Vive la Reine !

« Et à l’heure de notre mort »

LA royauté de Notre-Dame de Fatima est un fait  depuis 1917, où elle s’est nommée « Notre-Dame du Rosaire », après avoir répété à chacune de ses apparitions, depuis le 13 mai :

« Récitez le chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre. »

Elle domine les événements de notre histoire en souveraine toute-puissante.

LA COMMUNION RÉPARATRICE.

Le 13 juin 1917, après avoir annoncé à François et Jacinthe qu’elle viendrait bientôt les chercher, elle dit à Lucie : « Mais toi, Lucie, Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. »

Durant son premier séjour à Pontevedra, du 25 octobre 1925 au 16 juillet 1926, Lucie fut de nouveau favorisée d’apparitions lui révélant le grand chagrin de la « Bienheureuse Vierge Marie ». Dans la soirée du jeudi 10 décembre 1925, après le souper, Lucie reçut dans sa cellule la visite de la Vierge Marie et de l’Enfant-Jésus qui était porté par une nuée lumineuse. La Très Sainte Vierge mit la main sur l’épaule de Lucie et lui montra, en même temps, un cœur entouré d’épines qu’elle tenait dans l’autre main. L’enfant lui dit : « Aie compassion du Cœur de ta très Sainte Mère entouré des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu’il y ait personne pour faire acte de réparation afin de les en retirer. »

Ensuite, la Très Sainte Vierge lui dit : « Vois, ma fille, mon Cœur entouré d’épines que les hommes ingrats m’enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, tâche de me consoler et dis que tous ceux qui, pendant cinq mois, le premier samedi, se confesseront, recevront la sainte Communion, réciteront un chapelet, et me tiendront compagnie pendant quinze minutes en méditant sur les quinze mystères du Rosaire, en esprit de réparation, je promets de les assister à l’heure de la mort avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme. »

« Après cette grâce, confie Lucie, comment pouvais-je me soustraire au plus petit sacrifice que Dieu voudrait me demander ? Pour consoler le Cœur de ma chère Mère du Ciel, je serais contente de boire jusqu’à la dernière goutte le calice le plus amer. Je désirais souffrir tous les martyres pour offrir réparation au Cœur Immaculé de Marie, ma chère Mère, et lui retirer une à une toutes les épines qui le déchirent, mais je compris que ces épines sont le symbole des nombreux péchés qui se commettent contre son Fils, et atteignent le Cœur de sa Mère. Oui, parce que par eux beaucoup d’autres de ses fils se perdent éternellement. »

Elle s‘ouvrit à sa supérieure, et au confesseur de la maison, de cette demande du Ciel. Le confesseur lui répondit que, seule, la supérieure ne pouvait rien. Alors, après la communion, Lucie dit à Jésus :

« Ô mon Jésus ! Moi, avec votre grâce, la prière, la mortification et la confiance, je ferai tout ce que l’obéissance me permettra et ce que vous m’inspirerez ; le reste, faites-le vous-même. »

« Le reste », c’est la diffusion de cette dévotion réparatrice dans toute l’Église. « Je suis restée comme cela, jusqu’au 15 février. Ces jours-là ont été pour moi une continuelle mortification intérieure. Je me demandais si cela avait été un rêve ; mais je sais bien que non : je pensais que cela avait été vraiment la réalité. Mais comment, moi, qui avais si mal correspondu aux grâces reçues jusque-là, comment Notre-Seigneur daignait-il m’apparaître de nouveau ? »

Le 15 février 1926, Lucie était occupée à son emploi : vider une poubelle en dehors du jardin. Au même endroit, quelques mois auparavant, elle avait rencontré un enfant à qui elle avait demandé s’il savait l’Ave Maria :

« Il m’avait répondu que oui, et je lui avais demandé de me le réciter, pour l’entendre. Mais comme il ne se décidait pas à le dire seul, je l’avais récité trois fois avec lui. À la fin des trois Ave Maria, je lui avais demandé de le dire seul. Comme il restait silencieux et ne paraissait pas capable de le dire seul, je lui demandais s’il connaissait l’église Sainte-Marie. Il répondit que oui. Je lui dis alors d’y aller tous les jours et de prier ainsi : Ô ma Mère du Ciel, ­donnez-moi votre Enfant-Jésus ! Après lui avoir appris cette prière, je m’en allais. »

Ce 15 février 1926, en revenant comme d’habitude, après avoir rempli le même office, « je trouvai un enfant qui me parut être le même, et je lui demandai alors :

– As-tu demandé l’Enfant-Jésus à notre Mère du Ciel ? 

