le père dit à ses serviteurs : Vite, apportez la plus belle robe et l’en revêtez, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds. 23 Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, 24 car mon fils que voilà était mort – de la mort de l’âme, causée par le péché – et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ! Et ils se mirent à festoyer. »

L’apprenant, le fils aîné, furieux de jalousie, refuse d’entrer dans la salle du festin. Là encore, le Père sort à sa rencontre, pour essayer d’adoucir son cœur : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. 32 Mais il fallait bien festoyer et se réjouir, puisque ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! » (Lc 15, 11-32)

Magnifique révélation du Cœur miséricordieux de notre Père Céleste, et donc du Cœur très unique de Jésus-Marie ! Car, disait notre Père, il manque une Mère de famille dans cette parabole, et les sentiments du Père sont bien maternels ; ce récit nous parle de la miséricorde de la Sainte Vierge, Refuge des pécheurs, mais Notre-Seigneur ne pouvait la mettre en scène devant des juifs qui devaient déjà apprendre à connaître Yahweh comme leur Père du Ciel. Devant eux, Il justifie ainsi sa bonté envers les pécheurs ; tenez, cette parabole s’applique tout à fait à Marie-Madeleine. Tandis que le fils aîné évoque les Pharisiens et les grands prêtres, qui vivent sans cesse auprès de leur Dieu, prétendant le servir, alors qu’ils ne l’aiment pas. Jésus leur manifeste la bonté du Père, à eux aussi ! Mais non pas pour eux seuls, contre les autres qu’ils méprisent.

ENSEIGNEMENT AUX DISCIPLES.

Saint Luc transmet ensuite la parabole de l’intendant malhonnête, encore un enseignement de Notre-Seigneur à ses disciples, certainement, dans cette région calme, au-delà du Jourdain.

En voici la conclusion : « 13 Nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l’un et aimera l’Autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’Autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent. ” Or, 14 les Pharisiens, qui sont amis de l’argent, se moquaient de lui. 15 Il leur dit : Vous êtes, vous, ceux qui se donnent pour justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos cœurs ; car ce qui est élevé pour les hommes est objet de dégoût devant Dieu. ” » (Lc 16, 13-15)

Et Notre-Seigneur de révéler, avec l’autorité que Lui seul possède, ce qu’est ce jugement de Dieu et la Vie éternelle, qu’Il connaît parce qu’Il en vient : c’est la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare. « 19 Il était une fois un homme riche, qui se revêtait de pourpre et de lin fin, et qui faisait chaque jour brillante chère. – Ainsi devaient être les ennemis de Jésus – 20 Et un pauvre, nommé Lazare, gisait près de son portail, couvert d’ulcères », mourant de faim, ne recevant ni soin ni secours. « 22 Or il advint que le pauvre mourut et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche aussi mourut », mais lui pour être torturé par le feu dans l’Hadès. Voyant au loin Abraham, il le supplie d’envoyer Lazare lui procurer quelque soulagement, mais le Patriarche répond : « Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare pareillement ses maux ; maintenant il est consolé, et toi, tu es tourmenté. » Le riche pense alors à ses cinq frères, qui devaient mener la même vie de jouissance et d’égoïsme, et il demande que Lazare aille les avertir du sort qui les attend. « 29 Mais Abraham lui répond : “ Ils ont Moïse et les Prophètes ; qu’ils les écoutent. ” “ 30 Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts va les trouver, ils se repentiront. ” 31 Mais il lui dit : “ Du moment qu’ils n’écoutent pas Moïse et les Prophètes, même si quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus ”. » (Lc 16, 19-31)

Jésus lui-même va ressusciter d’entre les morts, mais tous ne croiront pas ; ils en seront châtiés éternellement. Telle est la grande leçon de cette parabole : nous ne sommes sur terre que des passagers, des voyageurs, et nous serons jugés sur notre conduite, soit pour aller dans la béatitude du Ciel, soit pour souffrir éternellement en enfer. C’est terrifiant, Notre-Seigneur parle ainsi pour que nous en soyons bouleversés, que nous nous convertissions, et que nous soyons prêts à tout pour être sauvés de ce feu : jusqu’à se couper la main ou se crever les yeux, s’ils nous sont des occasions de péché, « car il vaut mieux entrer manchot et borgne dans la Vie plutôt que d’être jeté tout entier dans la Géhenne, où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. » (cf. Mc 9, 42-49)

