Il est ressuscité !

N° 227 – Décembre 2021

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


 « Caveamus ! »

EN fils soumis de l’Église catholique romaine, il  nous faut répondre sans détour au questionnaire que nous adressent nos évêques, « à nous tous baptisés, membres du peuple de Dieu », en dépit du sentiment d’être l’objet d’une enquête sociologico-­religieuse destinée à des émigrés arrivés récemment à Pékin pour évaluer leur aptitude à vivre en pays libre, délivrés de toute sujétion spirituelle à des étrangers, après l’expulsion des derniers missionnaires catholiques venus de France...

Premier “ pôle thématique ” : Les compagnons de voyage.

« Dans l’Église et dans la société, nous sommes sur la même route, côte à côte.

  • Dans votre Église locale, quels sont ceux qui « marchent ensemble ?»

Réponse : les petits frères et petites sœurs du Sacré-Cœur fondés par l’abbé de Nantes en 1958 dans le diocèse de Troyes sous la houlette bienveillante de l’évêque de ce diocèse, Mgr Le Couëdic.

  • Quand nous disons notre Église”, qui en fait partie ?

Les catholiques baptisés en communion avec le Pape et notre évêque.

  • Qui nous demande de marcher ensemble ?

Notre-Dame de Fatima qui nous indique le chemin à suivre pour aller jusqu’à Dieu : son Cœur Immaculé.

  • Quels sont les compagnons de voyage avec qui nous cheminons, même en dehors du cercle ecclésial ?

Toutes « les âmes qui s’approchent de Dieu » fécondées par le sang des martyrs, selon la vision contemplée par Lucie, François et Jacinthe, lors de la troisième apparition de Notre-Dame de Fatima, le 13 juillet 1917.

  • Quelles personnes ou quels groupes sont-ils laissés à la marge, expressément ou de fait ?

Réponse : personne !

Avant d’en venir au deuxième « pôle thématique », nous ne pouvons dissimuler notre malaise né de la certitude que la conclusion de cette enquête est déjà rédigée et qu’est prévu un temps de formation pour les membres de “ l’Église clandestine ” qui font les réponses que je viens de dire.

Le deuxième « pôle thématique » nous le confirme sous le titre “ Écouter ”.

  • Vers qui notre Église particulière a-t-elle « un manque d’écoute»?

Réponse : Nous écoutons tout le monde.

  • Comment les laïcs sont-ils écoutés, en particulier les jeunes et les femmes ?

Réponse : Par des sessions régulières tenues en nos ermitages par les frères et les sœurs.

  • Comment intégrons-nous la contribution des personnes consacrées, hommes et femmes ?

Réponse : Précisément par la contribution de nos frères et de nos sœurs à la prière commune, surtout le chapelet quotidien demandé par Notre-Dame de Fatima, et par des instructions.

  • Quelle place occupe la voix des minorités, des marginaux et des exclus ?

Réponse : Les petits frères et petites sœurs du Sacré-Cœur étant eux-mêmes des exclus, sont de plain-pied.

  • Parvenons-nous à identifier les préjugés et les stéréotypes qui font obstacle à notre écoute ?

Réponse : Aucun préjugé, aucun stéréotype, aucun obstacle, du moins de notre part. La preuve : nos réponses sans feinte à ce questionnaire.

  • Comment écoutons-nous le contexte social et culturel dans lequel nous vivons ?

Réponse : avec attention, et pour en faire régulièrement un compte rendu public. Comme notre conférence d’actualités sur le rapport Sauvé (infra, p. 21)

C’est ici que se dévoile le dessein “ synodal ” du pape François d’aboutir enfin à l’accomplissement de celui du pape Paul VI, dénoncé par l’abbé de Nantes, disciple de saint Pie X, avant même la clôture du Concile (8 décembre 1965), sous la dénomination de masdu, “ Mouvement d’Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle ”, instauré en vue d’aboutir à une Église vraiment universelle au service de l’homme et du monde, dont l’Église traditionnelle doit se faire enfin l’âme divine : l’Église (nationale) et l’État (communiste) diaboliquement concertés, comme à Pékin...

Le pôle troisième dévoile clairement ce dessein sous le titre : Prendre la Parole, et cinq questions, introduites par cette recommandation : « Tous sont invités à parler avec courage et parrhésie, c’est-à-dire en conjuguant liberté, vérité et charité. »

  • Comment favorisons-nous, au sein de la communauté et de ses divers organismes, un style de communication libre et authentique, sans duplicités ni opportunismes ?
  • Et vis-à-vis de la société dont nous faisons partie ?
  • Quand et comment réussissons-nous à dire ce qui nous tient à cœur ?
  • Comment fonctionne le rapport avec le système des médias (pas seulement les médias catholiques) ?
  • Qui parle au nom de la communauté chrétienne et comment ces personnes sont-elles choisies ?

Comment « parler avec courage et parrhésie, c’est-à-dire en conjuguant liberté, vérité et charité » ? Le cardinal Sarto, futur saint Pie X, le disait à ses prêtres de Venise dans une Lettre pastorale du 5 septembre 1894 :

« Veillez, ô prêtres, à ce que, par votre faute, la doctrine de Jésus-Christ ne perde pas la parure de son intégrité... Beaucoup ne comprennent pas les soins jaloux et la prudence dont on doit user pour conserver la pureté de la doctrine. Il leur semble naturel et quasi nécessaire que l’Église abandonne quelque chose de son intégrité ; il leur semble intolérable qu’au milieu des progrès de la science, l’Église seule prétende demeurer immobile dans ses principes. Ceux-là oublient le commandement de l’Apôtre : Je t’ordonne devant Dieu qui donne la vie à toutes choses et devant Jésus-Christ qui a rendu témoignage sous Ponce Pilate, de garder cet enseignement immaculé, intact, jusqu’à la venue de Notre-Seigneur Jésus-Christ.  Quand cette doctrine ne pourra plus se garder incorruptible et que l’empire de la vérité ne sera plus possible en ce monde, alors le Fils de Dieu apparaîtra une seconde fois. Mais jusqu’à ce dernier jour nous devons maintenir intact le dépôt sacré et répéter la glorieuse déclaration de saint Hilaire : Mieux vaut mourir en ce siècle que de corrompre la chasteté de la vérité. ” »

Si nous suivons les recommandations du cardinal Sarto, la réponse aux cinq questions va de soi : aux trois premières questions, une « libre et authentique » profession de foi catholique est le seul « style de communication » qui convienne, « sans duplicités ni opportunismes », tant « vis-à-vis de la société » qu’au sein de la communauté et ses divers organismes. « Quand et comment ? » En nous recommandant au Cœur Immaculé de Marie, par la récitation quotidienne du chapelet, et par la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois.

Quant au « rapport avec les médias »... à éviter ! Surtout avec les « médias catholiques ” ». Mais pour parler au nom de la communauté chrétienne... chacun des membres de nos communautés de petits frères et de petites sœurs du Sacré-Cœur est habilité à « parler » au nom de tous, tellement nous sommes tous unis dans la même foi catholique et la même intelligence de ses corollaires dans les « divers organismes » de la famille, du travail et de la patrie.

Quatrième pôle thématique : célébrer.

« Marcher ensemble » n’est possible que si ce chemin repose sur l’écoute communautaire de la Parole et sur la célébration de l’Eucharistie.

  • De quelle façon la prière et la célébration liturgique inspirent-elles et orientent-elles effectivement notre « marcher ensemble»?

Réponse : nous l’avons dit, en suivant le « chemin » tracé par Dieu qui « veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé », a déclaré Notre-Dame dans sa deuxième apparition, le 13 juin 1917 ; ce chemin est le Cœur Immaculé de Marie. « La prière et la célébration liturgique » qui inspirent notre « marcher ensemble » est dans la récitation de l’office divin et du chapelet, et la célébration du Saint-Sacrifice de la messe.

  • Comment cela inspire-t-il les décisions les plus importantes ?

