Il est ressuscité !

N° 209 – Mai 2020

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Vers le 13 mai

TANDIS que la foule soupire après le dé­­confinement, c’est à l’anniversaire des apparitions de Notre-Dame à Fatima que nous nous préparons plutôt, comme à la célébration du mémorial de notre salut par la puissance du Cœur Immaculé de Marie. Inlassablement, frère Bruno s’applique à « montrer toujours davantage ce port de salut, toujours prêt à accueillir tous les naufragés de ce monde » (sœur Lucie).

Dans le raz-de-marée de la pandémie qui submerge le monde et l’Église même, nos amis sont assidus à suivre cette prédication quotidienne comme un phare secourable ; privés de sacrements, le chapelet est leur bouée de sauvetage, à laquelle ils se cramponnent ! Si bien qu’en dépit de notre dispersion, du confinement, de l’interruption de nos activités, les nombreuses lettres reçues témoignent de notre exceptionnelle communion de cœur et de pensée, nouée dans le Cœur Immaculé de Marie. Quel beau fruit de l’œuvre de notre Père !

Cher Frère Bruno,

Au milieu de ce confinement, qui n’est pas une grande épreuve matérielle pour nous en pratique, vous-mêmes et les communautés nous soutenez bien fortement dans le désert spirituel qui se fait sentir. Ce sont vos encouragements renouvelés à la prière du chapelet, en famille et dans nos églises vides, vos Lettres à la Phalange du mois de mars, les propositions liturgiques pour les “ offices de la Sainte Vierge ”, les méditations, les logia sur Mgr de Belsunce et la peste de 1720... Avec tout cela vous gardez très affectueusement vos enfants et nous aidez bien à passer la Semaine sainte et les fêtes de Pâques le regard tourné vers notre Mère Immaculée.

En particulier, je voudrais vous remercier pour les 150 Points publiés cet hiver, à la fois si admirables et réconfortants. Vous nous donnez à comprendre, pour moi pour la première fois aussi clairement, le sens le plus profond, le plus central, de notre engagement dans la Phalange de l’Immaculée : d’abord pour aimer et consoler son Cœur et ensuite être ses petits instruments. J’espère que nous tirerons de cette période plus de grâces pour les mettre davantage en pratique !

C’est aussi un tour de force de hauteur de vue et de sagesse, de densité et d’étendue de doctrine. On pourrait dire une œuvre de “ tradition vivante ” du Père jusqu’à vous dans ces éditions successives, où la comparaison montre une doctrine qui se précise, alors qu’elle explique de façon plus complète la réalité plus complexe des évolutions du monde depuis les années 1980, en se dégageant des circonstances particulières et transitoires.

Il me semble que c’est particulièrement le cas dans la troisième section écologique. En ces temps de dévoilement de la réalité de notre “ prospérité ”, nous sommes parfois confrontés à la légèreté ou l’inconséquence de certaines de nos préoccupations politiques ou économiques. Là où la droite française s’est trop souvent enferrée dans des illusions des années 1980, désormais vides de sens, vous redonnez à la propriété, l’entreprise, l’épargne un sens réel qui rejette les sophismes libéraux, et vous remettez à leur juste place l’importance d’une politique économique nationale et de la souveraineté de l’autorité légitime sur l’arbitraire des marchés, en écartant les inquiétudes infondées ou égoïstes.

Je trouve en particulier admirable votre combi­naison intelligente de la critique classique, sociale, du libéralisme et de la critique politique, maurassienne, de l’anarchie démocratique.

En prolongeant le travail du Père dans ces 150 Points, vous rassemblez ainsi tout l’ordre théologique, politique, économique, dans cette “ cathédrale de lumière ”, à l’égal il me semble des grandes visions catholiques d’un Donoso Cortes ou d’un Soloviev, pour tout placer aux pieds de l’Immaculée, à la lumière de Fatima. J. B.

CROISADE EUCHARISTIQUE ET MARIALE

Depuis un mois, frère Bruno prêche chaque jour sur le mystère du Cœur Immaculé de Marie. Fruits de toute une vie de méditation du Message de Fatima, ces petits sermons soutiennent notre espérance, attisent notre amour du Cœur Immaculé de Marie et nous mobilisent pour une véritable Croisade eucharistique et mariale, dans le sillage des trois petits confidents de Notre-Dame.

Croisade eucharistique... sans communions ? Sans doute ! À l’exemple des saints François et Jacinthe. Ces petits sont nos modèles !

