Il est ressuscité !

N° 269 – Septembre 2025

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

“ Idée fixe ”

QUEL est le secret de  la réussite de nos camps d’été ? Certes, les frères et les sœurs ne ménagent pas leurs peines, les amis sont nombreux à nous apporter leur concours, les enfants eux-mêmes, de la troisième génération des participants aux camps CRC, sont sans doute mieux disposés qu’ailleurs. Néanmoins, devant les multiples obstacles qui s’opposent en France et dans l’Église à l’enseignement de la vérité, nous ne pourrions poursuivre nos activités sans une protection surnaturelle. Voici donc ce secret : notre consécration à l’Immaculée Conception. Les frères parlent d’Elle à longueur de journée ! Dès l’oraison, puis au sermon, c’est d’Elle qu’il s’agit. Le sujet des conférences et autres instructions ? C’est Elle ! Le but des pèlerinages ? C’est encore Elle. L’inspiratrice de nos prières, la cause de nos efforts, la motivation de nos sacrifices ? C’est toujours Elle ! Et lorsque d’aventure nous laissons la parole aux jeunes, la moitié de leurs questions porte encore sur Elle, sur ses mystères et sur ses volontés.

Il faut dire que nous étions à bonne école, cette année, l’oratorio de frère Henry étant consacré à saint Maximilien-Marie Kolbe, lui qui s’écriait : « À Niepokalanów nous vivons d’une “ idée fixe ” – si l’on peut s’exprimer ainsi – volontairement choisie et très aimée : l’Immaculée ! C’est pour elle que nous vivons, que nous travaillons, que nous souffrons, que nous voulons mourir. Nous désirons de toute notre âme, et par tous les moyens, que cette “ idée fixe ” soit accueillie par tous les cœurs. »

Cette fixation caractérisait surtout le camp de la Phalange dont, outre l’oratorio, les conférences portaient sur les apparitions mariales du dix-neuvième siècle. Mais cette “ idée fixe ” s’est déclinée aussi de diverses façons dans les camps de juillet, à Fons, Frébourg et Magé.

CONTEMPLER

Tourner le regard des enfants vers l’Immaculée, tel est le premier objectif d’un camp CRC. Il s’agit d’arracher ces âmes à un monde dominé par Satan et marqué par sa laideur, de remplacer les horreurs qui hantent leurs imaginations par la beauté de l’Immaculée. Les voyants qui furent privilégiés de ses visites nous ont tous exprimé le ravissement qu’ils éprouvèrent à sa vue. Au fil des conférences du camp de la Phalange, nous ne nous lassions pas d’écouter le récit de ces manifestations célestes, empreintes de dignité, de splendeur et qui, comme les pages de la Sainte Écriture, portent leur grâce avec elles.

Quel spectacle, sur la terre, pourrait nous donner l’idée la plus juste de la beauté de notre Mère du Ciel ? Peut-être nos processions nocturnes, à la chaude lueur des cierges et au son des cantiques : chaque 13 du mois, en l’honneur des apparitions de Fatima et surtout le 22 août, lors du camp-retraite. La cour d’honneur du magnifique château renaissance qui nous accueille, ses tours massives et son perron monumental, ses douves, son pont-levis offrent un cadre majestueux digne de notre Reine, dont l’effigie lumineuse, sur son brancard entouré de fleurs et de bannières, attire et captive tous les regards.

Parvenus à l’église paroissiale, nous avons écouté frère Bruno nous lire la page mystique de septembre 1976, “ J’irai La voir un jour, au Ciel, au Ciel, au Ciel ! ” Cela s’imposait, après avoir répété le chœur final de l’oratorio qui développe la mélodie polonaise de ce cantique si cher à nos cœurs comme il le fut au Père Kolbe.

« Je veux vous voir. Bientôt ! Je veux voir de quelle couronne votre divin Époux vous a parée, quelle alliance mystique il a glissée à votre gentil annulaire, quelle splendeur inouïe est la vôtre, après les modestes charmes de votre vie cachée et les gloires contenues des siècles de notre culte terrestre. »

À l’issue de la procession, les jeunes sont chaque année un peu plus nombreux à prolonger la prière dans le silence de la vaste chapelle où seule demeure éclairée la grande statue de Notre-Dame de Lourdes.