Réponse : « Les décisions les plus importantes » sont inspirées par les sept dons du Saint-Esprit, comme l’a indiqué le pape François en demandant que l’Église se place sous « la conduite de l’Esprit- Saint » pour « discerner » ce qu’elle doit faire et comment elle doit agir. « S’il n’y a pas l’Esprit », a martelé le Pape, il « n’y aura pas de synode », le samedi 9 octobre, journée d’introduction, suivie d’une messe solennelle le dimanche.

  • Comment encourageons-nous la participation active de tous les fidèles à la liturgie et à l’exercice de la fonction de sanctification ?

Réponse : en prenant part à toutes les cérémonies religieuses de la sainte Église catholique, selon les indications données par le curé de notre paroisse.

À partir du cinquième “ pôle thématique ” intitulé « coresponsables dans la mission », nous entrons dans un domaine où « il faut de toute urgence, pour la conservation de notre religion et le salut des âmes, que les hommes d’Église arrivent à faire la pleine lumière sur leurs dissensions » (Georges de Nantes, Lettre à mes Amis, no 199, du 19 mars 1965). Toutes les causes de dissensions sont réunies sous les titres suivants :

Pôle VI (sic !). Dialoguer dans l’Église et dans la société. C’est le thème de l’encyclique Ecclesiam suam de Paul VI !

VII.  Avec les autres confessions chrétiennes.

VIII. Autorité et participation.

IX. Discerner et décider.

X. Se former à la synodalité.

Nous avons foi en l’Église, non celle d’hier mais celle de toujours, non celle de nos idées ou de nos rêves mais l’Église une et unique, sainte, catholique et apostolique dont le siège est à Rome, l’Église de François, et non une autre. Nous n’avons de ferme espérance pour notre salut et celui du monde qu’en elle, nous l’aimons de toute notre âme, nous voulons vivre et mourir en elle et, selon qu’il plaît à Dieu, pour elle. Ces certitudes, ces sentiments sont en nous un don céleste, une œuvre de la grâce sacramentelle, sans mérite de notre part car nous ne sommes que misère naturelle et péché. Cet attachement que nous lui portons est le premier de ses bienfaits ; qu’elle ne nous en prive pas ! Nous sommes par toutes les fibres de notre être ses enfants, nous voulons absolument le demeurer toujours.

Mais nous n’avons ni foi, ni espérance ni le moindre amour pour le MASDU. Ce projet d’une nouvelle et universelle religiosité dont l’Église se ferait l’organe, au service de la Cité humaine à bâtir, ce “ Mouvement d’Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle ” n’a rien qui nous charme. Tout en est emprunté, c’est trop clair, à la théosophie maçonnique et, sous les symboles chrétiens, en demeure profondément ennemi de Jésus-Christ, incompatible avec sa Révélation. Délire, billevesées sanglantes, inversion cent fois condamnée de la vraie religion, le MASDU ne saurait nous inspirer que méfiance et répulsion. Nous faisons profession de nous en éloigner, de le dénoncer et de le combattre où qu’il paraisse,... in nomine Domini !

Nous ne faisons que suivre en cela le conseil et les encouragements de saint Pierre :

« Et qui donc peut vous faire du mal, si vous vous montrez zélés pour le bien ? Que si pourtant vous deviez souffrir pour la justice, heureux êtes-vous ! N’ayez d’eux aucune crainte, ne vous laissez pas troubler, mais traitez saintement dans vos cœurs le Seigneur Jésus-Christ. Soyez toujours prêts à répondre à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous, mais avec douceur et respect. Ayez bonne conscience, afin que soient confondus, sur le point même où l’on vous calomnie, ceux qui décrient votre bonne conduite dans le Christ. Car mieux vaudrait souffrir, si telle était la volonté de Dieu, en faisant le bien qu’en faisant le mal. » (1 P 3, 13-17)

Le pape François, successeur de saint Pierre, a déclaré que « le concile Vatican II a tellement façonné sa vision théologique et pastorale qu’il est devenu l’horizon de notre croyance, de notre langage et de notre praxis, c’est-à-dire qu’il est rapidement devenu notre écosystème ecclésial », écrit-il dans la préface d’un ouvrage publié le 30 septembre dernier par le Vatican.

Le livre présente une lecture de l’encyclique du Pape, “ Fratelli Tutti ”, sur la fraternité et l’amitié sociale, mais aussi de son enseignement social dans son ensemble, en soulignant sa continuité avec l’enseignement social pontifical et, en particulier, la vision du concile Vatican II de l’Église catholique en dialogue avec le monde et au service de celui-ci.

Le Concile a affirmé la vision « d’une Église ouverte, en dialogue avec le monde », a-t-il dit. Et ce dialogue a mis en évidence le besoin « d’une Église qui se mette au service de l’humanité, en prenant soin de la création et en proclamant et réalisant une nouvelle fraternité universelle, dans laquelle les relations humaines sont guéries de l’égoïsme et de la violence et sont fondées sur l’amour mutuel, l’acceptation et la solidarité ».

Bref, tout ce que saint Pie X condamnait dans sa Lettre sur le Sillon, est devenu le programme de son successeur le pape François.

LA LETTRE SUR LE SILLON... ACTUELLE !

DÉNONÇANT Le plus grand Sillon  par lequel Marc Sangnier prétendait unir catholiques, protestants et libres-penseurs pour travailler à la construction de la société future par l’avènement de la démocratie « dans une généreuse émulation sur le terrain des vertus sociales et civiques », le pape saint Pie X constatait :

« Effrayantes et attristantes à la fois sont l’audace et la légèreté d’esprit d’hommes qui se disent catholiques et qui rêvent de refondre la société dans de pareilles conditions et d’établir sur terre, par-dessus l’Église catholique le règne de la justice et de l’amour ”, avec des ouvriers venus de toute part, de toutes religions ou sans religion, avec ou sans croyances, pourvu qu’ils oublient ce qui les divise, leurs convictions religieuses ou philosophiques, et qu’ils mettent en commun ce qui les unit : un généreux idéalisme et des forces morales prises où ils peuvent ”.

« Quand on songe à tout ce qu’il a fallu de forces, de science, de vertus surnaturelles pour établir la cité chrétienne, et les souffrances de millions de martyrs, et les lumières des Pères et des Docteurs de l’Église, et le dévouement de tous les héros de la charité, et une puissante hiérarchie née du Ciel, et des fleuves de grâce divine, et le tout édifié, relié, compénétré par la Vie et l’Esprit de Jésus-Christ, la Sagesse de Dieu, le Verbe fait chair, on est effrayé de voir de nouveaux apôtres s’acharner à faire mieux avec la mise en commun d’un vague idéalisme et de vertus civiques.

« Que vont-ils produire ? Qu’est-ce qui va sortir de cette collaboration ? Une construction purement verbale et chimérique, où l’on verra miroiter pêle-mêle et dans une confusion séduisante les mots de liberté, de justice, de fraternité et d’amour, d’égalité et d’exaltation humaine, le tout basé sur une dignité humaine mal comprise. Ce sera une agitation tumultueuse, stérile pour le but proposé et qui profitera aux remueurs de masses moins utopistes.

« Oui, vraiment, on peut dire que le Sillon convoie le socialisme, l’œil fixé sur une chimère.

« Nous craignons qu’il y ait encore pire. Le résultat de cette promiscuité en travail, le bénéficiaire de cette action sociale cosmopolite ne peut être qu’une démocratie qui ne sera ni catholique, ni protestante, ni juive ; une religion, car le sillonnisme, ses chefs l’ont dit, est une religion, plus universelle que l’Église catholique, réunissant tous les hommes devenus frères et camarades dans le règne de Dieu ”. “ On ne travaille pas pour l’Église, on travaille pour l’humanité ”. »

Et saint Pie X concluait en constatant avec tristesse que « le fleuve limpide et impétueux du catholicisme du Sillon ne formait plus qu’un misérable affluent du grand mouvement d’apostasie organisé, dans tous les pays, pour l’établissement d’une Église universelle qui n’aura ni dogmes, ni hiérarchie, ni règle pour l’esprit, ni frein pour les passions et qui, sous prétexte de liberté et de dignité humaine, ramènerait dans le monde, si elle pouvait triompher, le règne légal de la ruse et de la force, et l’oppression des faibles, de ceux qui souffrent et qui travaillent. »

(Lettre sur le Sillon, nos 38-39)

Du même souffle, le pape François a averti que le message chrétien ne peut jamais être réduit à un programme social, ni être séparé de la vie réelle au point de se concentrer uniquement sur le spirituel et l’au-delà pourtant « unique but de tous nos travaux » selon sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus que le pape François affectionne au point de ne jamais se séparer de ses œuvres complètes !

