9 JUILLET 2023

« Je suis venu pour sauver ce qui était perdu... »

Nos sœurs ont retrouvé dans les archives de notre Père un texte de 1947. Ce texte révèle déjà une plénitude extraordinaire chez ce jeune homme de 23 ans qui nous parle de la vraie charité du Cœur de Jésus.

JÉSUS n’a voulu être au milieu de nous que le berger de douceur. Il a voulu être « comme celui qui sert » et lorsqu’il parlait de donner sa vie pour ses brebis, il pensait à la Croix ; mais déjà il donnait chaque minute non pas à l’Humanité, mais à cette pauvre fiévreuse, à ces trois aveugles ou à ce lépreux pitoyable.

Les jours passaient dans ce ministère comme une lumière incomparable qui a sauvé des générations de malades, de miséreux, de pitoyables, du désespoir et leur a donné la joie.

Un jour Jésus révéla ce grand secret qui faisait toute sa vie : « Je te loue, Père, Seigneur du Ciel et de la terre, pour avoir caché cela aux sages, aux habiles, et les avoir dévoilées aux petits. Oui, Père, en cela est ton bon plaisir... Venez à moi vous tous qui êtes las et trop chargés : et je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons, car je suis doux et humble de cœur. Et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est bénin, et mon fardeau léger. » (Mt 11, 25 et 28)

Cela suffirait à nous donner de Dieu une image parfaite et pour vivre selon sa volonté, sans désespoir et sans trouble, il nous suffirait bien de l’imiter en cela. L’Église le fait en ses saints, et je pense que cette charité-là s’adresse à la multitude, émeut les petits, réconforte les malheureux dont le monde a toujours été rempli...

Ceux que les biens de la terre rendaient indépendants des autres, ceux que la naissance rendait les maîtres adorés d’une foule de serviteurs, ceux enfin que la beauté, l’intelligence, la force morale plaçaient à la tête de leur peuple ont brisé leur vie pour avoir la perfection divine du Serviteur de tous, du frère universel. [On pense à Saint Louis, mais à tant d’autres saints !]

L’œuvre du Moyen Âge est toute dans ses “ Hôtels-Dieu ” où les malades étaient reçus comme Dieu Lui-même. Elle est dans ses religieux et dans ses “ Charités ” où tout un peuple se dévouait dans l’amour des membres souffrants de Jésus-Christ.

Non le monde n’est pas près d’oublier la douce lumière du Fils de la Vierge passant dans des rues encombrées de grabats et guérissant chacun, âme et corps, par un don sans cesse réitéré de toute son âme à chacune de ces personnes. Il n’a pas donné avec mesure, mais c’est parce que d’abord son Cœur se trouvait rempli de compassion, que ses yeux se brouillaient de larmes. Alors la main bénissait, répandant la joie et le salut !

Au lieu de gaspiller notre cœur sur des objets de rêve, il faut que notre charité porte sur notre « prochain », mot admirable compris par Jésus, qui nous enseigne à nous laisser absorber par les peines de nos proches, au jour le jour, en donnant chaque fois tout son Cœur, avec prodigalité, comme à Cana !

Parce que le secours donné au corps, le miracle même de Jésus à Jérusalem, ou à Lourdes maintenant n’est rien à côté du don spirituel de la Charité de Dieu. Et je pense à cet homme mourant dans de très grandes souffrances. Un prêtre, au nom de Jésus, lui parla de cette Miséricorde divine qui allait le recevoir, et comme il lui disait les paroles mêmes du Bon Pasteur : « Celui qui viendra à moi, je ne le jetterai pas dehors », alors le visage ravagé s’éclaira d’une surnaturelle joie... voilà l’image fidèle de l’humanité. Tandis que les quelque cinq cents ou mille miraculés de Jésus ont disparu et que leurs corps autrefois guéris gisent en terre attendant la résurrection dernière, des milliards de fidèles ont trouvé en ces preuves de l’Amour parfait de Jésus-Christ, une joie pure et forte qui surpasse tout mal. Oui vraiment, Jésus est venu « pour sauver ce qui était perdu... »

Abbé Georges de Nantes
1947