LA LIGUE

La Ligue

Splendeur de la Vérité

TANDIS que les mesures  de confinement nous interdisent toute réunion, comment garder le contact avec nos amis pour les instruire, les soutenir et entretenir leur fidélité ? Ce problème s’est posé avec une acuité accrue à la Pentecôte, date de notre traditionnelle session phalangiste. La maintenir ? Impossible ! L’annuler ? Impensable ! Frère Bruno a finalement relevé ce défi en décidant d’organiser une “ télé-session ”, non seulement pour les jeunes gens, dont c’est habituellement le privilège, mais aussi pour les adultes. Ravis de l’aubaine, jeunes foyers, parents et grands-parents se sont donc inscrits nombreux eux aussi : jamais une session n’aura eu tant de participants !

Nos frères de la maison Sainte-Thérèse ont usé de tout leur talent pour concevoir un portail internet aussi attractif que possible, donnant accès aux conférences, sermons et oraisons de notre Père, publiés à des heures précises, selon l’horaire bien rodé de nos sessions de jeunes. C’est ainsi que chaque jour, des centaines de disciples de l’abbé de Nantes, dispersés dans toute la France et jusqu’en Nouvelle-France, ont regardé en même temps les mêmes instructions de leur Père ou récité avec lui le chapelet. Beau témoignage de notre communion phalangiste, à travers les espaces et les générations !

Frère Bruno avait choisi de rediffuser la session de Pentecôte 1992, au titre magnifique et ambitieux : Splendor Veritatis, un nouveau regard sur la vie.

« Oui, car je ne veux pas de l’ancien ! L’ancien, traditionnel, était tout de même juste. L’ancien était catholique, l’ancien était français, l’ancien était civilisé. Tout de même, depuis deux mille ans et plus que la civilisation existe, on ne peut pas dire que le regard sur la vie ait toujours été faux et partout jusqu’à nous ! Non, mais je dirais que l’ancien a été souillé par tellement de calomnies, tellement de diffamations dans vos jeunes esprits que si l’on vous rappelle la morale ancienne, la morale antique du Décalogue, la morale des droits de Dieu, il semble que vous aurez comme un chapeau sur la tête, comme un éteignoir sur l’esprit, ça ne mordra pas. Et puis, c’est vrai, l’ancien avait fini par être tellement déformé dans des hérésies qu’on appelle le jansénisme, le quiétisme, que nous voulons quelque chose de nouveau et nous avons raison !

« Le regard d’hier, c’est-à-dire le regard tout à fait moderne qu’on vous a inculqué et qui est encore le vôtre, qui implique qu’on en change et qu’on ait un nouveau regard, ce regard est absolument détestable. C’est celui précisément où tout est corruption, laideur, et erreur ! Ce qui fait que vous en avez, j’espère, ras le bol et que vous voulez autre chose. Alors, un nouveau regard sur la vie, je suis partant, vous l’êtes. Vous avez rempli votre bulletin, vous êtes ici pour l’écouter, je vous le montrerai. »

Les enseignements de cette session se sont avérés d’une actualité brûlante. Chaque jour, le Père s’applique à nous communiquer successivement son horreur des trois vices majeurs qui ravagent le monde : impudeur, insolence et impiété dont les dégâts sont encore bien pires aujourd’hui qu’il y a trente ans. Chaque jour, il nous appelle à la conversion pour nous guérir de ces trois concupiscences de la chair, du cœur et de l’esprit.

S’il n’y avait que cela, cette session serait déjà un enseignement moral de grande qualité, imprégné de l’Écriture Sainte et appuyé sur l’autorité de maîtres prestigieux, Maurras, saint Thomas d’Aquin et saint François de Sales. Mais notre Père ne s’en tient pas là. Il déploie tous ses talents de pédagogue pour nous entraîner, par-delà notre conversion, dans une triple ascension mystique, nous introduisant dans l’intimité de Jésus et Marie : dans la tendresse de leurs mystères joyeux, le sacrifice de leurs mystères douloureux et, déjà, la contemplation adorante de leur gloire céleste ! Telle est la belle récompense de ceux qui consentent à devenir disciples de l’abbé de Nantes !

PRINCIPE ET FONDEMENT.

Samedi 30 mai, 11 heures : publication de l’introduction de frère Bruno (encart p. 31-32). La session est lancée. À 11 h 30 c’est le tour du premier sermon de notre Père. À qui propose-t-il sa vision mystique de l’existence ? À tous !