Cependant, notre contemplation ne se limite pas à ces impressions sensibles. À l’école de l’abbé de Nantes, nous tirons la leçon des manifestations de l’Immaculée Conception pour mieux pénétrer son mystère et comprendre ses desseins. C’est une carrière illimitée qui s’ouvre à nos intelligences, puisque Dieu l’orna, selon l’enseignement infaillible du bienheureux Pie IX, « de cette plénitude d’innocence et de sainteté qu’on ne peut concevoir plus grande après celle de Dieu, et que nul, excepté Dieu, n’est capable d’atteindre par la pensée » (Ineffabilis Deus).

Notre Père a compris mieux que personne que les révélations de Notre-Dame depuis 1830 marquent l’ouverture et les grandes étapes du combat des derniers temps. L’Immaculée Conception nous dévoile sa sainteté infinie pour affirmer la mission qui en découle : la Sainte Trinité ne l’a faite si belle, si puissante, que pour vaincre Satan et ravir nos pauvres cœurs. Après la révolution de 1789, dont les idées funestes furent inoculées à l’Église par les libéraux catholiques, l’Immaculée Conception prend donc la tête de la contre-révolution ! pour écraser le serpent de la révolution religieuse, politique et sociale.

Cette geste de Notre-Dame, cette orthodromie mariale, est d’une souveraine beauté et d’une rassasiante sagesse ! On ne se lasse pas de l’étudier pour mieux y conformer notre intelligence et nos amours. Les saints, si nombreux, durant le Siècle de l’Immaculée, et tellement aimables, reflètent tous quelques éclats de la splendeur de leur Reine et Maîtresse. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, par exemple, la Miniature de l’Immaculée, à laquelle firent pèlerinage les participants du camp de Frébourg, en juillet, et sur laquelle nos frères ont réalisé un merveilleux documentaire, projeté lors d’un cratère du camp d’août.

Le camp de Magé, pour sa part, avait choisi L’Île-Bouchard pour but de son pèlerinage. Lors de la veillée que nos jeunes eurent la grâce de suivre, au lieu même des apparitions, frère Jean Duns les leur présenta comme un résumé de toute l’orthodromie mariale et l’ultime miséricorde accordée à notre Patrie menacée d’anéantissement en ce mois de décembre 1947.

Ah oui ! Les correspondances entre les privilèges de Marie, la succession de ses apparitions et l’histoire de la Chrétienté sont l’objet inépuisable de notre contemplation, nous détournant des mirages du démon.

RÉPARER

Malheureusement, dès que nous sortons de l’enceinte préservée de nos camps, nous nous heurtons à un monde hostile. Entre les deux camps de juillet, frère Henry nous écrivait de Magé : « Nous rencontrons beaucoup de bonnes gens, de bons Français, mais hélas aussi de  bons  républicains, tenants recuits de la laïcité. Parfois cela fait froid dans le dos (si je puis dire, par une chaleur de 35°), surtout quand ce sont de vieilles dames, si près de paraître devant le Bon Dieu. »

De plus, nos études nous dévoilent à quelles oppositions se sont heurtés les desseins divins. Ce constat violent nous fait mieux comprendre les appels insistants de notre Mère du Ciel, mais aussi du Sacré-Cœur de Jésus, lors de chacune de leurs manifestations, à la prière, au sacrifice, à la réparation pour tant de nos concitoyens, et dans l’Église même ! qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas en Elle et qui ne l’aiment pas.

Tandis que la hiérarchie catholique méprise aujourd’hui ces demandes du Ciel, l’exemple le plus encourageant de la puissance de nos pauvres œuvres réparatrices sur le Cœur de Dieu nous fut donné à propos des révélations de Notre-Seigneur à sœur Marie de Saint-Pierre. Elle avait reçu la mission d’obtenir l’établissement de l’Œuvre de la Réparation, sans laquelle la justice de Dieu s’abattrait sur la France impie de la Monarchie de Juillet. Mais la sainte carmélite se heurtait à la mauvaise volonté de l’archevêque de Tours, le libéral Mgr Morlot. Néanmoins, après l’apparition de La Salette, un mouvement de réparation se répandit dans tout le pays, en considération duquel Dieu tempéra le châtiment de la France. Aujourd’hui, malgré “ l’obstacle ecclésiastique ”, Jésus et Marie nous feront de nouveau miséricorde si, sans attendre que viennent de Rome ou des évêques des appels à la pénitence, nous embrassons avec ferveur la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie.

