Il est ressuscité !

N° 254 – Avril 2024

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Rien ne pourra nous arrêter !

LE dimanche in albis,   7 avril, pour conclure la retraite mensuelle à la maison Saint-Joseph, nous avions chanté “ Phalange de l’Immaculée ” d’Yvon Leca. Le célébrant en tira son exhortation de clôture, insistant particulièrement sur ce vers : « Rien ne pourra nous arrêter. » Dès lors que nous sommes consacrés à la Sainte Vierge, conscients de n’être plus que ses instruments, aucune contrariété ne devrait nous décourager, aucune opposition ne devrait nous dissuader de répandre partout la dévotion réparatrice à son Cœur Immaculé dont dépend le salut du monde.

Déjà, la veille, dans sa méditation du premier samedi, frère Bruno nous avait découvert l’orthodromie mariale qui s’accomplit malgré l’enfer, incapable d’arrêter la prise en charge progressive de notre histoire par la toute-puissance de l’Immaculée Conception.

Et quelle est notre place dans ce grand élan marial, dans ce combat des derniers temps ? Frère Bruno nous l’expliqua le lendemain matin à l’oraison : Pour nous y engager, devenir les instruments de l’Immaculée, il nous faut nous consacrer à Elle, à l’école de saint Louis-Marie, du Père Kolbe et de sœur Lucie. À nous de prier, réparer, consoler notre Dieu et le reste, le miracle de la conversion des cœurs et du monde entier, le Cœur Immaculé de Marie le fera.

Notre Père nous a donné l’exemple d’une telle consécration, principe de sa fécondité, cause des persécutions de l’enfer furieux ! En l’écoutant nous raconter la vie de saint François de Sales (S 127, Saint François de Sales et son extraordinaire vocation, septembre 1995), nous admirions les correspondances de leurs deux vies. L’évocation de la fondation de la Visitation Sainte-Marie, des avanies et calomnies qu’elle lui valut, est autobiographique ! Cette même année 1995, les campagnes visant à déshonorer le Père et perdre la CRC atteignaient leur paroxysme ! Quant au dépouillement total dans leurs affections qu’accomplirent le saint évêque de Genève et la Mère de Chantal en 1616, pour aimer, servir plus parfaitement encore le Bon Dieu, notre Père le reproduisit lors de son exil à Hauterive en 1996.

LA SOVIÉTISATION DE LA FRANCE

Dimanche après-midi, dans ses Actualités, frère Michel nous décrivit les obstacles formidables qui paraissent devoir entraver le cours de l’orthodromie mariale. La France, en particulier, le Royaume de Marie est devenu le pays du blasphème. La cérémonie d’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution de la Ve République, simulacre de liturgie religieuse, permit à son président de prononcer un discours grandiloquent et blasphématoire, aboutissant à une déclaration de guerre mondiale : « Nous lutterons contre les obscurantismes qui se répandent et cherchent leur revanche (...). C’est un combat universel. »

Ce coup mortel porté à la famille n’est qu’un volet de la soviétisation de la France que planifie la République. Frère Michel insista aussi sur les réformes immobilières en cours, qui tendent, à terme, à l’étouffement de la propriété privée. Autre aspect de notre économie socialiste : l’explosion exponentielle des dépenses publiques, qui mène la France à la faillite.

Qu’à cela ne tienne ! Macron veut faire la guerre à la Russie, tâchant par son bellicisme de divertir l’opinion des problèmes réels. Mais que pourraient nos pauvres soldats en Ukraine, face à une armée russe devenue la meilleure du monde ?

Sous la direction de Vladimir Poutine, secondé par le patriarcat de Moscou, la Russie est d’ailleurs en train de connaître une évolution contraire à notre Occident dégénéré. Le XXVe Congrès mondial du peuple russe, présidé par le patriarche Kirill, a publié le 27 mars les grandes lignes d’un redressement national centré sur la promotion de la famille, et de la famille nombreuse : telle doit être la fin des réformes économiques, sociétales et d’aménagement du territoire à mettre en œuvre. De tels projets ne sont pas lettre morte. Les statistiques attestent le redressement moral du pays, n’en déplaise aux grincheux qui persistent à dénoncer dans le président russe un cryptomondialiste ou un paléosoviétique !

