L'abbé Pierre Chambrillon

UN CURÉ DE CAMPAGNE AU SERVICE DE LA SAINTE VIERGE

Écrivant les débuts de son ministère à Villemaur, notre Père écrivait : « Délicatesse inouïe de la Providence, j’avais pour paroisse la plus proche, le Mesnil-Saint-Loup, sanctuaire de Notre-Dame de la Sainte Espérance, et son saint curé pour confesseur. »

En effet, notre Père découvrit avec émerveillement un village de chrétienté et en l’abbé Chambrillon un modèle de curé de campagne. Une paroissienne du Mesnil témoigne :

« Il visitait chaque semaine tous les malades du village qui lui étaient signalés, sans distinction, portait la Sainte Communion à pied dans les rues, accompagné de son enfant de chœur tenant la lanterne, transi de froid l’hiver, enveloppé dans sa grande cape noire !

« Il faisait le catéchisme dans toutes les classes de l’école, et la préparation des Communions solennelles était particulièrement soignée. Petites filles, nous avions un peu peur, à huit ans, de ce grand monsieur en soutane noire, marchant sous le préau de l’école en récitant son bréviaire ou son chapelet ! Si le béret était en avant sur le front, tout allait bien, s’il était en arrière, gare à nous !...

« Les dimanches et les fêtes étaient pour tout le village jours d’allégresse, et dans toutes les familles la sanctification du jour du Seigneur n’était pas un vain mot : une messe basse le matin de bonne heure, ensuite la grand-messe chantée en grégorien, l’après-midi les vêpres et, après une récréation dans la nature ou en famille, dans la paix du soir, le chant des complies. Après ce dernier office, chaque premier dimanche du mois avait lieu dans l’église la procession du Saint-Sacrement suivie par les hommes de la paroisse. »

Le chanoine Pierre Chambrillon (1911-2007)
Le chanoine Pierre Chambrillon (1911-2007).

Aussi notre Père a-t-il eu à cœur d’aider son voisin et confrère, notamment en écrivant, dans le Bulletin de la Sainte Espérance, la série d’articles intitulés “ Un curé et la Sainte Vierge ”, retraçant la vie du Père Emmanuel, « cette réplique admirable du Curé d’Ars qui convertit au siècle dernier sa paroisse du Mesnil-Saint-Loup ».

Néanmoins, notre Père confiera :

« J’ai moins aidé mon voisin et vénéré ami, l’abbé Chambrillon, que je n’en ai été moi-même conseillé, instruit de mon ministère et soutenu dans les moments difficiles. (…) La religion de ce saint prêtre, consistait à obéir aveuglément. Exagérément, selon nous. Il disait la Nouvelle Messe, il ne faisait jamais de politique, il citait sans cesse les bons passages du Concile, des discours du Pape...

« Mais voilà, il n’en citait d’instinct que les bons. Et il ne désarmait pas dans la lutte contre l’impureté, le luxe, la paresse, l’indifférentisme religieux. Il faisait son devoir de curé. Et c’est en cela qu’il n’a pas plu. Comme à moi, douze ans plus tôt, on lui a dit : Certains ne vous aiment pas.... Voyez Jésus, lisez l’Évangile, tout le monde l’aimait ! Et vous, il y a “ odium plebis ” : on vous déteste. Allez-vous-en ! »

Mis à la retraite en 1975 après 28 ans de ministère au Mesnil-saint-Loup et alors qu’il n’était âgé que de 64 ans…, il continua d’œuvrer ça et là, mais il demeurera pendant de longues années l’ami et le confesseur de notre Père.

Cette profonde amitié sacerdotale se manifesta encore tout particulièrement en 1996, lors de l’exil de notre Père :

« Pensez que je n’ai pas changé pour vous. J’ai toujours dit que vous avez recommandé à vos amis de rester fidèles à leur paroisse et à leur dévouement à l’Église. C’est visible surtout à Villemaur et à Pâlis.

« Cher abbé, vous savez que je ne peux que désirer que vous puissiez reprendre votre place à la tête des Petits Frères.

« Ils sont avec les Sœurs tous les jours à la Messe de la Visitation. Jamais je n’ai soutenu ceux qui vous ont attaqué. Je n’ai même pas voulu lire ce qu’écrivait l’un d’entre eux.

« Courage, confiance, avec la Croix. Vous savez que ce ne sont pas des mots. Excusez les fautes, les mots oubliés, c’est le vieux de plus de 85 ans qui écrit... »

Le chanoine Pierre Chambrillon nous a quittés au soir de la Présentation de Jésus au Temple, pour aller vers le Père en la Béatitude Éternelle chercher la récompense promise à ses fidèles serviteurs, après de longues années de labeur et d’apostolat.

Extraits de Il est ressuscité ! n° 57, tome7, p. 35-36