Il est ressuscité !

N° 252 – Février 2024

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Au milieu du gué

NOUS voulons uniquement ce que veut l’Immaculée : nous conformer à la volonté du Père qui est d’établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de sa Fille de prédilection, Épouse de son Fils, notre Mère à tous, à jamais ! Mais il y a le Pape, successeur de Pierre, vicaire de Jésus-Christ, qui ne veut pas, instrument du démon pour accomplir les prophéties des origines :

Mise au tombeau du Christ ( Chaource, XVI e siècle).
Photo J. - F. Amelot, Seilhac.

« Je mettrai une hostilité entre toi et la Femme, entre ton lignage et le sien. Elle t’écrasera la tête, et tu l’atteindras au talon. » (Gn 3, 15)

C’est donc au pape François qu’il appartient d’accomplir à la lettre cette prophétie dans les termes mêmes où elle fut renouvelée le 13 juillet 1917, au cœur de la Première Guerre mondiale sous les yeux de Lucie, François et Jacinthe : « Le Saint-Père avant d’arriver au sommet d’une montagne escarpée, au sommet de laquelle était une grande Croix de troncs bruts comme si elle était en chêne-liège avec l’écorce... traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de douleur et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin. »

Ah ! Notre-Dame, restez avec nous ! Sinon, nous périrons tous dans ce monde qui devient un enfer parce qu’on ne veut plus de Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, on se moque de Lui. Le Saint-Père bafoue sa Mère Immaculée, et c’est la guerre, c’est Sodome et Gomorrhe partout, jusque dans l’Église... avec la bénédiction du Pape !

Ah ! Notre-Dame, votre présence est notre salut, notre paix, notre joie, comme elle fut la nourriture de saint Maximilien-Marie Kolbe dans son bunker de la faim. Par sa prière constante et son amour de votre Cœur, ô Immaculée Conception, il vous fit descendre dans cet enfer pour sanctifier ses compagnons de prison. À nous, ô Mère chérie, de continuer à prier et tout offrir de nos souffrances permises par notre Père Céleste, à l’exemple de son Fils crucifié, en communion avec vous qui vous teniez debout au pied de sa Croix.

Soyez notre Médiatrice pour que Jésus nous transforme et nous donne de vous aimer comme il vous aime. Ah oui, douce Mère, placez votre Cœur Douloureux et Immaculé au-dessus de toutes les affections de nos cœurs. Qu’il n’y ait plus que vous qui comptiez pour nous tous, petits frères, petites sœurs et phalangistes de l’Immaculée.

Donnez-nous la haine du péché, cause de vos larmes, ô notre Mère chérie, spécialement du blasphème, et aussi de l’indifférence des âmes con­sacrées. Aïe ! Bonne Mère, vous pleurez à cause de moi, c’est certain...

Il faut nous corriger si nous voulons vous consoler et sauver le Saint-Père des griffes du démon qui déchaîne la guerre en ce monde tant que le Pape ne prêche pas « pénitence ! » pour nous détourner de la voie large qui mène en Enfer.

Très Saint-Père, ayez pitié de votre âme, ayez pitié des milliers d’âmes qui tombent en enfer  « en tourbillon », ne laissez plus couler en vain le sang des martyrs. Il suffirait que vous tombiez à genoux aux pieds de l’Immaculée, votre Mère et la nôtre à jamais !

frère Bruno de Jésus-Marie

« ECCE MATER TUA »

« Stabat Mater dolorosa juxta Crucem... »

Ô Mère du Christ, notre Mère, laissez votre enfant abaisser ses regards de l’effrayante vue de Jésus sur la Croix  dans les affres de la mort, vers Vous pour son réconfort. Je n’ose certes pas forcer l’intime de votre cœur déchiré pour en surprendre les sentiments immenses d’amour et de joie, de douleur et d’effroi. Ceux qui vous connaissent le mieux m’ont détourné d’imaginer en vous de folles tempêtes, des accablements, des enthousiasmes soudains, des flots de larmes ni des paroles héroïques. Une vraie mère dans les grandes et terribles heures où elle est étroitement associée à la vie, aux souffrances, à la mort de ses enfants, ne discourt ni ne gémit. Elle aime, elle compatit et elle prie. Vous, ô Mère, quand le Fils de Dieu et votre Fils s’immole sur la Croix en hostie de Louange et de Gloire au Père, en témoignage de pardon et de miséricorde pour ses frères, vous vous tenez debout, selon le témoignage de l’Évangile, sans défaillance, pour communier à tous les mouvements de son Cœur et ressentir toutes les douleurs de son être. Un glaive spirituel, aussi tranchant que l’autre, transperce votre âme et vous fait martyre avec Jésus, victime du même sacrifice, sanglant et non sanglant, pour notre Rédemption.