« L’Enfant se tourna vers moi et me dit :

– Et toi, as-tu révélé au monde ce que la Mère du Ciel t’a demandé ?

« Et, ayant dit cela, il se transforma en un enfant resplendissant. Reconnaissant alors que c’était Jésus, je lui dis :

 Mon Jésus ! Vous savez bien ce que m’a dit mon confesseur dans la lettre que je vous ai lue. Il disait qu’il fallait que cette vision se répète, qu’il y ait des faits pour permettre de croire, et que la Mère supérieure ne pouvait pas, elle toute seule, répandre la dévotion en question.

C’est vrai que la Mère supérieure, toute seule, ne peut rien, mais avec ma grâce, elle peut tout. Il suffit que ton confesseur te donne l’autorisation et que ta supérieure le dise pour que l’on croie, même sans savoir à qui cela a été révélé.

 Mais mon confesseur disait dans sa lettre que cette dévotion ne faisait pas défaut dans le monde, parce qu’il y avait déjà beaucoup d’âmes qui Vous recevaient chaque premier samedi, en l’honneur de Notre-Dame et des quinze mystères du Rosaire.

 C’est vrai, ma fille, que beaucoup d’âmes commencent, mais peu vont jusqu’au bout et celles qui persévèrent le font pour recevoir les grâces promises. Les âmes qui font les cinq premiers samedis avec ferveur et dans le but de faire réparation au Cœur de ta Mère du Ciel me plaisent davantage que celles qui en font quinze, tièdes et indifférentes.

– Mon Jésus ! Bien des âmes ont de la difficulté à se confesser le samedi. Si vous permettiez que la confession dans les huit jours soit valide ?

 Oui. Elle peut être faite même au-delà, pourvu que les âmes soient en état de grâce le premier samedi lorsqu’elles me recevront et que, dans cette confession ultérieure, elles aient l’intention de faire ainsi réparation au Cœur Immaculé de Marie.

 Mon Jésus ! Et celles qui oublieront de formuler cette intention ?

 Elles pourront la formuler à la confession suivante, profitant de la première occasion qu’elles auront de se confesser. »

« Aussitôt après, il disparut sans que je sache rien d’autre des désirs du Ciel jusqu’aujourd’hui. Et quant aux miens, c’est qu’une flamme d’amour divin s’allume dans les âmes pour que, soutenues dans cet amour, elles consolent vraiment le Cœur Immaculé de Marie.

« J’ai du moins le désir de consoler beaucoup ma chère Mère du Ciel, en souffrant beaucoup pour son amour. »

« LE TOURNANT STRATÉGIQUE ».

Aujourd’hui, moins de cent ans après ce message céleste, le chagrin de Marie est à son comble. De nouvelles épines transpercent son Cœur Immaculé.

« L’Académie pontificale pour la vie s’est montrée récemment favorable à ce que l’Église italienne ne s’oppose plus à la législation sur le suicide assisté.

« Un tournant dans la stratégie adoptée par Rome sur les questions de bioéthique : l’Église espère ainsi continuer à pouvoir faire entendre sa voix. »

En faisant taire la voix maternelle de notre Reine, « Voix désormais inaudible par des sociétés trop libérales », confesse le journal La Croix, atteint lui-même d’une surdité sans remède depuis de nombreuses décennies (Le tournant stratégique du Vatican sur la bioéthique, La Croix du mardi 8 février 2022).