Mais sur quelle base ? En 1992, Jean-Paul II et le cardinal Ratzinger cherchaient à fonder la morale sur les droits de l’homme, comme le plus petit dénominateur commun de toutes les religions et irréligions. Funeste utopie ! L’abbé de Nantes a quant à lui une idée inouïe : fonder la morale sur l’amour... de soi ! Mais si : affirmer que tout être humain s’aime lui-même, sous peine de mourir, c’est constater loyalement la réalité. Plus profondément, le Père ajoute ensuite que chacun de nous, en s’aimant lui-même, aime ce que ses parents et Dieu son créateur lui ont donné. L’amour de soi se tourne donc en reconnaissance, en désir d’être meilleur selon le Cœur de notre très chéri Père Céleste. Notre Père s’adresse donc à tous ceux qui sont capables de s’écrier :  « Quel bonheur d’avoir un père ! » Monstres s’abstenir !

UNE GRÂCE DE SALUT

Sermon d’ouverture de la session de Pentecôte, samedi 30 mai 2020

JAI eu la chance, la grâce  insigne de suivre l’abbé de Nantes depuis mon plus jeune âge où il fut mon professeur de “ philo ” et d’instruction religieuse en terminale puis le maître de ma vie d’esprit, et finalement le Père de mon âme. Je voudrais partager avec vous cette grâce de prédilection dont la Vierge Marie est Médiatrice pour le salut de nos âmes, car c’est une question de vie ou de mort éternelle.

Nous allons l’écouter ensemble. Pour moi, ce ne sera pas la première fois, et peut-être en est-il de même pour certains d’entre vous. Mais toute ma déjà longue vie durant je n’ai jamais cessé de l’écouter nous apprendre à entrer dans les mystères de la Sainte Trinité, de l’Incarnation et de la Rédemption : mystère de Dieu trois fois Saint, Dieu le Père ayant envoyé son Fils pour nous donner le Saint-Esprit afin de nous arracher à la puissance du Démon qui ne cesse de rôder autour de nous comme un lion rugissant pour nous entraîner en Enfer, le lieu de la seconde mort.

Nous allons nous mettre à l’école de la Sagesse qui est le premier et la source des sept dons du Saint-Esprit. La Sagesse, c’est le Verbe de Dieu fait chair, c’est Jésus et Jésus crucifié. Quand Jésus est enseveli, au soir du Vendredi saint, il attire déjà tout à lui, selon sa prédiction « Quand je serai élevé (sur la croix), j’attirerai tout à moi » (Jn 12, 32), à commencer par le bon larron, et puis le centurion. Et le seul but de notre Père fut sur terre, ici-bas, et reste, du haut du Ciel, de nous attirer à Jésus et Marie.

Tout ce qu’il y a de vrai, tout ce qu’il y a de bon, tout ce qu’il y a de juste, tout ce qu’il y a de beau et de glorieux sur la terre et dans le Ciel vient de son côté transpercé, de ce Sacré-Cœur que notre Père fondateur a mis sur nos poitrines, par la médiation du Cœur Immaculé de Marie auquel il nous a consacrés, et qui a allumé un feu, à l’intérieur de nos poitrines, comme dans celle de Jacinthe à Fatima, il y a cent ans.

Au soir du Vendredi saint, Jésus a achevé son œuvre. ­L’Esprit-Saint, qui l’habitait de toute éternité, lui succède pour être l’eau vive et la lumière du monde, comme il l’avait promis : « De son sein couleront des fleuves d’eau vive. » (Jn 7, 38)

Avec une solennité extraordinaire, saint Jean témoigne de ce qu’il a contemplé au pied de la Croix, et du mystère aperçu dans ce geste insolite du soldat transperçant le côté de l’Agneau pascal immolé sur la croix : si le soldat romain n’avait pas été pénétré de respect pour cet Innocent, ce soldat lui aurait brisé les jambes comme aux autres. Or, il n’en a rien fait. Pourquoi cette exception ? Pour accomplir la prophétie qui promettait la protection de Dieu au juste persécuté dans les Écritures :

« Yahweh garde tous ses os, pas un ne sera brisé. » (Ps 34, 21)

Bien plus : la Loi de Moïse prévoyait qu’on mangerait l’agneau pascal sans lui briser aucun os (Ex 12, 46), parce que cet agneau représentait Quelqu’un de sacré. Le soldat romain a eu, par quelle inspiration divine ? cet égard pour celui que saint Jean s’était entendu désigner par saint Jean-Baptiste comme le véritable Agneau de Dieu (Jn 1, 29) qui venait sacrifier sa propre vie pour le salut du monde et ressusciter, pour nous donner sa Chair à manger et son Sang à boire, en attendant de nous ressusciter au dernier jour.

