Il est ressuscité !

N° 248 – Octobre 2023

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


CAMP NOTRE-DAME DE FATIMA 2023

L’Évangile de Jésus-Marie

DANS l’article suivant, notre frère Pierre-Julien montrera que la grande conversion “ synodale ” que  le pape François veut infliger à toute l’Église, comme sa réforme de la Curie, sont la reprise de l’aggiornamento entrepris lors du Concile pour qu’enfin, cette Église devienne le foyer rayonnant et efficace de la fraternité universelle dont rêve, non pas notre très chéri Père Céleste, dont nous connaissons bien la souveraine Volonté depuis 1917, mais le pape François lui-même.

Notre Saint-Père a paru, dès son élection, très “ évangélique ” : il en parle sans cesse, et “ l’évangélisation ” est son maître mot. Dans son encyclique inaugurale, Evangelii gaudium (2013) il définissait « l’annonce fondamentale » : c’est « l’amour personnel de Dieu qui s’est fait homme, s’est livré pour nous, et qui, vivant, offre son salut et son amitié » ( n° 128). Lue avec des lunettes catholiques et confiance en l’Esprit-Saint qui inspire le Souverain Pontife, comme je l’ai fait depuis 2013, cette affirmation est belle, vraie, bouleversante.

Mais... la compréhension du grand « rêve » du pape François nous fait craindre que le ver conciliaire, qui était dans ce beau fruit, n’ait tout dévoré.

Il expliquait, dans la suite de son encyclique : « Confesser un Père qui aime infiniment chaque être humain implique de découvrir  qu’il lui accorde, par cet amour, une dignité infinie ” [référence à Jean-Paul II]. Confesser que le Fils de Dieu a assumé notre chair signifie que chaque personne humaine a été élevée jusqu’au cœur même de Dieu. Confesser que Jésus a donné son sang pour nous, nous empêche de maintenir le moindre doute sur l’amour sans limites qui ennoblit tout être humain. » ( n° 178)

Voilà l’Évangile, pour le pape François : révélation de la dignité de l’homme, de tout homme. C’est à cette lumière que, dans Fratelli tutti, il va longuement s’étendre sur « la vieille histoire du Samaritain », comme disait Paul VI, pour jeter cette perle aux cochons (Mt 7, 6) en en faisant une leçon d’humanité, de fraternité exemplaire pour « toutes les personnes de bonne volonté, quelles que soient leurs convictions religieuses » ( n° 56). Il ne trouve dans l’Évangile que ce qu’il y cherche, à savoir un carburant de première classe pour hâter la réalisation de sa fraternité progressiste universelle.

Vraiment, en cela, il n’innove pas, puisque saint Pie X condamnait déjà, dans sa Lettre sur le Sillon, la « déformation de l’Évangile » pratiquée par les démocrates-chrétiens :

« Dès que l’on aborde la question sociale, il est de mode, dans certains milieux, d’écarter d’abord la divinité de Jésus-Christ [c’est exactement ce qu’a fait le Saint-Père dans Fratelli tutti], et puis de ne parler que de sa souveraine mansuétude, de sa compassion pour toutes les misères humaines, de ses pressantes exhortations à l’amour du prochain et à la fraternité. Certes, Jésus nous a aimés d’un amour immense, infini, et il est venu sur terre souffrir et mourir pour que, réunis autour de lui dans la justice et l’amour, animés des mêmes sentiments de charité mutuelle, tous les hommes vivent dans la paix et le bonheur. Mais, à la réalisation de ce bonheur temporel et éternel, Jésus-Christ a mis, avec une souveraine autorité, la condition que l’on fasse partie de son troupeau, que l’on accepte sa doctrine, que l’on pratique la vertu et qu’on se laisse enseigner et guider par Pierre et ses successeurs. » [...]

« Enfin, Jésus-Christ n’a pas annoncé pour la société future le règne d’une félicité idéale, d’où la souffrance serait bannie ; mais, par ses leçons et par ses exemples, il a tracé le chemin du bonheur possible sur terre et du bonheur parfait au Ciel : la voie royale de la Croix. Ce sont là des enseignements qu’on aurait tort d’appliquer seulement à la vie individuelle en vue du salut éternel ; ce sont des enseignements éminemment sociaux, et ils nous montrent en Notre-Seigneur Jésus-Christ autre chose qu’un humanitarisme sans consistance et sans autorité. »

De Paul VI, François a hérité l’esprit de Marc Sangnier. Seul de sa génération, notre Père a compris le génie de saint Pie X, sa clairvoyance, et la gravité de ses avertissements. Comme ce sont ses analyses qui nous permettent de dénoncer la réforme que le pape François veut infliger à l’Église, et comme sa doctrine nous indique la voie sûre pour la Renaissance d’ « une seule Église, sainte, catholique, apostolique », c’est à son école qu’il faut méditer la Sainte Écriture, pour en récolter le fruit.

Car, si le pape François prétend tirer de l’Évangile la révélation de la “ dignité infinie de chaque personne humaine ”, fondement de sa chimérique fraternité mondiale et plurireligieuse qui, pour l’heure, déchaîne la guerre mondiale, la troisième ! il est vital de revenir à l’Évangile véritable pour aboutir à la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie que Dieu veut établir dans le monde.

Réparons, prions, pour que notre pauvre Saint-Père fasse lui-même ce “ retour à l’Évangile ”.

frère Bruno de Jésus-Marie.