Ainsi Notre-Seigneur passe ces semaines de décembre  29 et janvier  30 avec ses disciples, à leur donner un enseignement qui deviendra la Loi de son Église ; ce que saint Luc raconte au commencement de son chapitre  17, et saint Matthieu dans son Discours ecclésiastique (chapitre  18). Par exemple, il faut se garder coûte que coûte de scandaliser un de ces petits qui croient en Moi. Ou bien, si ton frère a péché, reprends-le, et s’il se repend, pardonne-lui, jusqu’à soixante-dix fois sept fois. Celui qui ne pardonne pas à son frère de tout son cœur, mon Père Céleste le livrera aux tortionnaires pour qu’il expie toutes ses fautes. Et lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été prescrit, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avions fait ce que nous devions faire. ” Et enfin, si deux d’entre vous sur la terre sont unis pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux Cieux. Car, où sont réunis deux ou trois en mon Nom, je suis là, au milieu d’eux.

Saint Luc raconte ensuite comment Notre-Seigneur guérit dix lépreux, tandis qu’il passait aux confins de la Samarie et de la Galilée. À ce moment, Il « faisait route vers Jérusalem », cela pourrait correspondre au dernier voyage de Jésus en Judée avant la Pâque, selon saint Jean (11, 1-44).

Nous en arrivons au mois de février de l’an 30.

LE CHRIST, MAÎTRE DE TOUT

En effet, Marthe et Marie, de Béthanie, font dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade » (Jn 11, 3). Il s’agit de leur frère Lazare. Jésus leur fait répondre : « Cette maladie ne mène pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu : afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. » Marthe et Marie pouvaient donc attendre une guérison miraculeuse ; pourtant, Notre-Seigneur ne se met pas en route pour aller auprès de son ami. Alors que saint Jean précise bien que « Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare ».

Deux jours plus tard, enfin, il dit à ses disciples : « “ Allons de nouveau en Judée. ” 8 Ses disciples lui dirent : Rabbi, tout récemment les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ! ” » Hommes de peu de foi ! Jésus leur répond en parabole : ils devraient le suivre, Lui, la Lumière du monde, avant que ne vienne la nuit... « 11 Il dit cela, et ensuite : Notre ami Lazare repose, leur dit-il ; mais je vais aller le réveiller. ” 12 Les disciples lui dirent : Seigneur, s’il repose, il sera sauvé. ” » S’il arrive à dormir, pensent les disciples, c’est qu’il ne va pas trop mal, ce n’est donc pas la peine d’aller risquer notre peau en Judée ! Mais le sommeil dont parle Jésus est tout autre : « 14 Il leur dit ouvertement : Lazare est mort, 15 et je me réjouis pour vous de n’avoir pas été là-bas, afin que vous croyiez. Mais allons auprès de lui. ” 16 Alors Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples : Allons, nous aussi, pour mourir avec lui ! ” » Jésus dirige tout. L’incrédulité, ou le désespoir de tous ses amis met encore davantage en lumière sa souveraine puissance sur la vie et la mort.

« 17 À son arrivée, Jésus trouva Lazare dans le tombeau depuis quatre jours déjà. 18 Béthanie était près de Jérusalem, distant d’environ quinze stades, 19 et beaucoup d’entre les Juifs étaient venus auprès de Marthe et de Marie pour les consoler au sujet de leur frère. 20 Quand Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. » (Jn 11, 4-20) Accablée par le désespoir, ou l’incompréhension ? Jésus lui avait fait dire que la maladie de son frère n’irait pas à la mort... Pourquoi ne l’a-t-il pas sauvé ?

