30 AVRIL 2023

Jésus mène son troupeau 
hors du parvis des Juifs

APRÈS avoir guéri l’aveugle-né, et rejeté dans les ténèbres extérieures les pharisiens qui refusent de constater le miracle, Jésus se tourne vers ses disciples. Il a montré beaucoup d’amour à l’aveugle-né, l’entourant de sa sollicitude, comme un innocent persécuté à cause de son Nom. En lui, il voit un précurseur des foules de juifs et de païens dont il est d’ores et déjà le “ beau pasteur ”. Les autorités juives de Jérusalem ayant manifesté une volonté obstinée de fermer les yeux à la lumière véritable qui est Jésus, celui-ci doit « faire sortir » ses brebis du judaïsme officiel où elles sont parquées, afin de les « mener », ainsi que les autres qu’il désire faire paître en pleine et paisible liberté.

En ce dimanche du Bon Pasteur, Jésus déclare son amour pour ses brebis : juives, à sortir du Temple perdu ! et païennes, à trouver, rassembler, agréger en un troupeau nouveau. Cela, c’est « la pensée officielle de l’Église », parce que c’est l’Évangile ! Et c’est incontournable :

« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans le parvis des brebis, mais en fait l’escalade par une autre voie, celui-là est un voleur et un brigand ; celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis. Le portier lui ouvre et les brebis écoutent sa voix, et ses brebis à lui, il les appelle une à une et il les mène dehors. Quand il a fait sortir toutes celles qui sont à lui, il marche devant elles et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Elles ne suivront pas un étranger ; elles le fuiront au contraire, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers. » (Jn 10, 1-5)

Par ces paroles pleines de mystère, en réponse au refus de ceux qui veulent rester aveugles, Jésus n’engage pas un “ dialogue ” : il appelle ceux qui lui appartiennent à sortir avec lui du « parvis » du Temple de Jérusalem, comme Moïse fit sortir les juifs d’Égypte. Le jour où Jésus tint ce discours, eut lieu la rupture entre la synagogue et la nouvelle communauté formée autour du Christ par ceux qui écoutent sa voix et qui le suivent. Jusqu’à Vatican II, de génération en génération, cette voix s’est fait entendre au long des siècles par la bouche du Vicaire du Christ.

Où le Christ mène-t-il ceux qui écoutent sa voix et qui le suivent ? Il les « mène » là où il est : il suffit que les brebis soient réunies autour du berger, qu’elles regardent vers lui et écoutent sa voix, comme lui-même est tout tourné vers son Père. Il est à la fois la « porte » qui ouvre sur le « parvis », et le « pasteur ». Les voleurs et les brigands qui n’entrent pas par la porte sont les sanhédrites et les pharisiens qui exercent une autorité usurpée.

Le portier, c’est Yahweh, le Dieu de Moïse. C’est lui qui ouvre au pasteur, et qui donne en même temps aux brebis un attrait sans lequel nul ne vient à Jésus (Jn 6, 44), une instinctive docilité pleine d’amour pour écouter et suivre, pour reconnaître la voix incomparable, divine, qui les appelle « une à une » et les mène hors de Jérusalem.

« Jésus leur tint ces discours mystérieux, Mais eux ne comprirent pas ce dont il parlait. Alors Jésus dit de nouveau : En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. ” » (Jn 10, 6-8)

Tous des voleurs ? Oui, tous ! Parole extraordinairement accusatrice. Déjà Ézéchiel accusait le “ clergé ” de son temps, mauvais pasteurs, de « se paître eux-mêmes » au lieu de paître le troupeau (Ez 34). Au temps de Jérémie, ils étaient idolâtres (Jr 2, 8). Et plus encore les grands prêtres, les scribes et les pharisiens qui vont mettre Jésus à mort !

Les saints patriarches, pontifes et rois, scribes et prophètes qui ont annoncé la venue du Messie, agissaient et parlaient déjà en son Nom, entraient donc, eux, par la Porte :

« Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira, et trouvera un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger et faire périr. Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante. » (Jn 10, 9-10)

Jésus est la Porte par où passent les vrais pasteurs qui ne sont pas des voleurs ; et son Père céleste est le Portier. En tant que bon Pasteur, Jésus ne se distingue plus de Dieu son Père, il ne fait qu’un avec Lui. Soyons donc pleins de reconnaissance et de tendresse pour Jésus notre bon pasteur et pour son inséparable Mère Immaculée.

Frère Bruno de Jésus-Marie
Extraits du sermon du 26 avril 2009