dimanche 5 octobre 2025

« Nous sommes des serviteurs inutiles »

Si nous voulons plaire à Dieu, il nous faut garder l’humilité et reconnaître que nous sommes des serviteurs inutiles dans ce combat terrible qui nous oppose aux naufrageurs de l’Église.

L'abbé Georges de Nantes en 1988Les saints ont toujours aimé les humiliations. Ainsi, saint Louis-Marie Grignion de Montfort : quand un prêtre s’en prenait à lui, du haut de la chaire et le dénonçait au vu et au su de toute la paroisse comme un prêtre indigne, un prêtre de mauvaise conduite, quand son détracteur descendait de la chaire, saint Louis-Marie s’approchait de lui et l’embrassait avec tendresse en le remerciant, et le curé de crier : « Ou c’est un saint ou c’est le dernier des hypocrites ! » Eh ! oui, c’était un saint, ce n’était pas un hypocrite.

Les saints sont comme cela, ils aiment l’humiliation, ils aiment être méprisés, ils aiment l’abjection. Nous, nous ne sommes pas des saints, mais il faut savoir se calmer, prendre exemple sur eux, les imiter.

Nous sommes humiliés. Et vous peut-être d’une manière plus douloureuse encore à cause de votre solitude dans votre entourage familial ou professionnel hostile. Mais il est bon de dire que nous tombons de haut, peut-être parce que nous étions trop fiers de notre réussite ; il est certain que depuis vingt-cinq, trente ans, nous avons construit une œuvre, c’est vrai. Certains d’entre vous disent : nous étions des enfants gâtés et des parents présomptueux ; alors, il nous est bon d’être humiliés.

Je pense à un proverbe de la Bible, que j’ai bien souvent médité et qui dit ceci : « Avant la ruine, le cœur de l’homme s’élève, mais l’humiliation précède la gloire. »

« Avant la ruine, le cœur de l’homme s’élève », on finirait par se croire quelqu’un, mais la ruine survient qui nous est une bonne leçon ; « mais l’humiliation précède la gloire. » Aujourd’hui, nous sommes au fin fond de l’humiliation, il faut le reconnaître.

Que sommes-nous à la CRC ? Une petite poignée de bons chrétiens dans une immense humanité apostate. Alors comment pourrions-nous nous élever ? Si nous nous élevons, Dieu rabattra notre superbe, mais si nous reconnaissons à quel point nous ne sommes rien, cette reconnaissance de notre néant précédera la gloire ; non pas notre gloire à nous, « non nobis Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam », mais la gloire de Dieu qui viendra, qui va venir, avant que ce siècle ne s’achève.

Nous en avons la conviction, alors souffrons encore un peu, soyons humbles, abandonnons-nous totalement à Dieu et la gloire de notre Père, de notre Époux et Roi, la gloire de notre Esprit saint d’Amour créateur resplendira d’un bout du monde à l’autre ; voilà notre joie, voilà pourquoi nous sommes prêts à être encore pilés, terrassés, anéantis, pour que, enfin ! nous puissions dire : « Que votre Nom soit sanctifié, que votre Règne arrive, que votre Volonté soit faite. »

Ce sera notre conclusion : ce soir avant de nous coucher, nous dirons le Magnificat. Puis un jour, viendra la conclusion de tous nos maux quand la gloire de Dieu surviendra avec la Sainte Vierge, et nous chanterons : « Oui, mon âme glorifie le Seigneur pour tout ce qu’il a fait en moi de grandes choses, moi qui ne suis rien, il l’a fait pour sa Gloire à Lui, pour le salut de son Église ». Nous sommes des serviteurs de Dieu, serviteurs inutiles, mais serviteurs très aimants.

Abbé Georges de Nantes
Extrait du sermon 1er octobre 1989