Méditations quotidiennes

Les bouquets spirituels de ce mois de juin
sont tirés de la vie et des œuvres de sainte Marguerite-Marie.

Dimanche 1er juin

Saint Justin, Sainte Angèle de Mérici

Ma chère Mère,

Que nous sommes heureuses de la grâce que le sacré Cœur nous fait de nous employer à le faire connaître et aimer ! Il me semble que je me devais abîmer de confusion et de reconnaissance, lorsque le jour de la fête du bien-aimé de notre cher Bien-Aimé, je vins à me ressouvenir que ce fut à tel jour que j’eus le bonheur incomparable de me reposer sur le sein de ce divin Époux, dont je suis si indigne, avec ce bien-aimé disciple, et qu’il me donna son Cœur, sa Croix et son amour : son Cœur pour être ma retraite, mon recours en tous mes besoins et mon ciel de repos parmi les orages et les tempêtes de cette mer, où la Croix doit être mon trône de gloire, où seulement je me dois réjouir, puisqu’il n’y a rien de bon pour moi que Jésus, l’amour et la Croix ; de plus son saint amour pour me purifier, consommer et transformer en lui.

Lettre à Mère de Saumaise, janvier 1685

Lundi 2 juin

Saint Pothin, sainte Blandine et leurs compagnons, Saints Marcellin, Pierre et Érasme

Je ne m’en sens plus, sinon de faire ce qu’il m’a dit tant de fois : « Laisse-moi faire. » De plus il a mis dans moi trois persécuteurs qui me tourmentent continuellement. Le premier, qui en produit deux autres ; c’est un si grand désir de l’aimer, qu’il me semble que tout ce que je vois devrait être changé en des flammes de son pur amour, afin qu’il fût aimé dans son divin Sacrement. Et ce m’est un martyre de penser qu’il y est si peu aimé, et qu’il y a tant de cœurs qui refusent son pur amour, le mettent en oubli et le méprisent. Si je l’aimais, du moins, mon cœur serait soulagé de sa douleur ; mais je suis la plus ingrate et infidèle de toutes les créatures, menant une vie toute sensuelle par l’amour de moi-même.

Je me sens continuellement pressée de souffrir, avec des répugnances effroyables en la partie inférieure, qui me rend mes croix si pesantes que je succomberais mille fois, si le Cœur de mon adorable Jésus ne me soutenait et assistait en tous mes besoins. Et toujours mon cœur demeure altéré de souffrir parmi mes souffrances continuelles ; et mon âme être séparée de son corps.

Lettre à Mère de Saumaise, 1682

Mardi 3 juin

St Charles Lwanga et ses compagnons, Ste Clotilde

Que tout votre désir soit d’aimer, honorer et glorifier ce divin et tout aimable Cœur. N’épargnez pour cela ni vos soins ni vos peines ; car c’est là le plus efficace moyen pour entrer dans son amitié et attirer sur vous et votre sainte communauté l’abondance de ses grâces sanctifiantes, et le règne de son ardente charité, dont il répandra l’onction dans vos cœurs par la pureté de son saint amour.

à mère Marie-Félicie Dubuysson, octobre 1688

Mercredi 4 juin

Sainte Clotilde, Saint François Caracciolo

Allez en solitude pour apprendre premièrement à vous changer entièrement, et à vivre de la vie de Jésus-Christ. Secondement pour conformer votre volonté à la sienne et à sa vie pauvre, vous vous quitterez vous-même, par un renoncement entier à tout ce qui pourrait donner quelque satisfaction à la nature. En troisième lieu, il faut faire état que si vous voulez posséder Jésus-Christ, et habiter dans son sacré Cœur, il faut ne vouloir rien posséder avec lui, et être content de lui seul. N’écoutez plus les sentiments de la nature immortifiée, ni les suggestions de l’amour-propre qui aime à avoir, à posséder, à garder, à amasser. Qu’il crie tant qu’il voudra, nous sommes au Cœur de Jésus-Christ, et il faut n’avoir que ce qu’il veut que nous ayons, et être content de son parfait dénuement. Aimons-le ce Cœur sacré, d’un amour de préférence qui nous dégoûte de tout le reste : lorsqu’il s’agira de lui plaire, plus d’excuse d’amour-propre, plus de respect humain, plus de prétexte. Il vaut mieux tout abandonner et tout perdre, que de perdre les bonnes grâces de ce Cœur adorable.

