Il est ressuscité !

N° 235 – Août 2022

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Consoler Notre-Dame des Douleurs

LE démon ne peut  toucher à l’Immaculée Conception. Elle va et vient où elle veut sans qu’il puisse se mettre “ en travers ” selon son habitude dont le curé d’Ars avait fait le surnom de Satan. Mais il pouvait empêcher les enfants de se rendre au rendez-vous de « la Dame » par le moyen de ses suppôts.

Aux Valinhos, devant le monument commémorant l’apparition de la Vierge, le 19 août 1917.
Aux Valinhos, devant le monument commémorant l’apparition de la Vierge, le 19 août 1917, au-dessus d’un chêne-vert un peu plus élevé que celui de la Cova da Iria. Après le rendez-vous manqué du 13 août, quelle joie pour les enfants de la revoir ! Ils cueillirent un rameau sur lequel la Vierge avait posé les pieds. Il exhalait une odeur très agréable et inconnue.

Lundi 13 août 1917, une foule avait envahi le lieu de l’apparition dès le matin. En séquestrant les enfants, Oliveira, le “ Ferblantier ”... “ maçon ” de son état... pensait que rien ne se produirait à la Cova da Iria et que cet échec mettrait fin aux visites de la Sainte Vierge. Erreur profonde ! La mani­festation de Notre-Dame n’en fut que plus éclatante.

Les petits tardant à venir, tout le monde com­mençait à s’impatienter. Survint un habitant de Fatima qui annonça leur enlèvement. Il s’éleva un brouhaha qui s’amplifiait lorsque, soudain, retentit un coup de tonnerre. La foule se tut, effrayée. Un éclair suivit et tout le monde put voir un petit nuage, très joli, de couleur blanche, planer quelques instants au-dessus du chêne-vert, puis s’élever vers le ciel, pour disparaître enfin dans les airs.

Tandis que les visages des pèlerins reflétaient toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, les arbres paraissaient n’avoir ni rameaux ni feuilles, mais seulement des fleurs. Le sol était carrelé de toutes les teintes, les deux lanternes attachées à l’arceau semblaient être d’or. Puis ces signes s’évanouirent, laissant dans tous les cœurs une certitude : Notre-Dame était venue !

C’était tellement vrai qu’elle revint le dimanche suivant, 19 août, alors que Lucie, François ainsi que son frère Jean prenaient le chemin des Valinhos pour mener paître leurs troupeaux, Jacinthe avait été retenue par sa mère.

Vers 4 heures de l’après-midi, Lucie observa dans l’atmosphère les changements qui préludaient aux apparitions de Notre-Dame. Elle fit appel à Jean : « Va vite chercher Jacinthe ! Je te donne deux “ vinténs ” si tu me la ramènes ! En voici déjà un, et je te donnerai l’autre quand tu ­reviendras. »

Au premier éclair avait succédé un second... au moment où Jacinthe arrivait ! Notre-Dame l’avait attendue. Elle se montra alors au-dessus d’un chêne-vert un peu plus élevé qu’à la Cova da Iria.

Avec une confiance toute filiale, Lucie demanda :

« Que veut de moi votre Grâce ?

 Je veux que vous continuiez d’aller à la Cova da Iria le 13, que vous continuiez à réciter le chapelet tous les jours. Le dernier mois, je ferai le miracle afin que tous croient. Si l’on ne vous avait pas emmenés à la ville, le miracle aurait été plus connu. »

L’incrédulité a pris les devants sur le miracle qui avait été promis « pour que tout le monde croie ». Il est avéré que tout le monde ne croira pas. C’est ainsi que Jésus, dans l’Évangile, répondit aux ­pharisiens et aux sadducéens qui lui demandaient « pour le mettre à l’épreuve, de leur faire voir un signe venant du ciel : Au crépuscule vous dites : Il va faire beau temps, car le ciel est rouge feu ; et à l’aurore : Mauvais temps aujourd’hui, car le ciel est d’un rouge sombre. Ainsi le visage du ciel, vous savez l’interpréter, et pour les signes des temps vous n’en êtes pas capables ! Génération mauvaise et adultère ! elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas. Et les laissant là, il s’en alla. » (Mt 16, 1-4)