« Question de méthode ». Comme lorsque le pape François a renié « la méthode de l’uniatisme », le 12 février 2016 à La Havane, rejetant par là ce que lui demande Notre-Dame de Fatima : « la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé », afin qu’elle se convertisse... et que les Russes aillent au Ciel. Car c’est là l’enjeu de ce “ bras de fer ” entre notre Reine et notre Saint-Père le Pape. Ce dernier a fustigé le « cléricalisme » et la « rigidité » dans l’Église, lors d’un entretien de près d’une heure diffusé dimanche 6 février à la télévision italienne. « C’est le cléricalisme qui crée la rigidité. Et sous chaque type de rigidité, il y a de la pourriture, a-t-il affirmé. Toujours. »

Mais les demandes de la Très Sainte Vierge, ce n’est pas de la « rigidité », c’est de l’amour tendre, Très Saint-Père ! Dieu veut qu’elle obtienne de nos cœurs ingrats la dévotion à son Cœur Immaculé, où trône le Cœur Sacré de son adorable Fils, Jésus-Christ, notre Seigneur et Sauveur.

Et ce n’est pas davantage du « cléricalisme », puisqu’elle a envoyé un ange porter la Sainte Eucharistie à trois enfants, en 1916, pour les faire communier au Corps et au Sang de Jésus, au Cabeço. Et treize ans plus tard, Jésus se montrait à Lucie cloué à une « croix de lumière qui s’élevait jusqu’au plafond » de la chapelle du couvent des Dorothées à Tuy. « Un peu en dessous de la ceinture de Jésus, on voyait un calice et une grande hostie sur laquelle tombaient quelques gouttes de sang qui coulaient sur les joues du Crucifié et d’une blessure à la poitrine. Coulant sur l’Hostie, ces gouttes tombaient dans le Calice. » C’est une véritable célébration du Saint-­Sacrifice de la Messe. Là non plus il n’y avait pas d’autre prêtre que Jésus lui-même, prêtre et victime. Mais « sous le bras droit de la Croix se trouvait Notre-Dame [comme au Calvaire] avec son Cœur Immaculé dans la main gauche, sans épée ni roses, mais avec une couronne d’épines et des flammes. Sous le bras gauche de la Croix, de grandes lettres, comme d’une eau cristalline qui aurait coulé au-dessus de l’autel, formaient ces mots :  Grâce et Miséricorde ”. »

LES FRUITS DU SAINT-SACRIFICE.

« Ensuite, Notre-Dame me dit : “ Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen. Elles sont si nombreuses les âmes que la justice de Dieu condamne pour des péchés commis contre moi, que je viens demander réparation. Sacrifie-toi à cette intention et prie. ” »

La demande fut transmise au pape Pie XI, qui n’en tint aucun compte.

Alors, nous avons eu la guerre. À laquelle aucun traité de paix n’a mis fin jusqu’à ce jour. Et le résultat de cette obstination à mépriser Notre-Dame de Fatima est un châtiment pire que les ruines de la guerre : c’est la « ruine » de l’Église annoncée par la troisième partie du “ secret ”, fruit d’un insurmontable aveuglement de la hiérarchie.

En visite à Rome, fin septembre, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Éric de Moulins-Beaufort, a avoué lors d’une soirée organisée par l’ambassade de France près le Saint-Siège et KTO : « Depuis des années, notre parole s’est laissé enfermer dans une parole morale et nous sommes chargés de dire à la société ce qui n’est pas bien. »

Quoi donc ? Mais ce que dit le “ Catéchisme de l’Église catholique ” (CEC) : « Quels qu’en soient les motifs et les moyens », l’euthanasie est « moralement inconcevable ». Et donc donner la mort afin de supprimer la douleur, « constitue un meurtre gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect de Dieu ».

Or, la revue jésuite La Civilta catholica, dirigée par Antonio Spadaro, un proche du Pape, publie le 15 janvier un article intitulé “ La discussion parlementaire sur le suicide assisté ”. Alors que l’Italie s’apprête à légiférer sur la fin de vie, le Père Carlo Casalone, signataire de cet article, écrit que l’Église catholique aurait intérêt à soutenir le suicide assisté plutôt que l’euthanasie.

Plus jésuite... tu meurs ! C’est vraiment le cas de le dire.