Défi pour l’Avent de 1685

Jeudi 5 juin

Saint Boniface

Mon Dieu ! ma chère Mère, que de plaisir d’être tout à lui, d’y faire sa demeure, et d’y établir tout le fondement de sa perfection ! C’est là où l’âme goûte un règne de paix inaltérable, regardant toutes les vicissitudes et troubles de la vie sans s’émouvoir ni se troubler de ces choses qui passent comme un songe, et qui pourtant nous seront profitables à mesure que nous les mépriserons, par une entière conformité au bon plaisir divin, qui ne permettrait jamais les contradictions affligeantes qui nous arrivent, s’il n’avait dessein par ces moyens de nous détacher des créatures et de nous-même, pour nous unir plus étroitement à lui comme à notre unique bien. Aimons-le donc, ma chère Mère, de toutes nos forces, et donnons tout à son amour, afin qu’il nous consomme et purifie de ses plus vives ardeurs, desquelles puissions-nous brûler éternellement dans l’ardente fournaise de ce divin Cœur !

À Mère Dubuysson, 22 octobre 1689

Vendredi 6 juin

Premier Vendredi du mois, Saint Norbert, Bx Marcellin Champagnat

Pourvu que ce divin Cœur soit content, aimé et glorifié, cela doit nous suffire. Et si vous désirez d’être du nombre de ses amies, vous lui offrirez donc ce sacrifice de vous-même, un premier vendredi du mois, après la communion, que vous ferez à cette intention, vous consacrant toute à lui, pour lui rendre et procurer tout l’amour, l’honneur et la gloire qui sera en votre pouvoir ; et tout cela en la manière qu’il vous l’inspirera.

Après quoi, vous ne vous regarderez plus que comme appartenante et dépendante de l’adorable Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, y ayant recours en toutes vos nécessités, et y établissant votre demeure, autant que vous le pourrez, et il réparera ce qu’il pourra y avoir d’imparfait dans vos actions et sanctifiera les bonnes, si vous vous unissez en tout à ses desseins, qui sont grands sur vous, pour se procurer beaucoup de gloire par vous si vous le laissez faire.

À Mère de Soudeilles, 3 novembre 1684

Samedi 7 juin

Premier Samedi du mois, Vigile de la Pentecôte, Bse Anne de Saint-Barthélémy, Apparition de saint Joseph à Cotignac

Ce divin Cœur est une source intarissable, où il y a trois canaux qui coulent sans cesse : premièrement, de miséricorde pour les pécheurs, sur lesquels découle l’esprit de contrition et de pénitence ; le second est de charité, qui s’étend pour le secours de tous les misérables qui sont en quelque nécessité, et particulièrement pour ceux qui tendent à la perfection ; [ils] y trouveront, par l’entremise des saints Anges, de quoi vaincre les obstacles ; du troisième, découlent l’amour et la lumière pour les parfaits amis qu’il veut unir à lui, pour leur communiquer sa science et ses maximes, afin qu’ils se consacrent entièrement à lui procurer de la gloire, chacun en sa manière ; et la Sainte Vierge sera la spéciale protectrice de ceux-ci, pour les faire arriver à cette vie parfaite. De plus, ce divin Cœur se rendra l’asile et le port assuré, à l’heure de la mort, de tous ceux qui l’auront honoré pendant leur vie, et les défendra et protégera.

