Ps 20 : Jésus !

  1. Au maître de chant, psaume à David.
  2. Qu’il t’exauce, Yahweh, au jour de détresse, qu’il te protège le nom du Dieu de Jacob !
  3. Qu’il envoie ton secours du Sanctuaire, et de Sion qu’il te soutienne ;
  4. Qu’il se souvienne de toutes tes offrandes, que ton holocauste le rassasie.
  5. Qu’il te donne selon ton cœur, et qu’il accomplisse tous tes projets ;
  6. Que nous criions de joie en ton salut, et qu’au nom de notre Dieu, nous levions l’étendard. Que Yahweh accomplisse toutes tes demandes.
  7. Maintenant je sais que Yahweh sauvera son Messie. Il l’exaucera depuis les cieux de sa sainteté par les prouesses de salut de sa droite.
  8. Les uns par la charrerie, les autres par les chevaux, et nous par le nom de Yahweh notre Dieu dont nous faisons mémoire,
  9. Eux tombent à genoux ; nous, debout, nous tenons,
  10. Jésus ! Que le roi nous exauce au jour de notre appel !
* * *

L E psaume vingtième répond au psaume dix-neu­vième comme le psaume deuxième répond au psaume premier. Ils forment le frontispice d’un nouveau livret.

VERSETS 1-2. Le psaume dix-neuvième s’achevait sur un appel du Messie au Rédempteur : « Que soient en faveur les paroles de ma bouche et les murmures de mon cœur devant votre Face, Yahweh, mon rocher, mon rédempteur ! » (Ps 19, 15) Le psalmiste souhaite au Messie d’être exaucé par « le nom du Dieu de Jacob », celui de la dernière théophanie de l’époque patriarcale, dont ­Jacob fut favorisé à Bersabée (Gn 46, 1-4).

VERSET 3.La Bible de Jérusalem transforme l’adjectif possessif en pronom personnel et traduit : « Qu’il t’envoie le secours ». Ce contresens efface l’attente messianique, ressort du psautier en général et de ce psaume en particulier : le Messie est lui-même le secours imploré que Dieu enverra de Sion (Ps 18, 17).

« De Sion » viendra le salut (Ps 14, 7), puisque c’est là que Dieu a sacré son roi-messie, c’est là qu’est son « Sanctuaire » (qodèsh ), sis sur sa « Montagne sainte » (har qodèsh ; Ps 2, 6 ; cf. Ps 5, 8 ; 11, 4).

VERSET 4. « Ton holocauste », au singulier, succède aux « offrandes », au pluriel ; l’expression désigne le sacrifice de lui-même que le Messie consentira, pré­figuré par le sacrifice d’Isaac (Gn 22). Notre-Seigneur Jésus-Christ accomplira ce vœu prophétique sur la Croix, et le Saint-Sacrifice de la messe le renouvellera de génération en génération ; il est présenté ici comme une nourriture « rassasiante » pour Dieu lui-même, comme jadis le festin offert par Abraham à l’hôte divin sous le chêne de Mambré (Gn 18).

VERSET 5. Les « projets » du Messie ne sont autres que ceux de Yahweh, son Père : « Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage, et pour domaine les extrémités de la terre » (Ps 2, 8 ; cf. Ps 13, 3 ; 14, 6). Mais ici paraît le prix à payer : le don divin répond à l’ « holocauste » du verset 4.

VERSET 6. « Lever l’étendard (dgl ) » pour faire la guerre est prévu par le Rouleau de la Guerre de la communauté de Qumrân (i qm, iii, 13 – iv, 17). Dans la Bible, les seuls emplois d’un substantif de même racine désignent les « bataillons » auxquels l’Époux divin compare la Bien-Aimée (Ct 6, 4. 10) après qu’elle eut elle-même comparé son Bien-Aimé à un « étendard » qui permet de le distinguer « entre dix mille » (Ct 5, 10).

VERSET 7. Pourquoi « maintenant » ? Quelle est la cause de ce retournement de la situation ? Sans doute l’ « holocauste » offert par « son Messie » (v. 4).

« Depuis les cieux », comme Jonathan, le frère de Judas Maccabée, l’écrivait aux Spartiates : « Car du Ciel nous vient le secours qui nous sauve. » (1 M 12, 15)

« Par les prouesses de salut de sa droite » : “ Droite de Dieu ” est le nom de l’un des étendards énumérés par le Rouleau de la Guerre (4, 7)

VERSET 8. Comme aux jours du passage de la mer des Roseaux, lorsque « tous les chevaux, les chars de Pharaon, ses cavaliers et son armée » rejoi­gnirent les enfants d’Israël (Ex 14, 9). « Nous faisons mémoire », lit­téralement : « nous nous souvenons », au sens d’un « mé­morial » qui rend présent, agissant, l’objet du souvenir.

VERSETS 9-10. « Jésus ! » Littéralement : « Yahweh, sauve ! » Le psalmiste ne sait pas qu’il désigne par son nom le roi-messie attendu ! Celui-ci est du côté de Dieu, comme les psaumes précédents nous l’ont fait pressentir (cf. Ps 3, 5 ; 4, 4 ; 17, 6 ; 18, 4. 7). C’est lui qui obtiendra le salut par son « holocauste » (v. 4).

Mais alors, le mystère de l’identité de ce « roi » grandit si l’on se souvient de l’oracle de l’Inconnu de l’Exil qui l’identifie à Dieu lui-même : « Ainsi parle le roi d’Israël et son rédempteur, Yahweh Sabaot. » (Is 44, 6) Ce « Jésus » sera Dieu !

Frère Bruno de Jésus-Marie
Il est ressucité ! n° 89, janvier 2010 p. 34