Mgr Renzo Pegoraro, médecin et chancelier de l’Académie pontificale pour la vie, explique : « Nous sommes dans un contexte précis, avec un choix à opérer entre deux options, dont aucune – suicide assisté ou euthanasie – ne représente la position catholique... Mais je crois qu’il faut aujourd’hui consentir à discuter des lois dont on sait bien qu’elles diffèrent de la morale de l’Église. »

Pour aboutir à quoi ? À « la prévention, sur le plan social et culturel, du suicide, en agissant sur tout ce qui peut menacer la solidarité, la fraternité, et aboutir à la solitude ».

Et le Bon Dieu ? Et le Ciel, et l’Enfer ? Effacés !

La réponse à cette apostasie cléricale ! est à Fatima... dans la récitation du chapelet, seule « assistance à la mort » du pauvre pécheur :

« Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. »

UN « AVERTISSEMENT » CÉLESTE !

La troisième partie du “ secret ” confiée aux enfants le 13 juillet 1917 ne fut pas dévoilée en 1960, comme l’avait demandé la Sainte Vierge, mais en l’an 2 000, trop tard ! C’était, de nouveau, une vision, en plusieurs tableaux, non pas du Ciel ni de l’Enfer, mais de l’Église de la terre.

Les enfants contemplèrent « une grande ville à moitié en ruine », et son peuple gravissant, le Pape en tête, une montagne escarpée au sommet de laquelle était « une grande Croix de troncs bruts comme si elle était en chêne-liège avec l’écorce ». Cette troisième partie était un avertissement à divulguer en 1960 pour une raison que nous comprenons parfaitement aujourd’hui. Le pape Jean XXIII, successeur de Pie XII, ne voulut pas en tenir compte. « Cela ne concerne pas mon pontificat », disait-il. Le programme de ce Souverain Pontife était d’appeler sur l’Église une nouvelle Pentecôte ! et ainsi faire mentir les « prophètes de malheur », comme il disait, et en particulier Notre-Dame elle-même.

Tandis qu’il se croyait lui-même inspiré par Dieu pour entreprendre une Réforme de l’Église !

Or, le “ secret ” continuait : « Nous vîmes à gauche de Notre-Dame, un peu plus haut, un Ange avec une épée de feu à la main gauche ; elle scintillait, émettait des flammes qui paraissaient devoir incendier le monde ; mais elles s’éteignaient au contact de l’éclat que, de sa main droite, Notre-Dame faisait jaillir vers lui ; l’Ange, désignant la terre de sa main droite, dit d’une voix forte :

 Pénitence, Pénitence, Pénitence ! 

« Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu quelque chose de semblable à l’image que renvoie un miroir quand une personne passe devant  : un Évêque vêtu de Blanc... C’était le Saint-Père. ” » Les enfants l’ont compris tout de suite.

C’était il y a plus de cent ans. Force est de constater que tout est arrivé comme la Sainte Vierge l’avait annoncé, ou plutôt : tout a commencé d’arriver. C’est limpide : il n’y a plus de secret. Il faut être aveugle pour ne pas voir le soleil en plein midi !

La « ruine » de l’Église, et donc de la société tout entière, est venue, et elle ne cesse de s’aggraver de jour en jour.

La décision de Jean XXIII et de Paul VI d’entreprendre et de mener à son terme la “ Réforme ” de l’Église n’a fait qu’accomplir ce que disait sœur Lucie au Père Fuentes en 1957, sous le règne finissant de Pie XII, cinq ans avant le Concile : « N’attendons pas que vienne de Rome un appel à la pénitence de la part du Saint-Père pour le monde entier ; n’attendons pas non plus qu’il vienne de nos évêques dans leur diocèse ni non plus des congrégations religieuses. »

Alors... de qui faut-il l’attendre ?

De Notre-Dame de Fatima, par sa messagère, sœur Lucie, dont le nom la prédestine à être une “ lumière ” médiatrice de la blanche lumière de Dieu dans la nuit de l’apostasie. « Pénitence, Pénitence, Pénitence », c’est le cri de Lucie lancé le 13 octobre, à la foule qui venait d’assister au miracle de la chute du soleil !