Dès lors, cette intention réparatrice, rappelée à tout propos au cours des camps, gouverne toutes nos journées et nos moindres activités. Nos prières, bien sûr, nos plus humbles devoirs d’état, nos modestes efforts : pédaler sous la pluie pendant un pèlerinage ou chanter l’oratorio sous la chaleur des spots. « C’est tout pour la petite Mère ! » s’exclamait saint Maximilien-Marie dans des circonstances autrement plus pénibles, sous les injures et les coups de ses bourreaux d’Auschwitz.

Les enfants des camps d’Ardèche, en faisant pèlerinage à Saugues, ont découvert ce même héroïsme dans la vie pourtant tellement commune du plus ordinaire, peut-être, de tous les saints du Paradis : saint Bénilde, ce frère des Écoles chrétiennes qu’on surnommait « l’homme au chapelet » et dont quelques pages suffisent à raconter la vie. « Accomplir son devoir d’état sans négligence et sans faiblesse vaut mieux que de faire des miracles », affirmait-il. C’est ainsi qu’il vécut, obscur directeur d’école dans ce village du Gévaudan, dans une abnégation totale, caractéristique de la religion de nos pères. Quant aux miracles, il se rattrapa aussitôt après sa mort !

Le devoir d’état : c’est précisément la pénitence que Dieu attend de nous, au témoignage de sœur Lucie de Fatima. De tels exemples favorisent singulièrement l’œuvre éducative des parents !

COMBATTRE

Nous ne pouvons pas nous contenter de réparer les offenses infligées au Cœur de notre Mère. Nous voudrions encore en supprimer la cause, tarir la source de ses larmes en convertissant les pécheurs, en désarmant Satan et ses suppôts. Dans le combat des derniers temps, il ne suffit pas de se défendre, il faut aussi prendre l’offensive ! Saint Maximilien- Marie Kolbe, vrai chevalier de l’Immaculée, nous donne l’exemple de cet esprit combatif :

« Non seulement il faut défendre la foi, contribuer au salut des âmes, mais par une attaque hardie, s’oubliant soi-même, il faut conquérir à l’Immaculée les âmes, l’une après l’autre, avancer d’un avant-poste à l’autre, déployer son enseigne partout, sur toute l’étendue de la terre. C’est alors que tomberont toutes les formes de socialisme, le communisme, les hérésies, l’athéisme, la franc-maçonnerie et toutes les autres stupidités semblables qui proviennent du péché. »

N’avons-nous pas comme le Père Kolbe des armes puissantes ? La Médaille miraculeuse, le saint Rosaire !

Ce n’est pas tout. Le 24 août, pour la solennité de la fête du Cœur Immaculé de Marie, notre aumônier qui est entré à pleines voiles dans cette dévotion, nous l’a montrée non seulement comme l’armure de Dieu que saint Paul recommande aux Éphésiens de revêtir pour résister aux manœuvres du diable (Ep 6, 11), mais aussi comme le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire une arme offensive, pour opérer le discernement des cœurs et mettre en déroute l’Adversaire.

Ce combat d’Apocalypse dans lequel nous sommes impliqués s’est rappelé à nous au début de l’été à l’occasion de la mise en garde publiée par l’évêque de Bayonne contre la CRC et par la réponse de frère Bruno de Jésus-Marie. Cela tombait à point pour permettre à nos frères prieurs, dans chacun des ermitages, d’initier les plus jeunes au combat de Contre-Réforme et de le faire réviser aux plus âgés. Cette polémique nous a valu aussi de belles protestations de fidélité !

       Luanda, le 20 juillet 2025.