Ébloui de ce qu’il a saisi de son regard d’aigle, le disciple que Jésus aimait en appelle au témoignage du Maître : « Celui-là sait qu’il dit vrai », sûr de convertir quiconque apprendra ces merveilles : « pour que vous aussi vous croyiez ». On ne lui brisa pas les jambes, mais on lui transperça le côté, d’où il sortit du Sang et de l’Eau : « Car cela est arrivé pour que l’Écriture fût accomplie : Pas un os ne lui sera brisé. Et une autre Écriture dit encore : Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. »

Deux mille ans après, nous savons nous aussi qu’il dit vrai. Nous le vérifions de nos yeux sur le Saint Suaire : la silhouette visible sur le Saint Drap montre des jambes intactes. Sur la poitrine, on distingue l’empreinte de la plaie ouverte par le fer de lance, la forme ovale un peu oblique. Une massive coulée de sang a dessiné une tache découpée par des échancrures inondées et par des espaces clairs qui sont des marques de l’  “ eau ” jaillie du péricarde. Le fruit de cette coulée de Sang Précieux mêlé d’Eau vive, c’est la foi en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, et cette foi a donné naissance à la civilisation chrétienne répandue sur toute la terre, de proche en proche, de jour en jour, depuis le jour de la Pentecôte, en accomplissement de la prophétie de Jésus annonçant que bientôt le parfum de nard pur, de grand prix, par lequel Marie-Madeleine avait anticipé la sépulture de Jésus, remplirait le monde de la « bonne odeur du Christ », comme dit saint Paul.

Cette « bonne odeur » est parvenue jusqu’à nous : la preuve, c’est qu’elle vous a attirés, chers frères et sœurs et amis, à cette session dont je vous supplie de suivre attentivement, avec persévérance, humilité, piété, les exercices. Si vous le faites, vous recueillerez un enseignement magistral qui est à lui seul un miracle dans la désorientation diabolique dont l’Église est actuellement la proie, et particulièrement la France, sa fille aînée, défigurée par deux cents ans de révolution. Mais qui lui a donné en temps opportun un docteur de vérité, de bonté, de pureté en la personne de notre Père fondateur.

Pour la laver de ses souillures, et lui rendre toute sa beauté et sa bonté, voici un trésor de perles précieuses de vérités, vertus, bonté qui est l’expression de l’amour, puisées dans la contemplation continuelle du mystère d’un Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit et de l’Immaculée Conception, leur fille, épouse, et habitacle, Fille du Père, Épouse du Fils, Temple de l’Esprit-Divin, notre Mère à tous à jamais !

Le seul but poursuivi par notre Père dans tous ses travaux accomplis ici-bas en levant sans cesse les yeux vers le Ciel pour y adorer son Jésus crucifié et ressuscité, auprès duquel il est maintenant parvenu, de telle sorte que nous allons l’écouter comme s’il nous parlait du haut du Ciel, son seul but était et reste de nous introduire dans cette Famille divine, et de nous arracher à la puissance du Démon qui circule non seulement dans le monde dont il est le Prince, mais dans l’Église même, notre nouveau paradis terrestre depuis deux mille ans, non pas seulement comme un serpent, mais comme un lion rugissant, pour nous entraîner en Enfer. Nous le savons par saint Pierre qui nous a avertis il y a deux mille ans, mais nous l’avions oublié dans l’  « humanisme » tranquille de notre douce France heureuse. Cet « humanisme » a fini par nous détourner du culte du Dieu trois fois Saint pour nous vouer à un « nouvel humanisme » : le « culte de l’homme », proclamé par Paul VI au concile Vatican II.

« Puisque la Sainte Vierge nous a fait savoir à Fatima, il y a cent ans, après de multiples apparitions, que cette apostasie n’était pas le dernier mot de la révélation, ni la fin du monde », nous disait notre Père au retour de son exil, « il nous faut cesser de pleurer et de nous lamenter sur les crimes du monde pour comprendre dans toutes ses dimensions la catastrophe dont nous sommes témoins, l’interpréter à la lumière de notre foi », et du message de Notre-Dame, c’est-à-dire de ses trois « secrets » maintenant bien connus, et vivre chaque jour dans l’espérance que nous recevons de l’alliance scellée entre le Cœur Immaculé de Marie et Lucie, François et Jacinthe de Fatima, ses confidents qui l’ont rejointe eux aussi au Ciel, après nous avoir montré le chemin.

Aimer le Cœur Immaculé de Marie comme Jacinthe, qui en avait son petit cœur tout embrasé d’amour, nous donnera l’horreur du péché qui blesse ce Cœur Immaculé d’une couronne d’épines contemplée le 13 juin 1917, lors de la deuxième apparition. Et le spectacle du grand chagrin de Notre-Dame à la vue de l’Enfer, contemplé le 13 juillet, acheva d’inspirer à ces trois enfants l’exemple qu’ils nous donnent d’une compassion très tendre pour ces larmes de notre Divine Mère, et l’ardent désir de la consoler.