« Le cœur de l’Évangile est l’annonce du royaume de Dieu, qui est la personne de Jésus – Emmanuel et Dieu avec nous », a écrit le Pape. « En lui, en effet, Dieu manifeste définitivement son projet d’amour pour l’humanité, en établissant sa seigneurie sur les créatures et en insérant dans l’histoire humaine le germe de la vie divine, qui la transforme de l’intérieur. »

Le royaume de Dieu, a-t-il ajouté, « est une réalité vivante et dynamique qui nous invite à la conversion et demande à notre foi de sortir du caractère statique d’une religiosité individuelle ou réduite au légalisme, pour être au contraire une recherche inquiète et continue du Seigneur et de sa parole, qui nous appelle chaque jour à collaborer à l’œuvre de Dieu dans les différentes situations de la vie et de la société ».

Alors que le royaume de Dieu ne sera pleinement établi qu’à la fin des temps, Jésus a déjà commencé à le construire et il continue à le faire, demandant à chaque chrétien de participer à l’effort, a déclaré le Pape. « Chacun de nous peut contribuer à réaliser l’œuvre du royaume de Dieu dans le monde, en ouvrant des espaces de salut et de libération, en semant l’espérance, en défiant la logique mortifère de l’égoïsme par la fraternité évangélique, en s’engageant dans la tendresse et la solidarité en faveur de nos voisins, surtout les plus pauvres. »

Dans une « Supplique pour la paix de l’Église » adressée « à notre Saint-Père le pape et les évêques réunis en Synode pour le vingtième anniversaire du concile Vatican II (1965-1985) », l’abbé de Nantes, notre Père, dénonçait cette vision sous le titre :

DE L’APOSTASIE CHARISMATIQUE DU CONCILE VATICAN II

« Depuis Adam et Ève, les enfants se cachent toujours pour faire de vilaines choses et c’est d’ailleurs toujours sous l’instigation trompeuse de Satan, parfois déguisé en serpent, ou en Ange de lumière selon saint Paul, ou en Agneau, c’est-à-dire en grand prêtre, selon l’Apocalypse. Il me semble avoir suffisamment démontré, Éminentissimes et Révérendissimes Seigneurs, qu’il en a été de même au concile Vatican II, et qu’il va en être de même lors de ce Synode extraordinaire réuni pour le commémorer, le célébrer, le revivre jusque dans ses émotions charismatiques. Prêtez attention donc, à l’adorateur du Serpent, à l’Ange de ténèbres déguisé en Ange de lumière pour vous annoncer un autre Évangile, à “ la Bête portant deux cornes comme un Agneau, mais parlant comme un dragon ” (Apocalypse 13, 11).

« Pour vous ranger une nouvelle fois “ au service de la première Bête ”, vous amener à lui “ dresser une image ” pour lui rendre un culte abominable et l’adorer, en lieu et place de l’Agneau véritable, Notre-Seigneur Jésus-Christ. “ C’est ici qu’il faut de la finesse ! Que l’homme doué d’esprit calcule le chiffre de la Bête, c’est un chiffre d’homme : son chiffre, c’est 666. ” (ibid., 18) »

« Il avait le corps d’un serpent
Et les yeux d’un Ange qui ment... » (Marie Noël)

« On le sentait rôder, dès le 11 octobre 1962. Je le remarquai le jour même : “ Tout s’est fait plus trouble, plus agressif au sein même de l’Église. En prétendant que le Concile va autoriser leurs erreurs ou leur relâchement, beaucoup de gens qui affectent à cause de cela une entière obéissance, se préparent en fait et peut-être inconsciemment à la rébellion ou à la défection... ” Je protestais : “ Le Concile n’est pas une séance d’illuminisme... ” Mais il s’annonçait tel, et sur les pas de l’illuminisme s’élançait le libéralisme : “ Il est déjà alarmant de voir que, sous prétexte de Concile, un libéralisme insensé autorise – en attendant – toutes les doctrines mais impose une sourdine à la Vérité ; un pacifisme imbécile interdit tout débat, toute controverse quelle que soit l’urgence des biens mis en cause ; enfin les loups ravisseurs et les brebis sont enfermés pêle-mêle dans l’Enclos sous prétexte que les bergers s’en vont en conférence et reconnaîtront les leurs au retour ! ” »

« Prends garde, Chevalier, prends garde !
Mort à toi, Mort ! s’il te regarde... »

« Voilà qui aurait dû avertir de ne pas laisser poser les affaires du Concile en termes conditionnels, mais en termes indicatifs. Le conditionnel est toujours un appel dissolvant aux imaginations et aux caprices ; il travaille pour la subversion. L’indicatif fortifie d’avance la société en mettant sur la voie nécessaire des décisions infaillibles ; il prépare à l’effort et à la soumission. Quand on veut guider son troupeau, on ne commence pas par lui ouvrir toutes les barrières, mais on lui indique la voie. Au bout de deux mille ans il semble que la vérité et le bien soient assez connus pour que se laisse pressentir le but d’un Concile. Il y a intérêt à ne pas le dissimuler trop longtemps.

« Tout cela, je l’écrivais au matin de ce jour mémorable entre tous (Lettre no 120, du 11 octobre 1962), et je terminais, plein d’espérance en Dieu, d’espoir en Vous, Messeigneurs : “ Mais déjà les cloches du monde sonnent pleines d’allégresse, l’Événement attendu se réalise. Veni Sancte Spiritus. 

« Elles sonnent le glas, m’écrivit aussitôt l’ami et le maître que le Seigneur m’a donné. De Nantes, je vous dis que tout est déjà joué, et perdu. »

« Avait-il donc aperçu, parmi l’immense théorie des évêques du monde pénétrant dans la basilique Saint-Pierre, le Basilic ?

« ... L’innocence du Mensonge
Coule, fausse, de ses yeux pers.
Prends garde, Chevalier ! Qui plonge
Sa vie en ces yeux-là, l’y perd. »

« C’est lui qui avait écrit, dicté son Discours d’ouverture à un Jean XXIII fasciné. C’est lui qui bientôt vous subjuguerait tous de ses yeux pers, mais oui ! et s’il invoquait alors tellement l’Esprit, c’était pour vous détourner de l’indicatif catholique et vous attirer sur les voies du conditionnel tentateur : “ Alors, Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du paradis ? ” Hélas, Éminentissimes et Révérendissimes Seigneurs, qu’avez-vous fait ! »

VOUS VOUS ÊTES RENDUS AU MONDE
DONT SATAN EST LE CHEF

« Caveamus, l’avertissement angoissé du cardinal Ottaviani, du cardinal Browne et de plusieurs autres a retenti enfin, écrivais-je le 23 novembre 1963, dans l’assemblée conciliaire. Prenons garde, frères ! Au moment d’accomplir une révolution sans précédent et d’anéantir mille ans d’efforts juridiques et mystiques en vue de l’unité de gouvernement et de la cohésion de l’Église, réfléchissez ! N’allez-vous pas orgueilleusement contre la volonté de Dieu ? Ne mettez-vous pas à l’épreuve sans raison la fragile merveille d’institutions auxquelles nous devons la liberté de l’Église et la tradition de la vérité révélée, sans division ni corruption ? Votre bon plaisir peut-il, avec son écrasante majorité, passer outre aux nécessités du salut des âmes ? Prenez garde ! La démocratie, observait un grand politique, est la maladie sénile des sociétés. Ne pensez pas qu’il vous soit permis d’innover, de porter atteinte à la constitution séculaire de l’Église, du seul fait d’une majorité, car votre auguste assemblée n’est précisément pas d’essence démocratique mais d’institution divine : au-dessus de vous règne la Parole de Dieu dont vous n’êtes que les dépositaires ; la Vérité de la foi commande, qu’il vous faut respecter et servir.