Lettre au Père Croiset, 15 septembre 1689

Dimanche 8 juin

Fête de la Pentecôte, Bse Marie du Divin Cœur

Aimez constamment le sacré Cœur de Jésus-Christ ; demandez lui conseil en toutes vos difficultés, secours en toutes vos nécessités, en tout ce que vous ferez et souffrirez. Conformez-vous le plus qu’il vous sera possible à son humilité et à sa douceur envers le prochain, surtout envers ceux pour qui vous aurez le plus d’antipathie : soyez-leur cordiale et plus condescendante qu’aux autres. Aimez ceux qui vous humilient et contrarient, car ils sont plus utiles à votre perfection que ceux qui vous flattent. Soyez fidèle à la pureté d’intention ; mais sur toutes choses, je vous recommande de ne faire jamais aucune faute volontaire et de vous étudier en tout de vous rendre une parfaite fille de Sainte-Marie, qui vous rendra une vraie disciple du sacré Cœur de Notre-Seigneur, lequel je supplie de tout mon cœur de vous remplir tellement de lui-même que vous ne puissiez plus avoir d’autre souvenir en votre mémoire, ni connaissance en votre entendement, ni d’autre affection en votre volonté.

à une novice, peinée au sujet de sa vocation

Lundi 9 juin

Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, Saint Ephrem, Saints Prime et Félicien, Marie Médiatrice de toutes grâces

L’amour à notre chère abjection dans celui de Notre-Seigneur Jésus-Christ nous suffit, même pour honorer les mystères de sa sainte Mort et Passion, qu’il désire que nous honorions ; gardant ce sacré silence comme lui dans toutes les occasions d’humiliation et de souffrance, car je vous avoue que rien ne me charme tant que celui qu’il a gardé si exactement dans tout le cours de sa Passion, n’ouvrant la bouche à son imitation que pour prier pour ceux qui nous affligent.

Vous me demandez lequel des mystères de sa sainte Passion j’affectionne le plus. Je vous dirai simplement qu’après ce que je viens de vous dire, que c’est le Crucifiement, et de me tenir avec la très Sainte Vierge au pied de la Croix, ou sous le pied de la Croix, pour m’y attacher et unir à tout ce qu’il a fait pour nous. Mais enfin, chère amie, il nous faut maintenant toujours nicher dans son adorable Cœur, et n’en point sortir quoi qu’il arrive ; c’est un fort assuré et notre asile. Il ne nous abandonnera pas, comme je l’espère et l’en prie de tout mon cœur. Mais que nous lui sommes redevables à ce tout aimable Cœur de Jésus, de nous conduire par une voie si sûre comme est celle des humiliations dans l’amour à notre abjection ! Ne cherchons et ne désirons rien autre, puisque rien n’est plus propre à notre sanctification.

À sœur de la Barge, juin 1689

Mardi 10 juin

Dies Natalis de l’abbé Poppe, St Michel, ange gardien du Portugal, Ste Marguerite, Reine d’Écosse

Quand j’aurai le bonheur de recevoir Notre-Seigneur réellement, j’offrirai souvent au Père éternel les saintes dispositions du cœur de la Sainte Vierge au moment de l’Incarnation, lesquelles j’unirai à celles de son divin Fils, pour suppléer à celles qui me manquent pour le recevoir dignement. Et quand je l’aurai reçu, je l’offrirai à son Père éternel pour mon action de grâces, pour remerciement, louange, adoration et amour, le priant de réparer à ce moment tous les défauts de ma vie passée, et consommer en moi tous ses desseins, et d’y accomplir toutes ses volontés, lui demandant que, puisqu’il n’a jamais transgressé les lois que son amour lui a prescrites dans ce divin Sacrement, qu’il ne permette pas que je néglige l’observation de mes saintes Règles.

Conventions d’amour pour honorer le divin Cœur de Jésus

Mercredi 11 juin

Saint Barnabé

Une veille de communion, je demandai à mon Jésus d’unir mon cœur au sien, puisque c’était là toute ma prétention. Et, me disant comme se pourrait-il faire d’unir le néant au tout : « je sais que cela ne se peut que par votre amour ». Et, me faisant voir par la suprême pointe de l’entendement ce beau Cœur plus éclatant qu’un soleil et d’une infinie grandeur et un petit point qui ne semblait qu’un atome et qui était tout noir et défiguré, mais qui faisait tous ses efforts pour s’approcher de cette belle lumière. Mais, c’était en vain si ce Cœur amoureux ne l’eût attiré lui-même, en disant : « Abîme-toi dans ma grandeur et prends garde de n’en jamais sortir, parce que si tu en sors, tu n’y rentreras plus. » Et je trouve mon cœur tellement lié à l’oraison, que je suis quelquefois comme si je n’en avais plus de jouissance, et dans une paix si grande, que je n’ai d’autre inquiétude que de ne pas aimer mon Dieu et que je n’emploie pas bien mon temps en l’exercice de son saint amour.

