Il est ressuscité !

N° 232 – Mai 2022

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


CAMP NOTRE-DAME DE FATIMA 2021

Géopolitique et orthodromie catholique : 
le siècle du triomphe des erreurs de la Russie 
(1917-1991)

« Je ne peux pas faire de géopolitique et de géostratégie aujourd’hui sans faire appel à la Vierge Marie, à ses révélations pour le vingtième siècle. »  (Georges de Nantes, 19 mai 1991)

DEPUIS la révolte de Luther, en 1517, l’étude de la géopolitique européenne et mondiale devient la  chronique du combat des deux cités : la Chrétienté attaquée et, hélas ! renversée pan à pan par la Révolution. Le basculement de la France, fille aînée de l’Église, dans le camp révolutionnaire en 1789 a marqué une accélération formidable de la subversion antichrist. En conséquence, le dix-neuvième siècle a été celui de l’anéantissement systématique des puissances chrétiennes, jusqu’à la Première Guerre mondiale, à la faveur de laquelle les puissances anglo-saxonnes, protestantes, ploutocratiques, maçonniques, en un mot révolutionnaires parvinrent à détruire les deux grands bastions de la civilisation chrétienne : l’Empire d’Autriche fut dépecé et la Sainte Russie, livrée aux bolcheviques, devint le principal foyer de propagation de la Révolution mondiale.

LA PLUS GRANDE POLITOLOGUE

L’évolution géopolitique du monde depuis 1917 est facilement compréhensible pour qui veut bien se mettre à l’école de celle que notre Père l’abbé de Nantes appelait : « la plus grande politologue du vingtième siècle »... et de tous les temps : Notre-Dame de Fatima.

« Il faut l’avouer, le proclamer, écrivait-il dans son éditorial de janvier 1992, ce qui nous guide depuis trente ans et plus dans notre observation attentive des événements du monde, c’est la grande révélation de Fatima du 13 juillet 1917. Parce que Notre-Dame nous a proposé ce jour-là une alliance de son Fils Jésus-Christ, Dieu, avec les hommes, alliance fille de la nouvelle et éternelle alliance scellée à jamais dans le Sang de l’Agneau et dans la foi indéfectible de son Église-Épouse, vraie fille d’Abraham et légitime détentrice de ses promesses.

« Alliance contractuelle, traité inégal, où il est peu demandé à la créature et beaucoup promis, si toutefois elle se montre fidèle à son Sauveur et dévouée à la Médiatrice de cet accord, appliquée à satisfaire toutes leurs demandes et loyale dans ce service. C’est un minimum ! en échange duquel paix sur terre et gloire dans le Ciel seront notre récompense. » (Cet adorable secret, notre unique espérance, CRC n° 279, janvier 1992)

Le Secret que Notre-Dame confia le 13 juillet 1917 à Lucie, François et Jacinthe, établit les clauses de cette Alliance qui est la clef de l’histoire du vingtième siècle.

Après leur avoir montré l’enfer, Notre-Dame dit aux enfants : « Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé.

« Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix.

« La guerre va finir. Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI, en commencera une autre pire. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne qu’il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père.

« Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. Sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties.

« À la fin mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi. »

Suit la troisième partie du Secret, la vision de l’Ange à l’épée de feu, de l’Église à moitié en ruines et du sang des martyrs.

Notre Père commente : « Donc les affaires de ce siècle sont conduites d’En-Haut par Dieu selon les engagements de cette alliance, comme les avatars du peuple hébreu le furent selon l’Alliance mosaïque et comme les bonheurs et les malheurs de la Chrétienté, de la France fille aînée de l’Église, résultent de leur fidélité ou de leurs manquements à la loi de Jésus-Christ leur Chef et leur mystique Époux. C’est insensé pour les autres hommes en raison de leur aveuglement et de leur dureté de cœur, c’est clair et rassasiant pour tout bon catholique.

« Donc, c’est ce que nous avons fait des demandes de Dieu exprimées par la Vierge Marie à Fatima le 13 juillet 1917, qui doit nous renseigner sur ce que Dieu va faire de nous maintenant. Les événements mondiaux que nous apprenons par nos radios et journaux ne pourront que vérifier ces lumières divines, quand bien même tous les sourds et aveugles directeurs de l’opinion mondiale y contrediraient. » (ibid.)

Pour retracer sûrement l’orthodromie divine au vingtième siècle, il faut donc suivre phrase à phrase le message de Notre-Dame, que précisent les révélations célestes ultérieures transmises par sœur Lucie, sa messagère fidèle. Durant la seconde moitié du siècle, les analyses de l’abbé de Nantes en prennent le relais et nous permettent de discerner les « erreurs de la Russie » et d’expliquer leurs progrès dans le monde.