« 21 Marthe dit à Jésus : Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. 22 Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. ” 23 Jésus lui dit : Ton frère ressuscitera. 24 Je sais, dit Marthe, qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. ” 25 Jésus lui dit : Je suis la Résurrection. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; 26 et quiconque vit en moi et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu ? 27 Elle lui dit : Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde. ”

« 28 Ayant dit cela, elle s’en alla appeler sa sœur Marie, lui disant en secret : Le Maître est là et il t’appelle. ” 29 Celle-ci, à cette nouvelle, se leva bien vite et alla vers lui [...]. 32 Arrivée là où était Jésus, Marie, en le voyant, tomba à ses pieds et lui dit : Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort !  ” »

Elle parle comme sa sœur, mais ce sont ses larmes à elle, Marie-Madeleine, qui touchent le Cœur de Jésus : « La voyant pleurer, et pleurer aussi les Juifs qui l’avaient accompagnée, Jésus frémit en son esprit et se troubla. 34 Il dit : “ Où l’avez-vous mis ? ” Ils lui dirent : “ Seigneur, viens et vois. ” 35 Jésus pleura. 36 Les Juifs dirent alors : “ Voyez comme il l’aimait ! ” 37 Mais quelques-uns d’entre eux dirent : “ Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, faire aussi que celui-ci ne mourût pas ? ” – Encore et toujours incrédules ! – 38 Alors Jésus, frémissant à nouveau en lui-même, se rend au tombeau. C’était une grotte, avec une pierre placée par-dessus. 39 Jésus dit : “ Enlevez la pierre ! ” Marthe, la sœur du mort, lui dit : “ Seigneur, il sent déjà : c’est le quatrième jour. ” 40 Jésus lui dit : “ Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? ” 41 On enleva donc la pierre. Jésus leva les yeux en haut et dit : “ Père, je te rends grâces de m’avoir écouté. 42 Je savais que tu m’écoutes toujours ; mais c’est à cause de la foule qui m’entoure que j’ai parlé, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. ” 43 Cela dit, il s’écria d’une voix forte : “ Lazare, viens dehors ! ” 44 Le mort sortit, attaché aux pieds et aux mains par des sangles, et apparut enveloppé par un suaire. Jésus leur dit : “ Déliez-le et laissez-le aller. ” » (Jn 11, 21-44)

Miracle prodigieux, devant témoins, à moins de trois kilomètres de Jérusalem ! En rendant son ami à la vie terrestre, Jésus figure le don de sa Vie divine qu’il veut infuser à tous les hommes, qui meurent du péché. Pour lui, la mort corporelle n’est qu’un repos (cf. Jn 11, 11), dont il réveillera toutes les âmes, au Jugement dernier, afin de les introduire ou bien dans la Vie éternelle, ou bien dans l’abîme de la mort éternelle.

LE SANHÉDRIN RÉSOUT DE METTRE JÉSUS À MORT.

« Beaucoup d’entre les Juifs qui étaient venus auprès de Marie et avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. 46 Mais certains s’en furent trouver les Pharisiens et leur dirent ce qu’avait fait Jésus.

« 47 Les grands prêtres et les Pharisiens réunirent alors un conseil : Que faisons-nous ? Cet homme fait beaucoup de signes. 48 Si nous le laissons ainsi, tous croiront en lui  ” Quel aveu ! C’est Caïphe, grand prêtre cette année-là, qui emporte leur accord : “ Vous n’y entendez rien. 50 Vous ne songez même pas qu’il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas toute entière. ” » Sa pensée est claire : il nous faut condamner Jésus à mort au nom de notre Loi, avant qu’il n’entraîne tout le peuple à sa suite. Son sang sera le fondement du renouvellement de notre autorité sur le peuple de Jérusalem et dans toute la diaspora.

« 53 Dès ce jour-là donc, ils résolurent de le tuer. 54 Aussi Jésus cessa de circuler en public parmi les Juifs ; il se retira dans la région voisine du désert, dans une ville appelée Ephraïm, et il y séjournait avec ses disciples. » (Jn 11, 45-54) En attendant la fête de la Pâque, où il opérera notre rédemption. (à suivre)

frère Joseph-Sarto du Christ Roi.