Et, m’imaginant quelquefois que c’était le démon qui me tenait ainsi, je disais à Dieu : « Faites-moi connaître les ruses du démon afin que je les évite. » Mais mon Bien-Aimé m’a fait entendre que le démon ne pouvait connaître l’intérieur que lorsque l’on en donnait quelque signe extérieur et qu’il ne pouvait donner la paix à un cœur.

Écrits par ordre de la Mère de Saumaise

Jeudi 12 juin

Saint Jean de saint Facond

Vous aurez pour votre héritage le sacré Cœur de Jésus, où vous prendrez un amour d’enfant pour Dieu, de père pour le prochain, et de juge pour vous-même. Votre héritage sera la plaie de la main droite de Notre-Seigneur, où vous prendrez de quoi satisfaire pour tous vos défauts de charité et de pureté d’intention.

Votre héritage sera le jardin des Olives, avec Jésus triste jusqu’à la mort, qui sera le trésor pour payer toutes vos vaines joies. Son oraison sera pour réparer le temps perdu dans les vôtres, et pour obtenir la grâce d’un parfait don d’oraison et d’union avec Dieu.

Votre héritage sera Jésus au très Saint-Sacrement, où vous trouverez une manne cachée qui vous dégoûtera de toutes les choses de la terre, auxquelles vous préférerez la vie cachée et sacrifiée de Jésus au Saint-Sacrement.

Héritages spirituels

Vendredi 13 juin

Saint Antoine de Padoue, 2e Apparition de Notre-Dame de Fatima

Il me présenta son sacré Cœur comme une fournaise ardente où je me sentis jetée, d’abord pénétrée et embrasée de ses vives ardeurs qu’il me semblait m’aller réduire en cendres. Ces paroles me furent dites : « Voici le divin purgatoire de mon amour où il te faut purifier le temps de cette vie purgative ; puis, je t’y ferai trouver un séjour de lumière et ensuite d’union et de transformation. »

Après trois jours de vie purgative, j’ai été mise en un séjour de gloire et de lumière où moi, chétif néant, ai été comblée de tant de faveurs qu’une heure de cette jouissance est suffisante pour récompenser les tourments de tous les martyrs. Il épousa mon âme en l’excès de sa charité, mais d’une manière et union inexplicables, changeant mon cœur en une flamme de feu dévorant de son pur amour, afin qu’il consume tous les amours terrestres qui s’en approcheraient. Me faisant entendre que m’ayant toute destinée à rendre un continuel hommage à son état d’hostie et de victime au très Saint-Sacrement, je devais, en ces mêmes qualités, lui immoler continuellement mon être par amour d’adoration, d’anéantissement et de conformité à la vie de mort qu’il a dans la sainte Eucharistie.

Notes de retraite de 1684

Samedi 14 juin

Saint Basile le Grand

Notre-Seigneur me fit connaître que la plus agréable prière que je pouvais faire pendant ce saint temps de jubilé c’était de demander trois choses en son nom. La première : d’offrir au Père éternel les amples satisfactions qu’il a faites à sa justice pour les pécheurs sur l’arbre de la Croix, en le priant de rendre efficace le mérite de son Sang précieux à toutes les âmes criminelles à qui le péché a donné la mort afin que, ressuscitant à la grâce, elles le glorifient éternellement.

La deuxième : lui offrir les ardeurs de son divin Cœur pour satisfaire à la tiédeur de tant d’âmes lâches de son peuple choisi, en lui demandant que, par l’ardent amour qui lui a fait souffrir la mort, il lui plaise échauffer leur cœur tiède à son service et les embraser de son amour, afin qu’il en soit aimé éternellement.

La troisième d’offrir la soumission de sa volonté à son Père éternel pour lui demander, par les mérites d’icelle, la consommation de ses grâces et l’accomplissement de toutes ses volontés.

