8 DÉCEMBRE 2017 - IMMACULÉE CONCEPTION

Contempler et imiter le Cœur Immaculé de Marie

Ô mon Dieu, Je vous adore avec les sentiments les plus profonds d’admiration, de louange, de dévotion, d’amour. En cette fête de l’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie, je veux associer à tous ces mouvements de religion, à tous ces élans de mon cœur, la Vierge Marie, votre Mère, votre Épouse, l’œuvre de votre plus grand amour à travers les siècles et pour l’éternité, comme le rayonnement et l’expression de votre gloire éternelle.

« Qui me voit, voit le Père » dit Jésus à Philippe. Mais aussi « Qui voit la Mère voit le Fils et qui voit le Fils voit le Père » : par conséquent à nous qui contemplons le visage de la Vierge Marie dans ses multiples apparitions, c’est votre propre Face qu’il nous est donné de contempler, sous son aspect le plus doux, le plus compatissant, le plus miséricordieux.

Pour que je ne m’égare pas dans les subtilités de mes illusions, vous avez voulu que cette Vierge sainte apparaisse dans notre ciel, à Fatima, et qu’il y ait des témoins oculaires et une leçon, une implacable vérité bien faite pour nous exciter à la conversion.

Que nous redit-elle, cette Vierge, au 20e siècle, sinon ce que vous avez dit, Jésus, au début de votre vie évangélique, ce qu’a dit aussi Jean-Baptiste : « Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous. » Parole sévère et pourtant parole tendre et généreuse. Pour nous faire comprendre cette leçon et l’aimer afin de la recevoir et de l’accomplir, c’est le Cœur de Marie que vous nous présentez, ô mon Dieu.

« Comment, pécheurs, avez-vous la cruauté de l’injurier et de le blesser ? Je vous ai révélé mon Cœur, mais vous n’avez eu pour lui qu’ingratitude et indifférence... Voici le Cœur d’une femme, d’une vierge, de celle que je vous ai donnée pour Mère, ce Cœur du moins, vous le respecterez. »

Mais le Cœur de la Vierge Marie se plaint aussi par sa douce voix des péchés du monde qui lui font tant de peine. Je pense à mes propres fautes, à tout ce qui en moi s’oppose à la loi de mon Dieu, et blesse le Cœur Immaculé de ma Mère, recherche de moi-même, satisfaction de moi-même qui est l’imperfection contre laquelle les âmes consacrées doivent toujours lutter pour être saintes dans leur vocation. Qu’ainsi, détournant les regards de l’humanité en péril, je préfère vous contempler, ô Vierge Marie pour admirer votre Cœur Immaculé, ne me considérant que pour me mépriser ou mieux encore me détacher de moi-même, me désapproprier.

Ô Vierge Marie, modèle des âmes contemplatives et religieuses, toute pure, libérée de toute recherche, de toute estime, de toute considération de vous-même, vous êtes immaculée, parce que toute aimante, toute rapportée au Père, au Fils et au Saint-Esprit, ne vous souciant pas de vous-même, ne vous étant jamais attachée à la considération ni de vos grandeurs, ni de vos petitesses, ni de vos malheurs, ennuis, avantages, intérêts, dans une pureté si grande d’intention qu’elle nous est difficile à comprendre. Jamais vous ne vous êtes interrogée sur le degré de vos imperfections, sur vos humeurs, sur la considération des autres par rapport à vous trois. C’est vous, la totalement oublieuse de vous-même qui nous apparaissez en ce 20e siècle pour nous apprendre l’amour de Dieu qui régénère les âmes.

« Cessez, ô hommes, de vous rendre un culte ; considérez la simplicité, la pureté de mon Cœur, et au lieu de l’outrager par vos contradictions, soyez doux et humbles à la ressemblance du Cœur de votre Mère afin de plaire à Dieu. »

Je vois comment les enfants de Fatima ont bien reçu la leçon de ces apparitions, le 13 de chaque mois, de mai à octobre 1917. Ils n’ont pas eu de retour sur eux-mêmes pour se plaindre ni pour se faire valoir, mais ils n’ont eu de pensée que pour vous, ô Vierge Marie, pour votre peine et pour les pécheurs qui allaient en enfer. Ils ont multiplié pour eux prières et sacrifices jusqu’au moment de leur mort. Je vois bien aussi que cela a été la règle profonde de la vie de Lucie. Elle ne méconnaissait certes pas les conditions objectives du salut du monde, mais elle est restée fixée sur l’essentiel : la prière, la conversion du monde, la sanctification des justes et en particulier des âmes consacrées.

Je veux donc avoir avec votre secours, ô ma très Sainte Mère, – du moins aujourd’hui – cet oubli de moi-même que vous me demandez, sachant bien que c’est là la fidélité essentielle à ma vocation comme aussi le dernier degré de ma perfection, afin que notre Père du Ciel puisse faire de moi ce qu’Il veut. Et pour cela, je demeurerai le plus que je pourrai en contemplation de vos apparitions, sur ce petit chêne vert, d’où vous rayonnez jusqu’aux extrémités du monde et pour le siècle tout entier. Vous êtes terrible comme une armée rangée en bataille, dit le psaume, aussi bien vous êtes douce et maternelle pour vos enfants.

Voilà de quoi nous donner confiance au milieu des peines, au milieu même de nos infirmités. Ayant à la main le Rosaire qui est comme le lien qui nous unit à vous, nous serons alors certains de n’être jamais séparé de vous, car lorsque nous le récitons, c’est comme si vous teniez cette chaîne d’une main et nous de l’autre. Nous savons bien que ce n’est pas votre main qui le lâchera.

Abbé Georges de Nantes
Extraits de l’oraison du 22 août 1977