Il est ressuscité !

N° 269 – Septembre 2025

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Appel à la croisade par un pèlerinage réparateur

«LIMMACULÉE doit devenir – et cela le plus  rapidement possible – la Reine de tous les hommes, aussi bien des sociétés que de chacun en particulier. Celui qui s’opposera et ne se soumettra pas à son règne, périra ; au contraire, celui qui la reconnaîtra comme Reine et s’engagera à son service pour lui conquérir le monde entier, celui-là vivra, s’épanouira toujours plus abondamment. »

Tel est le message de saint Maximilien-­Marie Kolbe, que notre Père entendait sonner comme  “ l’appel à la Croisade d’un nouveau saint Bernard ”, et qui nous a saisis au cours du camp de la Phalange de l’Immaculée.

Notre grand pèlerinage, aux pieds de notre Reine, à Lourdes, est l’occasion providentielle de renouveler notre engagement dans cette Croisade. Dieu le veult ! Car voilà cent ans ! qu’à Pontevedra, notre Divine Mère et son Enfant-Roi sont venus annoncer ce qu’ils attendaient de la terre pour la sauver, comme l’accomplissement, le but vers lequel tendaient les apparitions précédentes ; admirable orthodromie que l’on peut distinguer en deux “ courants ”, dont le premier est celui qui annonce...

LA GLOIRE DE L’IMMACULEE MEDIATRICE.

Depuis que nos premiers parents ont entendu la sentence de condamnation adressée par Dieu à Satan : « la Femme t’écrasera la tête » (Gn 3, 15), et depuis la vision d’Apocalypse relatée par saint Jean, de cette Femme apparaissant entre Ciel et terre, couronnée d’étoiles, la lune sous ses pieds (Ap 12, 1), l’Église attendait que paraisse ce « signe de la Femme », annonciateur du Règne de Dieu.

C’est en 1830 que dans son bon plaisir, notre Dieu a voulu le dévoiler au monde entier, gravé sur une petite médaille à distribuer à toute la Chrétienté : la Vierge Marie apparue à sainte Catherine Labouré en Reine du Ciel comme de la terre, qu’Elle est chargée d’offrir au Père, surmontée de la Croix, libérée de l’emprise du Serpent à qui Elle écrase la tête. Mais aussi en Médiatrice de toutes les grâces qui jaillissent de ses mains.

Indéniablement, Dieu veut que tous les regards, les esprits et les cœurs se tournent vers Elle.

En 1846, Il l’a envoyée à La Salette pour nous dire à quel point Il est courroucé par nos péchés, mais en le montrant uniquement par ses larmes à Elle, et en révélant ce qu’Elle souffre pour nous, pour nous obtenir miséricorde et nous mériter les grâces.

À Lourdes, en 1858, comme jadis son Divin Fils en Galilée, Elle attire les foules à Elle par ses miracles, pour les exhorter à la pénitence et dévoiler son origine divine, secret de sa puissance : Je suis l’Immaculée Conception.

À Pontmain (1871) et Pellevoisin (1876), Notre-Dame, inlassable Servante du dessein divin, revient pour diriger et exhorter son peuple dans l’épreuve. Elle confie à Estelle Faguette : « Je veux que tu publies ma gloire : je suis toute miséricordieuse et maîtresse de mon Fils. »

Et c’est enfin à Fatima qu’est révélé le motif profond de cette “ épiphanie ” de l’Immaculée : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. »

Comme l’expliquait notre Père : « Ce Dieu dont l’amour se porte de toute éternité sur Elle veut enfin que nous nous consacrions à Elle pour lui plaire à Lui, en entrant dans ses préférences. Quel mystère infiniment sage et sauveur ! »

L’ESPRIT DE REPARATION.

Le second “ courant ” orthodromique, concomitant au premier, doit susciter dans les âmes l’esprit et la pratique de la réparation.

À Paray-le-Monial pour la première fois, Notre-­Seigneur a montré les épines que nos péchés enfoncent dans son Divin Cœur, et Il a demandé qu’une « réparation d’honneur lui soit offerte pour les indignités qu’il a reçues sur les autels ».

Après les crimes de la Révolution, pour tous les cœurs pieux, la nécessité de la réparation s’imposa. En 1843, lorsque l’esprit de blasphème révolutionnaire commença d’envahir toute la société, Notre-Seigneur intervint pour exiger de l’Église de France une réparation proportionnée. Sa confidente, sœur Marie de Saint-Pierre, carmélite à Tours, résumait ainsi ses avertissements : « Dieu est extrêmement irrité contre son peuple à cause de la violation du dimanche et des blasphèmes. Depuis quatre ans, l’orage qui menace la France gronde ; mais votre sort est entre vos mains. Offrez pour vos crimes une œuvre réparatrice, et vous obtiendrez miséricorde. »

De cette Œuvre réparatrice, que la Sainte Vierge était chargée d’instaurer, dépend le salut de la France. Notre-Seigneur voulait qu’elle soit implantée dans toutes les villes du Royaume par l’autorité épiscopale, et que les associés s’appliquent à réparer les blessures que les blasphèmes infligent à son Divin Cœur comme à celui de sa Sainte Mère, et à consoler sa Sainte Face accablée par tant d’outrages contre la Religion, contre son Église.

