Sacré-Cœur 2016 à l’école de l’Ange

Apparition de l'Ange au Cabeço

IL y a cent ans, en 1916, l’archange saint Michel apparaissait aux trois petits bergers de Fatima, Lucie, François et Jacinthe. Il venait préparer leurs âmes à accueillir la Reine du Ciel et à répandre le grand message qu’elle allait leur communiquer.

Les trois voyants gardèrent secrètes les apparitions du céleste messager. En 1937 seulement, sœur Lucie se sentit surnaturellement poussée à les faire connaître et en écrivit le récit détaillé. Les paroles angéliques nous sont donc destinées à nous aussi. Si brèves soient-elles, elles contiennent déjà tout le message de Notre-Dame et sont un véritable catéchisme adapté à nos temps d’apostasie.

Avec les pastoureaux, redevenons de petits enfants et laissons-nous enseigner par l’Envoyé du Ciel, afin de préparer nos cœurs à célébrer le centenaire des apparitions de Notre-Dame, en 2017.

Mercredi 1er juin

MYSTÉRIEUSES APPARITIONS

LUCIE venait d’avoir huit ans lorsque sa mère, au printemps 1915, lui confia la garde du troupeau familial. À cette époque, Jacinthe et François n’avaient pas encore obtenu de leurs parents, à leur grand regret, la permission de se joindre à leur cousine.

Lucie s’était choisi trois amies : Teresa Matias, sa sœur Maria Rosa et Maria Justino. C’est en leur compagnie qu’elle bénéficia, par trois fois, de mystérieuses apparitions, entre avril et octobre 1915 :

« Nous montâmes avec nos troupeaux presque jusqu’à la cime de la colline du Cabeço. À nos pieds, se trouvait un grand terrain planté d’arbres, descendant jusqu’à la plaine, avec des oliviers, des chênes, des pins, des chênes verts... Vers l’heure de midi, nous prîmes notre repas, après quoi j’invitai mes compagnes à réciter le chapelet avec moi, ce qu’elles firent avec plaisir. À peine avions-nous commencé que nous vîmes, devant nos yeux, comme suspendue en l’air au-dessus des arbres, une figure semblable à une statue de neige, que les rayons du soleil rendaient un peu transparente. Teresa et Maria, un peu effrayées, me demandèrent :

“ Qu’est-ce que c’est ?

– Je ne sais pas. ”

« Nous continuâmes notre prière, gardant les yeux fixés sur cette silhouette, qui disparut dès que nous eûmes terminé. »

Lucie choisit ses trois amies pour leur piété et leur sérieux. À son exemple, recherchons les bonnes amitiés et fuyons les mauvais camarades.

Colorier les rochers formant le creux du Cabeço.

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Jeudi 2 juin

BÊTISES D’ENFANTS ?

SELON son habitude, Lucie prit le parti de se taire. Mais, ses trois petites amies racontèrent à leurs familles ce qui s’était passé. La nouvelle se répandit. « Un jour, lorsque j’arrivai à la maison, ma mère m’interrogea :

“ Écoute, on dit que tu as vu je ne sais quoi par là-bas. Qu’est-ce que tu as vu ?

– Je ne sais pas. ”

« Et comme je ne savais pas m’expliquer, j’ajoutai : “ Cela ressemblait à une personne enveloppée d’un drap. ” Puis, désirant dire ainsi que je n’avais pas pu distinguer ses traits, je dis : “ On ne voyait ni ses yeux ni ses mains. ” Ma mère conclut en disant, avec un geste de dédain : “ Bêtises d’enfants ! ” »

Quelque temps après, nos pastourelles conduisirent leurs troupeaux au même endroit et la même apparition se produisit. « Mes amies racontèrent de nouveau l’événement. Après un certain temps, le fait se répéta une autre fois. C’était la troisième fois que ma mère entendait parler de ces choses par des gens du dehors, sans que j’en eusse dit un seul mot à la maison. Elle m’appela alors, très mécontente, et me demanda :

“ Voyons ! Qu’est-ce que vous dites que vous voyez là-bas ?

– Je ne sais pas, maman, je ne sais pas ce que c’est ! ”

« Plusieurs personnes commencèrent à se moquer de nous. Ces gestes et ces paroles de dédain m’étaient très sensibles, avouera plus tard Lucie, car je n’étais habituée qu’à la tendresse. Mais cela n’était rien. Je ne savais pas ce que le Bon Dieu me réservait pour l’avenir. »

Le drame commençait : les croix et les épreuves familiales, la solitude du cœur, iraient de pair avec les faveurs grandissantes du Ciel.