LA RÉVOLUTION BOLCHEVIQUE, ANTIRUSSE :
CRIME DE L’OCCIDENT, DÉSHONNEUR DE L’ÉGLISE

Lorsque le 13 juillet 1917, Notre-Dame annonça aux trois petits bergers de Fatima que « la Russie » répandrait ses erreurs dans le monde avant de se convertir, « à la fin », ces enfants ignoraient jusqu’au nom de ce pays. Pour nous Français, habitués à ce que la Très Sainte Vierge Marie apparaisse chez nous, pour s’occuper de nous d’abord, cette révélation soudaine de sa prédilection pour la Russie, requiert notre attention.

UN ATTENTAT ANTIRUSSE.

Précisément, cette même année 1917, la Russie subissait une révolution sur le modèle de notre révolution française : la révolution de février 1917 aboutit à l’abdication du tsar Nicolas II et à l’établissement d’un gouvernement bourgeois dirigé par Kerenski, un franc-maçon démocrate.

Mais la révolution modérée n’existe pas : en octobre, Lénine s’empara à son tour du pouvoir et instaura la terreur bolchevique.

La nouveauté de Lénine, c’est qu’il ne conçoit pas la révolution comme un moyen pour établir un ordre nouveau, mais comme une fin en soi, un absolu, antichrist. Cette révolution permanente se nourrit de l’extermination de la religion et des opposants politiques – et spécialement de la famille impériale, massacrée le 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg – puis, systématiquement, de toutes les classes de la société : clergé, intellectuels, bourgeois, paysans, etc. C’est une guerre permanente de l’État contre le peuple qu’il asservit.

La révolution bolchevique est par essence universelle. Si elle n’a triomphé durablement après la guerre qu’en Russie, c’est toute l’Europe qui fut alors menacée d’un embrasement révolutionnaire (carte n° 1, p. 18). L’Allemagne fut ensanglantée en 1918-1919 par l’insurrection spartakiste. Plusieurs républiques soviétiques furent éphémèrement proclamées en 1919 : en Bavière, en Slovaquie et surtout en Hongrie qui subit un épouvantable génocide pendant les cent trente-trois jours de la tyrannie du communiste juif Béla Kun.

En mars de la même année, Lénine avait créé la IIIe Internationale, ou komintern, selon l’abréviation de son nom russe, organisation vouée à répandre le communisme dans le monde entier. Il est difficile d’estimer le nombre de ses victimes dans le monde. Jusqu’en 1991, au moins cent millions, auxquelles s’ajoutent celles de la Deuxième Guerre mondiale.

Première remarque : cette révolution, n’a rien de russe, n’en déplaise à tous ceux qui cherchent ses causes dans la cruauté atavique de la race slave en général et des tsars en particulier. Il faut relire le numéro spécial de notre Père sur la Russie ! Il a bien établi la généalogie de ce mythe de la révolution universelle : de Lénine à Marx, aux philosophes idéalistes allemands, jusqu’à la Révolution française et la Déclaration d’indépendance américaine, franc-maçonne ! Autant de fruits pourris du grand arbre de la révolution qui plonge ses racines dans la révolte de Luther et de Calvin, au seizième siècle (cf. La Russie avant et après 1983, CRC n° 184, décembre 1982 p. 7). Il n’y a rien de plus contraire à l’âme russe, si évangélique.

Seconde remarque : Pourquoi en Russie ? Parce que l’Occident, les Alliés comme le Reich allemand avaient résolu la perte de ce grand empire chrétien en pleine croissance économique. C’est le haut état-major allemand qui fit rentrer Lénine en Russie ; ce sont Guillaume II et les banques juives américaines qui financèrent la propagande bolchevique.

Une raison ultime : dans cette véritable prise de possession par Satan, nous explique notre Père, la Russie fut une victime d’expiation : « “ Per crucem ad lucem . Entrer dans le Royaume de Dieu par le sacrifice des choses terrestres et des gloires, des ambitions, jusqu’à donner sa vie pour les autres peuples. Les Saints russes en ont donné le sens, et le goût et l’espérance à leur peuple. Et Dieu enfin l’a pris au mot. En 1917. » (ibid., p. 34)

Dès octobre 1917 débutèrent les « persécutions contre l’Église ». Le 20 janvier 1918, un décret proclama la séparation de l’Église et de l’État, la confiscation des biens d’Église ainsi que la suppression de ses droits juridiques. L’Église orthodoxe payait cher son schisme et son inféodation séculaire au pouvoir politique... Sa hiérarchie n’avait pas condamné la révolution de février et avait lâchement abandonné le tsar. Huit mois plus tard, elle se retrouvait livrée sans soutien à la haine antichrist des bolcheviques.