Comment cela ? En écou­tant attentivement et mettant en pratique l’enseignement de son théologien et fils bien-aimé, frère Georges de Jésus-Marie, notre Père, qui sera proclamé un jour docteur de l’Église pour que nous ne soyons pas les seuls bénéficiaires de sa parole, mais que cette Parole de salut déborde le cercle étroit de nos familles et de notre Phalange, et même celui plus vaste de notre France et des restes de notre Chrétienté, à mesure que la Sainte Vierge redonnera au monde, sous l’égide de son Cœur Immaculé, un certain temps de paix, et à l’Église un Magistère capable de soutenir de toutes les forces de sa tradition et de ses sacrements la “ Splendeur de la Vérité ”. Ainsi soit-il.

frère Bruno de Jésus-Marie

LA BEAUTÉ VOILÉE : DE L’IMPUDEUR À LA TENDRESSE.

L’impudeur : c’est la première concupiscence qui submerge notre société de son flot immonde. La Bible, par ses récits inspirés, nous dévoile toute l’horreur de ce vice et la colère de Dieu contre un tel détournement de sa création. Cela commence par le péché originel : péché effroyable, dont la gravité explique le cortège interminable des abominations de l’histoire humaine. Depuis lors, la nudité de l’homme lui rappelle ce premier crime. Elle est devenue une honte et une incitation au mal.

Le pire survint lorsqu’un homme ignoble entreprit de justifier cette chiennerie par une prétendue science : la psychanalyse. Notre Père nous immunise contre ce Sigmund Freud qui s’était juré d’avilir l’humanité en l’asservissant à ses passions les plus basses.

Le véritable remède n’est pas dans un rejet ­manichéen de la chair. Le Père nous explique que depuis le péché originel, les hommes ont appris la nécessaire vertu de pudeur, la beauté voilée, spécialement par le vêtement qui « tamise la chair en esprit ». Affranchi de l’esclavage de ses passions bestiales par cette ascèse – que Freud déprécie sous le nom de “ refoulement ” –, le corps peut devenir l’instrument d’un amour spirituel.

Cette pudeur sacrée nous permet d’accéder à la paix du cœur qui devient le réservoir inépuisable d’une tendresse universelle.

La tendresse : c’est une notion clef de la doctrine de notre Père, disciple de saint François de Sales. Elle exprime une certaine qualité d’affection, certes marquée par la différence sexuelle, mais qualifiée par la relation dans laquelle elle s’exerce : envers nos pères, mères, frères, sœurs, époux, épouse ou tout prochain quel qu’il soit, à chacun selon son droit, ses besoins, la mesure qui lui convient. Et suprêmement, notre tendresse s’exerce envers Dieu : c’est la dévotion. La tendresse, s’exclame notre Père, c’est l’anti-Freud !

Tout au long de la journée, les participants à la session avaient à leur disposition un bouton vert : “ poser une question à frère Bruno ”. Questions auxquelles notre frère répondait le soir. Dès la première séance, un retraitant demanda : « Quelle est la différence entre la tendresse selon notre Père et selon le pape François ? »

Réponse : La tendresse, c’est le slogan de François, la note pour rendre la religion aimable. À première vue, cela paraît génial ! Au début, frère Bruno admirait l’énergie du Saint-Père pour sourire à tous et em­brasser tant de malades, tant d’enfants... Mais on se rend compte peu à peu que cette tendresse reste toujours un mouvement indéterminé qui abolit toute loi et finit par remplacer la religion. Dernièrement encore, l’accès de colère de François contre une Chinoise, sur la place Saint-Pierre, alors qu’elle l’interpellait au nom des catholiques persécutés de son pays, fut une nouvelle preuve que sa tendresse n’est pas réglée.

Chez notre Père, en revanche, la tendresse est toujours réglée par l’intelligence, déterminée par ses relations et dirigée vers notre but unique qui est le Ciel. Et l’admirable est qu’il rayonne ce qu’il prêche !

« Il me semble qu’une créature particulièrement aimante et qui a trouvé son port, son achèvement, son accomplissement en Dieu, dans le Christ et la Vierge Marie, est capable de jeter autour d’elle de ces effluves de joie perpétuelle qui passent au-dessus des passions et des intérêts particuliers. Pour ainsi dire, on s’oublie soi-même, on est meilleur que l’on est d’habitude quand on est avec de telles personnes. À la limite, le sacrifice constant dont elles nous donnent l’exemple n’est même pas un renoncement, puisque c’est le bien ! Ah ! Que nous fassions finalement le bien, tout ce qui est bien, sans avoir l’impression du tout de nous mortifier, mais au contraire de nous accomplir et de nous épanouir sous le regard de Dieu ! »

Tel est l’idéal de ce que notre Père nommera bientôt la pureté positive.