Cette malédiction nous atteint de plein fouet, nous, notre « génération adultère », oui adultère s’il en est ! qui est en possession du « signe de Jonas », avec le Saint Suaire, témoin de la résurrection de Jésus-Christ, et avec les apparitions de Notre-Dame, « un signe venu du Ciel » comme il n’y en eut jamais de mémoire d’homme. Et cependant, le Ciel ne restera pas fermé le 13 octobre :

« Saint Joseph viendra avec l’Enfant-Jésus, pour donner la paix au monde. Notre-Seigneur viendra bénir le peuple. Viendra aussi Notre-Dame du Rosaire et Notre-Dame des Douleurs. »

Et comment la consoler ? En nous convertissant ! Lucie demanda à la Sainte Vierge comment employer l’argent que les pèlerins laissaient à la Cova da Iria : « Que l’on fasse deux brancards de procession. Tu porteras l’un avec Jacinthe et deux autres petites filles habillées de blanc ; l’autre, que François le porte avec trois garçons, comme lui vêtus d’une aube blanche. Ce sera pour la fête de Notre-Dame du Rosaire. Ce qui restera sera pour aider à la construction d’une chapelle que l’on édifiera. »

Et, s’attristant, Notre-Dame poursuivit :

« Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. »

Elle avait dit à Lucie, le 13 juin : « Jésus veut se servir de toi afin de me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut, ces âmes seront chéries de Dieu, comme des fleurs placées par Moi pour orner son trône. »

Les « brancards » pour les processions, la « chapelle » pour le culte du Saint-Sacrement, que leur a déjà inculqué l’Ange du Portugal, seront les instruments de cette dévotion réparatrice que Jésus veut établir dans le monde, pour consoler Notre-Dame des blasphèmes et outrages dont l’enlèvement des enfants, le 13 août, fut la figure annonciatrice du bras de fer qui oppose depuis plus de cent ans la hiérarchie de l’Église elle-même à la volonté de Jésus qui est de réparer les blessures qu’une couronne d’épines tresse autour du Cœur Immaculé de sa Très Sainte Mère, en particulier « les blasphèmes de ceux qui cherchent publiquement à mettre dans le cœur des enfants l’indifférence ou le mépris, ou même la haine à l’égard de cette Mère Immaculée ».

Que sont les crimes qui blessent les Cœurs de Jésus et de Marie plus que tout ? Jésus l’a dit à sœur Lucie en la chargeant de le faire savoir à ses « ministres ». En suivant « l’exemple du roi de France, ils n’ont pas voulu écouter ma demande. Ils s’en repentiront mais ce sera tard ».

Sœur Lucie ajoutait : « Jamais il ne sera trop tard pour recourir à Jésus et à Marie. »

Quant à notre Père, il n’a cessé de nous avertir : « Aujourd’hui même, le Cœur de Jésus, le Cœur de la Vierge Marie sont vraiment tristes de voir qu’on piétine leurs demandes et le jour où ils frapperont, il faudra bien avouer que nous l’avons cent fois mérité. Pour qu’ils ne frappent pas, pour qu’ils aient pitié de l’humanité, il dépend du petit reste que nous sommes de fêter la Sainte Vierge, de réparer, de la consoler en pratiquant les premiers samedis du mois. C’est une toute petite chose qui nous est demandée et comme la Sainte Vierge et Jésus sont bons et qu’ils veulent la conversion des pécheurs et non pas leur châtiment, espérons que nos prières, nos dévotions des premiers samedis du mois, mériteront notre pardon et le pardon du monde » que le pape François a consacré au Cœur Immaculé de Marie le 25 mars dernier.

C’est une “ liturgie ” tellement simple, – chapelet, confession, communion – pratiques destinées à mettre fin à nos querelles présentes au sein de l’Église et à la guerre dans le monde qui sont le châtiment de nos injures, blasphèmes et indifférences envers le Cœur Très Unique de Jésus-Marie. C’est un très simple acte d’obéissance qui est demandé aux âmes de bonne volonté pour que la consécration de la Russie au Cœur Immaculé prononcée le 25 mars 2022 par le vrai et Saint Père de notre famille humaine déchirée par le péché, produise ses fruits de Grâce et de Miséricorde dans toutes les âmes.

frère Bruno de Jésus-Marie.