Précieux avis pour acquérir une douce
familiarité avec le Sacré-Cœur de Jésus

EN cette fête patronale de nos communautés de petits frères et petites sœurs du Sacré-Cœur de Jésus, il nous est bon de méditer les précieux avis pour acquérir une douce familiarité avec le Sacré-Cœur de Jésus que nous devons à la princesse Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé, en religion mère Marie-Josèphe de la Miséricorde, qui fonda les “ Bénédictines du Temple ”, vouées à « la Réparation, au moyen de l’Adoration perpétuelle, du forfait que commit la France en brisant le pacte sacré qui la liait à Dieu »...

« Rien n’est plus propre à opérer l’union sainte avec le Sacré-Cœur de Jésus qu’une familiarité aussi intime que respectueuse avec lui. Pensons que notre divin Sauveur, non seulement permet cette union, mais même qu’il la commande : “ Venez à moi, dit-il. ” Et à qui s’adressent ces mots si encourageants ?... à tous... mais surtout à ceux qui sont fatigués et chargés... allons donc à lui dans tous les temps, et dans toutes les occasions, allons-y dans l’adversité et dans la prospérité, dans la maladie et dans la santé, dans la tiédeur et dans la ferveur. C’est auprès de lui, que dis-je ? c’est en lui que nous trouverons tout ce dont nous pouvons avoir besoin.

« Persuadons-nous bien que sans le secours de ce Divin Cœur, centre de tous les biens, sans ses mérites infinis, sans son indicible bonté, nous ne pouvons rien, nous ne sommes rien : – Eh ! dans quels instants penserions-nous donc ne pas avoir besoin de Jésus et de son amour ?... Et si nous en avons sans cesse besoin, pourquoi négligerions-nous, à notre très grand détriment, de nous adresser à lui avec toute la confiance qu’il mérite et qu’il veut bien nous commander ? Ah ! bannissons toute crainte et toute réticence vis-à-vis du Cœur de cet adorable Ami !

« Voici comme il me fait concevoir la douce familiarité qu’il nous permet et qui peut nous procurer le bonheur ineffable de lui être unis dans le temps et dans l’éternité ; mais pour parvenir, à cette intime familiarité, disons d’abord qu’il faut éviter avec grand soin de ne jamais sortir de nous-mêmes, soit par une douleur qui passe les bornes de la résignation, soit par une joie excessive, soit par une gaieté bruyante, soit enfin par une dissipation d’esprit qui trop souvent devient une habitude, et qui entraîne toujours plus qu’on ne croit, quels qu’en soient les motifs. Après ce premier avis général, Dieu, dans sa bonté, m’inspire de me donner à moi-même ceux qui vont suivre.

« 1° Il faut descendre le plus souvent possible au fond de son cœur, pour s’y approcher de celui de Jésus-Christ, qui veut bien s’y rendre dès que nous l’y appelons avec foi, confiance et amour, et, pour ainsi dire, se coller à lui dans toutes les occasions, surtout dans les temps de prières : par-là, elles acquerront un prix que par nous-mêmes nous ne pouvons leur donner. Seigneur, dirons-nous, c’est par le Cœur de votre Divin Fils que nous vous louons ; c’est en union avec lui que nous vous bénissons... Et comment alors ne recevra-t-il pas nos louanges et notre amour ?...

« 2° Il faut se coller à lui, quand nous nous mettons à l’oraison. Ne cherchons point à y concevoir de belles pensées, à y faire de subtils raisonnements... Recueilli dans le Sacré-Cœur de Jésus, et par un mouvement d’amour le pressant contre le nôtre, offrons l’oraison continuelle qu’il fait dans le très Saint-Sacrement de l’autel, nous unissant, de tout notre pouvoir, à ses sentiments et à ses sacrées intentions connues et non connues...

« 3° Il faut se coller à lui, quand nous nous approchons du sacrement de pénitence, pour emprunter du Cœur adorable de Jésus la douleur et la détestation de nos péchés, nous unissant à toute celle que lui-même en a conçu lorsqu’il les prévit au jardin des Olives, et ainsi, nous l’offrirons au Père éternel pour suppléer à notre tiédeur naturelle.

« 4° Il faut encore descendre au fond de notre cœur, pour y chercher celui de Jésus-Christ, pour l’y appeler, et nous y coller, lorsque nous avons le bonheur d’assister au Saint-Sacrifice de la messe ; nous le pouvons faire le plus dignement possible par un seul mot, mais senti profondément dans le centre de l’âme, c’est le mot Amen ; “ mot mystérieux, a dit une grande servante de Dieu (Catherine de Bar), qui est un aveu et un consentement parfait que l’âme donne à tout ce que Dieu fait dans son Église, et à tout ce que l’Église fait envers Dieu... ”

« 5° Il faut surtout s’appuyer sur Jésus-Christ, et nommément sur son Divin Cœur, dans tous les moments de peine, les unissant à celles qu’il a reçues de la part de tous les ingrats qui l’ont outragé, et les recevant de sa main, comme des moyens de lui marquer notre amour, comme une diminution de celles que nous éprouverions en Purgatoire ; reconnaître sa justice et l’adorer, s’abandonner à sa sainte volonté, en lui demandant pour cela les grâces nécessaires ; ne point nous glorifier de notre patience, de notre résignation, ou de toute autre vertu, si, aidés de la grâce, nous sommes assez heureux pour en pratiquer quelqu’une ; mais croire et sentir qu’elles sont des dons de Dieu, et l’en remercier avec reconnaissance et humilité.

« Si, au contraire, nous craignons de succomber, soit physiquement, soit moralement, aux maux qui nous accablent, il faut nous unir avec plus de force encore au Sacré-Cœur de Jésus-Christ pour lui demander son secours de la manière qu’il jugera à propos de nous l’accorder ; crier souvent, et avec force après lui comme la Cananéenne, comme l’aveugle-né, sans craindre de l’importuner, sans même rougir vis-à-vis de lui de notre faiblesse... Au contraire, montrons-la-lui tout entière.

« Point de réticence, point de détours avec l’adorable Ami... Découvrons-lui donc nos plaies de tout genre, nos afflictions, nos sensibilités, nos humiliations ; et, en un mot, mettons à ses pieds notre cœur navré, blessé, englouti dans les flots de l’amertume ; mettons-y jusqu’à nos imperfections ; faisons observer à Jésus-Christ l’excès de la tempête ; écrions-nous : “ Sauvez-nous, Seigneur, car nous périssons ! ” avançons la main et saisissons la sienne qu’il ne retire pas ; disons-nous à nous-mêmes : il ne nous a pas refusé son sang, nous refusera-t-il sa grâce ?

« Ne craignons donc point de solliciter des grâces, et d’en attendre de la bonté divine par le très Sacré-Cœur de Jésus. S’il nous accorde nos demandes, mettons tous nos soins à lui en marquer notre reconnaissance, surtout par une grande fidélité à tous nos devoirs extérieurs et intérieurs.

« Si dans sa sagesse, au contraire, il nous refuse, adorons et bénissons la justice divine, en nous soumettant à ses décrets et à sa sainte volonté, demeurant néanmoins bien persuadés que notre confiance a plu au Seigneur, et qu’il nous en tiendra compte de manière ou d’autre, “ parce qu’il n’est pas seulement, dit sainte Thérèse, le Dieu des miséricordes, mais la miséricorde même ”.

Frère Bruno de Jésus-Marie
Extraits de l’oraison de  du 18 juin 2004