Il est ressuscité !

N° 231 – Avril 2022

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Consécration

L’ABBÉ de Nantes, notre vénéré fondateur, a  consacré les petits frères et petites sœurs du Sacré-Cœur au Cœur Immaculé de Marie en 1997, à son retour d’exil, pour « passer la main » à l’Immaculée Conception. Aujourd’hui, c’est le pape François qui « passe la main », accomplissant la vision prophétique de sainte Jacinthe :

Sainte Jacinthe (1910-1920)
Sainte Jacinthe (1910-1920)

« Oh ! Lucie ! Ne vois-tu pas tant de routes, tant de chemins et de champs pleins de gens morts, perdant leur sang, et d’autres gens qui pleurent de faim et n’ont rien à manger ? Et le Saint-Père, dans une église, priant devant le Cœur Immaculé de Marie ? Et tant de monde qui prie avec lui ? » (Sœur Françoise de la Sainte Colombe, Fran­cisco et Jacinta si petits... et si grands ! éditions CRC 1998, p. 167)

Le jour de la fête de l’Annonciation, vendredi 25 mars 2022, le monde entier a vu et entendu le pape François supplier Notre-Dame de Fatima sur un ton pathétique :

« Nous recourons donc à toi, nous frappons à la porte de ton Cœur, nous tes chers enfants qu’en tout temps tu ne te lasses pas de visiter et d’inviter à la conversion. »

Depuis cent ans, les Papes se sont succédé, de Pie XI à Benoît XVI en rivalisant d’indocilité pour ne faire aucun cas des “ visites ” répétées de la Sainte Vierge, le pape Jean-Paul Ier excepté, qui était résolu à lui obéir, mais il est mort martyr de ses frères avant de mettre cette intention à exécution. Benoît XVI, qui est le successeur de Jean-Paul II, a refusé de répondre à l’invitation de François qui, lui, se montre le successeur de Jean-Paul Ier, depuis le beau programme que le Bon Dieu lui avait inspiré de proclamer lors de sa première homélie consistoriale, devant des cardinaux médusés. Mais il semblait l’avoir quelque peu oublié, à la ressemblance de saint Pierre reniant son maître à trois reprises...

Pour le Chef des Apôtres, cela n’a duré que quelques heures, et la Vierge Marie, sainte Marie-­Madeleine et saint Jean, confrontés à ce mystère d’iniquité où tout pouvoir avait été donné au Prince de ce monde... ont vite arraché Pierre aux griffes de Satan. Pour nous, cela dure depuis bientôt dix décennies.

Le 13 juin 1929, Notre-Dame était venue à Tuy dire à Lucie :

« Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen. »

C’est une question de vie ou de mort... éternelle !

« Elles sont si nombreuses les âmes que la justice de Dieu condamne pour des péchés commis contre moi, que je viens demander réparation. Sacrifie-toi à cette intention et prie. »

Pie XI fit la sourde oreille, n’écoutant que sa politique d’entente avec l’Urss. Et nous avons eu la guerre avec l’Allemagne, elle aussi adossée au même pacte... avec la Russie... que le pape Pie XI n’avait pas voulu consacrer au Cœur Immaculé de Marie pour la convertir.

Aujourd’hui, le pape François confesse avec un vrai repentir : « Nous avons perdu le chemin de la paix. Nous avons oublié la leçon des tragédies du siècle passé, le sacrifice de millions de morts des guerres mondiales. »

Plutôt qu’  « oublié », il serait plus exact de dire que nous avons « méprisé la leçon » annoncée par avance à Lucie, François et Jacinthe, dès le 13 juillet 1917, en pleine guerre mondiale, la première !

« La guerre va finir. Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI, en commencera une autre pire. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne qu’il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père.

« Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. »

Tout s’est accompli à la lettre au long du « siècle passé ». Aujourd’hui, le pape François, après avoir fait le tableau de la « grande ville à moitié en ruine » annoncée par la troisième partie du “ Secret ” confié aux enfants, « prie dans une grande église, devant le Cœur Immaculé de Marie et tant de monde qui prie avec lui :

« Mère, nous désirons t’accueillir maintenant dans notre vie et dans notre histoire. En cette heure, l’humanité, épuisée et bouleversée, est sous la croix avec toi. »

La « grande croix de troncs bruts comme si elle était en chêne-liège avec l’écorce » que Lucie, François et Jacinthe ont vue le 13 juillet 1917.

« Et elle a besoin de se confier à toi, de se consacrer au Christ à travers toi. »

Admirable formule qui met fin aux objections des “ théologiens ”, de Laurentin à Ratzinger !

« Le peuple ukrainien et le peuple russe, qui te vénèrent avec amour, recourent à toi, tandis que ton Cœur bat pour eux et pour tous les peuples fauchés par la guerre, la faim, l’injustice et la misère.

« Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur immaculé Nous-même, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine. »

Elle l’avait promis ! « À la fin mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi. » Promesse tenue !

« Il ne s’agit pas d’une formule magique, avait souligné le Pape dans l’homélie prononcée au cours de la messe qu’il venait de célébrer, mais d’un acte spirituel. Et d’un geste de pleine confiance des enfants qui, dans la tribulation de cette guerre cruelle et insensée qui menace le monde, ont recours à leur Mère en jetant peur et douleur dans son Cœur, se remettant à elle. »

Concrètement, vu l’autorité du Saint-Père, la gravité de la situation et l’importance capitale de cette consécration, il faut voir dans cet acte de l’  « Évêque vêtu de Blanc », marchant « à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de douleur et de peine », le doigt de Dieu (Luc 11, 20) intervenant par le pauvre Vicaire de son Fils, diaboliquement désorienté, expert en humanité en faillite : « Avec honte nous disons : Pardonne-nous, Seigneur ! »

Après Paul VI qu’exaltait son « culte de l’homme », un Pape qui demande pardon à Dieu... c’est prodigieux ! Le pape François n’est pas loin du royaume de Notre-Dame de Fatima...

Même s’il ne la nomme pas, et préfère citer une parole de Notre-Dame de Guadalupe à Juan Diego, parce qu’il ne comprend pas encore qu’en refusant l’Alliance que Dieu leur proposait par la médiation du Cœur Immaculé de Marie, les Souverains Pontifes, ses prédécesseurs, ont été les premiers responsables des « millions de morts des guerres mondiales » qu’il déplore, « cadavres qu’il trouve sur son chemin ».

Sa manière d’amener les paroles saintes et divines de la consécration fait penser à l’enfant prodigue. Il ne fait pas le fier, certes, mais comme un tout petit enfant, un peu inconscient et donc pas très contrit, il ne semble guère mesurer la peine qu’il a faite à sa Maman. Mais il ne s’en repent pas moins à la vue des larmes de sa Mère, comme Lucie au carmel de Coïmbre, que sa supérieure entendit soudain murmurer, en présence d’une statue de Notre-Dame de Fatima : « Elle pleure ! »

Le pape François a vu les larmes de Marie : « Que tes pleurs, ô Mère, émeuvent nos cœurs endurcis. Que les larmes que tu as versées pour nous fassent refleurir cette vallée que notre haine a asséchée. »

Le « nous » employé par le Pape rappelle le « nous » employé par l’abbé de Nantes, notre vénéré Père fondateur, en conclusion de sa critique du prétendu “ Catéchisme de l’Église catholique ” (cec) : « Très Saint-Père, nous nous sommes égarés dans nos mirages... » On dirait que Jésus guide la plume de son vicaire qui l’a pourtant renié. Mais précisément, François, à l’instar de saint Pierre, n’en aura que plus d’autorité pour « confirmer ses frères », maintenant qu’il est « revenu » avec le poids du « Nous » de majesté, le « Nous » responsable de tous les désordres apocalyptiques de nos temps qui sont les derniers.