Soyons reconnaissants envers nos parents, surtout lorsqu’ils nous corrigent de nos défauts et de nos bêtises. Admirons-les et sachons leur manifester notre amour, car ils se sacrifient sans cesse pour nous.

Colorier des chênes verts.

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Vendredi 3 juin – Fête du Sacré-Cœur

C’ÉTAIT NOTRE ANGE GARDIEN

LE Bon Dieu préparait sa petite messagère par ces grâces mystiques et par l’annonce voilée de grandes souffrances, comme le raconte Lucie elle-même : « Dieu a commencé à préparer ses instruments – alors que ceux-ci, libres de tout souci, priaient et jouaient –, en faisant passer devant eux, doucement et lentement, comme un petit nuage aussi blanc que la neige, plus brillant que le soleil, ayant une forme humaine et donnant l’impression de s’être détaché du firmament pour descendre vers eux, attirer leur regard et éveiller leur attention.

“  Qu’est-ce que c’est ? me demandèrent mes compagnes.

– Je ne sais pas. ”

« Et vraiment, aujourd’hui encore, je ne sais pas. Mais les événements qui s’ensuivirent m’amènent à croire que c’était notre ange gardien qui, sans se manifester clairement, nous préparait à réaliser les desseins de Dieu.

« Cette apparition me laissa dans l’esprit une impression que je ne saurais expliquer. Toutefois, peu à peu, cette impression disparut et je crois qu’avec le temps j’aurais fini par l’oublier complètement sans les événements qui suivirent. »

Que ce récit ravive nous rappelle présence de notre ange gardien, et nous incite à l’invoquer souvent.

« Bon Ange, que Dieu a chargé de me conduire, ­gouvernez-moi ! »

Colorier le Sacré-Cœur de Jésus.

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Samedi 4 juin – Premier samedi du mois

LE CABEÇO

UN an plus tard, saint Michel se manifesta de nouveau trois fois, mais seulement aux trois privilégiés de Notre-Dame, et en toute clarté. « Je ne peux préciser les dates avec certitude car, à cette époque, je ne savais pas encore compter les années, ni les mois ni même les jours de la semaine. »

Toutefois, dans son récit, sœur Lucie indique la saison où eut lieu chaque apparition.

En ce printemps 1916, Lucie venait d’avoir neuf ans, François à peine huit, et Jacinthe n’avait alors que six ans.

« Vers le milieu de la matinée, une pluie fine commença à tomber, un peu plus que de la rosée. Nous sommes alors montés sur le versant de la colline, suivis de nos brebis, à la recherche d’un rocher qui puisse nous servir d’abri. C’est alors que nous sommes entrés, pour la première fois, dans le creux béni du Cabeço. Il est situé au milieu d’une oliveraie. De là, on voit le petit village où je suis née et la maison de mes parents.

« Nous avons passé la journée à cet endroit bien que la pluie eût cessé et que le soleil se fût découvert, clair et beau. Nous avons pris notre repas et dit notre chapelet, et je ne sais s’il n’a pas été l’un de ces chapelets que, dans notre empressement à jouer, nous récitions souvent en faisant passer les grains et disant seulement “ Ave Maria ” et “ Padre nosso ”. »

Accomplissons nos exercices du premier samedi du mois pour consoler le Cœur Immaculé de Marie. Ayons soin de bien réciter notre chapelet, avec attention.

Colorier le Cœur Immaculé de Marie.

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Dimanche 5 juin – Solennité du Sacré-Cœur

L’ANGE DE LA PAIX

APRÈS le chapelet, les enfants jouèrent aux “ petites pierres ”. Soudain, « un vent assez fort secoua les arbres et nous fit lever les yeux pour voir ce qui se passait, car la journée était belle. Nous vîmes alors, au-dessus des oliviers, et se dirigeant vers nous, la même figure dont j’ai déjà parlé. Jacinthe et François ne l’avaient jamais vue et je ne leur en avais jamais parlé. Au fur et à mesure qu’elle s’approchait nous distinguions mieux ses traits. Elle avait l’apparence d’un jeune homme de quatorze ou quinze ans, plus blanc que la neige, que le soleil rendait transparent comme s’il était en cristal, et d’une grande beauté. Nous étions surpris et, à demi absorbés, nous ne disions mot.