« Notre-Dame veut que vous fassiez pénitence ! »

En quoi consiste cette pénitence ? Aujourd’hui, cet appel est clair : il ­signifie qu’il faut se détourner des erreurs du concile Vatican II, de la prétendue « réforme » de l’Église qui l’a réduite à l’état d’  « une grande ville à moitié en ruine », “ à moitié ” seulement puisqu’elle a les promesses de la vie éternelle.

LA “ MÉTHODE ” DU MARTYRE

Le “ troisième secret ” s’achève sur une vision de la fécondité du martyre, d’où viendra le salut.

« Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un vase de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs, et avec lequel ils arrosaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. »

« Aujourd’hui, avertissait le saint pape Jean-Paul Ier, chacun ne conserve la foi qu’autant qu’il la défend, qu’il demeure ferme, courageux et déterminé, à l’imitation des premiers martyrs. » Et « le sang des martyrs est semence de chrétiens ! »

C’était la pensée quotidienne du Père de Foucauld, ce qu’il appelait : « Ta pensée de la mort : Pense que tu dois mourir martyr »... Sœur Lucie écrivait à une amie, le 9 janvier 1971 : « Acceptons avec amour le martyre de la douleur qui fait de nous des victimes d’expiation pour les péchés de l’humanité, pour les membres du Corps mystique du Christ, qui se sont éloignés de son Église pour se fourvoyer sur les chemins de l’erreur, pour nos frères qui persévèrent afin qu’ils soient fidèles jusqu’à la fin, car seuls ceux qui persévèrent jusqu’à la fin sont sauvés. Et si Dieu nous a choisies pour le martyre de la douleur, renouvelons avec lui notre offrande en disant :

« “ Me voici, ô Père, pour faire votre volonté ! Je me remets entre vos mains pour votre Église, pour le salut et la persévérance de mes frères prêtres, pour les âmes qui se sont consacrées un jour à votre service, à votre Amour. Qu’elles persévèrent, qu’elles vainquent les tentations du monde, du démon et de la chair, et deviennent victimes avec le Christ pour le salut de leurs frères, les pauvres pécheurs.

« “ Si pour cela, vous avez besoin de victimes qui s’immolent en union avec le Christ, ô Père, me voici, aidez seulement ma faiblesse, donnez-moi du courage, donnez-moi de la générosité, donnez-moi de l’amour !

« “ Je sais combien le Ciel est beau. J’y aspire, je soupire après lui, je désire le posséder au plus tôt, être plongée dans la lumière de votre Amour, dans l’embrassement éternel de ma chère Mère que Vous m’avez donnée du haut de la Croix. Je sais qu’Elle m’aime et je me confie en son amour, en sa protection !

« “ Je vous aime, Seigneur, aidez-moi à souffrir avec amour et, s’il vous plaît, adoucissez ma douleur ! 

« Chère madame, n’ayez pas peur de la souffrance. Dieu est notre bon Père. Il nous aime d’un amour éternel. S’il nous a choisies pour porter la croix avec le Christ, c’est qu’il veut nous associer à l’œuvre rédemptrice de son Fils Jésus et avec Lui nous faire héritières du Royaume des Cieux. Oh ! le Ciel est si beau ! Pour lui, donnons tout, souffrons tout, afin de le conquérir pour nous et pour un grand nombre d’âmes qui, dans les demeures de l’éternelle félicité, chanteront avec nous l’hymne de la gloire éternelle, de l’amour éternel dans l’embrassement du Divin Époux des vierges !

« Cela seul compte. Nous n’avons été créées que pour le Ciel et il n’y a que lui qui nous attire. Car seul il en vaut la peine et dure pour toujours !

« Comme j’aimerais pouvoir aller vous embrasser, mais puisque je ne le puis pas, je demande à notre chère Mère du Ciel d’y aller pour moi et je suis sûre qu’Elle le fera et ira vous aider beaucoup ! Que son baiser soit la plus tendre des caresses que le Ciel vous envoie avec le soulagement de vos souffrances et l’amélioration de votre santé. »

L’ASSISTANCE AUX MOURANTS.