CŒUR IMMACULÉ

On lit dans La Croix du vendredi 25 mars 2022, jour de la fête de l’Annonciation, sous la plume de Loup Besmond de Senneville, un compte rendu de « l’offensive spirituelle du pape François : le pape François consacrera, ce 25 mars à la basilique Saint-Pierre, la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie ».

La pensée de l’auteur est d’une profondeur abyssale : « L’annonce de la consécration de l’Ukraine et de la Russie au Cœur Immaculé de Marie a laissé les diplomates en poste près le Saint-Siège aussi perplexes qu’intrigués : Il est sûr que lorsqu’on en vient à prier, c’est que la situation est mal engagée... ”, analyse l’un d’entre eux. » Confondant !

Il est trop évident que le concile Vatican II a laissé le Vatican et toutes ses institutions totalement dépouillés de toute intelligence mystique et politique de l’Immaculée Conception.

À Lourdes, la Vierge Marie a dit son nom : « Je suis l’Immaculée Conception. » Elle ne s’en tient pas à l’invocation enseignée à sainte Catherine, rue du Bac, à Paris. « Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. » Le privilège de l’Immaculée Conception était entendu comme l’affirmation que, depuis Adam et Ève et jusqu’à la fin du monde, une seule “ Femme ” avait été préservée de la faute originelle : la Vierge Marie. Cette vérité de foi, toujours crue et aimée par le bon peuple chrétien, difficilement acceptée par la raison des théologiens au long des siècles, était devenue l’objet de la définition dogmatique prononcée par le bienheureux pape Pie IX, en 1854.

Quatre ans plus tard, la Vierge Marie descend dans la grotte de Massabielle et dit, le 25 mars 1858 : « Je suis l’Immaculée Conception. »

« Nous passons, me semble-t-il, disait l’abbé de Nantes, dans un sermon du 11 février 1997, d’une acception restreinte de cette révélation nouvelle à une compréhension universelle. C’est une explication du dogme. Ce n’est pas seulement une  confirmation  de la définition, comme l’écrivait sainte Bernadette au bienheureux Pie IX, c’est une compréhension nouvelle, comme l’avait saisi saint Maximilien-Marie Kolbe dans ses fulgurances. »

C’est son nom propre et non un qualificatif. Comme si elle disait : J’ai été préservée, dans ma conception humaine, de la tare du péché originel que véhicule une “ conception ” charnelle, c’est vrai. Mais notre Père nous rappelle que Dieu “ conçoit ” son Verbe, donc il y a de la “ conception ” en Dieu. Cette parole de la Vierge ouvre un chapitre nouveau au traité de l’Incarnation du Verbe qui a été “ conçu ” du Saint-Esprit dans le sein virginal de Marie.

Le Verbe lui-même est la “ Conception ” éternelle du Père. Dieu dit sa Parole, toute sa Sagesse, toute sa Science se déverse dans un autre lui-même qui est son Fils bien-aimé. Cette relation d’engendrement spirituel s’appelle une “ conception ”. Dans notre condition humaine, c’est une idée, tellement marquée qu’elle acquiert une sorte d’indépendance relative, partielle, par rapport à la bouche qui émet le son de la voix, pour exprimer la pensée correspondant à la Vérité.

La Vierge Marie, plus divine qu’humaine, se nomme par une œuvre éternelle de Dieu : « Je suis l’Immaculée Conception. » Je suis la “ conception ” parfaite de la créature telle que Dieu la désire dans sa plénitude. Elle est l’œuvre de Dieu, œuvre parfaite qui la met au-dessus de toutes les femmes, parce que Jésus, “ conçu ” dans son sein, est l’œuvre de Dieu, parfaite, plus que parfaite, placé au-dessus de tous les hommes par son Incarnation.