« En arrivant près de nous, l’Ange nous dit : “ Ne craignez pas. Je suis l’Ange de la Paix. Priez avec moi. ”

« Et, s’agenouillant à terre, il courba le front jusqu’au sol. Poussés par un mouvement surnaturel, nous l’imitâmes et nous répétâmes les paroles que nous lui entendions prononcer : “ Mon Dieu ! je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. ”

« Après avoir répété cette prière trois fois, il se releva et nous dit : “ Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications. ”

« Et il disparut. »

Pour me préparer à la communion, je réciterai plusieurs fois la prière que l’Ange apprit aux enfants lors de cette première apparition.

Colorier les flammes des Cœurs de Jésus et Marie.

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Lundi 6 juin

L’ÉCRASANTE PRÉSENCE DIVINE

L’ATMOSPHÈRE surnaturelle qui enveloppait les enfants était si intense que, pendant un long moment, ils se rendirent à peine compte de leur propre existence. « Nous sommes restés dans la position où l’Ange nous avait laissés, répétant toujours la même prière. La présence de Dieu se faisait sentir d’une manière si intense et si intime, que nous n’osions même plus parler entre nous. Le lendemain, nous sentions encore notre esprit enveloppé dans cette atmosphère qui ne disparut que très lentement.

« Aucun de nous ne pensa à parler de cette apparition, ni à recommander le secret aux autres. L’apparition nous l’imposait par elle-même. C’était si intime qu’il nous était difficile de prononcer sur elle le moindre mot. Elle nous fit peut-être plus d’impression parce que c’était la première. »

François n’entendit pas les paroles de l’Ange, ce dont Lucie et Jacinthe ne s’aperçurent pas. Cependant, l’Ange le combla, lui aussi, de la grâce mystique par laquelle tous trois se sentirent pénétrés de la présence divine.

Nous aussi, vivons en présence de Dieu et sous son regard. Dans la journée, tournons souvent notre cœur vers Lui et évitons de l’offenser par nos mauvaises actions.

“ Jésus, doux et humble de cœur, placez mon cœur bien près du vôtre ! ”

Colorier l’Ange.

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Mardi 7 juin

MON DIEU ! JE CROIS, J’ADORE

LA prière que l’Ange apprit aux pastoureaux rappelle les grandes vérités de notre Credo : « Mon Dieu ! je crois. » Je crois que vous êtes le Dieu unique et véritable, le Créateur de tout ce qui existe, l’unique Seigneur du Ciel et de la terre, le seul qui soit digne d’être servi, adoré et aimé.

« Notre foi est admirable, écrit sœur Lucie, puisqu’elle nous révèle dès maintenant les trésors de la Vie éternelle qui est la Vie de Dieu même. Dieu nous a créés semblables à Lui, immortels, pour que nous puissions vivre de sa Vie. La Vie de Dieu sera en nous pour nous illuminer, nous transformer et nous immortaliser. Combien est grand le destin pour lequel Dieu nous a créés ! Que nous importent les choses de la terre ! Il faut uniquement obtenir que les âmes se sauvent pour rendre gloire à Dieu.

« La foi est le fondement de toute notre vie spirituelle, le terreau d’où provient la sève qui nous alimente et nous donne la vie. »

En nos temps d’apostasie, nous avons la grâce d’être du petit nombre de ceux qui ont gardé la foi. Mais rappelons-nous cet avertissement de Jean-Paul Ier : « Aujourd’hui, chacun ne conserve la foi qu’autant qu’il la défend, qu’il demeure ferme, courageux et déterminé, à l’imitation des premiers martyrs. »

Demandons pardon à Dieu pour ceux qui n’ont pas la foi ou qui l’ont perdue. « Quelle charité on manifeste pour les pauvres âmes, quand on répare pour leurs crimes ! » expliquait notre Père.

« J’adore », je m’agenouille, je me prosterne comme l’Ange, car « nous sommes très petits devant l’immensité de Dieu, rappelait sœur Lucie, mais nous Lui offrons ce que nous avons : notre amour ! »

« Mon Dieu ! je crois. » Je crois en Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Les autres dieux n’existent pas. « Mon Dieu ! je crois. » Cela signifie que je suis disciple de Jésus, et que je suis prêt à mourir pour attester qu’Il est le Fils de Dieu, comme l’ont fait les Apôtres et comme en témoignent aujourd’hui tant de martyrs.

Colorier les mots Mon Dieu ! Je crois, j’adore.

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Mercredi 8 juin

J’ESPÈRE ET JE VOUS AIME

PARCE que je crois, « je vous adore et j’espère en vous, ô mon Dieu, s’exclame sœur Lucie ; comme tous les biens viennent de vous, je m’abandonne entre vos bras de Père et j’ai confiance en votre amour, puisque vous êtes mon Sauveur. Je vous aime parce que vous êtes le seul digne de mon amour ; puissé-je vous payer avec le même amour dont vous m’aimez.