Bien que la Russie persiste dans son schisme, persécutant même les gréco-catholiques, elle mène indéniablement une guerre sainte contre Satan, comme le revendique Kirill : « L’opération militaire spéciale est une guerre sainte, dans laquelle la Russie et son peuple, défendant l’espace spirituel unifié de la Sainte Rus’, remplissent la mission de  Celui qui retient ” (2 Th 2, 6-7), protégeant le monde de l’assaut du globalisme et de la victoire de l’Occident qui a sombré dans le satanisme. » Quel paradoxe, au moment où l’Église romaine elle-même, sous la férule du pape François, achève de faire sauter les verrous de sa morale et s’acharne contre ses institutions de constitution divine, laissant déborder la licence et l’apostasie !

PÈLERINAGES

Ces nouvelles accablantes n’arrêtent pas l’élan de notre Phalange pour implorer les secours du Ciel. Le dimanche 24 mars, le cercle Sainte-Anne du Morbihan, élargi aux provinces voisines, est ainsi allé confier la lourde intention de la conversion du Pape au Patron de l’Église, à la Tour Saint-­Joseph, la maison-mère des Petites Sœurs des pauvres (Ille-et-­Vilaine). Les filles de sainte Jeanne Jugan (1792-1879) y conservent un fragment de la Ceinture de saint Joseph de Joinville, qu’elles présentent à la vénération des fidèles pendant le mois de mars.

Quelques semaines plus tard, c’était au tour des Normands de se réunir à Dieppe, aux pieds de Notre-Dame de Bonsecours. Frère Thomas les exhorta à placer leur confiance dans Celle qui nous sauvera « lorsque tout semblera perdu ».

La ville de Dieppe nous rappelle aussi les origines de la Nouvelle-­France. C’est en effet de ce port que partirent de nombreux colons et tout spécialement sainte Marie de l’Incarnation, cette religieuse ursuline qui fut l’épouse bien-aimée et l’instrument du Sacré-Cœur pour lui vouer la colonie naissante, au fondement de son histoire sainte, si bien racontée par frère Pierre.

Enfin, l’un de nos amis présenta l’épisode tragique du raid de Dieppe du 19 août 1942, au cours duquel furent tués 907 soldats canadiens. Les causes de ce désastre sont multiples : désaccords des Alliés sur la stratégie à mener contre l’Allemagne et servilité vis-à-vis de Staline, ingérence de la cuisine électorale dans les décisions militaires, manque de renseignements sur l’ennemi – le plan d’attaque fut élaboré à partir de cartes postales ! – carence d’appui aérien, etc. Malgré l’héroïsme des soldats canadiens, l’échec fut effroyable. Ce rappel résonne sinistrement au moment où la République prétend envoyer nos soldats faire la guerre en Ukraine sans l’avoir préparée... Les enfants présents, du moins, comprirent si bien la leçon qu’ils mimèrent ensuite le débarquement sur la plage, qui tourna évidemment à l’avantage des Canadiens !

VŒUX PERPÉTUELS

Le même jour, notre frère Michel-Marie du Cabeço prononçait ses vœux perpétuels de pauvreté, chasteté et obéissance, s’avançant d’un pas résolu au milieu du chœur de la chapelle.

Rien ne pourra nous arrêter,
Dans l’élan qui nous a poussés,
À nous engager pour toujours
Sur la voie de ce pur amour !

Le lendemain, dimanche 21 avril, nos sœurs Marie-Marthe de Jésus couronné d’épines et Sigolaine de Notre-Dame de Santa Cruz s’étendirent à leur tour sous le drap mortuaire avant de se relever pour émettre leur profession perpétuelle.

Soyons sans cesse prêts à La servir,
Et, s’il le faut pour Elle, mourir !

Le sermon de frère Bruno approfondit ce mystère de mort et de résurrection, que nous avions célébré trois semaines auparavant dans la nuit pascale. La profession religieuse renouvelle le baptême par lequel le chrétien est plongé dans la mort du Christ pour revivre avec Lui, selon l’enseignement de saint Paul aux Romains, que notre frère actualise à la lumière de la Corédemption et de la Médiation universelle de Marie ! Une riche catéchèse à retrouver dans les logia.

Notre frère prieur offrit aussi à nos profès, et au-delà d’eux à leurs familles et à toute la Phalange, la prière de l’Ange du Cabeço comme un viatique pour garder la foi, l’espérance et la charité à travers les châtiments qui nous attendent, jusqu’à la victoire du Christ-Roi par l’intercession de l’Immaculée. C’est l’exemple que nous a laissé sœur Marie-Lucie du Cœur Immaculé. Jamais elle n’oublia les apparitions de l’Ange du Portugal dont les prières guidèrent toujours sa vie mystique : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Et je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui ne vous aiment pas. »

frère Guy de la Miséricorde.