Mardi 22 décembre

Grain de froment tombé en terre

MAIS la charge se révéla rapidement au-dessus des faibles forces du directeur. Fin décembre 1923, il retourna à Moerzeke pour passer les vacances de Noël en famille. « Tu travailles trop, lui dit sa mère en le voyant si fatigué.

– Maman, ne vous en faites pas, tant qu’il y a de la vapeur, la machine peut rouler. »

Le jour du Nouvel An 1924, une crise cardiaque le terrasse. Ensuite, durant cinq mois, de légers mieux alternent avec de graves rechutes. « Je m’offre comme un grain de froment qui tombe en terre. Puisque Jésus veut me retirer de ce monde, c’est que c’est utile à son Règne, comme l’a été sa mort à Lui », disait-il.

En mars, sentant ses forces défaillir de nouveau, il demande à recevoir l’Extrême-Onction. « Sœur supérieure, faites apporter des fleurs, que tout soit beau ici. »

La chambre est ornée comme pour une fête. Il adresse la parole aux religieuses rassemblées autour de son lit et les remercie de leurs bons soins : « Mes Sœurs, je m’en vais au Ciel. Restez toujours enfants de Marie, votre Mère. Grâce à Elle, je suis prêtre. Tournez-vous toutes vers sa statue et récitez avec moi le Magnificat. »

Le 10 juin 1924, il veut se lever comme de coutume pour célébrer sa Messe. Tandis que la sœur infirmière l’engage à la dire plus tard, il s’exclame :

« Oh, non ! je ne veux pas faire attendre le servant de Messe, il doit aller à l’école. »

L’abbé s’assoit sur le bord du lit, demande une friction de camphre. Soudain, il s’affaisse, se relève et s’effondre de nouveau. Tandis qu’il s’efforce de sourire encore, son visage devient livide...

Le moribond serre son crucifix, suit les prières et, les yeux fixés sur la statue du Sacré-Cœur, ouvre les mains dans un geste d’offrande. Quelques soupirs s’exhalent de ses lèvres, et, tout doucement, sa tête retombe sur l’oreiller.

Comme son Maître bien-aimé, Édouard est mort à trente-trois ans, victime de son amour. L’Église triomphante l’accueillit dans la joie du Paradis, pour l’Eucharistie éternelle.

Disons aujourd’hui le chapelet à l’intention des mourants, particulièrement les chrétiens persécutés, qui à leur dernière heure ne pourront recevoir les secours d’un prêtre ni les prières de l’Église.

Colorier le bœuf.