Mais la tendresse recèle une dimension supérieure et les amours humaines révèlent au chrétien un mystère divin, déjà enseigné par saint Paul dans son Épître aux Éphésiens. Sous le regard de son Père du Ciel, l’homme se découvre en effet appelé à s’identifier au Christ, Fils de Dieu fait homme, médiateur de la vie divine, se consacrant et se sacrifiant pour son épouse. La femme, pour sa part, s’identifie à l’Église, à la Vierge Marie qui en est la personnification et le temple du Saint-Esprit qui, en elle, fait retour à son Époux Jésus-Christ, l’enrichissant d’une inépuisable fécondité.

Et notre Père conclut : « À ces dernières lumières se comprend le dessein de Dieu – et voilà que je résous la première énigme – créant à l’origine cette distinction des sexes et toute cette mécanique sexuelle si souvent maudite par les pauvres humains qui en mésusent.

« Tout s’explique pour nous et la peine du “ refoulement ” est bien payée quand l’âme accède à la “ sublimation ”, c’est-à-dire que l’ascèse est nécessaire, mais elle est tellement récompensée par les fruits de tendresse humaine et de dévotion qui nous mettent en accord avec Dieu, qu’on bénit finalement Dieu de nous avoir donné ce système qui nous fait expérimenter l’amour avec un appel à la compréhension de l’amour de Dieu, à la compréhension des relations d’amour qui sont entre les trois Personnes divines. C’est bien payé quand l’âme accède à la sublimation de toutes ses amours pour ne plus vouloir même en connaître que les amours mystiques ayant Dieu seul pour objet. Et Jésus triomphe et dit : “ C’est ce que je vous dis depuis deux mille ans : la chair ne sert de rien, c’est l’esprit qui vivifie. ” »

Dès lors, il n’y a pas de fracture entre l’état du mariage et l’état religieux : tous deux procèdent de la même source mystique et tendent vers l’union aux trois Personnes de la Sainte Trinité, même si la vie religieuse pousse plus loin l’ascèse, en vue d’une extase plus sublime, dans une consécration totale à l’Époux divin.

LA BONTÉ SACRIFIÉE : DE L’INSOLENCE AU SACRIFICE.

Deuxième jour de session, deuxième réquisitoire effrayant contre la deuxième concupiscence, celle du cœur, que notre Père stigmatise sous sa figure de l’inso­lence : l’insolence de l’inférieur contre le supérieur, du barbare contre le civilisé, du fils contre son père et, suprêmement, l’insolence de l’homme défiant Dieu en se vouant à lui même un culte. Le Père sait nous communiquer son mépris, plus, son dégoût, contre cet homme moderne rebelle :

« L’homme du vingtième siècle ? Notre siècle crasseux, incapable de résoudre aucun de ses problèmes malgré une science et une technique prodigieuse ! Pour moi, c’est un objet de honte, de mépris, de compassion ! L’homme du vingtième siècle, ça n’est rien ! Qu’on regarde un peu les gens du passé pour admirer un peu les hommes ! Mais les hommes du passé étaient grands, précisément dans la mesure où ils étaient à genoux devant Dieu ! Et ce gnome, ce monstre actuel, ce barbare, il se fait Dieu ? Mais c’est justement parce qu’il est un imbécile qu’il se fait Dieu ! »

Que faire contre ce déferlement d’insolence ? « Virer notre cuti » et devenir réactionnaire ! Portrait du réactionnaire, enthousiaste de la civilisation grecque, de l’ordre romain antique, du patrimoine de notre Bible et de tous les trésors de sagesse, de vertus et de dévotions, reçus du Christ et de son Église romaine. Le Père nous transmet sa passion de l’Ordre et nous enrôle pour sa défense !

En même temps, il annonce à son auditoire un nouveau choc : que celui qui s’engage dans le service généreux du prochain et de la Cité se prépare à rencontrer la haine. C’est une leçon constante de l’histoire et le livre de la Sagesse nous l’enseigne : la bonté du juste excite la haine et les persécutions des méchants, depuis Abel jusqu’au petit roi Louis XVII.

Nouvelle énigme donc : Pourquoi Dieu a-t-il voulu cette mécanique de la souffrance de ses amis, sans fruits apparents ?

Réponse : « Mieux que la jouissance des amours partagées, la souffrance de l’amour non payé de retour, sinon de refus, de mépris, d’ingratitude, nous donne à connaître le si grand mystère de l’amour divin. »

C’est la modification évangélique, selon la dernière des béatitudes, celle des persécutés ; c’est un appel à imiter la bonté sacrifiée de Jésus crucifié.