En novembre 1919, le patriarche de Moscou, Mgr Tikhon, adressa à l’Europe un appel pathétique : « Évêques, prêtres, moines et religieuses sont fusillés en masse sous l’accusation vague de contre-­révolution ”. » Selon la vision de la troisième partie du Secret de Fatima, c’est pour notre salut que ces martyrs versaient leur sang.

En mars 1922, Lénine donna ces instructions secrètes à ses collaborateurs du Politburo :

« En vérité, maintenant, et maintenant seulement, lorsque dans les régions souffrant de la famine, il y a anthropophagie, et que sur les routes traînent des centaines, sinon des milliers de cadavres [comment ne pas penser à la vision de Jacinthe : « Ne vois-tu pas tant de routes, tant de chemins et de champs pleins de gens morts, perdant leur sang, et d’autres gens qui pleurent de faim et n’ont rien à manger ? »], nous pouvons, et pour cela, nous devons réaliser la saisie des richesses de l’Église avec la dernière énergie et sans pitié. La répression de quelque opposition que ce soit ne doit pas nous arrêter (...).

« Plus le nombre des représentants de la bourgeoisie et du clergé réactionnaire qu’il nous aura été possible de fusiller sous ce prétexte sera grand, mieux cela vaudra. C’est précisément maintenant qu’il faut éduquer le public de telle façon que, pendant des décennies, il n’ait pas même le courage de penser à quelque opposition que ce soit. » (P. Antoine Wenger, Rome et Moscou, 1900-1950, p. 143-144)

La dictature bolchevique, c’est l’enfer !

Quelle fut l’attitude de l’Occident face à ce déchaînement satanique ? Plutôt que de soutenir les armées blanches qui s’étaient soulevées dans tout le pays et qui furent près de vaincre la révolution, nos démocraties occidentales préférèrent... faire des affaires avec les bolcheviques. Le président américain Wilson déclare : « Le seul moyen de tuer le bolchevisme, c’est de fixer les frontières [bien déterminer jusqu’où le laisser s’étendre !] et d’ouvrir toutes les portes au commerce » ! Ce principe permet de comprendre l’attitude de l’Occident vis-à-vis de l’Empire soviétique jusqu’à son effondrement.

Dès 1921, un accord anglo-russe sur les pétroles vaut à l’Urss sa reconnaissance de facto par l’Angleterre. L’année suivante se tient la conférence internationale de Gênes. Les Anglo-américains veulent le relèvement de l’Allemagne et de la Russie pour reconstruire l’Europe, gagner beaucoup d’argent... et abaisser la France.

LA TRAHISON DU SAINT-PÈRE.

Pour le nouveau pape, Pie XI, ce congrès de Gênes fut l’occasion d’initier son Ostpolitik. Puisque la chute des tsars avait mis fin au monopole de l’orthodoxie en Russie, Pie XI espérait beaucoup des Soviétiques : pourquoi pas même un concordat !?

Pourtant, en cette même année 1922, pas moins de huit mille cent prêtres, moines et religieuses étaient fusillés en Union soviétique (Heller et Nekrich, L’Utopie au pouvoir, p. 114). Qu’importe, secondé par l’inquiétant Mgr d’Herbigny, prélat aux mœurs douteuses et à l’ambition certaine, le Pape s’obstinera dans cette voie presque jusqu’à la fin de son pontificat, faisant le jeu des bolcheviques et le malheur des catholiques martyrisés.

À partir de 1929, avec l’avènement de Staline, les persécutions redoublèrent. Il entreprit en outre la dékoulakisation, c’est-à-dire l’extermination des koulaks, les paysans propriétaires. Jusqu’à 1933, on dénombre au moins quinze millions de victimes !

Or c’est précisément ce moment que choisit Notre-Dame pour revenir demander la consécration de la Russie, le 13 juin 1929, à Tuy en Espagne, ainsi qu’elle l’avait annoncé le 13 juillet 1917.

« Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen.

« Elles sont si nombreuses les âmes que la justice de Dieu condamne pour des péchés commis contre moi, que je viens demander réparation. Sacrifie-toi à cette intention et prie. »

Cette demande fut transmise à Pie XI dès l’année suivante. Or le Pape refusa d’obéir à la Sainte Vierge.

