Point 130. La famille restaurée

1. Notre ancien droit familial n’était autre que le droit ecclésiastique, faisant du mariage une institution stable et civilisée, fondée sur un sacrement et un engagement irrévocable, définissant la famille comme une hiérarchie naturelle et sacrée, une réciprocité de services, un équilibre de devoirs et de droits. Il assura mille ans la vitalité des familles et par elle la fécondité et la vigueur de la nation.

La ­Révolution, par ses principes mêmes, devait détruire cet inébranlable édifice ; il lui a fallu deux siècles. Le droit familial ne pouvait pas résister à la déclaration et à la revendication des droits de l’homme, somme des exigences anarchiques et égoïstes de l’individu, « naissant enfant trouvé et mourant célibataire » (Renan). En outre, les principes démocratiques ont corrompu les mœurs et les gouvernements ont été contraints d’adapter la législation aux mœurs ! Tel est bien le profil de toute décadence.

La famille indissoluble a fait place à la rencontre libre de deux individus que peut bientôt séparer le divorce par simple consentement mutuel.

L’autorité maritale, qui soutenait le pouvoir naturel du chef de famille, n’existe plus ; les époux sont indépendants et dressés l’un contre l’autre par la loi.

L’autorité paternelle et parentale est dissoute par la loi et a pratiquement disparu devant l’émancipation des enfants et la collectivisation forcenée de toute leur existence.

La famille légitime est battue en brèche par l’assimilation civile du concubinage et des unions contre nature au mariage, des enfants naturels et adultérins aux enfants légitimes. Seule autorité à subsister dans ce saccage, le juge est appelé constamment à statuer sur tout litige : il fait et défait les familles au gré des passions et des tiraillements. Juridiquement, économiquement, socialement, l’union libre, favorisée par toutes sortes de règlements, devient un statut reconnu, préférable à l’état de mariage. Avoir des enfants était déjà, en raison des dispositions du Code, une gêne considérable ; c’est devenu de nos jours une honte, une atteinte portée aux droits de ceux qui jouissent présentement de la vie. La République maçonnique organise la propagande pour la contraception, la soutient des deniers de l’État ; elle livre méthodiquement à la dépravation la jeunesse des écoles et met au point, de connivence avec les trusts financiers qui exploitent cette industrie et ce commerce, une immense œuvre de corruption générale de la société. L’homosexualité est légitimée et protégée. Plus encore, la liberté de l’avortement ébranle le fondement même de la civilisation. Tant et si bien que la notion même, traditionnelle, de la famille est aujourd’hui étrangère à l’expérience d’une grande partie de la jeunesse de nos sociétés.

2. L’Église seule peut entreprendre le redressement des mœurs, nécessaire, urgent, qui reste cependant un vœu profond des peuples corrompus par les institutions et les propagandes démocratiques. La loi civile doit y aider par la restauration au moins facultative et progressive de l’ancien Droit français, naturel et chrétien. Le mariage monogamique indissoluble, la puissance paternelle et parentale dans la communauté familiale légitime, la proscription absolue de l’avortement en sont les chapitres principaux.

Dans notre société pluraliste, et pour tenir compte de la décadence des mœurs, d’autres droits familiaux pourront être reconnus, orthodoxe, musulman, juif, etc., à l’exclusion de l’anarchie individualiste qui prétend ignorer tout engagement mutuel, toute loi naturelle et toute moralité. L’État obligera chacun à la loyauté de ses engagements selon son droit particulier. Ainsi jugera-t-il les catholiques selon le droit ecclésiastique et les obligations connues du mariage sacramentel librement contracté par eux. De leur propre gré, les foyers s’engageront dans la voie de la restauration désirée.