« Las ! un arbre n’arrête pas le vent dans la plaine, ni les rochers de Donzère le Rhône qui se rue vers le plat pays...

« Il ne saurait y avoir d’autorité, et plus encore d’infaillibilité, qu’en accord avec la Tradition, clame Ottaviani ! Vous faites obstacle à la Réforme que nous voulons, lui réplique Frings (et dans l’ombre, l’écoute son conseiller intime, l’abbé Ratzinger), taisez-vous et obéissez car nous sommes la majorité ! L’assemblée applaudit. On n’aurait jamais cru qu’heure pareille sonne à l’horloge de Saint-Pierre. Deux mille ans de foi catholique nous avaient donné à croire avec confiance que l’autorité dans l’Église est un magistère. Infortunés que nous sommes, si demain on prétend nous soumettre à une autorité qui s’émancipe du contrôle de la foi, refuse de fournir ses preuves d’orthodoxie et se réclame de la majorité des suffrages pour s’imposer [...].

« La Réforme déferle maintenant, elle déborde de l’aula sur le parvis, dans les journaux, de par le monde. L’Église va changer, change, c’est chose faite.

« Dédaignant l’opposition, qui cependant ne manque pas de rappeler son existence, les réformistes avancent toutes leurs thèses, en hâte, comme pour rattraper le temps perdu. Il leur plaît de nier que les juifs perfides aient crucifié Jésus ; il leur plaît de montrer compréhension et estime aux orthodoxes et aux protestants, mais également aux juifs, aux musulmans, aux bouddhistes et confucianistes, aux pentecôtistes et aux francs-maçons eux-mêmes, hommes de bonne volonté ! Enfin, pour comble, Mgr de Smedt les a pressés de proclamer de toute urgence la liberté absolue de la conscience individuelle, car “ le Monde attend ” cette proclamation libératrice. Pie IX après Grégoire XVI disait que c’était du délire. Cela le demeure, je vous l’assure.

« Mais qui, au nom de quoi, pourrait encore rappeler l’assemblée au bon sens et à la foi catholique ? Le cardinal Ottaviani, le cardinal Bacci ou le courageux évêque de Segni qui ne bronche pas dans cette tempête, Mgr Carli ? On murmure maintenant quand ils parlent. L’impulsion vient du dehors. Elle vient des experts. Ils ont promis au “ Monde ” une réforme de l’Église qui la livre à son caprice. Il faut que l’Église épouse le Monde ! Malheureux, l’Église, épouse virginale du Christ, s’écrie pathétiquement Ottaviani, notre mère admirable ? Oui, dit l’Autre, c’est la volonté de la Majorité ! (Lettre no 158, 23 novembre 1963)

« Le 6 août 1964, au moment où tous s’interrogent, où le balancier semble hésiter dans sa course, le pape Paul VI publie son encyclique Ecclesiam suam, comme la charte de son pontificat. “ Dans nos affrontements, que pense le Pape ? quelle opinion recommande-t-il ? que seront ses orientations prochaines ?... Réservé jusqu’à ce jour, S. S. Paul VI livre à ses frères et ses fils le fruit de ses pensées les plus intimes, soucieux de nous persuader qu’il y a là pour lui-même et pour nous tous une Vocation, une Voie nouvelle largement ouverte pour la rencontre, la connaissance et l’amour réciproque de l’Église et de la société humaine ” (Lettres nos 180-181, 20 août 1964). »

« La chose est maintenant publiée par un évêque français commentant l’Encyclique : “ Ce monde qui lui est cher, l’Église l’a en quelque sorte épousé ” (Lettre no 182) ! L’auteur de ce faire-part d’adultère n’était autre que ce bon Mgr Le Couëdic, mon évêque, fasciné par le général de Gaulle ici, et là subjugué par Paul VI. Mais qui d’entre vous, ô Pères du Concile, a eu meilleure figure alors ? Qui a refusé cette encyclique et sa suite, pire quand le Pape dirigera personnellement les marches d’approche, feintes, esquives, audaces, d’une Église qui s’essayait au métier de courtisane ?

« Ce n’est pas moi qui les en accuse, Elle et Lui, c’est un certain Michael Serafian sur le ton de l’information objective, dans le best-seller de l’année 1964, Le Pèlerin. “ D’une marche rapide, Paul VI a lancé en 1964 son appel évangélique sur les routes de l’Histoire. ” Et d’en dévoiler l’incroyable agenda, la consternante utopie, la déshonorante marche : “ Grâce à Mgr Athénagoras, Paul VI franchissait la première étape qu’il s’était fixée : l’établissement de relations permanentes avec les grandes communions chrétiennes... L’étape suivante consisterait à accrocher l’effort de Rome à celui d’un groupe plus important de chrétiens, sur une base patriarcale, dans un esprit évangélique... Le christianisme, avec ses nombreux chefs d’Églises, se fondrait sous une seule direction. Par la suite, le Pape envisagerait une coopération avec les religions non chrétiennes, le judaïsme, l’islam, le bouddhisme, le shintoïsme, l’hindouisme. Deux d’entre elles, le judaïsme et l’islam, présentaient certains traits communs avec le christianisme : un Livre saint, un monothéisme lié à une éthique, etc. Mais le facteur commun entre toutes ces religions était l’affirmation de valeurs religieuses et d’aspirations morales, qui ne pouvaient trouver leurs satisfactions dans les biens matériels, dans des perspectives sociales, politiques ou nationalistes. 

« J’ajoutais : “ Cet effort apostolique devait aller encore aux régimes communistes, les invitant à rejoindre la communauté humaine ainsi réconciliée, par une libéralisation politique et la suspension des persécutions religieuses. À Noël 1964, Paul VI invitera toute l’humanité à renverser les barrières et à retrouver, à son appel évangélique, la fraternité. Tel était le legs de Jean XXIII (mais c’était déjà Montini se faisant ce legs à lui-même, sous le bonnet rassurant du bon Pape Jean ”) ! La merveilleuse Providence de Dieu, disait-il, conduit la famille des hommes vers l’unité à laquelle elle est destinée. ” (Lettre no 195, 25 janvier 1965)

« Puisque nos dieux nous divisent proposait le grand réconciliateur romain, laissons-les de côté, oublions ces débats, ces passions obscures, ce fanatisme étroit au sujet de nos diverses religions, révélations et rédemptions plus ou moins légendaires ! Conservons nos opinions, nos points de vue, nos diverses traditions, mais sachons nous regarder d’un regard neuf et nous reconnaître, dans nos visages humains sans malice ni méchanceté, des frères ! Notre nouvel Évangile, c’est l’Amour, la Paix, la Fraternité !

« Et vous avez marché ? Pour vous amener et forcer à la dernière apostasie cependant il fallut un déploiement de malice et de perversité diabolique rare, reconnaissons-le. Un jour viendra, et plaise à Dieu que ce soit lors de ce Synode, où vous vous excuserez de la faute, comme Adam, en arguant de la tromperie dont vous avez été collégialement victimes. Et le Pape à son tour, comme Ève le fit, s’avouera lui-même trompé par le Serpent. Ce n’est que trop vrai. Du 8 décembre 1964 au 8 décembre 1965, une étrange manœuvre se déploya qui d’abord vous rassembla tous, et de force les progressistes, dans une étroite obéissance et confiance en Paul VI, pour mieux vous jeter tous, et de force les catholiques ! dans le schisme, l’hérésie et la véritable apostasie publique, universelle et exultante des derniers jours. C’est cette “ contrainte ” et ce “ brigandage ” qui vous amenèrent malgré vous à proclamer la Liberté religieuse, dans un délire collectif qu’il vous est charismatiquement suggéré, imposé, de fêter, de commémorer, de revivre et donc de ratifier dans ce Synode, afin de retenir l’Église encore vingt ans dans les liens de Satan. Et vous marchez encore ? Ah ! cette fois, ce sera sans excuse ! »

L’ANNÉE NOIRE ET PUTRIDE 1965 :
LE CONCILE PROCLAME LA LIBERTÉ DE RELIGION

« Le 8 décembre 1964, centenaire du Syllabus, avait passé sans fête, sans discours ni encyclique. Sans action de grâces pour ce coup d’arrêt, jadis porté aux principes révolutionnaires et aux dogmes lucifériens de la liberté et des droits de l’Homme, des peuples, des États, contre Dieu, contre Jésus-Christ et contre l’Église, tout particulièrement son Pontife romain. »

LE 20 NOVEMBRE, JOURNÉE DES DUPES.