« Notre amour doit être sincère, joyeux et sacrifié, pour ne pas offenser gravement Dieu et le prochain.

« “ Priez ainsi ” : avec foi et confiance, en adorant humblement et en aimant. Rendons-nous compte que nous sommes en train de parler à Dieu ! Faisons notre prière avec confiance et amour parce que nous savons que nous nous adressons à Quelqu’un qui nous aime et veut nous soutenir dans nos défaillances, comme un père qui donne la main à son petit enfant pour l’aider à marcher.

« Il faut que notre prière soit une conversation et une rencontre avec Lui, certains que le Seigneur nous voit, nous regarde, nous écoute et nous prête attention. »

« Même au milieu de nos occupations, de notre travail, de nos délassements, de nos affaires, de nos récréations », nous pouvons réciter cette prière de l’Ange. Ainsi, « nous ferons plaisir au Seigneur, en sorte qu’Il se sentira bien chez nous. »

Colorier les mots J’espère et je vous aime.

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Jeudi 9 juin

L’ÉCOLE DE L’HUMILITÉ

LES enfants mirent aussitôt en pratique l’enseignement de l’Ange : « Depuis lors, nous restions longtemps prosternés, répétant cette prière, parfois jusqu’à tomber de fatigue. »

Quelquefois, le pauvre François n’en pouvait plus... « Lorsque nous nous prosternions pour dire cette prière c’était lui le premier qui se fatiguait de cette position, mais il restait à genoux ou assis, continuant à prier jusqu’à ce que nous terminions. Et après, il disait : “ Je ne suis pas capable de rester dans cette position aussi longtemps que vous. J’ai si mal au dos que je n’en peux plus. ” »

La visite de l’Ange les combla d’intimes grâces de Dieu : « La paix et la joie que nous ressentions étaient grandes, mais seulement intérieures, notre âme étant complètement concentrée en Dieu. L’abattement physique qui nous prostrait était grand aussi. »

Cet anéantissement en la divine Présence était pour les futurs messagers de Notre-Dame la plus sûre école de l’humilité vraie et profonde. Cette humilité est connaissance intime de la sainteté infinie de Dieu et, en contraste, du néant de la créature.

« Jésus doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre. »

Colorier un mouton.

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Vendredi 10 juin

L’ANGE DU PORTUGAL

DURANT les jours d’été, nos trois pastoureaux sortaient les brebis au petit matin et les recon­duisaient à la bergerie vers le milieu de la matinée pour les sortir de nouveau en fin de journée. Lucie, François et Jacinthe passaient alors les heures chaudes de la sieste à l’ombre des arbres qui entouraient le puits, dans le jardin des Dos Santos. C’est là, en ce lieu appelé l’Arneiro, qu’un jour d’été, l’Ange se montra pour la deuxième fois aux enfants qui étaient en train de jouer.

« Que faites-vous ? leur dit-il. Priez, priez beaucoup ! Les Saints Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez sans cesse au Très-Haut des prières et des sacrifices.

– Comment devons-nous nous sacrifier ? demanda Lucie.

– De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. De cette manière, vous attirerez la paix sur votre Patrie. Je suis son Ange Gardien, l’Ange du Portugal. Surtout, acceptez et supportez avec soumission les souffrances que le Seigneur vous enverra. »

Sur nous aussi, les Saints Cœurs de Jésus et de Marie ont des “ desseins de miséricorde ”. Ils nous ont accordé la grâce de naître dans une famille catholique, de grandir dans la foi par les sacrements, de croire aux apparitions de l’Ange et de Notre-Dame. En récitant notre chapelet, demandons la grâce de correspondre à la vocation qu’ils nous ont donnée.

Colorier Lucie.

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Samedi 11 juin

PENSONS À L’ANGE !

LUCIE précisera que l’Ange était « un être de lumière cristalline, aux contours parfaitement définis. Il me semble que c’était toujours le même Ange. Il n’avait pas d’ailes. » Si François l’avait contemplé comme ses cousines, il n’avait, cette fois encore, rien entendu. Aussi interrogea-t-il Lucie :

« Tu as parlé avec l’Ange, qu’est-ce qu’il t’a dit ?

 Tu ne l’as pas entendu ?

