30 DÉCEMBRE 2018 - SAINTE FAMILLE

La foi de Saint Joseph, époux de l’Immaculée

EN cette fête de la Sainte Famille, il nous est bon de revenir à la crèche pour méditer sur la foi de saint Joseph, Époux de l’Immaculée.

Saint Joseph est le “ juste ”, peut-être le seul de sa génération. Au milieu de l’apostasie générale des “ derniers temps ” de l’Ancien Testament, il est “ à part ”. Pas comme l’Immaculée. Il est pécheur, il est né pécheur comme tous les fils d’Adam, mais il n’est pas “ resté ” dans la voie des pécheurs. Il s’en est écarté, à force de prier et de méditer la Loi de Yahweh : « Mais qui prend son plaisir dans la Loi de Yahweh, et murmure sa Loi jour et nuit. »

Si un homme a été heureux de cette façon, c’est Joseph ! Quand il a vu que Marie était enceinte, il a marché sur son cœur pour obéir à la Loi et la renvoyer... et il a été récompensé de cette obéissance : « Alors qu’il avait formé ce dessein, voici que l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit-Saint ; elle enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. ” » (Mt 1, 20-21)

Joseph a cru à la parole de l’Ange : il ne se l’est pas fait dire deux fois, à la différence de Zacharie ! « Sans raison, sans prudence, sans propre volonté », mais pour l’amour de Marie, par Marie, en Marie, avec Marie ! Si Abraham est donné comme le père des croyants, à plus forte raison saint Joseph : Abraham a cru, sur la parole de l’ange de Yahweh, que Sarah, sa femme stérile, lui donnerait un fils. Joseph a cru sur la parole de l’Ange à la maternité divine de la Vierge, son épouse.

Saint Joseph « qui est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne son fruit en son temps, et son feuillage ne se flétrit pas. Tout ce qu’il produit fait réussir. » (Ps 1, 3)

Demandez à tous ceux qui ont recours à saint Joseph : c’est vérifié ! Ce « ruisseau », c’est cette eau vive que nous voyons sourdre du rocher, ici, figure de ce que notre Père a nommé « circumincessante charité ». Le mot exprime le mouvement perpétuel d’une affection et d’un dévouement mutuels si agissants qu’il se fait accueillant à toute âme désireuse d’y prendre part parce que c’est un amour dérivé du Cœur Immaculé de Marie et qui y retourne, avec son fruit, la moisson, la vendange, si c’était possible, de toute la famille humaine, du moins de tous ceux que Dieu notre Père a élus pour enfants de Marie, et qui seront sauvés par sa médiation. À commencer par saint Joseph, homme juste, non pas seulement enfant de Marie mais son époux véritable et chaste, et mystérieusement père de Jésus.

Jésus, Marie, Joseph, Trinité humaine dont les relations sont semblables aux processions de la Trinité divine.

Saint Joseph, image de notre très chéri Père Céleste, c’est Adam rentré en grâce. C’est aussi Abraham. C’est encore tous les bons serviteurs de Jésus et Marie qui le prendront pour modèle dans la suite des temps, tel notre Père, tel le Saint-Père représenté ici pleurant son reniement, comme saint Pierre...

L’Immaculée est à la fois l’Épouse et la Mère de cet Enfant qui est de Dieu, comme la présence de saint Joseph nous le garantit avant même que la révélation divine nous l’enseigne.

Marie est remplie d’un immense amour pour saint Joseph, mais non pour ce qu’on croirait, à savoir qu’elle tient de lui la gloire de sa maternité, au contraire, c’est de n’en pas être l’auteur mais le serviteur, et l’accompagnateur bienheureux, qu’il se voit ainsi aimé d’Elle.

Saint Joseph est le modèle de notre foi, en ces temps d’apostasie où Dieu présent dans tous les tabernacles de la terre est plus abandonné qu’au jour où il naquit dans une étable, dans un dénuement extrême.

Saint Joseph a cru que c’était là celui auquel Yahweh disait : « Tu es mon Fils. Moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. » (Ps 2, 7) Imaginez sa méditation devant la mangeoire d’animaux où est couché son Enfant Jésus : C’est là celui que le Père éternel engendre de toute éternité dans la splendeur des saints ! Celui que l’Esprit de Dieu a formé dans le sein virginal de Marie ! L’ange du Seigneur m’a dit qu’il serait grand. Jamais enfant du dernier des hommes naquit-il dans un état si pauvre, si humiliant ? Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime, en Marie, par Marie, avec Marie, pour Marie que vous m’avez donnée pour épouse.

Joseph voyait Jésus dans sa mangeoire d’animaux, et il le crut Créateur des mondes ; il le vit naître, et il le crut éternel ; il le vit couché sur de la paille, et il l’adora comme le Dieu de gloire ; il berça dans ses bras ce petit Enfant si faible, et il reconnut en lui le Dieu de majesté qui soutient le monde par la force de sa Parole ; il l’entendit pleurer sans cesser de le croire la joie du paradis ; il l’aida à faire ses premiers pas, il lui apprit à bégayer les louanges de Dieu son Père, et il le crut la Sagesse infinie, le Verbe de Dieu ; il lui apprit un métier méprisable aux yeux des hommes ; enfin, il lui commanda pendant trente ans, et il l’honora comme le Dieu des armées qui appelle les étoiles par leur nom et auquel des myriades d’anges sont heureux d’obéir.

Joseph est ce juste par excellence qui vit de la foi ; toute sa vie n’a été qu’un exercice continuel de cette vertu. Le Sauveur est à peine né depuis quelques jours dans l’infirmité de notre chair, et voilà qu’un ange vient du Ciel éveiller Joseph en sursaut et lui dire, comme pressé par un péril imprévu : « Fuyez vite, partez cette nuit avec la Mère et l’Enfant, et sauvez-vous en Égypte. »

Joseph, sans hésiter, fuit en Égypte et, quelque temps après, le même ange revient à lui : « Revenez, lui dit-il, en Judée, car ceux-là sont morts qui cherchaient l’âme de l’Enfant. » Il sait que le propre de la foi est de soutenir l’espérance contre toute espérance ; il s’abandonne à Dieu en simplicité, et il exécute, sans raisonner, tout ce que Dieu commande.

L’apôtre saint Pierre confessera la divinité de Jésus-Christ, après lui avoir vu changer l’eau en vin, multiplier les pains et ressusciter les morts, et le Sauveur le proclamera bienheureux et lui confiera le soin de son Église. Joseph adore le Fils de Marie comme son Seigneur et son Dieu, après lui avoir sauvé la vie au péril de la sienne et l’avoir nourri, pendant trente ans, de son pain à la sueur de son front.

Demandons à saint Joseph, économe et dispensateur des dons de Dieu, de nous obtenir une foi semblable à la sienne par la puissante médiation de la divine Marie.

Frère Bruno de Jésus-Marie
Extraits de l’oraison du 10 janvier 2010