Point 136. La gestion de l’entreprise

La fondation d’une entreprise comme sa gestion relèvent éminemment de la vertu de prudence. Plutôt que le profit maximum, il faut rechercher la renta­bilité et la pérennité de l’entreprise, afin d’assurer durablement la prospérité des familles qui en dépendent. En résulteront des stratégies de développement et des rapports humains au sein de l’entreprise différents de ceux qui ont cours dans l’entreprise capitaliste.

1. Alors que l’autorité du propriétaire de l’entreprise est entière sur le projet d’affaires, pour sa réalisation, au sein même de l’entreprise, c’est la compétence qui fonde la légitimité de l’autorité. Seul ce critère permet d’assurer la personnalisation des diverses fonctions de direction, d’investissement de capitaux, de travail, et la cohésion de tous autour du chef de l’entreprise pour faire face aux difficultés extérieures et tout naturellement entretenir des rapports humains, faits de respect mutuel et de justice, au sein de la communauté de travail.

Dans le cas des entreprises qui ne sont pas strictement familiales, ou dont le propriétaire n’assure pas la direction, il faudra protéger les familles contre ses décisions ou celles des actionnaires, qui mettraient injustement ou imprudemment en péril l’entreprise. La direction et les principaux cadres jouiront donc d’un droit de recours à l’arbitrage et d’appel devant les tribunaux compétents.

2. Le rôle du financier sera aussi encadré. Considéré comme partenaire de l’entreprise, au même titre que, par exemple, les ingénieurs qui apportent leur savoir-faire, il ne pourra plus usurper l’autorité du propriétaire sur le projet d’affaires ou celle de ses collaborateurs sur la direction de l’entreprise. Son apport financier lui donnera droit à un dividende sur les résultats de l’entreprise, dont l’importance tiendra compte de la durée de son engagement en faveur du projet d’affaires.

3. Le personnel de l’entreprise sera hiérarchisé par ses tâches au sein de l’entreprise, mais aussi par son dévouement et sa compétence. On distinguera donc les nouveaux arrivés qui devront faire leurs preuves, les membres à part entière de l’entreprise, et les anciens, ceux qui, dans leur tâche respective, auront développé une compétence reconnue de tous. Ils formeront une catégorie particulière que la direction s’appliquera à consulter, notamment pour les améliorations des conditions de travail et de productivité. Le projet d’affaires leur sera soumis. Ils seront consultés aussi pour l’acceptation définitive de nouveaux associés à l’entreprise, dans leur domaine. On encouragera aussi la promotion interne.

4. La restauration de l’autorité légitime du patron au sein de l’entreprise ne signifie pas une gestion arbitraire, bien au contraire. Le souci du bien commun de l’entreprise et de l’efficacité dans la réalisation des tâches implique la consultation régulière du personnel concerné. Elle sera organisée sur une base régulière et viendra s’ajouter au droit des anciens de faire entendre librement leur avis en tout temps. Cela remplacera avantageusement les comités d’entreprise livrés aux diktats des syndicats.

5. Ces principes de gestion écologique créeront un climat de travail familial qui inclinera les membres de l’entreprise à s’entraider de différentes manières ; c’est l’objet de notre troisième « utopie ». Selon la taille de l’entreprise, les habitudes locales, les besoins réels, le chef d’entreprise pourra faciliter cette entraide et l’organiser au mieux avec l’aide des anciens de son établissement.