– Non, j’ai vu qu’il te parlait et j’ai entendu ce que tu lui as répondu, mais je ne sais pas ce qu’il t’a dit. »

Étonnée, mais encore toute pénétrée de l’atmosphère surnaturelle dans laquelle l’Ange les avait laissés, Lucie le pria d’attendre ou de questionner Jacinthe.

« Jacinthe, raconte-moi, toi, ce que l’Ange a dit.

 Je te le dirai demain, aujourd’hui je ne peux pas parler. »

Le lendemain, il accourut vers Lucie :

« As-tu dormi cette nuit ? Moi, j’ai toujours pensé à l’Ange et à ce qu’il a pu dire. »

Lucie lui répéta tout ce que l’Ange avait dit lors de la première et de la deuxième apparition. François demeura pensif. Il ne semblait pas saisir la signification de certaines paroles et demanda :

« Qui est le Très-Haut ? Que veut dire : “ les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications ” ? »

Lucie lui répondit d’attendre le lendemain, car elle ne pouvait pas encore parler facilement. Il attendit, mais posa bientôt de nouvelles questions. Jacinthe lui rétorqua : « Écoute, ne parle pas trop de ces choses ! »

« Lorsque nous parlions de l’Ange, je ne sais ce que nous éprouvions, raconte Lucie. Jacinthe disait : “ Je ne sais ce que je sens, je ne peux pas parler, ni chanter, ni jouer et je n’ai plus de force pour rien.

– Moi non plus, répondait François, mais qu’importe ! L’Ange est plus beau que tout cela. Pensons à lui ! ” »

En cet anniversaire de la naissance de François (11 juin 1908), chantons le cantique “ François et Jacinthe ” (G 70).

Colorier François.

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Dimanche 12 juin

« PRIEZ, PRIEZ BEAUCOUP ! »

APRÈS quelques jours, l’atmosphère surnaturelle dans laquelle l’Ange les avait laissés disparut. Mais le message du Ciel demeurait dans sa clarté et tout entier résumé en cette pressante recommandation : « Priez, priez beaucoup ! Offrez sans cesse au Très-Haut des prières et des sacrifices ! »

Sans tarder, les enfants le mirent en pratique avec générosité, préparant ainsi leurs cœurs aux grâces plus grandes encore que Notre-Dame leur réservait.

« À partir de ce moment, rapporte Lucie, nous avons commencé à offrir au Seigneur tout ce qui nous mortifiait, mais sans chercher à nous imposer des pénitences particulières, sauf celles de passer des heures entières prosternés sur le sol à répéter la prière que l’Ange nous avait apprise. »

Les paroles du céleste Messager étaient « comme une lumière qui nous faisait comprendre qui est Dieu, combien Il nous aime et veut être aimé de nous, la valeur du sacrifice et combien celui-ci Lui est agréable, comment, par égard pour lui, Dieu convertit les pécheurs. »

Et notre Père d’expliquer : « “ De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. ” C’est un secret du Ciel pour nos temps d’apostasie. Que faire pour tant d’âmes qui se perdent ? Nous prosterner avec confusion et demander pardon. Cela veut dire reconnaître la sainteté, la majesté, l’autorité de notre Roi et de notre Reine à tous, leur bonté infinie et leur miséricorde, puis confesser que le monde est ingrat, injurieux, provocant dans son impiété, sa révolte et ses autres péchés. Nous interposer entre le monde et Dieu pour implorer le pardon : cela suffit. Les Cœurs de Jésus et de Marie feront le reste. »

« Le sacrifice est le bastion de notre prière... C’est par les sacrifices que l’on sauve les âmes, et il s’en perd tant ! Si l’on y pense, cela fait trembler de frayeur ! Alors, qu’Il demande tout ce qu’Il voudra. Tout. » (sœur Lucie)

Aujourd’hui, offrir un sacrifice pour le salut des âmes.

Colorier une partie de la frise.

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Lundi 13 juin

« VOUS ATTIREREZ LA PAIX »

L’ANGE avait exhorté les enfants à beaucoup prier et faire des sacrifices. « De cette manière vous attirerez la paix sur votre patrie », avait-il ajouté. En cette année 1916, le Portugal connaissait la période la plus noire de son histoire, depuis que la République avait été proclamée en 1910.

Bien que suivant les sages directives du pape saint Pie X, l’Église portugaise n’arrivait pas à faire obstacle à la révolution satanique qui s’attaquait à tous les domaines. Les œuvres caritatives et l’apostolat étaient rendus presque impossibles, les ordres religieux étaient supprimés ou persécutés, la presse catholique étouffée, les églises incendiées. Les sacrilèges envers le Très Saint-Sacrement se multipliaient.