Comment comprendre un tel mystère d’iniquité ?

D’abord, en remarquant que Pie XI fut un disciple de Benoît XV et de Léon XIII, menant une politique dans la droite ligne de la leur. En 1929, un maître de l’Action française, Maurice Pujo, donna un nom à ce réveil du « vieux rêve d’impérialisme clérical » d’un Vatican « étendant son pouvoir spirituel au domaine temporel et tendant à l’absorber tout entier » : c’est la théodémocratie : le règne de Dieu, par le Pape, sur une démocratie universelle, sans l’intermédiaire des États.

« Qu’il y ait des souverains, rois ou empereurs, fixant les destinées de ces patries, ce sont des obstacles, des limites à [l’autorité du Pape]. Dans cette conception insensée, on pense que cette Autorité établira mieux son règne universel sur une poussière d’individus toujours en mouvement. » (Maurice Pujo, Comment Rome s’est trompée, 1929)

Cette doctrine politique, Pie XI l’a mise en œuvre avec encore plus d’opiniâtreté et de brutalité que Léon XIII : désarmant les Cristeros au Mexique, excommuniant les catholiques d’Action française... Mais aussi au Québec, en Pologne, en Tchécoslovaquie... Toujours pour la ruine de la Chrétienté (frère François de Marie des Anges, “ La politique de Pie XI, pape théodémocrate ”, Il est ressuscité n° 17, déc. 2003).

Et la Sainte Vierge prétendait lui dicter sa politique, par une petite religieuse portugaise ? Pie XI refusa !

L’année suivante, Notre-Seigneur se plaignit à sœur Lucie : « Ils n’ont pas voulu écouter ma demande !... Comme le roi de France [Louis XIV, en 1689], ils s’en repentiront, et ils le feront, mais ce sera tard. La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Le Saint-Père aura beaucoup à souffrir. »

De fait. La révolution communiste jette alors son dévolu sur une proie de choix : la catholique Espagne. En 1931, Alphonse XIII avait abdiqué et le Vatican s’était aussitôt rallié avec enthousiasme à la République. Depuis, le pays pourrissait dans l’anticléricalisme, la franc-maçonnerie et la démocratie chrétienne.

En 1934, dans les Asturies, une insurrection bolchevique avait provoqué une première vague de martyrs.

En 1936, le Frente popular communiste parvient au pouvoir au cri de “ Viva Russia ! ” Évêques, prêtres, religieux et religieuses sont martyrisés par milliers. Prise entre deux moles communistes, c’est l’Europe entière qui est menacée ! Le général Franco mènera alors pendant trois ans une Croisade en tous points exemplaire, contre les Rouges qui bénéficiaient d’un soutien massif en hommes et en matériel de l’Urss et... de la France du Front populaire !

Devant les atrocités des Rouges d’Espagne, Pie XI fut contraint d’approuver la Croisade et condamna enfin le communisme comme « intrinsèquement pervers » par l’encyclique Divini Redemptoris, en 1937. Vingt ans après la mise en garde de Notre-Dame de Fatima contre « les erreurs de la Russie » ; vingt ans de terreur bolchevique !

Ayant observé leurs ravages pendant vingt ans, nous pouvons diagnostiquer ces fameuses erreurs de la Russie. Notre Père les définissait ainsi : « Son communisme marxiste-léniniste, son athéisme d’origine germanique et luthérienne, et son antiromanisme hérité de Byzance. » (CRC n° 279, janvier 1992)

LE PORTUGAL, VITRINE DE NOTRE-DAME (I)

Le 13 juillet 1917, la Sainte Vierge avait promis qu’au Portugal se conserverait toujours le dogme de la foi. Or il est frappant d’observer que l’élan de rénovation religieuse qui jaillit de Fatima s’accompagna d’une restauration politique telle que le Portugal devint la « vitrine de Notre-Dame », selon l’expression de notre Père, c’est-à-dire le modèle des merveilles de grâces que le Ciel veut réaliser dans le monde entier par le Cœur Immaculé de Marie.

Alors que le pays souffrait d’une révolution endémique depuis 1910, les républicains subirent un premier revers électoral dès octobre 1917 ! L’année suivante, la dictature de Sidonio Pais, franc-maçon converti, marqua un premier coup d’arrêt de la révolution.

En 1926, l’Armée s’empara du pouvoir et appela bientôt au gouvernement l’homme le plus capable du pays : le docteur Salazar.