Écrits par ordre de la Mère de Saumaise

Dimanche 15 juin

Fête de la Très Sainte Trinité, Saints Guy, Modeste et Crescence, Sainte Germaine Cousin

« Ne te suffis-je pas ? Que crains-tu ? Un enfant autant aimé que je t’aime, peut-il périr entre les bras d’un Père tout-puissant ? »

Jésus est son Père tout-puissant, Jésus est son Époux passionné, Jésus est son Ami intime. C’est dire que les trois Personnes se font connaître à elle dans l’humanité sainte du Christ, sous les dehors de l’humanité sainte du Christ. C’est par l’humanité sainte du Christ – voilà qui est une réplique sanglante aux quiétistes et à tout philosophisme religieux, à toute fausse mystique – que son âme a des relations avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ce n’est pas dire que ce sont trois Noms d’une seule et même Personne, avec l’hérésie modaliste. C’est bien véritablement le Père, le Fils et le Saint-Esprit, trois Personnes distinctes, mais avec lesquelles elle a contact par l’humanité de Notre-Seigneur.

Comme il est dit dans le Cantique des cantiques selon saint Bernard : « Qu’Il me baise de sa bouche, de ses baisers. » C’est par le contact de sa bouche que l’épouse pense être en relation avec le Père. La bouche du Père, c’est le Fils. Les baisers, c’est le Saint-Esprit. Je vous l’ai expliqué dans notre retraite sur le Cantique des cantiques.

Notre Père, le Secret de Paray-Le-Monial, 1985

Lundi 16 juin

Saint Jean-François Régis

Qu’heureuses sont celles qui vivent toutes perdues et anéanties dans ce divin amour par un parfait oubli d’elles-mêmes ! L’amour à notre abjection est un souverain remède pour guérir les plaies que l’amour propre fait en notre cœur. Le mien est tout languissant de ce maudit amour. Mais demandons à l’aimable Cœur de notre bon Maître qu’il le consomme dans le feu sacré qu’il est venu apporter en terre, afin qu’il brûle sans cesse les cœurs de bonne volonté. Enfin, chère amie, il le faut donc aimer quoiqu’il nous en puisse coûter ; mais le pur amour veut tout ou rien. N’ayons donc plus de réserve avec lui, abandonnons-lui tout ce que nous sommes, sans nous mettre en peine de l’avenir, non plus que réfléchir sur nous-même ni sur notre incapacité. Il aura soin de pourvoir à tout pourvu que nous le laissions faire. Que craignez-vous pour lui disputer ainsi le sacrifice entier de votre cœur ? Il est déjà à lui ; mais il [le] veut posséder seul, c’est-à-dire vide de tout retour sur nous-même et libre, sans attache à quoi que ce soit, pour saint qu’il nous paraisse. Du moment qu’il nous l’ôte il faut demeurer contente et conforme à sa très sainte volonté, dans la nudité et pauvreté de plaisir, d’ami, de consolation, de talent et même de vertu ; demeurant ainsi soumise, à l’oraison et ailleurs, en l’accomplissement de son bon plaisir ; nous réjouissant lorsqu’il se trouve en l’anéantissement de tout ce que nous sommes et de toute satisfaction. Notre cœur est si petit qu’il ne peut contenir deux amours, et n’étant fait que pour le divin, il n’a point de repos lorsqu’on y fait quelque mélange.

À la sœur de la Barge, 5 janvier 1689

Mardi 17 juin

Saint Grégoire Barbarigo

Ce divin Cœur désire donc, ce me semble, entrer avec pompe et magnificence dans la maison des princes et des rois pour y être honoré autant qu’il y a été outragé, méprisé et humilié en sa Passion, et qu’il reçoive autant de plaisir de voir les grands de la terre abaissés et humiliés devant lui, comme il a senti d’amertume de se voir anéanti à leurs pieds. Et voici les paroles que j’entendis au sujet de notre roi : « Fais savoir au fils aîné de mon sacré Cœur, que comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de ma sainte Enfance, de même il obtiendra sa naissance de grâce et de gloire éternelle par la consécration qu’il fera de lui-même à mon Cœur adorable, qui veut triompher du sien, et par son entremise de celui des grands de la terre. Il veut régner dans son palais, être peint dans ses étendards et gravé dans ses armes, pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis, en abattant à ses pieds ces têtes orgueilleuses et superbes, pour le rendre triomphant de tous les ennemis de la sainte Église. »