En 1873, après le châtiment de la guerre et de la Commune, Notre-Seigneur offrit de nouveau à l’Église et à sa Fille aînée le triomphe de son Divin Cœur, mais à condition que l’on fasse réparation. Il demandait très explicitement la fondation d’une Association de prière et de pénitence en union avec le Sacré-Cœur pour le salut de l’Église et de la France, dont les associés devaient choisir un jour par semaine pour s’exercer davantage à la réparation, surtout par leurs sacrifices et leur pénitence. Notre-Seigneur voulait que ce mouvement gagne toute l’Église, pour son salut, spécialement en France, mais aussi pour étendre son Règne dans le monde entier. C’est pourquoi Il se montra à madame Royer, sa confidente, comme il voulait être représenté, les bras étendus, « pour nous rappeler le crucifiement, mais en même temps pour nous attirer avec la tendresse d’un père, d’un sauveur. Ce n’est plus seulement l’Époux mystique des âmes pures et ferventes, leur consolateur, leur confident intime. C’est le Dieu-Roi de l’Église, du monde, levant un étendard, rassemblant une armée contre les puissances de l’enfer et appelant, par une irrésistible invitation, tous les chrétiens de tous les États où il reste un peu de foi, de charité, tous ceux qui ne sont pas encore des membres morts de son Église... »

Madame Royer a vu aussi le Divin Maître et sa Sainte Mère affligés, désolés, parce que « leur plus grand désir est de sauver l’Église et la France », mais « leurs mains restent liées et ne peuvent les secourir, si on ne fait pas pénitence, par des actes positifs et extérieurs de mortification proportionnés aux grâces de chacune des âmes... »

En 1916, en prologue au message de Notre-Dame, son Ange précurseur vint rappeler cette nécessité de la réparation : Jésus-Christ est horriblement outragé par les hommes ingrats, offrez sans cesse au Très-Haut des prières et des sacrifices afin que s’accomplisse le dessein de miséricorde des Saints Cœurs de Jésus et Marie.

AU TERME DE CETTE ORTHODROMIE : PONTEVEDRA

Sœur Lucie raconte : « L’Enfant-Jésus me dit : Aie compassion du Cœur de ta très Sainte Mère, couvert des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu’il y ait personne pour faire acte de réparation afin de les en retirer. 

« Ensuite la très Sainte Vierge me dit : Vois, ma fille, mon Cœur entouré d’épines que les hommes ingrats m’enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, tâche de me consoler. »

Cette dévotion réparatrice révélée à Pontevedra en 1925 est l’accomplissement dans lequel ces deux “ courants ” orthodromiques s’unissent et se rejoignent. Dieu veut que nous nous consacrions à Elle, et le premier fruit de cette consécration doit être la compassion pour l’immense chagrin de notre Mère et la réparation, qui est l’unique moyen de la consoler en obtenant ainsi le salut des pécheurs, des nations et de l’Église, comme Elle-même l’a révélé le 13 juillet 1917. Admirable dessein du Père éternel, pour satisfaire son amour infini de la Vierge Immaculée en tournant vers Elle tous les cœurs, et ainsi pouvoir faire miséricorde à notre monde apostat...

Depuis qu’Il a révélé cette ultime et adorable volonté, il y a cent ans, Dieu se tait.

La consécration de la Russie qu’Il a demandée à Tuy en 1929, doit conduire à cette réparation au Cœur Immaculé de Marie. Il a tout dit, il attend que ses ministres se soumettent... et que sans attendre, des cœurs pieux embrassent cette dévotion pour obtenir le miracle de cette soumission.

D’où l’importance de nous préparer à notre pèlerinage réparateur avec un véritable esprit de Croisade, à l’exemple de saint Maximilien-Marie Kolbe.

 SEIGNEUR, FORMEZ MES MAINS AU COMBAT ! 

Mais, peut-on vraiment parler de “ Croisade ” alors qu’il ne s’agit finalement que de “ sombrer dans la dévotion ” ?

Oui. Notre-Seigneur a demandé à sœur Marie de Saint-Pierre de combattre les communistes, de jeter entre eux la division, par de simples prières de réparation. Une autre fois, Il lui a fait voir un « mur mystérieux, protégeant la France des traits de la justice divine », qui était l’exercice de réparation qu’elle lui offrait chaque jour. Croyons donc que la pratique de la dévotion réparatrice, la récitation assidue du chapelet et la vie intime de consécration à l’Immaculée sont les meilleurs moyens d’exterminer les pouvoirs impies, les sectes diaboliques qui font obstacle au règne de Jésus et Marie, et mènent l’Église et le monde vers l’abîme.

Tel est le but de notre pèlerinage à Lourdes, pour l’amour et la victoire de notre Reine au Cœur Immaculé.

Frère Bruno de Jésus-Marie