Et en politique, le pays était livré aux dissensions et aux pires désordres.

Or, les prières et les sacrifices que les enfants offrirent à Dieu attirèrent la paix sur le pays. Le 8 décembre 1917, en la fête de l’Immaculée Conception, le coup d’État de Sidonio Pais annonça l’aurore de la renaissance catholique et du relèvement national.

Cet ancien franc-maçon, revenu de ses erreurs l’année précédente, mena une politique ouvertement catholique. Il renoua avec les meilleures traditions portugaises et prit sans tarder toutes les mesures nécessaires pour réparer les torts causés à l’Église. Il lui rendit la jouissance de toutes les libertés auxquelles elle a droit et dont elle a besoin pour travailler au salut des âmes !

« Nous devons avoir confiance et adresser beaucoup de prières au Ciel, en demandant à Dieu et à Notre-Dame de garder nos gouvernants et de leur accorder force et sagesse. Que l’Ange gardien du Portugal saisisse son épée en notre faveur et pour la cause de Dieu. L’enfer est en lutte contre Dieu et ses élus. » (sœur Lucie)

Ne doutons jamais de l’efficacité de la prière et du sacrifice, offerts aux Cœurs de Jésus et Marie. Répétons la prière de l’Ange : « Mon Dieu, je crois... »

Colorier une partie de la frise.

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Mardi 14 juin

L’ANGE DE L’EUCHARISTIE

LA troisième apparition a peut-être eu lieu le jour de la Saint-Michel, pensait notre Père, puisque Lucie se souvient que ce fut « en octobre ou fin septembre, parce que nous n’allions déjà plus passer les heures de sieste à la maison. Après avoir pris notre repas, nous nous mîmes d’accord pour aller prier à la grotte. Il fallut escalader quelques rochers qui se trouvent en haut de la “ Prègueira ”. Les brebis réussirent à passer, avec une certaine difficulté.

« Dès que nous fûmes arrivés, nous mettant à genoux le visage contre terre, nous avons répété la prière de l’Ange : “ Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime... ”

« Je ne sais combien de fois nous avions répété cette prière lorsque nous vîmes briller au-dessus de nous une lumière inconnue. Nous nous sommes relevés pour voir ce qui se passait, et nous avons revu l’Ange qui tenait dans sa main gauche un calice, sur lequel était suspendue une Hostie de laquelle tombaient quelques gouttes de Sang dans le calice.

« Laissant le Calice et l’Hostie suspendus en l’air, il se prosterna près de nous jusqu’à terre et répéta trois fois cette prière :

« “ Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément, et je Vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les Tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. ”

« Puis, se relevant, il prit de nouveau dans ses mains le Calice et l’Hostie, me donna la sainte Hostie, et donna le Sang du calice à Jacinthe et à François, en disant en même temps :

« “ Mangez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ, horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu. ”

« Il se prosterna de nouveau jusqu’à terre et répéta avec nous encore trois fois la même prière : “ Très Sainte Trinité... ” Puis il disparut.

« Poussés par la force du surnaturel qui nous enveloppait, nous avions imité l’Ange en tout, c’est-à-dire que nous nous étions prosternés comme lui et avions répété les prières qu’il disait.

« Nous sommes restés dans la même attitude, répétant toujours les mêmes paroles.

« Ce fut François qui se rendit compte que la nuit approchait. Il nous en avertit et pensa à reconduire notre troupeau à la maison. »

Quels sont ces crimes qui offensent Dieu ? Ce sont les outrages, les sacrilèges, les indifférences, les ingratitudes de ceux qui Le reçoivent indignement, qui Le persécutent, et de ceux qui, Le connaissant, L’abandonnent et ne L’aiment pas.

Récitons la prière “ Très Sainte Trinité ” en réparation de nos propres fautes et pour le salut des pécheurs.

Colorier le Calice et l’Hostie.

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Mercredi 15 juin

« JE SENTAIS QUE DIEU ÉTAIT EN MOI. »

DANS cette troisième apparition, la présence du surnaturel fut beaucoup plus intense. Pendant plusieurs jours, même François n’osait parler. Il disait : « J’aime beaucoup voir l’Ange, mais le pire c’est que, après, nous sommes incapables de faire quoi que ce soit. Je ne pouvais même plus marcher, je ne sais pas ce que j’avais ! »

Après quelques jours, et lorsqu’ils eurent retrouvé leur état normal, François demanda à Lucie :

« L’Ange t’a donné, à toi, la sainte Communion ; mais à Jacinthe et à moi, qu’est-ce qu’il a donné ?

