SAINTE MARGUERITE-MARIE

X. Le triomphe du Sacré-Cœur

Dessin du Sacré-Coeur
Dessin du Sacré-Cœur fait par sainte Marguerite-Marie

APRÈS avoir scellé avec Notre-Seigneur un mariage tout eucharistique, vivant dans une union de volonté indissoluble avec son Époux divin, sainte Marguerite-Marie se trouve remplie du désir de diffuser partout le culte du Sacré-Cœur.

En décembre 1684, elle se voit confiée la charge de maîtresse des novices : « Je ne trouvais encore point de moyen de faire éclore la dévotion du sacré Cœur, qui était tout ce que je respirais. Et voici la première occasion que sa bonté m’en fournit. C’est que sainte Marguerite s’étant trouvée un vendredi, je priai nos sœurs novices, dont j’avais le soin pour lors, que tous les petits honneurs qu’elles avaient dessein de me rendre en faveur de ma fête, elles les fissent au sacré Cœur de Notre-Seigneur-Jésus-Christ. »

Pleines d’ardeur, les novices dressent de nuit un petit autel pour une reproduction du Cœur adorable de Jésus, dessiné par notre sainte : Celle-ci « parut fort contente de notre autel » et lut une consécration toute à l’honneur de ce divin Cœur.

C’était la première fois, ce 20 juillet 1685, qu’une image du Sacré-Cœur recevait les hommages de quelques saintes filles, répondant au désir singulier qu’a Notre-Seigneur « d’être honoré sous la figure de ce Cœur de chair, dont il voulait que l’image fut exposée en public afin de toucher par cet objet le cœur insensible des hommes » et promettant de répandre par ce moyen, ses bénédictions.

Mais ce culte ne va pas sans « beaucoup d’humiliations, de contradictions et de mortifications » de la part des sœurs, mais aussi des “ théologiens ” et religieux ou laïcs de Paray et des environs, « d’autant que l’on m’accusait de vouloir introduire une dévotion nouvelle ! »

Le Sacré-Cœur soutient le courage de sa zélatrice : « Je règnerai malgré mes ennemis et tous ceux qui se voudront opposer ! ». Et c’est par le moyen de nouveaux petits psychodrames provoquant l’humiliation, voire la persécution de sa messagère, que Notre-Seigneur vaincra petit à petit toute opposition.

Premier autel au Sacré-Coeur
Premier autel dédié au Sacré-Cœur

En mai 1696, c’est la lecture au réfectoire de la retraite spirituelle du père La Colombière, où celui-ci relate la vision si émouvante de Jésus, découvrant son divin Cœur à sa confidente, se plaignant de l’ingratitude des hommes et demandant réparation : « Mais ce qui m’est encore le plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi… »

À partir de ce moment, un grand nombre de sœurs se retournent en faveur de notre sainte et lorsque arrive la fête du Sacré-Cœur, le 20 juin 1686, c’est une des sœurs les plus opposées qui se rétracte, invitant elle-même « toutes les épouses du Seigneur à venir rendre leurs hommages à son Cœur adorable », après avoir dressé un petit autel en son honneur !

Dans ces années 1686-1687, notre sainte peut écrire à Mère de Soudeilles : « Il faut vous dire une chose qui me donne bien de la joie : notre Communauté a pris dévotion de se mettre particulièrement sous la protection de l’adorable Cœur de Jésus, et on lui fait édifier une chapelle toute dédiée à son honneur. »

« Nos sœurs de Semur-en-l’Auxois (…) en ont fait faire un tableau par un peintre et lui ont érigé un autel. »

L’enthousiasme apostolique de l’humble visitandine la pousse à une grande activité extérieure, toujours dans l’obéissance la plus stricte à ses supérieurs: elle, si timide, si effacée, rédige maintenant de nombreuses lettres, se rend au parloir, fait imprimer des images, s’occupe de faire demander à Rome une fête en l’honneur du Sacré-Cœur, afin d’étendre son Règne dans le monde entier.