16 JUILLET 2023

Le grand dessein de miséricorde
de Dieu dans le Christ

EN ce 15e dimanche du temps ordinaire, l’Église nous donne à méditer un extrait de l’épître aux Romains où saint Paul évoque le grand dessein de miséricorde de Dieu dans le Christ.

Saint Paul est le grand mystique qui a vu dans sa vision de Damas le grand dessein de miséricorde de Dieu dans le Christ. En nous parlant de la récapitulation de tout l’univers dans le Christ Seigneur, il est d’un optimisme absolu, c’est-à-dire d’une confiance en Dieu, d’une certitude que rien ne peut ébranler. Pour lui, c’est cela le mystère en développement dans l’histoire.

Cette doctrine se trouve dans l’Épître aux Romains. Elle n’est donc pas une invention de la fin de la vie de saint Paul, lorsqu’il était en captivité.

Le passage de cette épitre que nous méditons ce matin est très important, très consolant : Il fait un peu oublier tout ce qu’il y a de mal, de désordre, d’épouvantable dans notre univers parce que l’Esprit de Dieu est en train de gagner le monde entier. Voici la pensée de saint Paul :

« J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous. »

Il faut se rappeler la vision de Damas. Saint Paul a vu Dieu le Père et Lui, il a vu jaillir le Fils qui est la Sagesse, le miroir de la beauté du Père, de sa grandeur, de sa Toute-Puissance. Ce Fils, comme un miroir qui reflète le soleil, a brûlé son cœur du Saint-Esprit. Il sait que le monde va être dévoré par ce feu et que la gloire de Dieu doit se révéler en nous. Si Dieu envoie son Fils, il est évident que cette mission ne peut être qu’une réussite. Et donc, le feu de Dieu, la gloire de Dieu va envahir le monde.

« Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu : si elle fut assujettie à la vanité, – non qu’elle l’eût voulu, mais à cause de celui qui l’y a soumise, –... »

Cela veut dire que le monde est comme frappé de stupeur, d’inertie et atteint par le mal, la contagion du mal, depuis le péché d’Adam. Et cela, parce que Dieu a voulu que le monde matériel et les anges qui en ont le gouvernement, que ce monde soit enchaîné au mal, corrompu par l’homme. Ce monde est soumis à la vanité, mais il gémit et cette création est en attente.

« ... c’est avec l’espérance d’être, elle aussi, libérée de la servitude de la corruption... »

Quand on voit toute la laideur de notre univers moderne, toute cette saleté, cette pollution, cette défiguration de l’univers, saint Paul voit ce monde comme agité d’une sorte d’indignation et qui gémit contre cette servitude à laquelle il est soumis par Dieu même, alors qu’il voudrait chanter la gloire de Dieu par sa beauté naturelle. Ce monde-là n’a pas commis le péché, il devrait être beau, bien ordonné. Il aspire à sortir de cette servitude pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu.

Donc, il aspire à ce que les hommes se convertissent et que leurs œuvres soient pleines de la beauté de Dieu. Nous avons tout de même les splendeurs de l’art chrétien, toutes ces beautés que les chrétiens ont créées dans leur âme renouvelée. C’est une libération de la matière asservie au péché. Au contraire, quand on voit la sculpture contemporaine, on comprend que tous ces matériaux sont remis dans l’esclavage de Satan par les hommes corrompus et pécheurs. Mais ils gémissent.

« Nous le savons, en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement [dans les douleurs de l’enfantement]. Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre corps. »

Et « notre corps », à ce moment-là, c’est beaucoup plus que mon corps individuel, c’est toute la société terrestre que nous formons et c’est l’univers, ce sont les pierres de nos habitations, ce sont les arbres de nos jardins, ce sont les fleurs... Nous nous rendons compte que nous avons les prémices de l’Esprit. Avec la force de l’Esprit-Saint nous libérerons cette création parce qu’elle est complice de notre effort, elle va au-devant de notre effort de rédemption.

« Car notre salut est objet d’espérance ; et voir ce qu’on espère, ce n’est plus l’espérer : ce qu’on voit, comment pourrait-on l’espérer encore ? Mais espérer ce que nous ne voyons pas, c’est l’attendre avec constance. »

Évidemment, ce n’est pas encore pour aujourd’hui, mais nous l’espérons. L’espérance vise toujours des biens que nous n’avons pas encore, mais nous sommes entraînés dans cette certitude, car l’Esprit-Saint est dans nos cœurs pour nous aider à vivre dans cette espérance. Voilà tout un enseignement qui est déjà très consolant.

Abbé Georges de Nantes
Extraits de la retraite sur l’Évangile de Paul (S 63)
11e conférence : la plénitude achevée du mystère – (Pages 216-217)