« Comme on comprend alors le dessein de Dieu, acceptant la catastrophe du péché originel, si insupportable à sa Majesté, si répugnant à sa Sainteté, si odieux à son Honneur ! Enfin, Il devait anéantir Adam et Ève ! Et au déluge, ne même pas épargner Noé : que ces hommes disparaissent !

« Dieu est donc furieux dans sa justice, indigné justement contre les hommes ; cela doit déclencher des conséquences indéfinies de maux affreux allant jusqu’à la damnation de “ ces masses d’hommes qui marchent à l’enfer ” ! Pourquoi tout cela ? Pour, Lui-même, “ sortir de ses gonds ”, connaître la colère la plus sainte, et pourtant dépasser cet emportement de sa Justice pour inventer l’extase de miséricorde de la souffrance expiatrice de son propre Fils et toutes les nôtres ajoutées à la sienne.

« Dieu a un Cœur comme nul autre cœur n’a jamais battu. C’est la richesse de Dieu, à laquelle ceux qui souffrent sont invités à participer et ils découvrent cette splendeur du Cœur Sacré de Jésus, source de miséricorde pour ceux qui ne méritent pas miséricorde. Pour le comprendre, il faut passer un peu sur le chemin de Croix suivi par Jésus, il faut souffrir soi-même et, dans cette souffrance, inventer dans son cœur, par la grâce de Dieu, le pardon des injures. Vous savez qu’il n’y a qu’une condition au salut éternel, c’est de pardonner à ses ennemis. »

LA VÉRITE ADORÉE : DE L’IMPIÉTÉ AU BONHEUR DU CIEL.

Voici déjà l’après-midi du lundi de Pentecôte et notre Père se hâte, pressé d’achever sa synthèse avant la fin de la session. Il lui reste à remédier à la troisième concupiscence : l’orgueil de l’esprit.

Par une démonstration apologétique rigoureuse, le Père commence par nous faire constater que tout l’univers, tous les mystères du corps, du cœur et de l’esprit humain nous crient l’existence de Dieu. Surtout, plus convaincante que toutes, la preuve par l’existentialisme doit nous jeter en adoration de notre Créateur.

À l’opposé de ce réalisme, le péché suprême de l’homme est l’idéalisme : se faire le centre de son univers, en se persuadant qu’il est l’auteur de ses propres idées, Dieu lui-même étant réduit à n’être qu’une création de son esprit !

Et notre Père de pourfendre sans merci l’impiété sous toutes ses formes : athéisme, agnosticisme ou libéralisme. De quelque justification qu’elle se pare, scientifique, philosophique ou politique, elle est toujours un refus par l’homme orgueilleux de rendre à Dieu le culte qui lui est dû. Voilà qui remet bien des pendules à l’heure !

En contrepoint, notre Père réhabilite alors la vocation véritable de notre raison, à la suite de saint Thomas d’Aquin : « Notre raison, c’est un instrument délicat que Dieu a bien composé pour nous mener, de proche en proche, humilité par humilité et acte d’amour par acte d’amour, jusqu’à la contemplation du Ciel. »

Comment cela ? Par l’heureuse concertation de notre cœur et de notre intelligence, le premier alléchant et excitant la seconde lorsqu’elle achoppe sur les formules dogmatiques sèches et mystérieuses. L’âme humble et aimante peut ainsi, avec la grâce de Dieu, jouir dès ici-bas des splendeurs de la Sainte Trinité, au point de désirer mourir pour les connaître et les aimer toujours davantage. Et le Père achève par cette définition de la béatitude du Ciel, qui réconcilie la tradition dominicaine soucieuse de vérité avec l’école franciscaine éprise de charité :

« Ce sera un amour qui assurera la communion des cœurs, mais cette communion des cœurs se révélera comme un face à Face où l’Esprit de Dieu s’imprimera dans notre esprit, et ce sera notre béatitude éternelle ! »

Tant de richesses sont trop brièvement résumées ici, mais nous publierons cette série magistrale sur la VOD à partir du mois de juillet, c’est promis !

Peut-être qu’à l’évocation de ces ascensions dans lesquelles le Père entraîne son auditoire, certains jugeront cela trop beau, trop haut pour eux et seront tentés de rester en arrière. Mais notre Père, dans son sermon de la grand-messe de la Pentecôte, nous livre le secret de cette vie mystique. Ayant décrit les merveilles de l’inhabitation du Saint-Esprit dans l’âme de l’Immaculée Conception, il s’exclame en effet :

« Qui nous aimera assez pour nous prendre doucement par la main, pour nous retirer de ce bas pays fangeux et nous élever dans les hauteurs célestes où nous aspirons ?