« Ce que je dis absolument de Jésus-Christ, déclarait saint Louis-Marie Grignion de Montfort, je le dis relativement de la Sainte Vierge. Jésus-Christ l’ayant choisie comme compagne indissoluble de sa vie, de sa mort, de sa gloire, de sa puissance au Ciel et sur la terre, il lui a donné par grâce, relativement à sa majesté, tous les mêmes droits et privilèges qu’il possède par nature. »

Il lui a donné une âme, un corps, un Cœur Immaculé, c’est-à-dire parfaitement saint comme est Saint le Sacré Cœur de Jésus ; le Cœur Immaculé de Marie est Saint comme Dieu est Saint. Nous lui sommes consacrés par le Saint-Père... en même temps que les Russes, les Ukrainiens, et « l’Église et l’humanité tout entière ».

QU’EST-CE QUE LA CONSÉCRATION 
AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE ?

Le Saint-Sacrifice de la messe commence par « reconnaître que nous avons péché » et demander pardon, c’est-à-dire nous “ convertir ”.

Les “ suppliants ” ainsi convertis reçoivent ensuite l’enseignement de la Parole de Dieu qui, dans les Livres saints de l’Ancien Testament, annoncent et préparent l’Incarnation de cette Parole, de ce Verbe, prophétisée par le prophète Isaïe : « Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel », c’est-à-dire « Dieu avec nous ». C’est tellement extraordinaire que nous rappelons trois fois par jour l’accomplissement historique de ce miracle dans la prière de l’Angélus : « Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis, et le Verbe s’est fait chair et il habita parmi nous. »

Or, ce miracle se renouvelle au Saint-Sacrifice de la messe, qui est une « consécration », c’est-à-dire une transformation du pain en Corps du Christ, et du vin en son précieux Sang versé pour nous laver de tout péché. Et parce qu’il est ressuscité, le Christ a cette puissance de « consacrer » celui qui mange cette Chair et boit ce Sang, c’est-à-dire de le rendre saint, de pécheur qu’il était. C’est ainsi que le Christ ressuscité se l’incorpore, en l’arrachant à Satan, et reconquiert ce monde pour en faire son Église, son Épouse, dont le Cœur Immaculé de Marie est l’artisan infatigable.

C’est ainsi que la France est devenue la « fille aînée » de Marie, « consacrée » en « corps mystique du Christ », c’est-à-dire en Chrétienté.

Et la Russie ? Pourquoi « la Russie » ? Inlassable­ment, Lucie a rappelé aux prédécesseurs du pape François que c’était une exigence de la Sainte Vierge. Mais leur “ politique ” n’était pas celle de la Sainte Vierge.

Aujourd’hui, c’est clair : la Russie est au centre du cyclone qui menace d’embraser le monde... « Dieu... veut la sauver », François, le vicaire du Christ, aussi puisqu’il vient de frapper à la porte du Cœur de Marie :

« Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur immaculé Nous-même, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine... Tu as tissé l’humanité de Jésus, fais de nous des artisans de communion. »

C’est dire qu’il ne suffit pas de compter sur le miracle que nous a promis Notre-Dame de Fatima. Comme Bernadette à Lourdes, comme Lucie, François et Jacinthe, « il faut encore que je me le gagne ». La consécration est bien faite et “ valide ex opere operato, et la Russie incorporée au “ Cœur Eucharistique de Jésus-Marie ”. À nous de lui faire porter du fruit par la pratique assidue des cinq premiers samedis instituée par Notre-Dame de Fatima, à Pontevedra, pour « faire de nous des artisans de communion » au Cœur Eucharistique de Jésus-Marie.

Frère Bruno de Jésus-Marie

Le jour de la fête de l’Annonciation, dans la basilique Saint-Pierre, le vendredi 25 mars 2022, le monde entier a vu et entendu le pape François supplier Notre-Dame de Fatima sur un ton pathétique : « Nous recourons donc à toi, nous frappons à la porte de ton Cœur, nous tes chers enfants qu’en tout temps tu ne te lasses pas de visiter et d’inviter à la conversion. » « Le peuple ukrainien et le peuple russe, qui te vénèrent avec amour, recourent à toi, tandis que ton Cœur bat pour eux et pour tous les peuples fauchés par la guerre, la faim, l’injustice et la misère.

« Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur Immaculé Nous-même, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine. »