À mère de Saumaise, 17 juin 1989

Mercredi 18 juin

Saint Ephrem le Syrien

Pourvu qu’il se contente, cela nous doit suffire. Aimons-le donc, cet unique amour de nos âmes, puisqu’il nous a aimées le premier, et qu’il nous aime encore avec tant d’ardeur qu’il en brûle continuellement au très Saint-Sacrement. Et il ne faut que l’aimer, ce Saint des saints, pour devenir saintes. Qui nous empêchera donc de l’être, puisque nous avons des cœurs pour aimer et des corps pour souffrir ! Mais, hélas ! peut-on souffrir quand on aime ? Non, chère amie, il n’y a plus de souffrance à ceux qui aiment ardemment le sacré Cœur de notre aimable Jésus, parce que les douleurs, les humiliations, mépris et contradictions, et tout ce qu’il y a de plus amer en la nature, est changé en amour dans cet adorable Cœur, lequel veut être aimé sans mélange. Il veut tout posséder sans réserve, et il veut tout faire en nous, sans résistance de notre part. Livrons-nous donc à son pouvoir, confions-nous en lui, laissons-le faire, et nous verrons qu’il y emploiera immanquablement tous les ouvriers nécessaires à notre perfection ; en telle sorte que la besogne sera bientôt faite, pourvu que nous n’y apportions point d’obstacles. Car souvent, pour vouloir trop faire nous gâtons tout, et nous le contraignons de nous laisser faire, et de se retirer fâché contre nous. Ah ! que celui qui l’aime parfaitement n’a garde de lui résister !

À la sœur de la Barge, 22 octobre 1689

Jeudi 19 juin

Fête du Très Saint-Sacrement, Saint Romuald, Sainte Julienne de Falconieri

Le Seigneur vous destine à honorer sa vie de gloire au Saint-Sacrement. C’est pourquoi il veut que vous fassiez votre trône sur la Croix, pour le glorifier, en portant amoureusement toutes celles qu’il vous présentera, sans jamais vous lasser ni plaindre de leur longueur ou pesanteur, les prenant indifféremment, sans choix. Et, comme une victime, abandonnez-vous à être égorgée pour la gloire de votre roi ; c’est-à-dire qu’il faut faire mourir toutes vos promptitudes, ressentiments et répugnances, si vous voulez qu’il vous fasse triompher dans son sacré Cœur pendant l’éternité. Cinq pratiques que vous lui présenterez lorsque vous le visiterez au Saint-Sacrement. Vous garderez une demi-heure de silence pour honorer celui de Jésus-Christ en croix. (à suivre)

Les diverses vies de Notre-Seigneur au Saint-Sacrement
pour passer saintement son octave

Vendredi 20 juin

Saint Sylvère

Puisque le Seigneur vous a choisie pour honorer sa vie cachée au Saint-Sacrement, il faut, comme morte, vous ensevelir si avant dans son sacré Cœur, que vous ne désiriez plus d’être vue que de lui seul ; et tout votre plus grand soin doit être de cacher dans ce sacré Cœur tout le bien que vous ferez afin qu’il ne vous soit dérobé. Tâchez de vivre inconnue ; et lorsque vous irez devant le Saint-Sacrement, prenez soin de lui présenter chaque fois cinq pratiques d’anéantissement de tout ce qui vous pourrait attirer la vaine estime des créatures, disant : Quotidie morior. Vous garderez une demi-heure de silence pour honorer celui de Jésus devant Pilate. (à suivre)