« La réponse, je la trouve dans un texte rare, et je crois que c’est probablement la première fois que vous l’entendrez : c’est l’Ave Maria. Pourquoi cette insistance de Notre-Dame de Fatima à nous faire dire le chapelet ? Parce que c’est là que sont tous les trésors de la sagesse et de la science, de la vertu et de la virginité, de la sainteté.

« “ Pleine de grâce ” : oui, cette vertigineuse perfection a été dans la Vierge Marie. Et à nous, elle est possible et elle est accessible, à la mesure de notre grâce. Et où va la grâce ? Jamais nous n’atteindrons la mesure de la grâce qui nous est donnée. Notre fidélité peut toujours avancer, il n’y a pas de plafond, il n’y a pas d’arrêt, puisque la Vierge Marie est assise sur son trône de Gloire, pour l’éternité, et qu’elle nous fait signe d’avancer [...]. Grâce à sa prière, le Saint-Esprit nous sera donné avec abondance, et ainsi nous pourrons trouver ce “ nouveau regard sur la vie ” que nous cherchons. »

Au centre et au sommet de cette session, voilà quelle est la clef de voûte du monument de doctrine édifié par notre Père durant ces trois jours !

LA NOUVEAUTE D’UN “ FRERE UNIVERSEL ”.

Voici encore une question à laquelle frère Bruno a beaucoup aimé répondre : « Peut-on parler d’une pensée originale ou d’une synthèse des richesses des spiritualités différentes ? »

« Ce n’est pas une synthèse de toutes les spiritualités. Nous l’avons vu dans notre longue vie passer de saint Jean de la Croix, vivre de lui au point de vouloir entrer au Carmel, à saint François de Sales. Sans pour autant rejeter saint Jean de la Croix. Notre Père nous a enseigné toutes les spiritualités, il nous a fait aimer tous les fondateurs, toutes les congrégations. Il n’a pas vraiment choisi. Il voulait aussi entrer à la Chartreuse !

« Il a écrit notre Règle en 1957, avant la mort de Pie XII, dans une Église où les ordres religieux étaient encore florissants. Pensée originale ou synthèse ? Je n’aurais pas su alors quoi vous répondre. Mais après soixante ans, après le désastre qui a atteint toutes les congrégations sabotées par le Concile, nous avons tout recueilli. Notre Père n’a pas fait de choix, mais il nous a tout fait comprendre de la grande spiritualité catholique, de la tradition catholique depuis les débuts, l’Évangile de saint Jean – son commentaire en est unique, j’ai fait beaucoup d’études en ce domaine –, saint Irénée, jusqu’à saint Ignace, saint Jean de la Croix, et saint François de Sales. Il a tout sauvé, tout assimilé et nous a tout transmis, jusqu’au Père de Foucauld. Un Père de Foucauld totalement incompris, lui aussi victime de ce chaos mis dans l’Église par le Concile.

« À ses disciples, il a appris ce que c’est que l’amour de Jésus et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie demandée à Fatima par Dieu lui-même en 1917 – un an après le martyre du Père de Foucauld – et dont il fut finalement le seul héraut.

« Le résultat, ce n’est pas une synthèse, c’est la nouveauté d’un  frère universel ”. Cette retraite sur le “ nouveau regard sur la vie ” en est en somme un résumé ou une expression nouvelle. »

On nous annonce précisément la canonisation prochaine du Père de Foucauld, dont la vie illustre à merveille ce nouveau regard sur la vie offert par notre Père. Un correspondant nous écrit :

« J’ai été bouleversé par la lecture de la biographie du bienheureux Charles de Foucauld par le frère Bruno. Que ne l’ai-je connu à l’époque où j’étais encore libraire actif ! Mais j’avais déjà bien des livres sur le bienheureux Père... et j’ai cru à des redites. C’est ma faute. Je vous en commande un exemplaire : je vais l’offrir à une amie à laquelle il fera certainement beaucoup de bien. »

Cet ouvrage est unique dans la bibliographie consacrée à notre vénéré Père Charles de Jésus. En effet, tandis que ceux qui se proclamaient ses ­disciples travestissaient sa pensée pour l’asservir à leur idéologie progressiste et anticolonialiste, notre Père l’abbé de Nantes fut le seul à en recueillir et en expliquer intégralement la doctrine coloniale et missionnaire, fruit d’une vie mystique authentique.