Le mystère vrai, indiscutable, sans rien qui l’explique à l’homme et lui annonce la suite, c’est la mort, déjà incompris de Pierre lorsque Jésus commença à annoncer à ses Apôtres sa Passion, sa mort... et, plus incroyable, incompréhensible encore, sa résurrection.

C’est pourquoi des milliards d’êtres humains, depuis la primitive Église, répètent cette invocation à la Vierge Marie qui est évocation de notre heure dernière, pour qu’Elle nous y assiste : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort ! »

La mort que tout le monde craint, dont on n’aime pas parler, dont on ne sait pas ce qu’elle sera. « Il faut savoir, disait l’abbé de Nantes, qu’il y a une religion qui fait de la mort un des points de sa méditation quotidienne et multiquotidienne : sa méditation permanente. C’est bien la seule religion qui a quelque chose à dire sur la mort et l’après mort et ce qu’il faut faire pour s’y préparer, en dehors des rites folkloriques qui n’ont aucune signification. »

Nos pasteurs le savent, mais ils sont comme des chiens muets, ils abandonnent le troupeau aux loups dévorants qui poussent leurs brebis sur le chemin de l’Enfer.

Il y a donc là un mystère d’iniquité, mais qui est démasqué et vaincu par la seule invocation de la Vierge Marie. À notre heure dernière, nous la convoquons d’avance pour qu’Elle nous assiste.

« J’ai été curé, disait encore notre Père, aumônier de clinique chic, où il y a beaucoup d’infirmières, beaucoup de médecins, beaucoup de gens très attentifs auprès du malade mourant, tant qu’il y a quelque chose à gagner, à faire, ce qu’ils appellent “ la culture de vie ”, mais enfin, à un certain moment, assez mystérieux, la chambre du malade se vide. Sans avoir l’air de savoir ce qui se passe, les médecins passent, les infirmières prennent un air mystérieux et la famille est réduite à dire : a ! a ! a ! comme Jérémie, ne sachant quoi dire parce qu’il n’y a aucun remède pour celui qui va mourir, ils le savent bien. Aucune parole ne signifie quelque chose, autre que celle que l’Église nous donne à prononcer.

« L’Église met sur nos lèvres une supplication immense en pensant à cette foule d’êtres pitoyables. Non pas “ à l’heure de ma mort, mais à l’heure de notre mort... Nous prions la Vierge pour qu’Elle nous soit pitoyable à l’heure de notre mort à nous ? À tous ! Et même aux gens qui sont là, à côté du mourant. Ils ne se mettent pas du tout en scène, mais de fait, ils y sont, parce qu’eux aussi vont mourir. »

Sœur Lucie écrivait de Tuy à sa mère le 23 janvier 1930 :

« J’ai reçu il y a peu de temps votre douloureuse petite lettre. Je regrette immensément de ne pas me trouver là-bas, auprès de vous, mais nous sommes unies dans le Très Saint Cœur de Jésus qui, dans le Sacrement de son amour, vient chaque jour dans nos cœurs, non seulement pour nous aider à vivre, mais aussi pour emporter notre âme, à la dernière heure, dans cette demeure céleste que son amour et sa miséricorde nous ont préparée là-bas. Par conséquent, ma mère chérie, beaucoup de confiance en Son Divin Cœur et grand abandon en notre cher Père du Ciel qui vous aime d’un amour éternel.

« Dites aussi avec moi ces paroles : Mon Dieu, je vous aime de tout mon cœur, je désire vous aimer pendant toute l’éternité. J’accepte avec tout mon amour la mort que vous aurez la bonté de m’envoyer et je vous demande humblement pardon. Je vous l’offre pour la conversion des pécheurs et le soulagement des âmes du Purgatoire. Acceptez, mon Dieu, ma vie, comme je vous l’offre, et accordez-moi, par miséricorde, de mourir dans un acte de parfait amour. 