« On avait bien cru pourtant célébrer ce jour-là, non ce grand Acte du magistère pontifical, mais son abolition ! Quelle fête ç’aurait été ! Déjà on s’en réjouissait, on s’exclamait : “ Le Syllabus est remisé. Le Syllabus est envoyé à la casse. Le Syllabus va être jeté au feu !  L’Anti-Syllabus était prêt, qu’il serait prodigieux de promulguer solennellement le 8 décembre, c’était la Déclaration sur la Liberté religieuse.

« Mais d’ordre du Pape, ce schéma rencontrant une trop vive opposition fut renvoyé à la session suivante et la manœuvre échoua le 20 novembre. Ce jour-là, après avoir craint le pire, je crus à un miracle, et le parti de la Révolution, qui l’espérait tant, cria à la trahison. Le 8 décembre, j’écrivais, partagé entre le soupçon d’une manœuvre subtile et l’espoir d’une conversion sincère de Paul VI à la vue de l’abîme :

« “ Mais Dieu veille. Le Décret sur la Liberté religieuse était prêt, mais S. S Paul VI a encore sursis une nouvelle fois : intimement angoissé des périls ténébreux qui l’environnent, il a hésité et remis à plus tard, à la demande instante d’une minorité, grâce à la faveur providentielle d’un article du règlement conciliaire ; il écarte encore loin de lui et de nous, loin de l’Église, cette déclaration de Liberté qui remet les clefs de nos cités et de l’Église à Satan. ” (Lettre no 190, 8 décembre 1964)

« Hélas, on dut bientôt s’apercevoir que Paul VI n’avait freiné la révolution conciliaire que pour la plus sûrement conduire, en aveuglant la minorité trop forte, à son but maudit. “ Ce 21 novembre, épuisé par sa lutte, crucifié de tant d’incompréhension et d’hostilité de la part de ses amis, le Pape était, plutôt qu’un Louis XVIII inaugurant la Restauration, un Napoléon consolidant impérialement la doctrine et le programme de la Révolution. ” “ Nous avons gagné la guerre, après avoir perdu toutes les batailles ”, écrivait un saint moine romain à ses correspondants de France...

« “ Pas encore jeune homme ! ” lui répliquais-je (Lettre no 195, 25 janvier 1965). Les batailles perdues, c’était la Collégialité réclamée, votée, c’étaient les déclarations sur la Liberté religieuse, sur les Juifs, et trois chapitres sur l’Œcuménisme, votés d’enthousiasme par la majorité du Concile. La grande victoire, c’était le renvoi aux obscures officines du Secrétariat pour l’Unité, de tous ces schémas sulfureux en vue de leur “ amendement ”... Et d’abord le schéma sur la Liberté religieuse, clef de voûte de tout le système. »

LE MONDE ATTEND, L’ÉGLISE RENACLE.

« Mais faut-il vous rappeler, Messeigneurs, poursuivait notre Père, de quoi il s’agissait ? De rien de moins que de l’Ouverture au monde, essentielle nouveauté de Vatican II. Concile “ œcuménique ” au sens étroitement ecclésiastique, il voulait s’ouvrir à un œcuménisme mondial, universel, donc pluraliste. C’était une volonté de Dieu. “ Je confesse, proclamait le cardinal Frings, d’après ce que nous voyons et entendons, que le Mouvement œcuménique est de l’Esprit-Saint. ” Or, pour entrer dans ce Mouvement originellement protestant, l’Église devait reconnaître à tous les autres groupes religieux, ou anthroposophes, ou idéologues même athées, les mêmes droits, la même liberté, qu’elle revendiquait jusqu’alors pour elle seule.

« Donc, pour l’œcuménisme nouveau, pour la fraternité mondiale, Vos Éminences et Excellences proclameront, au nom de l’Église du Christ, l’égalité sociale de toutes les religions et la liberté de leur exercice, entière, universelle et perpétuelle ! Mgr De Smedt vous en conjurait, dès le 19 novembre 1963, derechef le 23 septembre 1964 :

« “ Le monde attend que l’Église se prononce hautement pour la liberté religieuse. L’homme nouveau dont on a beaucoup parlé au Concile, attend de nous une pastorale nouvelle... L’Église a toujours revendiqué la liberté pour elle, les autres la réclament de même et il faut la leur reconnaître, car tous sont des personnes, ainsi que l’a proclamé Jean XXIII dans Pacem in terris. La liberté religieuse n’est qu’un aspect de la liberté humaine. Ainsi considérée, personne ne peut la nier ni la refuser. Agir contre la liberté, c’est agir contre l’homme. 

« Mgr Colombo, le théologien du Pape, dira : “ Si nous n’avions pas cette déclaration, il n’y aurait plus de dialogue possible avec les autres hommes de bonne volonté ”... Et Mgr Garrone, président de l’Épiscopat français, eut la hardiesse de souligner la contradiction du schéma avec les documents du Magistère depuis plus d’un siècle, pour la résoudre en faisant appel à “ l’évolution historique de l’Église ” :

« “ La dignité de l’homme s’est partout affirmée ainsi que le sens de la justice... Si l’on objecte l’attitude de l’Église au cours de l’histoire, nous pouvons répondre qu’il y faut découvrir un sens de l’histoire et ne pas juger le passé à la lumière du présent. L’Église, parce qu’elle est humaine, a pu professer des erreurs dans son comportement humain. S’il y a eu des faits inexcusables, elle n’hésite pas à en demander humblement pardon. 

« L’opposition à une telle révolution dans l’Église a été très ferme, très savante et, notions-nous avec déjà un très vif regret, retenue cependant dans la limite de concessions mutuelles et d’arrangements, plus propres à une assemblée démocratique qu’à un Concile où Dieu seul commande [...]. En fait, par un désaveu évident de la doctrine et de la discipline deux fois millénaires de l’Église, on adopte là une philosophie moderne qui fait de l’homme un absolu de droits et de liberté, sans souci du bien commun et dans le mépris total des droits de Dieu et de sa Vérité. Déclarer violent que l’Église demande pour elle une liberté qu’elle refuse aux autres, c’est égarer les esprits, c’est renier le vrai Dieu, la vraie foi, l’unique Église de Jésus-Christ, pour ne plus juger des choses que du point de vue de l’Homme, mis à la place de Dieu, autonome et absolu, libre de ses croyances et de ses actes sans restriction ! On exalte la conscience et ses droits, qu’on prenne garde de déchaîner sous ce masque la bête humaine [...]. C’est absurde et c’est effrayant. » (Lettre no 185, 1er octobre 1964)

« Et dans la foulée, le 17 septembre, comme pour indiquer à quel fanatisme, à quel racisme allait profiter cette nouvelle liberté, les mêmes traîtres prêcheraient pour le judaïsme dont “ ils s’attachèrent à marquer la continuité et la parenté étroite avec la religion chrétienne : mêmes origines, même révélation, même liturgie de la Parole et même sacrifice de l’agneau ( ?!), même espérance eschatologique [...]. Il fallait, pour ne pas blesser la susceptibilité juive, gommer de notre histoire commune et fraternelle l’accident regrettable de la Croix et, pour réconcilier nos deux voies divergentes, passer sous silence l’aiguillage catastrophique qu’on appelait jadis le mystère de la Rédemption. 

« À la suite de cette exaltation inouïe de la religion juive, de nombreux Pères ont demandé qu’on élève au même niveau la musulmane, la bouddhique, l’hindouiste. Bref, c’est la foire aux religions et seule la Catholique s’est vue condamnée comme opium du peuple, superstition populaire, totalitarisme sectaire, antisémitisme sanguinaire. À vous en dégoûter !