Notre ami poursuit : « Quant à l’étude du frère Michel de la Sainte Trinité sur Medjugorje, elle me confirme ce que le simple sens catholique m’avait démontré voici des années. Mais c’est un régal de voir comment l’auteur dissèque et accumule preuve sur preuve avec une rare maîtrise. »

Encore une œuvre de vérité, résumée et actualisée par frère Michel de l’Immaculée triomphante et du Divin Cœur en deux conférences qui seront bientôt à votre disposition. Elles jettent une lumière crue sur l’œuvre de Satan s’ingéniant à contrefaire – avec quelle grossièreté ! – les interventions de Marie Immaculée et spécialement la geste de Fatima, pour en détourner les foules fidèles. Le drame vient aujourd’hui de la complicité active du Vatican, qui prépare la reconnaissance des apparitions de Medjugorje.

D’UN 13 À L’AUTRE

Le récit sordide de ces événements diaboliques nous fait d’autant plus apprécier la vie de sœur Lucie qu’a entrepris de nous raconter frère Bruno. Bien plus que la simple petite bergère d’Aljustrel, elle fut jusqu’à sa mort en 2005 la messagère fidèle des volontés de Notre-Dame, manifestant une sainteté héroïque, envers et contre une hiérarchie indifférente et bientôt apostate.

Quelle âme attachante ! Au fil des Logia, nous l’avons déjà accompagnée dans ses années de réclusion incognito à l’Asilo de Vilar, puis dans ses premiers pas chez les sœurs Dorothées, à Pontevedra et à Tuy. Nous sommes sous le charme de sa merveilleuse simplicité qui lui gagnait tous les cœurs.

Mais au milieu de quelles épreuves ! Cette plainte prophétique qu’elle laisse échapper un jour est poignante : « J’ai senti avec une amertume profonde de voir que la très Sainte Vierge ne serait jamais vénérée là-bas [à Fatima] comme elle a demandé à l’être. »

Qu’il est désolant de voir les bons eux-mêmes, comme Mgr da Silva, l’évêque de Leiria, rester sourds aux appels pressants de Notre-Dame !

Pour notre part, désireux d’obéir à Notre-Dame et de consoler le plus possible son Cœur Immaculé, la pratique des cinq premiers samedis du mois ne nous suffit pas. Frère Bruno a donc décidé de nous faire solenniser de plus chacune de ses apparitions, le 13 de chaque mois. Le 12 au soir, nous portons sa statue en procession, avant de l’exposer toute la journée suivante au milieu du chœur de notre chapelle, jusqu’au soir qui ramène les touchantes cérémonies du “ coucher ” de Notre-Dame et des adieux, dans le tournoiement des mouchoirs blancs. Ces dévotions imposent sa présence, rappellent sa puissance ! Dans la désorientation diabolique qui sévit, la dévotion au Cœur Immaculé de Marie est notre remède universel.

PRISES D’HABIT

Le soir de ce samedi 13 juin, c’est sous le patronage de sœur Lucie que frère Bruno plaça nos deux postulants après la confession publique, à la veille de leur prise d’Habit, de leurs manquements à nos règles et nos coutumes :

« Elle désirait devenir une sainte, comme vous, mon frère, ma sœur, comme chacun d’entre nous, “ pour donner à Dieu un plus grand honneur et une plus grande gloire, pour obtenir le salut des pauvres pécheurs et réparer mes péchés ”, disait-elle. C’est aussi votre désir, puisque vous êtes ici pour répondre à la vocation de Petit frère et Petite sœur du Sacré-Cœur qui “ a pour signe une indéracinable et souveraine volonté de sainteté, sans cesse agissante, capable de soutenir son effort la vie durant, sans trop compter sur les aides naturelles de la communauté et moins encore sur les encouragements du monde ou les consolations de l’apostolat ” (Règle provisoire des Petits frères du Sacré-Cœur de Villemaur, article n° 102). »

Le lendemain, en la solennité de la Fête-Dieu, ils reçurent leurs noms d’éternité : frère Thibaud de la Vierge du Sourire et sœur Marie-Victoire de Jésus. Ces titres nous rappellent les interventions constantes de Marie Immaculée à travers les siècles, pour secourir la Chrétienté par grandes merveilles et victoires éclatantes. Le 13 mai 1883, notamment, en délivrant la petite Thérèse Martin de sa possession diabolique par un « merveilleux sourire », Notre-Dame des Victoires annonça par avance le miracle du triomphe final de son Cœur Immaculé, sauvant par un sourire une Église infestée par Satan.

Et frère Bruno de conclure :

« Notre-Dame de Fatima, soyez bientôt Notre-Dame de la Victoire et la Vierge du Sourire ! Ce sera votre prière, ma chère petite sœur, mon bien cher frère, que vous lui adresserez continuellement avec la tendresse de vos cœurs d’enfants tout occupés à consoler leur mère ! »

frère Guy de la Miséricorde.