Samedi 21 juin

Saint Louis de Gonzague

Le Seigneur vous choisit pour honorer sa vie sacrifiée au Saint-Sacrement. C’est pourquoi il vous faut offrir à son sacré Cœur, comme une hostie d’immolation à son divin sacrificateur, qui n’a autre désir que de se sacrifier à tous ses desseins, pour rigoureux qu’ils paraissent à la nature. Et il veut que vous sacrifiiez tout le plaisir que vous prenez d’aimer et d’être aimée, approuvée et estimée des créatures, les bannissant de votre cœur, si vous voulez faire régner celui de Jésus-Christ, auquel vous ne pouvez entrer que par un entier dénuement de tout ce que vous affectionnez hors de lui. Vous lui en offrirez cinq pratiques toutes les fois que vous irez devant le Saint-Sacrement. Vous garderez une demi-heure de silence pour honorer celui de Jésus-Christ devant Hérode. (à suivre)

Dimanche 22 juin

Solennité du Très Saint-Sacrement, Sts John Fisher et Thomas More, Saint Paulin de Nole

Le Seigneur vous appelle pour honorer sa vie de grâce. Il faut fuir tout ce qui vous la pourrait faire perdre, vous offrant à lui comme une esclave devant son libérateur, ne vous réservant plus d’autre liberté que celle de l’aimer, par le mépris de tout le reste. Et si voulez qu’il vous aime, fortifiez votre langue, et la tenez captive, afin qu’elle ne s’échappe contre la charité ou l’humilité, soit en vous excusant ou vous louant. Vous ferez attention d’en offrir cinq pratiques toutes les fois que vous irez devant le saint Sacrenent. Vous garderez une demi-heure de silence pour honorer celui de Jésus-Christ en l’étable de Bethléem. (à suivre)

Lundi 23 juin

Le Seigneur vous a choisie pour honorer sa vie humiliée au Saint-Sacrement. C’est pourquoi vous vous offrirez à lui comme le néant devant son tout. Toute votre attention doit être de vous humilier, et faire votre plaisir que les autres vous aident à le faire. N’évitez rien de tout ce qui vous peut rendre plus vile et abjecte devant les créatures ; car c’est ce qui vous doit unir au Cœur de Jésus-Christ, auquel vous présenterez cinq pratiques d’humilité toutes les fois que vous irez devant le Saint-Sacrement. Vous garderez une demi-heure de silence pour honorer celui de Jésus-Christ parmi les injures qu’on lui fit en sa passion. (à suivre)

Mardi 24 juin

Nativité de saint Jean-Baptiste

Le Seigneur vous a choisie pour honorer sa vie d’opération au Saint-Sacrement. C’est pourquoi il vous faut, en qualité de servante fidèle, vous faire violence, pour travailler fervemment au service de votre Maître, qui ne récompensera vos actions qu’à la mesure de votre amour, par lequel il vous unira à son aimable Cœur. Votre attention sera de faire chaque action selon l’esprit de la règle, comme la dernière de votre vie, pour réparer les manquements que nous y avons commis dans les autres actions. Vous tâcherez d’acquérir le silence intérieur et extérieur, autant que vous le pourrez, parmi les occupations de la vie, disant souvent : Jésus autem tacebat. Vous garderez une demi-heure de silence pour honorer celui de Notre-Seigneur au jardin des Olives. (à suivre)

Mercredi 25 juin

Saint Guillaume

Puisque le Seigneur désire que vous honoriez sa vie de consommation au Saint-Sacrement, il vous faut tenir comme un cierge ardent qui n’a autre désir que se consommer en l’honorant, afin que sa grandeur vous élève en vous abaissant. Vous vous abandonnerez à la merci de la Providence, lui laissant faire de vous selon ses désirs ; et cet abandon vous fera retrancher toute vaine curiosité sur les actions d’autrui, ne désapprouvant que vous-même ; et ce divin Cœur aura soin de vous selon la mesure de votre confiance et abandon à son amour. Vous garderez une demi-heure de silence pour honorer celui de Notre-Seigneur au Saint-Sacrement. (à suivre)

Jeudi 26 juin

Octave du Très Saint-Sacrement, Saints Jean et Paul

Vous serez la Sulamite, épouse bien-aimée qui honorerez la vie d’amour de Jésus-Christ au Saint-Sacrement. C’est pourquoi vous devez faire attention à vous rendre toute pure et innocente pour plaire à ce divin Époux, n’ayant autre but ni vue en tout ce que vous ferez, lui donnant tout sans réserve. Si vous voulez qu’il se donne à vous, et si vous désirez goûter la douceur de ses amoureux entretiens, il faut bannir toute réflexion d’amour-propre, tout respect humain. Et toutes les fois que vous visiterez le Saint-Sacrement, vous lui en offrirez cinq pratiques. Vous garderez une demi-heure de silence pour honorer celui de Notre-Seigneur au désert.