« Bien d’autres choses se sont passées pendant ces quinze jours effrayants. D’ores et déjà nous disons et proclamons que nous rejetons tout ce qui est absolument contraire à la foi authentique et immuable de l’Église. Ni les “ exigences du monde ”, ni “ l’évolution vitale de la conscience religieuse ” ne nous le feront accepter. Nous nous séparons de ceux qui aujourd’hui font le procès des siècles chrétiens plutôt que le leur et le nôtre. Nous nous élevons de toutes les forces de notre cœur contre les paroles et les actes qui violent ouvertement les droits de Dieu et de la Vérité. Que rien de tout cela ne soit enseigné infailliblement ne suffit pas à nous en consoler. Et nous demeurons en communion avec la minorité héroïque qui, au sein même du Concile, proclame inébranlablement sa foi, son espérance, sa charité catholiques à l’encontre de toutes les subversions. » (ibid.)

LE PAPE VA DE L’AVANT, L’ÉGLISE SE DIVISE.

« C’était aller trop vite, trop loin. On voyait clairement que “ Satan menait le bal ”. D’où le coup de frein des 18-20 novembre 1964 ! Sauveur ! Sauveur pour la réforme, qui allait dégénérer en révolution. À peine débarrassé par la clôture de la Session, de ses extrémistes importuns, Paul VI relance la Réforme conciliaire et ne cesse en particulier de prôner la Liberté religieuse : “ Que nul ne soit contraint, que nul ne soit empêché ”, devient sa maxime indéfiniment répétée. Ainsi entrerons-nous demain, grâce aux décisions “ sagement ” (sic !) mûries du Concile, dans “ la civilisation de l’amour ”.

« À sa voix, les réformistes fieffés ont retrouvé toute leur arrogance. Ils sont si sûrs de leur coup maintenant. Ainsi, le 13 mai 1965, sur Europe numéro 1, Mgr Pailler donne pour certain que “ le Concile promulguera les textes sur la Liberté religieuse et l’Ouverture au monde ”. À la suite de quoi, nous nous rebellerons. Il me nomme comme principal instigateur de cette rébellion, il n’en cite point d’autres. “ Un schisme est à craindre... non pas la création d’une nouvelle Église et d’une nouvelle hiérarchie, mais plutôt, comme lors de la crise de l’Action française, un refus d’obéissance qui couperait, qui séparerait ces chrétiens de l’Église. 

« Je lui réponds, le 22 juillet, avec un brin d’amusement tant la bêtise et la morgue des Novateurs est ici patente :

« Mgr Pailler, coadjuteur de Rouen, a déclaré que nous ferons schisme lorsque le Concile aura décrété la Liberté religieuse, dogme nouveau que le Monde attend, et que l’Église se sera réconcilié ce même Monde par les ouvertures audacieuses du Schéma XIII... Son Excellence sait d’avance. Il affirme. Et comme ces nouveautés sont très contraires à tous les principes traditionnels, plus encore religieux que philosophiques et politiques, sur lesquels reposent nos convictions de catholiques français, Son Excellence prévoit avec la même assurance et affirme sans hésitation que nous refuserons de nous soumettre à de telles décisions. Nous en repoussons actuellement la teneur, comme erreurs pernicieuses, délire et hérésie. Si elles deviennent doctrine d’Église, nous serons bien pris !

« Il trouble notre bel aujourd’hui par les lendemains de sa fantaisie. Eh bien ! ramenons Son Excellence, avec tout le respect possible, à la considération de la vérité d’aujourd’hui que ne peuvent altérer ses opinions personnelles. Aujourd’hui donc comme hier, la Liberté de conscience et de religion est une erreur, injurieuse à Dieu et pernicieuse aux sociétés humaines. La religion révélée ne peut s’en accommoder. Toute prédication qui s’inspire de principes contraires mérite actuellement notre désapprobation publique, entière et absolue. Ceux qui les professent sont des novateurs, suspects de sentiments hérétiques et schismatiques.

« Que Mgr Pailler nous annonce pour bientôt un chassé-croisé de l’erreur et de la vérité nous laisse indifférents. S’il pense être, après les décisions du Concile, dedans l’Église et nous dehors, nous sommes en droit de conclure qu’en attendant ces décrets hypothétiques, c’est lui qui est dehors et nous dedans !

« Et l’ayant tourné et retourné sur le gril, je cessais de rire. “ Profitons du bon temps qui nous est laissé pour démontrer le caractère injurieux à Dieu, pernicieux à la société, fatal au salut des âmes, mortel à l’Église véritable, de ces folies dites modernes. Ne permettons à quiconque d’inverser les rôles. Nous serons excommuniés demain ? Que cette menace illusoire ne nous arrête pas de dénoncer ceux qui le sont, de droit, aujourd’hui. 

« “ Et si le Concile proclame infailliblement la liberté de religion ? m’objecte Mgr Pailler. Je réponds que je proteste de toute ma foi catholique orthodoxe que c’est l’impossible qu’il est déjà criminel d’envisager. Ce n’est pas nous, c’est le magistère suprême qui dira aux hérétiques de notre temps et plus loin qu’eux, au Tentateur : Non possumus ! Cette doctrine est folle, la raison le prouve. Cette doctrine n’est pas catholique, le Concile ou le Pape la rejettera. Confiance : Hæc est victoria quæ vincit mundum, fides nostra ! ” (Lettre no 209 du 22 juillet 1965) »

« Coïncidence ? Le 28 juillet, Paul VI répondait à ce Non possumus fermement articulé, en biaisant.

« D’un reptile en l’herbe – ou pire –
Ondoyait le ventre mol... »

« “ Nous ne dirons pas que sont de bons interprètes de l’orthodoxie ceux qui se défient des délibérations conciliaires et qui se réservent d’accepter seulement celles qu’ils jugent valables, comme s’il était permis de douter de leur autorité, et que l’obéissance à la parole du Concile puisse s’affirmer seulement là où elle n’exige aucune adaptation de leur mentalité, et là où elle se borne à confirmer la stabilité. 

« Je répondais donc, le 5 août, à ce verbiage insane, abject, en renouvelant mon défi aux Novateurs de contredire par un Acte de leur autorité infaillible, la foi catholique insultée et j’usai, pour terrasser l’Hérésiarque, de l’arme absolue :

« “ Le triomphe du réformisme au Concile, c’en serait fait de la Religion. Oui, l’Église dans cette révolution se contredirait. C’est Étienne Borne, en novembre dernier, qui le disait :

« “ Il y a eu depuis le Syllabus un progrès de la pensée catholique ; mais qui n’a pu s’opérer par des compléments qui auraient été apportés à un document partiel, partial, inachevé, ou par un développement des virtualités qu’il aurait pu con­tenir. Ce passage de l’implicite à l’explicite, qui est quelquefois la logique vivante du développement, ne peut honnêtement s’appliquer aux thèses très déterminées et aux thèmes sans clair-obscur du Syllabus. La marche en avant ici ne peut s’accomplir que par rupture et franche négation des négations non moins franches du Syllabus. ” »

« Je concluais : “ Si ses partisans avaient obtenu la proclamation par le Concile de la Liberté religieuse il y a un an, en arguant du développement du dogme aujourd’hui les novateurs proclameraient honnêtement avec Borne qu’il y a changement et que l’Église, reniant son passé, se condamne elle-même. Et ainsi en tant de domaines ! ” (Lettre no 210 du 5 août 1965) »

« Le 15 septembre, la Liberté religieuse revient en discussion au Concile. La minorité la passe au crible de la sainte Écriture, de la Tradition, de l’enseignement de l’Église et de la raison. Il n’en reste plus rien. Ce n’est plus qu’un dogme des philosophes du dix-huitième siècle proclamé par les révolutionnaires de 1789. Exigé aujourd’hui du Concile par tous les ennemis de l’Église. C’est la déroute des hérésiarques. Henri Fesquet, dans Le Monde, leur recommande la seule issue praticable : “ Il y a – intellectuellement parlant – une seule manière de s’en tirer : admettre que les papes ont erré sur ce point particulier. ” (21 septembre) Je commente : “ Autant dire que, pour vanter un tel texte, il faut désormais avoir une âme de renégat. ” (Lettre no 213 du 26 septembre)

« Lors du vote qui intervient alors, à la proposition insidieuse d’amender le schéma pour le rendre plus conforme à la doctrine catholique ( !), 228 voix contre expriment un NON catégorique à la Liberté religieuse avec ou sans amendements. L’apostasie conciliaire est par terre, toute la conjuration des diaboliques est éventée et vaincue ! »

PAUL VI L’HÉRÉSIARQUE CONTRAINT LE CONCILE À MARCHER.