« Ma bonne mère, quand vous arriverez aux pieds de Notre-Seigneur, demandez-lui pour vos filles la grâce de l’aimer de tout leur cœur et de ne jamais lui déplaire. Je viens d’écrire à la très Révérende Mère supérieure, qui n’est pas là ; c’est pourquoi je ne peux encore rien vous dire pour ce qui est d’aller vous voir. Si Dieu veut ce sacrifice, offrons-le-lui avec générosité.

« Adieu, ma bonne mère. Près du tabernacle, je prierai avec beaucoup de ferveur le bon Dieu pour vous. Notre petite Mère du Ciel viendra en toute certitude vous chercher. Embrassez-la pour moi. Je vous demande de daigner bénir votre fille qui ne vous oublie jamais. Lucie de Jésus, r. de S. D.

« P. S. : Dites très souvent : Cœur Sacré de Jésus, j’ai confiance en Vous. Doux Cœur de Marie, soyez mon salut. Mon Dieu, je vous aime. »

Frère Bruno de Jésus-Marie

SŒUR LUCIE AU CHEVET DE MÈRE MONFALIM

AU printemps 1937, mère  Monfalim, très affaiblie par une grave pleurésie et se sentant sur le point de mourir, appela sa fille de prédilection pour l’assister. En effet, elle redoutait d’expirer dans une terrible crise d’étouffement et elle espérait que sœur Marie-Lucie lui obtiendrait la grâce de s’éteindre paisiblement.

Le 28 avril 1937, sœur Lucie partit pour Tuy, au grand regret de la supérieure du couvent de Pontevedra qui aurait tellement voulu la garder dans sa communauté. Sœur Lucie avait l’habitude chaque mois de faire une neuvaine à Notre-Dame de Fatima, préparatoire à la journée du 13, la neuvaine consistait à réciter un Souvenez-vous et trois Je vous salue Marie. Début mai, mère Monfalim lui demanda de la faire avec elle.

À la fin des prières, elle disait : « Ma bonne Mère, nous vous demandons ma guérison, mais seulement si c’est la volonté de Notre-Seigneur. »

Le 13 mai, constatant que son état avait empiré, elle murmura : « Notre-Dame m’a donné sa réponse : le Seigneur veut m’emmener au Ciel. » Comme mère Monfalim avait encore de grandes appréhensions et des répugnances en voyant venir la mort, sœur Lucie l’encourageait :

« Ne craignez rien. Notre-Dame est une Mère ! Elle vous aidera à parvenir au Ciel, son Cœur Immaculé palpite d’amour pour nous. »

Le 31 mai 1937, en la fête de Marie Médiatrice, arriva de Rome un télégramme de la Mère générale, avec une bénédiction du Saint-Père pour mère Monfalim. On demanda alors à Lucie d’aller jusqu’au télégraphe pour envoyer à la Supérieure générale un message de remerciements et des nouvelles de la malade.

Dès qu’elle fut sortie, mère Monfalim commença à l’appeler : « Sœur des Douleurs. La sœur des Douleurs. Où est la sœur des Douleurs ? Je veux voir auprès de moi celle dont les yeux ont vu Notre-Dame. » Puis elle fixa son regard sur la statue de Notre-Dame de Fatima qui se trouvait devant son lit, ferma doucement les yeux en souriant et exhala son dernier soupir, sans agonie.

À son retour, sœur Lucie apprit sa mort. Elle fondit en larmes et se rendit à la chapelle où elle fit un chemin de croix pour son repos éternel.

Quelques jours après, elle écrivait au Père Aparicio : « Ma très chère et très révérende Mère provinciale me manque terriblement. Mais la pensée qu’elle prie pour moi au Ciel me console. »

La mère Lemos donna à sœur Lucie la petite statue de Notre-Dame de Fatima, en métal, que mère Monfalim avait habituellement sur sa table de nuit : « Prenez-la. Quand mère Monfalim a compris qu’elle allait mourir, elle prit cette statue, l’embrassa et me la remit en disant : Donnez-la à sœur des Douleurs. Je confie sœur des Douleurs à Notre-Dame. Qu’on ne l’envoie plus à Pontevedra. ” »

(Sœur Lucie, confidente du Cœur Immaculé de Marie, par frère François de Marie des Anges, p. 237-238)