Les diverses vies de Notre-Seigneur au Saint-Sacrement
pour passer saintement son octave

Vendredi 27 juin

Fête du Sacré-Cœur, Saint Cyrille d’Alexandrie, ND du Perpétuel Secours

Vive Jésus dans le cœur de ses fidèles amantes qui désirent consacrer leurs actions pour rendre hommage à son sacré Cœur au Saint-Sacrement ! Premièrement, le matin après nous être mises sous la protection de la Sainte Vierge, nous la prierons de nous offrir à Jésus-Christ au très Saint-Sacrement, pour rendre hommage à l’offrande qu’il y fait de lui-même à son Père éternel ; unissant nos âmes à la sienne, afin qu’il les préserve du péché ; nos cœurs à son Cœur, afin qu’il y consomme tout ce qui lui déplaît. Il faut ainsi unir tout ce que nous sommes à ce qu’il est, et le prier de suppléer à ce qui nous manque.

Nous unirons notre oraison à celle que Jésus fait au Saint-Sacrement pour nous ; et, à la fin, nous offrirons à Dieu celle de son divin Fils, pour réparer les défauts et pertes de temps de celle que nous venons de faire.

À l’office nous unirons nos louanges à celles de Jésus, et tâcherons d’entrer dans ses saintes intentions et dans son ardente pureté, afin qu’il soit partout notre supplément auprès de son divin Père.

Conventions d’amour pour honorer le divin Cœur de Jésus

Dimanche 29 juin

Solennité de la fête du Sacré-Cœur, Saint Pierre et saint Paul

Ah ! mon cher frère, que rendrons-nous au Seigneur pour les grands biens qu’il nous fait, car il ne tiendra pas à lui que vous ne soyez un saint et que notre famille ne soit sainte !.. mais j’ose dire qu’il le veut et que, de notre part, il ne faut rien épargner pour seconder ses desseins ; c’est pour cela qu’il nous manifeste la dévotion de son sacré Cœur, qui contient des trésors incompréhensibles, qu’il veut être répandus dans tous les cœurs de bonne volonté, car c’est un dernier effort de l’amour du [Seigneur] envers les pécheurs pour les attirer à pénitence et leur donner abondamment ses grâces efficaces et sanctifiantes pour opérer leur salut, dont plusieurs, par ce moyen, seront retirés de l’abîme de perdition, mais malheur à ceux qui n’en voudront profiter ! Demandons-lui bien que son règne s’établisse dedans tous les cœurs. Contribuons-y de tout notre pouvoir ; n’épargnons pour cela ni les biens ni la vie. Enfin je ne saurais finir avec vous, quoique je vous puisse dire confidemment que l’on m’accable d’écriture et si je ne fais de réponse que le moins que je peux, il me semble être inutile de vous dire que je prie pour vous, puisque ce divin Cœur nous a unis en lui par son saint amour dans lequel je suis toute à vous.

À son frère le maire, juin 1689

Lundi 30 juin

Premiers martyrs de l’Église de Rome, Saint Ostian (Vivarais), Commémoraison de saint Paul

Vous vous mettrez dans ce sacré Cœur comme une victime qui se présente à son sacrificateur, pour être égorgée et immolée sur l’autel de son pur amour, qui la doit consommer comme un holocauste de ses divines flammes, afin qu’il ne lui reste plus rien d’elle-même, et quelle puisse dire avec saint Paul : « Non, ce n’est plus moi qui vis, mais c’est Jésus et son pur amour qui vit en moi. C’est en lui et pour lui que j’agis, et c’est son sacré Cœur qui vit et agit pour moi, qui aime pour moi, et qui répare tous mes défauts ». Faites en ce jour toutes [vos] actions en esprit d’humilité.

Défi : demeures dans le Sacré-Cœur