« Mais Paul VI a décidé de passer outre à toute prudence et de forcer l’obstacle, contraignant le Concile entier à le suivre. Comment cela ? En proclamant devant l’assemblée de toutes les nations du monde, ce que l’assemblée trop étroitement et fixement catholique de Rome rechigne à lui accorder. Ainsi, elle sera bien forcée de marcher !

« Le 4 octobre, à l’ONU, le Pape a évoqué, comme en passant, parmi “ les droits fondamentaux de l’homme proclamés ici (ici, c’est le building de Manhattan, le Temple maçonnique où règne en maître Satan, le chef de ce monde), sa dignité, sa liberté, et avant tout sa liberté religieuse. Nous sentons que vous êtes les interprètes de ce qu’il y a de plus haut dans la sagesse humaine. Nous dirions presque : son caractère sacré. Car c’est, avant tout, de la vie de l’homme qu’il s’agit, et la vie de l’homme est sacrée. 

« Voilà donc l’Église ralliée à la philosophie de la Liberté, en termes généraux, par un discours de style politique, du Pape parlant comme expert en humanité et en pèlerin de la paix, dans une assemblée étrangère à notre foi, avant d’avoir été l’objet d’aucune décision solennelle ni ordinaire du Magistère ! » (Lettre no 214 du 15 octobre 1965)

« Elle était là sa patrie,
Il vint s’asseoir auprès d’elle
Et parla, bouche attendrie,
Comme s’il était fidèle. »

« Mais voici l’habileté, la forfaiture suprême, le brigandage manigancé fort à l’avance et qui me laissa étourdi d’admiration et d’horreur. Paul VI, à peine débarqué, s’empresse au Concile, entre à Saint-Pierre, applaudi comme un nouveau Néron, et accepte la proposition qui lui est faite par son complice, le cardinal Tisserant, de ranger son discours à Manhattan parmi les Actes officiels et authentiques du concile Vatican II ! Tous se lèvent, applaudissent encore. Tous viennent d’assumer l’hérésie d’un seul. La foi catholique n’eut à ce moment tragique aucun prophète, aucun martyr. C’est d’une tristesse à rendre l’âme... Mais qu’aurions-nous fait nous-mêmes ? Il serait présomptueux d’imaginer que nous aurions vu plus clair que tous, et aimé davantage.

« Comme s’il était honnête,
Il se fit faux dire entendre...
Elle avait baissé la tête,
Pâle, pour mieux mal entendre... »

« Albino Luciani, le futur Jean-Paul Ier, n’a-t-il pas lui-même cédé ? “ La thèse qui me fut le plus difficile à accepter, avouera-t-il plus tard, fut celle de la liberté religieuse. Pendant des années, nous avions enseigné que l’erreur n’a aucun droit. J’ai étudié à fond le problème et, à la fin, je me suis convaincu que nous nous étions trompés. ” (cf. CRC no 133, septembre 1978, p. 4) Cette parole, d’une frémissante sincérité, conserve un son de désarroi inapaisé. Alors, si lui, il Santo, s’est convaincu de s’être trompé avec toute l’Église, les autres !... Tous ont pu sombrer sans voir, sans comprendre. Sauf un seul, l’Évêque de Rome, le Successeur de saint Pierre et le Vicaire de Jésus-Christ, Paul VI.

« Car la suite le montre opiniâtre. Les 26 et 27 octobre, les votes négatifs ou réservés, sur ce texte maudit, sont considérables, 228 refus, 543 oui conditionnels : total 771, près du tiers de l’assemblée ! Je citai avec admiration Mgr Velasco, évêque expulsé de Chine : “ Je suis fier d’appartenir à la glorieuse minorité. Dans une matière aussi grave, il faut respecter les droits de tous, même ceux de la minorité. Ce n’est pas le nombre ni la personne qui compte, mais la vérité. Le Secrétariat pour l’unité dira sans doute que je n’ai pas compris le texte ! Admettons que ce soit vrai, mais que dira la masse des fidèles si le texte est rédigé de telle manière que des évêques même ne puissent le comprendre ? 

« De son côté, le Père Biot, de Témoignage chrétien, écrit : “ Cette minorité se rend bien compte, peut-être mieux que la majorité elle-même, de ce qui est engagé dans la déclaration sur la liberté religieuse. Elle n’arrive pas à comprendre comment ce qui a été déclaré faux et erroné par les papes du dix-neuvième siècle, comme Grégoire XVI et Pie IX, pourrait être aujourd’hui reconnu vrai et juste. À ses yeux une telle déclaration mettrait en question l’autorité même du magistère ordinaire des papes. ” Non... cela ferait plus simplement douter du sérieux de Vatican II (la réflexion précédente est dans mon texte de 1965). Et il continue : “ Le débat tel qu’il s’est engagé manifeste la profondeur de ce qui est en cause dans la reconnaissance de la liberté religieuse : une certaine conception de l’homme, une certaine conception de l’Église, une prise de conscience plus profonde de sa nature et de son histoire. L’enjeu est grave... Tous les Pères sentent en effet que cette déclaration commandera l’histoire de l’Église dans son rapport avec les hommes ”.

« ... Et avec Dieu ? Mais déjà Dieu ne comptait plus.

« Là précisément serait le brigandage ! La chose est reconnue d’une importance capitale pour la vie de l’Église. La voilà encore discutée, incertaine. Dès lors rien ne saurait la trancher qu’une définition dogmatique où le Concile unanime engagerait pleinement son autorité infaillible. Une “ déclaration ”, sans portée dogmatique, ne peut décider en matière si grave ! La ratifier, la promulguer, serait de la part du Souverain Pontife un acte partisan, une décision schismatique, donnant comme enseignement de toute l’Église l’opinion d’une majorité mouvante, et préférant la nouveauté douteuse à la tradition reconnue. C’est impossible.

« “ Nous voulons croire que, dans l’extrême péril de forfaiture, malgré la contrainte formidable, le Souverain Pontife saura écarter de lui ce fruit empoisonné du naturalisme moderne. Ensuite il serait trop tard pour excuser de toute faillite le Magistère sacré de l’Église. ” » (Lettre no 216, 11 novembre 1965)

« Or, le 7 décembre, au cours de la séance de promulgation des derniers Actes du Concile, dont celui-là, il n’y eut plus que 70 refus contre 2 308 et Paul VI, transporté d’une charismatique allégresse, promulgua, parmi d’autres, cette Déclaration assurément schismatique, hérétique et apostate dont tous savaient hypocritement qu’elle n’engageait nullement l’infaillibilité canonique de leur magistère. Ainsi pensaient-ils plaire beaucoup au Monde et à Satan, sans manquer d’un iota ni d’une virgule à leurs obligations envers Dieu. Tels Caïphe et le Sanhédrin.

« “ Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette Déclaration ont plu aux Pères. Et Nous, par le pouvoir apostolique à Nous confié par le Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons dans l’Esprit-Saint, les décrétons, les établissons et Nous ordonnons que ce qui a été établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu. ” (­Décret sur la Liberté religieuse, Dignitatis humanæ, conclusion) »

« Et lui, là, l’air ingénu.
Et gardant la face probe,
Là, de son plus pur été,
Soudain piétinant la robe
Sans tache, il a déserté. »

« J’ai pensé ce soir-là, de Jean-Baptiste Montini qu’il aurait mieux valu pour lui qu’il ne fut jamais né. Et je le pense aussi de ceux qui se réclament de lui, depuis lors, pour scandaliser l’Église de Dieu et perdre les âmes.

