12 AOÛT 2018

Le discours sur le Pain de vie (II)

LES paroles du discours sur le « Pain de vie » dont nous poursuivons la méditation nous révèlent que Jésus est la vie et la lumière des hommes. C’est Lui qui par sa personne, sa parole, son enseignement, nous ouvre la possibilité de ne pas mourir dans le désert de la terre, mais de ressusciter et d’être accueillis dans les tabernacles éternels. Nous allons voir comment notre divin Sauveur va de l’avant malgré l’incompréhension des juifs, afin de livrer à tous, la plénitude de la Révélation de Dieu.

41 « Comme Jésus avait dit :  Je suis le pain qui est descendu du Ciel ”, les Juifs récriminaient contre lui : “ Celui-ci n’est-il pas Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : Je suis descendu du ciel ? 

Sans se départir de son calme et de son allégresse intime, Jésus ne se choque pas de cette incompréhension. Mais il réitère ses révélations précédentes, si neuves encore à des oreilles juives. Il prépare seulement ses auditeurs à la pleine Vérité qui viendra à son Heure. En deux étapes, tout sera dit et là-dessus doit se jouer la partie de Jésus... Messie ? ou imposteur.

44 Donc, les ayant priés de ne pas murmurer ainsi entre eux, mais de l’écouter, il les avertit de la vraie difficulté dans laquelle ils se trouvent. Car, leur dit-il, “ nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ”. Telle est cette “ grâce de la Vérité ” offerte à tous les Juifs déjà enseignés par Dieu, auxquels il reste à se remettre humblement à l’écoute du Père et à son école traditionnelle, celle des Écritures. Ainsi ils pourront “ venir à moi ”, dit Jésus, parce que l’aboutissement de ces Écritures, c’est Lui-même, la Parole de Dieu. Qu’ils se souviennent du “ Serviteur de Yahweh ” prédit au Livre d’Isaïe : n’est-il pas dit qu’il doit leur être un maître dont l’enseignement vient du Ciel pour y retourner après avoir produit son fruit, c’est-à-dire leur foi ?

 Quiconque s’est mis à l’écoute du Père et à son école, vient à moi... En vérité, en vérité, je vous le dis, Celui qui croit a la vie éternelle. 

Et c’est pourquoi Jésus peut dire sans mensonge qu’il est lui-même cette nourriture céleste qui vient d’auprès de Dieu et qui donne bien plus que le rassasiement de la chair, la vie éternelle. Telle est la conclusion de cette première étape :

49 Je suis le pain de vie. Vos pères, dans le désert, ont mangé la manne et sont morts ; ce pain est celui qui descend du ciel pour qu’on le mange et qu’on ne meure pas. Je suis le pain vivant descendu du ciel. Qui mange de ce pain vivra à jamais. 

51 Puis, avant que naisse en aucun d’eux l’idée de réclamer encore, pour garantie du don spirituel annoncé, un pain charnel qui en soit le signe tangible, Jésus devance leur désir quand soudain il ajoute à son offre de Lui-même comme leur Pain de vie, une grâce meilleure, l’offre indépassable : “ Et le pain que je donnerai c’est ma chair pour le salut du monde. 

52 Stupéfaction des Juifs : “ Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? ” Leur étonnement incrédule nous sert. Car Jésus va insister, répéter, persister, enfin attester solennellement la réalité et la pleine vérité du prodige promis, rendant impossible la remise en cause de cette annonce stupéfiante, jusqu’à nos jours :

 En vérité, en vérité je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. 

Voilà qui est sans ambiguïté et absolument nouveau. En effet notre témoin ose ici le mot de mâcher, dévorer comme un animal des aliments crus ! on ne saurait être plus volontairement réaliste !

D’autre part, la promesse de ce sang séparé du corps, offert à boire, est absolument sans précédent dans la religion juive, la consommation du sang des victimes comme de toute bête tuée étant rigoureusement interdite par la Loi divine... car le sang c’est la vie !

Ces affirmations répétées vont donc à inculquer l’idée certaine que l’absorption de la chair et du sang de Jésus signifieront et produiront l’union des disciples à la Parole et à l’Esprit de leur Maître et Sauveur, leur donnant la Vie éternelle et, quatre fois affirmée en ce seul discours, “ la résurrection de la chair au dernier jours ”.

C’est exactement ce que l’Église appellera plus tard, un sacrement. En ce rite, manger sa chair et boire son sang, c’est demeurer en lui et lui en nous. Pour appuyer cette assertion sur une vérité absolue qui l’explique, Jésus, comme inconscient de la révélation que constitue cette preuve, pour nous mystère des mystères, ajoute en confidence :

 De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé et que je vis par le Père. De même, celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. 

Voilà que la vie du disciple est alimentée à la Source de vie qui est Dieu le Père, vie passant par son Verbe dans le saint baiser de la foi spirituelle, mais prouvée et nourrie par les chairs et les sangs confondus, dans la manducation de son Corps et la boisson de son Sang.

58 Là-dessus le discours de Jésus s’achève avec l’évocation de la manne... Pour décider qu’elle n’était rien qui vaille d’être regretté, et pour attester que le signe de Dieu en est la réplique, mais parfaite, dans la sublime grâce de l’Alliance nouvelle et éternelle qui sera contractée dans “ sa chair donnée pour la vie du monde ”, hypersuffisante pour prix et pour signe du salut de tous :

 Voici le pain descendu du ciel ; il n’est pas comme celui qu’ont mangé vos Pères, et ils sont morts. Qui mange ce pain vivra à jamais. Tel fut l’enseignement que Jésus donna dans une synagogue, à Capharnaüm. »

Bonne localisation : les archéologues ont retrouvé les vestiges de cette synagogue. Ce discours n’a donc rien d’un mythe ; notre témoin ne ment pas, il nous raconte un fait historique qui fonde notre foi sur du solide.

Abbé Georges de Nantes
Extraits du commentaire de l’Évangile de saint Jean (Jn 6, 14-58) Bible, Archéologie, Histoire, tome 2, p. 146-148
Étude parue dans la CRC no 269, décembre 1990. p. 16-18