« Jacinthe était embrasée du désir de communier et eut à en offrir le sacrifice répété, comme nous aujourd’hui. Imitons Jacinthe, lorsque joignant les mains, elle levait les yeux au ciel et disait : “ Ô Jésus, c’est pour votre amour, et pour la conversion des pécheurs. ”

« Pauvre Notre-Dame, s’exclamait-elle encore, j’ai tant pitié d’elle ! Elle a demandé la communion en réparation des péchés commis contre son Cœur Immaculé, mais comment faire, si je ne peux pas communier ? J’ai tant de chagrin de ne pas pouvoir communier ! »

Ce désir dévorant, qui multiplie les communions spirituelles, console déjà beaucoup Jésus et Marie ! Car telle est bien notre intention primordiale : « D’abord, j’offre cela pour consoler Notre-Seigneur et Notre-Dame, déclarait François, et ensuite, je l’offre pour les pécheurs et pour le Saint-Père. »

« C’est exactement notre état d’esprit actuel, commente frère Bruno. C’est admirable et c’est sauveur pour nous de lire cela, nous qui risquons de nous décourager de prier pour des impies de plus en plus impies, et pour le Saint-Père qui prie, lui, un Dieu commun à toutes les religions. Mais n’oublions pas Notre-Dame des Douleurs, Notre-Dame en grand chagrin, c’est cela le pire ! »

Ces intentions sont inséparables puisque la cause du grand chagrin de Notre-Dame est la perte des âmes, tandis que ce sont les outrages contre son Cœur Immaculé qui précipitent les pécheurs en enfer.

« Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé », selon son premier et éternel dessein, auquel font échec tant de théologiens patentés, Urs von Balthasar, par exemple, qui en viennent à nier la réalité de la damnation éternelle, dégradant notre belle espérance chrétienne en insupportable présomption. Notre Père, pour sa part, en mystique véritable et en vrai dévot de Notre-Dame de Fatima, tient fermement “ les deux bouts de la chaîne ” : « Ah ! Luttons contre l’enfer, mais n’interrogeons plus Dieu sur l’œuvre de son premier et éternel chagrin. »

Or, voici encore une découverte de notre frère Bruno, pour nous assurer du soutien de Notre-Dame dans cette guerre sainte qui se livre sur la terre. Aux Valinhos, le 19 août, elle se plaignit de l’enlèvement des enfants par l’administrateur franc-maçon du canton qui leur avait fait manquer leur rendez-vous du 13 : « Si l’on ne vous avait pas emmenés à la ville, le miracle aurait été plus connu. »

« Ça, c’est le temporalisme du Cœur Immaculé de Marie, s’enthousiasme notre frère ! Comme celui du Sacré-Cœur avec Louis XIV. Elle veut l’adhésion des autorités publiques. C’est comme à Marseille en 1720 : si les échevins avaient pris part aux cérémonies organisées par Mgr de Belsunce dès le début, le miracle aurait été décisif et éclatant. Mais lorsque le démon domine lesdites autorités, le miracle est empêché. Dieu ne peut pas agir ! Pourquoi ? Parce que ce qu’Il veut, ce n’est pas épater le monde par des prodiges, Il veut obtenir l’adhésion de nos cœurs, de tous les cœurs, du haut en bas de la société. Aujourd’hui, du haut en bas de l’Église et de sa hiérarchie. »

À MARIE PAR JOSEPH !

Dans notre Croisade pour la reconquête de l’Église aux Cœurs de Jésus et Marie, nous avons un autre allié puissant : saint Joseph.

Pour répondre à une requête de nos frères et sœurs du Canada, frère Bruno avait décidé que nous fêterions cette année l’ancienne solennité de saint Joseph, patron de l’Église universelle, instituée jadis par le saint pape Pie IX.

Mercredi 29 avril, tous nos ermitages ont donc rivalisé de dévotion pour toucher le cœur de notre grand protecteur. Processions, cantiques, saluts du Saint-Sacrement, le tout dans une profusion de fleurs et d’encens : aucune pompe n’a été négligée pour honorer le chef de la Sainte Famille, tandis que frère Bruno nous exhortait à le prier beaucoup pour la Sainte Église :

« Voyez quelle était l’autorité de saint Joseph sur la Vierge Marie et sur Jésus ! Mais alors, si c’était ainsi il y a deux mille ans, cela continue ? Cela continue aujourd’hui. Au Ciel, saint Joseph trône avec toute son autorité de chef de famille, depuis le début de l’histoire, parce que Jésus aime obéir à la Sainte Vierge et donc aussi à saint Joseph. C’est simple ! »

Et deux jours plus tard, en la fête de saint Joseph Artisan, que notre Père préférait invoquer comme le saint patron de l’autorité paternelle et politique, nous redoublions nos louanges et supplications pour l’Église et la France.

Cette fois-ci, frère Bruno mit en relief un détail très réconfortant de l’apparition du 13 octobre 1917 :

« Trois tableaux successifs ont révélé que, du ciel, dominait, régnait saint Joseph avec l’Enfant Jésus et Notre-Dame. Saint Joseph et l’Enfant Jésus semblaient bénir le monde avec des gestes qu’ils faisaient de la main en forme de croix. »

Peu après parut Notre-Seigneur vêtu de pourpre, comme lors de la scène des outrages soufferts pendant sa Passion, renouvelés en 1917 et encore plus en 2020. Et pourtant, Il semblait encore bénir le monde, de la même manière que saint Joseph. Quel mystère de miséricorde, qui donne toute sa force à notre espérance !

Ce 13 mai, pour la première fois depuis plus d’un siècle, la Cova da Iria sera déserte. Néanmoins, pour nous cramponner à notre espérance et consoler Notre-Dame de Fatima, nous la fêterons ce jour-là avec plus de ferveur que jamais !

frère Guy de la Miséricorde.