 C’est aussi la sainte Communion, répondit Jacinthe avec un bonheur indescriptible. N’as-tu pas vu que c’était le Sang qui tombait de l’Hostie ?

– Je sentais que Dieu était en moi, mais je ne savais pas comment cela s’était fait. »

Se prosternant alors à terre, il resta très longtemps avec sa sœur, répétant la prière de l’Ange : “ Très Sainte Trinité... ”

Jacinthe et François, qui n’avaient pas encore été admis à la Première Communion, l’avaient ainsi faite des mains de l’Ange, dans une simplicité toute surnaturelle. Le Ciel montrait par là qu’il approuvait la “ Communion précoce ” que le pape Pie X avait encouragée. Tandis que leur cousine communiait à la Sainte Hostie, ils reçurent Jésus-Eucharistie en buvant le Précieux Sang du calice.

Notre-Seigneur voulait être leur force pour les aider à accomplir leur vocation : consoler les Cœurs de Jésus et Marie et convertir les pécheurs.

« Ce que je vous recommande plus que toute autre chose, c’est de vous mettre près du Tabernacle, et de prier. Là, vous trouverez la lumière et la force dont vous avez besoin pour vous et pour les autres. » (sœur Lucie)

Aujourd’hui, s’il ne vous est pas possible d’aller prier un moment dans une église, récitez trois fois la prière “ Très Sainte Trinité ”, en esprit d’adoration et de réparation.

Colorier une partie de la frise.

Jeudi 16 juin

« RÉPAREZ LEURS CRIMES »

FATIMA nous rappelle l’Évangile : Dieu est saint, il veut être adoré. Or, Il ne cesse d’être offensé par les « outrages, sacrilèges et indifférences » des hommes. Pour tous ces blasphèmes, commis particulièrement envers Jésus « présent dans tous les Tabernacles de la terre », il faut réparer. Comment cela ? En demandant pardon au nom des pécheurs, en se substituant à eux pour leur obtenir miséricorde.

Plus tard, sœur Lucie expliquera : « La troisième apparition de l’Ange est une incitation à adorer Dieu dans le mystère de la Très Sainte Trinité.

« “ Très Sainte Trinité... ” Cette prière fut pour moi d’un grand secours dans mon union à Dieu. Elle m’a rapprochée de lui, m’a saisie, s’est gravée dans mon cœur de façon indélébile : “ Sainte Trinité, Dieu unique et véritable, en qui je crois et j’espère, je vous adore et je vous aime. Acceptez mon amour et mon humble adoration. Ce que j’ai à vous donner, c’est si peu que je vous demande d’accepter, en échange de mon indignité, les mérites infinis du Cœur de Jésus et ceux du Cœur Immaculé de Marie et, en retour, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. ” »

« C’est une très grande nécessité de sauver les âmes, beaucoup d’âmes, de réparer pour tant et de nombreux péchés qui sont en train d’attirer sur nous tant et de si nombreux châtiments ! » Faisons nôtre la prière de Lucie.

Colorier un mouton.

Vendredi 17 juin

À JÉSUS PAR MARIE

DANS les trois apparitions, l’Ange parle au nom des Saints Cœurs de Jésus et de Marie, indissociablement unis. Plus tard, Jésus et Marie se plaindront encore à sœur Lucie qui témoignera : « Ils nous aiment tant ! Et ce qu’ils désirent le plus, c’est de voir leur amour connu et qu’on y corresponde. C’est une de leurs plaintes ordinaires : “ J’aime et je ne suis pas aimé ; je me manifeste et je ne suis pas connu ; je donne et l’on ne répond pas à mes avances. ” »

Les Cœurs de Jésus et Marie aiment que nous leur rendions un culte « parce qu’ils s’en servent pour attirer les âmes à eux, et c’est là tous leurs désirs : sauver les âmes, beaucoup d’âmes, toutes les âmes, dit sœur Lucie. Notre-Seigneur me disait il y a quelques jours : “ Je désire très ardemment la propagation du culte et de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, parce que ce Cœur est l’aimant qui attire les âmes à moi, le foyer qui irradie sur la terre les rayons de ma lumière et de mon amour, la source intarissable qui fait jaillir sur la terre l’eau vive de ma miséricorde. ” »

Tel est le grand dessein de Dieu : répandre dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Ainsi, l’on ne saurait aller à Dieu et lui plaire sans passer par le Cœur Immaculé de Marie. Notre-Dame ne dira-t-elle pas, le 13 juin 1917 : « Jésus veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion je promets le salut. Ces âmes seront chéries de Dieu comme des fleurs placées par moi pour orner son trône. »

Aujourd’hui, récitons cette prière de saint Pie X :

« Ô Marie, notre douce Médiatrice, qui êtes la Reine du Ciel et de la terre, nous vous en supplions très humblement, daignez toujours intercéder pour nous. Demandez à Dieu qu’il envoie saint Michel et les anges pour écarter tous les obstacles qui s’opposent au règne du Sacré-Cœur dans nos âmes, dans nos familles, dans la France et dans le monde entier.