Car cet enfant ne faisait rien sans la permission de sa Mère... Depuis le jour lointain où vous l’aviez retrouvé dans le Temple occupé aux affaires de son Père, il était établi entre vous que tout serait accompli selon la Volonté souveraine du Père que Jésus, Lui, connaissait parfaitement. Mais, cependant, rien de notable, rien de grand ne se faisait que vous n’y participiez en votre titre et avec votre autorité de Mère. Par la vertu de son humilité, pour le mérite d’une obéissance parfaite, Jésus vous demandait en tout votre consentement de telle sorte que sa vie s’écoulait paisiblement dans une même et une seule soumission à Vous et au Père. Maintenant il mourait sur la Croix parce qu’il vous avait paru bon, au Saint-Esprit et à Vous, qu’il en soit ainsi. Premier fruit de son Agonie, votre Charité vous faisait participer au Sacrifice Suprême de votre Enfant, de tout votre Cœur maternel...

Je n’avancerai pas dans ce royaume, ce jardin clos, ce paradis de votre cœur virginal et maternel. Son mystère de sage amour et d’amoureuse sagesse, ses élans brûlants d’oblation à Dieu de tout lui-même uni au Cœur de son Fils pour souffrir encore, encore et davantage, en rémission des péchés du monde, ses affres de compassion déchirante à chaque frémissement de cette Chair meurtrie, ses étonnements, ses extases aux Sept Paroles merveilleuses prononcées de ses lèvres desséchées, sa résolution prodigieuse de tenir là près de la Croix jusqu’au bout, sans une plainte, sans un cri, sans une demande même de pitié au Père, d’adoucissement pour Jésus dans ses douleurs horribles, ah ! non, je ne suis pas digne de le connaître, ce Mystère d’une tendresse à nulle autre pareille et d’une douceur si grande qu’elle demeure en secret pour Jésus comme une caresse sur son front parmi le feu des épines, comme un baiser de mère sur la joue de son enfant dévoré de fièvre. À vous, Jésus, à Vous seul, le regard et l’élan intime de cette sublime créature, à Vous la vue de cette excessive douleur, signe certain d’un amour exclusif et sans borne. Sur le Calvaire, Marie est à Vous, à Vous seul ; vos enfants détournent la tête pour vous laisser tous les deux comme si vous étiez seuls au monde, échanger les pensées et l’amour de vos deux êtres sous le regard du Père très bon, Marie et Jésus, l’un aidant l’autre et ne faisant à cette Heure plus qu’un, un seul Cœur, une seule Hostie. Una cum Christo hostia, cor unum. Car il était écrit qu’en vertu de la Sainte Croix ils ne seraient plus deux mais, comme au premier jour, une seule chair... mais crucifiée.

Fili, ecce mater tua... Tandis que nous sommes auprès de Jean, adorant et priant, comme la nuit de la Transfiguration, c’est la voix de Jésus qui nous délivre de l’envahissante torpeur. C’est lui, Jésus expirant, qui nous confie à Vous, ô Mère douloureuse, et Vous à nous, Vierge incomparable ! Il n’y a pas de doute, c’est une divine Parole et c’est un ordre : Mère, voici vos fils... Enfants, voici votre Mère. Le beau don que vous nous faites, ô doux Sauveur, quand vous êtes près de mourir, nous consolera-t-il de vous perdre ? Mais comment pourriez-vous, ô Christ, penser que nous puissions la consoler, elle, quand vous aurez disparu, Vous son Unique Bien ! Non, non, non, c’est impossible. Ce ne peut être le sens de votre Testament. Donnant votre vie, vous nous donnez encore le reste, vos biens, et de tous vos biens le plus précieux, le plus cher, l’Unique, il faut le dire : le plus propre à vous, celui que vous possédiez sans partage et dont vous vous dépossédez – ah ! les larmes me jaillissent – dont vous vous détachez avant de mourir pour l’attacher à nous, pour nous l’abandonner et nous le consacrer : le Cœur de votre Mère.

Mère Très Sainte, ne levez plus les yeux en haut, là où votre Enfant vient de mourir, dépouillé de tout, nu, méconnaissable, violemment et douloureusement tué. Ne vous en allez pas, ne partez pas encore après lui, ne nous abandonnez pas dans ces ténèbres. Votre fidélité à Lui, votre soumission scrupuleuse à toutes et à chacune de ses volontés, de ses moindres suggestions, maintenant vous conduit à nous, vos autres, vos misérables, vos pitoyables enfants. Dans l’amour du Fils aîné monté aux Cieux vous trouverez jusqu’à la fin du monde la source d’une pitié sans bornes, d’une tendre affection et d’un dévouement absolu pour nous qui l’avons crucifié mais à qui il a pardonné ! La vie continue... Marie ! Ne restez plus ainsi, sans voix, dans une immobilité qui ressemble trop à celle de Jésus, là-haut sur la Croix. Non, Mère ! Ne nous prenez pas en horreur, ne vous détournez pas de cette masse humaine répugnante qui danse la sarabande autour de Celui qu’ils ont crucifié. Non ! Vous n’en avez pas le droit. C’est Jésus qui vous a donné cet ordre : faire face, et maintenant reconquérir par la miséricorde et la tendresse ces bêtes fauves, ces animaux impurs, adopter cette foule pécheresse et, l’aimant par la grâce du Frère Aîné, la convertir à Dieu et la réconcilier avec Lui par la force de votre Amour maternel.

Georges de Nantes, Page mystique n° 33, avril 1971.