Cher frère Bruno,

Après la « mise en garde » de Mgr Aillet et votre magnifique réponse, nous voulons vous exprimer notre gratitude et renouveler notre fidélité. Nous autres, phalangistes béarnais, sommes désormais bien fiers (avec si peu de mérite en ce qui me concerne) de votre lettre qui rejoint la collection des textes de références de la CRC.

Nous avons beaucoup apprécié votre ton percutant contre un méchant texte qui rassemble en quelques phrases l’ensemble des mensonges généralement mis en avant pour « disqualifier » la CRC, en accordant à chacun d’entre eux l’attention qu’il mérite. Nous avions suivi avec beaucoup d’intérêt votre étude fouillée dans les dernières CRC, “ Georges de Nantes, martyr de l’obéissance de la Foi ”, répondant à l’article de l’abbé Coulomb. D’ailleurs avec grand profit pour moi, lecteur distrait d’une étude bien trop ambiguë pour être honnête. Le rappel détaillé des échanges de 1997 nous a enthousiasmés pour votre charge décisive et courageuse contre la mystification de l’obéissance générale et absolue au magistère « authentique », dernier rempart de ceux qui, pour toutes sortes de raisons, refusent que l’Église soit libérée du fardeau de Vatican II. Pour les tracas et le surcroît de travail que cette réponse vous a demandés, nous espérons qu’elle éclairera des amis ou contacts de bonne foi.

J. B.

       Urugne (diocèse de Bayonne), le 21 juillet 2025.

Cher frère Pascal,

Nous avons pris connaissance de la réponse de frère Bruno à Mgr Aillet. Cette lettre est magnifique et solidement argumentée pour défendre et continuer le combat du Père et de la CRC devant de viles attaques, mensongères et indignes de prélats de l’Église. La mise en garde de Mgr Aillet contre la CRC a été provoquée par des pressions qu’il aurait subies et qui mettraient en jeu sa “ carrière ”... mais pas seulement ! C’est aussi malheureusement l’expression de ce qu’il pense vraiment au fond de lui et de sa perte de la foi, bien visible dans son dernier livre, Le Temps des saints, qui est un véritable « égout collecteur des hérésies » du concile Vatican II.

Il y a quelques mois, j’en ai fait une lecture attentive : ce fut un véritable supplice en même temps qu’une profonde déception de découvrir le fond de l’âme et du cœur de notre évêque qui est pourtant défini parmi les évêques de France comme l’un des plus “ tradis ”... Que sont alors les autres ? Nous rendons grâce tous les jours, remerciant Jésus-­Marie-Joseph de vous avoir sur la terre, car sans vous, nous péririons. Merci pour tout le travail que vous fournissez afin de nous éduquer et de conformer nos cœurs et nos âmes aux volontés du Ciel et de l’Église.

F. S.

Voilà dans quel esprit notre CRC se rendra à Lourdes. Nous contemplerons la splendeur de l’Immaculée, nous réparerons les offenses qui blessent son très doux Cœur et combattrons sous sa bannière. Vraiment, si petits et si faibles, nous prendrions part au combat des derniers temps ? Oui ! en nous consacrant totalement à l’Immaculée Conception. Elle seule remporte la victoire, mais elle daigne y associer les pauvres soldats qui se placent sous ses ordres. Cela fait près de trente ans que notre Père nous a exposé cette nouvelle stratégie mariale : « À Elle l’amour de tous, l’admiration adorante, la confiance, les longues prières. À Elle de commander aux âmes qui lui sont dévouées, consacrées. À Elle d’être, seule en vue, à la tête de nos Phalanges. À Elle de faire la conquête miraculeuse des âmes et de les conserver. À Elle, qui fit danser le soleil le 13 octobre 1917 pour que tous croient, de faire le miracle auquel nous nous exerçons en vain : écraser l’enfer et ses armées de démons, mais attirer les cœurs sincères, les convertir et les attacher irrévocablement à son divin Fils, Notre-­Seigneur Jésus-Christ. C’est dans notre faiblesse visible, reconnue, acceptée, que sa force resplendira. »

frère Guy de la Miséricorde.