« Et vous, ô saint Michel, Prince des Milices célestes, venez à nous. Nous vous appelons de tous nos vœux. ­Protégez-nous contre l’enfer déchaîné, et par la vertu divine dont vous êtes revêtu, après avoir donné la victoire à l’Église ici-bas, conduisez nos âmes à l’éternelle patrie. Ainsi soit-il.

« Cœur Immaculé de Marie, que votre règne arrive ! »

Colorier une partie de la frise.

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Samedi 18 juin

LE NOVICIAT DE LA SOUFFRANCE

LES dures épreuves qui accablèrent la famille de Lucie coïncidèrent avec les premières apparitions. Peu à peu, l’atmosphère familiale s’assombrit, et cela fut d’autant plus sensible à la petite qu’elle avait joui jusque-là d’un bonheur sans nuages, au milieu des siens qu’elle chérissait tendrement.

S’étant mariées, ses deux sœurs aînées quittèrent la maison paternelle. Ainsi, Maria Rosa restait seule à la maison, pendant la journée, « comme dans un désert, et elle supportait mal la solitude ». Ses chants n’étaient plus accompagnés ou repris par ses filles et les jeunes filles qui travaillaient avec elles, ni par les enfants dont elles s’occupaient.

À la même époque, Gloria et Carolina s’engagèrent comme servantes. Seuls, Manuel qui aidait son père et Lucie revenaient à la maison en fin d’après-midi.

« Ma pauvre mère vivait plongée dans une amertume profonde et lorsque, le soir, nous étions réunis tous les trois près du feu, en attendant mon père pour souper, et qu’elle voyait vides les places de ses autres filles, elle disait avec une grande tristesse : “ Mon Dieu ! où est partie la joie de ce foyer ? ” Puis, inclinant la tête au-dessus d’une petite table qui était à son côté, elle donnait libre cours à ses larmes. Mon frère et moi, nous pleurions avec elle. C’était une des scènes les plus tristes auxquelles j’ai assisté. Je me sentais le cœur déchiré de peine par l’absence de mes sœurs et par l’amertume de ma mère. »

Acceptons nos épreuves et, avec sœur Lucie, disons toujours oui à Dieu : « Comme notre Bon Dieu est ami des sacrifices ! Comme il aime les âmes qui disent toujours oui ! »

Colorier un mouton.

Dimanche 19 juin

POUR LA CONVERSION DES PÉCHEURS

DE surcroît, une nouvelle épreuve s’annonçait : « Mon frère Manuel arrivait à l’âge où il devait se présenter au recrutement pour le service militaire. Et comme il jouissait d’une très bonne santé, il fallait s’attendre à ce qu’il fût appelé. On était en guerre et il était difficile de le faire exempter. »

C’était une nouvelle source d’inquiétude pour la pauvre Maria Rosa.

« Bien que n’étant encore qu’une enfant, poursuit Lucie, je comprenais parfaitement la situation dans laquelle nous nous trouvions. Je me rappelais alors les paroles de l’Ange : “ Surtout, acceptez avec soumission les sacrifices que le Seigneur vous enverra. ” Aussi, je vis qu’en tout cela, les choses étaient ainsi que Dieu les voulait. Je me retirais alors dans un coin solitaire avec ma souffrance, pour ne pas augmenter celle de ma mère. L’endroit où je me retirais d’habitude était notre puits. Là, à genoux, inclinée sur les dalles qui le recouvraient, je mêlais mes larmes à ses eaux et j’offrais à Dieu ma souffrance. Parfois, François et Jacinthe me trouvaient ainsi dans la peine. Et, comme j’avais la voix cassée par les sanglots et que je ne pouvais leur parler, ils souffraient avec moi au point de verser, eux aussi, d’abondantes larmes.

« Alors, Jacinthe faisait à haute voix notre offrande : “ Mon Dieu, c’est en acte de réparation et pour la conversion des pécheurs que nous vous offrons toutes ces souffrances et tous ces sacrifices. %E