« Mais je n’ai pu en ce triste décembre 1965 confier mon indignation et ma certitude d’un Vatican III réparateur à mes 10 000 lecteurs de l’époque. Car, de la part de l’épiscopat français, Mgr Le Couëdic venait de m’interdire de parler et d’écrire au sujet de ces choses, sous peine d’interdit. Ainsi la Liberté des religions commençait par l’interdiction de La Religion, au rire de Satan. »

L’ABOMINATION DE LA DÉSOLATION 
LE CULTE DE L’HOMME ÉRIGÉ DANS L’ÉGLISE DU CHRIST

« L’Église du 11 octobre 1962 avait pour unique Seigneur le Dieu trois fois Saint, Père, Fils et Saint-Esprit. Au long de ces années de Concile, ou pour mieux dire du règne occulte d’abord puis officiel de Jean-Baptiste Montini devenu Paul VI, à ce pôle unique, attractif qu’était, pour la fidèle et sainte Épouse du Christ, DIEU, son Fils, son Esprit, s’ajouta insensiblement un autre pôle, antagoniste, l’Homme. Un jour vint où les orientations et attractions polaires se renversèrent, d’un coup, de l’ancien point fixe, DIEU, au nouveau vers qui tout concourut, l’Homme.

« Quand enfin Paul VI parla, en superbe vainqueur, en nouveau Néron couronné, au jour de clôture du 7 décembre 1965, l’hémisphère dont notre Père du Ciel est le principe et la fin s’effondra dans les ténèbres, tandis qu’apparaissait, éblouissant d’une charismatique lumière, l’hémisphère dont Satan est le pôle. Je dis Satan, car le Dieu du monde moderne, l’Homme, est son idole, son Image, lui ! Le Pape célébra cette révolution de la sphère terrestre avec une éloquence séductrice. Vous l’avez entendu, mes Pères, et Vous, Très Saint-Père. Nous aussi... Rappelez-vous :

« “ L’Église du Concile, il est vrai, s’est beaucoup occupée de l’homme, de l’homme tel qu’en réalité il se présente à notre époque, l’homme vivant, l’homme tout entier occupé de soi, l’homme qui se fait non seulement le centre de tout ce qui l’intéresse, mais qui ose se prétendre le principe et la raison dernière de toute réalité...

« “ L’humanisme laïque et profane enfin est apparu dans sa terrible stature et a, en un sens, défié le Concile. La religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion, car c’en est une, de l’homme qui se fait Dieu. Qu’est-il arrivé ? un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver ; mais cela n’a pas eu lieu. La vieille histoire du Samaritain a été le modèle de la spiritualité du Concile. Une sympathie sans bornes l’a envahi tout entier. La découverte des besoins humains – et ils sont d’autant plus grands que le fils de la terre se fait plus grand – a absorbé l’attention de ce Synode.

« “ Reconnaissez-lui au moins ce mérite, vous, humanistes modernes, qui renoncez (sic !) à la transcendance des choses suprêmes, et sachez reconnaître notre nouvel humanisme : nous aussi, nous plus que quiconque nous avons le culte de l’homme. ” »

« L’ORGUEIL ! 
Mais le MENSONGE est pire. »

Marie Noël, Passage du Démon, 1963-1964.

« Mes Pères, Messeigneurs,

« Si quelque inspiré, ou illuminé de quelque Esprit, surgit au milieu de vous, s’il vous propose quelque signe ou prodige et qu’ensuite ce signe ou ce prodige se réalise. S’il vous dit alors : “ Allons et adorons d’autres dieux que vous ne connaissez pas et servons-les ”, vous n’écouterez pas les paroles de cet inspiré ni les rêveries de cet illuminé. C’est JE-SUIS votre Dieu qui vous éprouve pour savoir si vraiment vous L’aimez de tout votre cœur et de toute votre âme. Car c’est Lui seul que vous servirez, c’est à Lui seul que vous rendrez un culte.

« Cet inspiré ou cet illuminé, vous le mettrez à mort, car il a prêché l’apostasie envers JE-SUIS votre Dieu et il vous égarerait hors de la voie où JE-SUIS votre Dieu vous a prescrit de marcher. Vous ferez disparaître le mal du milieu de vous. » (Deutéronome, chap. 13)

« “ Chassez le pervers du milieu de vous. ” (1 Corinthiens 5, 13) C’est ce que je Vous supplie de consentir à Dieu, de décider et de faire, s’il est vivant et ne se repent pas, en sa Personne, et s’il est mort, en ses œuvres. Pour l’amour de Dieu, pour l’inviolable sainteté de l’Église et pour le salut de nos âmes.

« Autrement, vous seriez impardonnables car vous avez le Signe du 13 octobre 1917, le troisième Secret de Notre-Dame de Fatima et ses demandes, à publier et à suivre... »

De vos Paternités je suis le serviteur, et frère Georges de Jésus, prêtre.

SANS ELLE VOUS NE POUVEZ RIEN FAIRE
Vierge de Fatima, Las Manchas
« Nous vîmes, à gauche de Notre-Dame, un peu plus haut, un Ange avec une épée de feu à la main gauche ; elle scintillait, émettait des flammes qui paraissaient devoir incendier le monde ; mais elles s’éteignaient au contact de l’éclat que, de sa main droite, Notre-Dame faisait jaillir vers lui : l’Ange, désignant la terre de sa main droite, dit d’une voix forte : “ Pénitence, Pénitence, Pénitence ! ” »
( Le grand Secret de Notre-Dame de Fatima, 13 juillet 1917 )

Cette supplique s’adresse aujourd’hui à François, avec l’appui du même “signe”.

Dans son message daté du 22 août dernier, en la fête du Cœur Immaculé de Marie, et paru le 8 septembre, en la fête de sa Nativité, le pape François s’adressait aux participants du vingt-cinquième congrès mariologique : « Elle est la Mère de tous, sans ­distinction d’ethnie ou de nationalité. La figure de Marie devient ainsi le point de référence d’une culture capable de surmonter les barrières qui peuvent créer des divisions. »

C’est trop peu dire, Très Saint-Père ! La vérité est qu’Elle est la seule que le volcan de nos divisions ne peut renverser, en raison de sa promesse à Lucie, François et Jacinthe : « À la fin mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira. » Sera-ce vous, Très Saint-Père ?

En tout cas, Elle tiendra sa promesse, la que no tumba el volcán, celle dont le monument demeure intact malgré l’éruption du volcan de San Juan et les coulées de lave dans Las Manchas, aux Canaries.

Une forte détonation, un craquement et une question qui vole de bouche en bouche : « D’où cela vient-il ? » Vers 15 h 10, c’est la panique lors des premières secondes qui suivent l’éruption du volcan de Cumbre Vieja le 19 septembre 2021, fête de Notre-Dame de La Salette. Tous les yeux se fixent sur l’épaisse colonne de cendre jaillissant de la montagne béante à quelques mètres de la Vierge de Fatima. Avant de savoir l’endroit exact où la terre s’est ouverte, toutes les pensées se tournent vers ce monument construit sur les pentes du volcan de San Juan en 1949 à la suite d’un vœu. Le curé d’alors, le Père Blas Santos Pérez et les habitants de Las Manchas épouvantés par la furie de ce volcan avaient alors imploré le secours de la Vierge de Fatima, dont la statue pèlerine sillonnait le monde entier, afin que la lave ne submerge pas l’ermitage de San Nicolas ni la zone habitée. Or, il en fut ainsi : la coulée changea de direction à un endroit déterminé et sans raison. À cet endroit, les travaux pour ériger un petit monument commencèrent et l’inauguration eut lieu en 1960, juste à cet endroit où la lave changea de direction. C’est une statue de granit blanc qui mesure deux mètres et qui veille sur cette vallée de Aridane. Dans cette région de Las Manchas tout le monde connaît la Vierge qui a résisté au volcan. C’est pourquoi lorsque la terre s’est de nouveau ouverte à Cabeza la Vaca, tous se sont recommandés à Elle. Intacte au milieu de plusieurs mètres de cendre qui ont tout recouvert alentour, elle demeure immobile face à cette vallée devenue méconnaissable et sa blancheur étonnante rappelle à tous qu’Elle est là et qu’il nous faut avoir recours à Elle.

Alors qu’un torrent de boue déferle sur notre Sainte Église, l’avertissement est clair, donné par notre Reine que ni la lave, ni la cendre, ni les secousses sismiques n’ont atteinte.

frère Bruno de Jésus-Marie.