2 février 2021 - Présentation

Marie, Mère des douleurs

À quoi les incomparables privilèges de la Vierge Marie nous auraient-ils servi, si Jésus-Christ n’était pas mort sur la Croix ? Son Immaculée Conception, sa Virginité perpétuelle, sa Maternité divine même qui la fait mère du Christ, de l’Enfant-Dieu, nous laisseraient indifférents si elle n’avait souffert avec lui et n’avait mérité par-là d’intercéder pour nous et de devenir la médiatrice de toutes grâces, l’Auxiliatrice de tous nos combats. 

Pour pénétrer dans le Cœur de la Vierge Marie, à la rencontre de l’Esprit-Saint, il nous faut entrer dans ce mystère de compassion corédemptrice et passer par la plaie de ce Cœur, ouverte par le glaive qui le transperça selon la prophétie du vieillard Siméon : « Et toi-même, un glaive te transpercera l’âme ! afin que se révèlent les pensées intimes d’un grand nombre de cœurs. » (Luc 2, 35)

Selon cette parole, quiconque sera ému par la blessure du Cœur de Marie, sera sauvé. Qui méprisera ou ignorera les Douleurs de Marie, sera condamné. Il n’y a donc pas d’autre salut pour nous que de dire : « Je vous aime, ô Notre-Dame-des-Sept-Douleurs ! » C’est ainsi qu’elle nous enseigne la Sagesse de Dieu et la voie du Ciel, la voie de la croix. L’oracle antique l’avait annoncé dès l’origine : la Femme écrasera la tête du serpent, mais celui-ci se vengera en la blessant au talon (Gn 3, 15). Et l’Apocalypse nous la montre environnée de la gloire de Dieu, mais souffrant les Douleurs d’une « crucifixion » pour mériter de donner naissance à ses innombrables enfants (Ap 12, 2).

Chaque fois que nous faisons notre chemin de Croix, nos cœurs devraient être en émoi, de station en station, au souvenir des souffrances de notre Mère. Souffrances indicibles. « La Vierge Marie se réfugie dans la prière. Elle offre ces douleurs de son Fils pour mon salut, il est dur de penser que ma rédemption fut à ce prix. Oh ! que cela me soit une leçon pour ne plus jamais pécher. » (XIe station).

Dès la rencontre du vieillard Siméon, le glaive mystique transperce le Cœur de Marie. Sa douleur intime lui donne alors une majesté, un mérite, un trésor de grâces que nous voyons déjà à l’œuvre dans l’Évangile. À Cana, Marie se tient entre Jésus et... Adam et Ève ! représentés par les deux époux de la noce. Déjà médiatrice, liée à Jésus à la vie à la mort, ayant déjà accepté toute la Passion rédemptrice, elle règne sur son Cœur. En maîtresse de maison accomplie, elle a vu le désarroi, la gêne des époux. Elle s’adresse à Jésus comme au vrai maître du festin, comme à l’époux : « Ils n’ont plus de vin. » (Jn 2, 3)

Jésus répond en l’appelant par le nom qui la désigne comme la nouvelle Ève, la mère de tous les vivants : « Femme, qu’y a-t-il entre vous et moi ? » C’est lui dire : « Ô ma Mère, vous ai-je jamais refusé quelque chose ? L’heure viendra, mais aujourd’hui n’est pas encore le jour de nos noces. » Cependant, Jésus exauce sa prière en changeant l’eau en vin, mais comme une image, un figuratif de leurs noces à venir.

Cet épisode offre de quoi fonder notre confiance totale, éperdue, en la Vierge Marie. Elle ne demande qu’à nous exaucer. Elle n’a qu’à dire et sans même demander, elle est sûre de recevoir et de nous donner la grâce nécessaire.

Marie se tient du côté de Dieu, plus divine qu’humaine, plus proche de Dieu que des hommes, plus unie à la divine Personne du Paraclet qu’elle n’est unie au monde créé. En la touchant, en nous consacrant à Elle, nous entrons dans la vie intime des Trois Personnes divines, dans leur circumincessante charité. C’est déjà le Ciel ici-bas.

Abbé Georges de Nantes
Extraits de la CRC no 297, page 20 – Décembre 1993