En 1932, le voici président du Conseil, instituant un État corporatif et antiparlementaire, modèle d’une heureuse concertation de l’Église et de l’État.

Le sommet de cette renaissance nationale fut la consécration du Portugal au Cœur Immaculé de Marie, le 13 mai 1931.

Le 13 mai 1936, effrayés par l’embrasement de l’Espagne, les évêques portugais firent un vœu à Notre-Dame de Fatima pour être préservés du communisme. Le 8 septembre, Salazar n’hésitera pas à faire canonner deux bateaux de guerre mutinés et le pays sera préservé de la révolution.

Au Portugal, Notre-Dame a montré qu’elle écrase la Révolution !

L’Europe dans l’entre-deux-guerres
« Il a fallu une première guerre mondiale pour faire la révolution en Russie,
il en faudra une seconde pour la faire en Europe. » ( Lénine)

LA GUERRE MONDIALE... DE STALINE

Dans son grand Secret, Notre-Dame de Fatima avait annoncé la Deuxième Guerre mondiale : « La guerre va finir. Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI, en commencera une autre pire. »

Il est reçu de tous que le grand responsable de la Deuxième Guerre mondiale, c’est Adolf Hitler. Plus largement, c’est le fascisme. Mais que signifie au juste ce mot qui sert à flétrir indistinctement toute dictature nationaliste, de Salazar au Portugal, comme d’Hitler en Allemagne ? Dans son sens premier, il signifie la réunion en faisceau des forces vives de la nation.

Dans le délabrement de l’Europe à la suite de la Première Guerre mondiale, aggravé par la crise économique après 1929 et face au péril bolchevique, « le Fascisme, l’appel au Dictateur, explique notre Père, manifeste un instinct vital, une poussée irrépressible de communautés historiques qui refusent de tomber dans le chaos, de perdre leur identité, de se dissoudre finalement ou de tomber dans l’esclavage ».

Le Fascisme « est nationaliste par nécessité, par instinct vital, par raison. Et il vaut exactement ce que vaut la religion nationale qu’il trouve déjà constituée, déjà vécue et qu’il ne peut qu’adopter. » (L’Église face aux dictatures, CRC n° 105, mai 1976)

C’est ainsi que le fascisme peut être la meilleure ou la pire des choses : la meilleure quand il s’enracine dans un nationalisme catholique comme en Espagne ou au Portugal ; la pire, quand c’est un Hitler qui excite les vieux démons du germanisme éternel.

Il est remarquable que, le 13 juillet 1917, la Sainte Vierge n’ait pas dit un mot de l’Allemagne ni du nazisme, mais qu’elle ait déclaré seulement : « La Russie répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. »

Pour Notre-Dame, c’est l’expansionnisme soviétique qui est la cause de la Deuxième Guerre mondiale.

VERS LA GUERRE

Staline avait résolu de longue date de se servir de l’Allemagne comme d’un brise-glace pour faire éclater l’Europe et y propager la révolution mondiale.

La géopolitique de l’Europe de l’entre-deux-guerres se prêtait aux desseins soviétiques (carte n° 1, p. 18) : une Europe remodelée par le traité de Versailles, c’est-à-dire par les puissances anglo-saxonnes, pour abaisser les nations catholiques et préserver la Prusse luthérienne. Si cette dernière fut humiliée, affaiblie, mutilée, elle conserva un État unitaire, capable de reconstituer sa puissance pour prendre sa revanche. Autour d’elle, en revanche, l’Europe centrale fut morcelée en de nombreux petits États, nés du démembrement de l’empire – catholique – des Habsbourg.

La pire humiliation pour les Allemands fut la création du corridor de Dantzig, séparant la Prusse orientale du reste de l’Allemagne, pour donner un accès à la mer à la Pologne. Sur le moment même, Jacques Bainville, l’un des maîtres de l’Action française, y discerna le déclencheur d’une prochaine guerre mondiale. Comme Maurras, il annonçait que tant que subsisterait une nation polonaise, l’Allemagne et la Russie sauraient s’entendre pour se la partager.

Effectivement : dès 1922, l’Allemagne et l’Urss signèrent les accords de Rapallo : l’Allemagne reconnaissait le gouvernement soviétique et obtenait, par une clause secrète, de faire fabriquer en territoire russe les armements interdits par le traité de Versailles !

Le réveil du “ chien enragé de l’Europe ” à la voix d’Hitler servira opportunément les desseins du communisme ! Lénine disait déjà : « Il a fallu une première guerre mondiale pour faire la révolution en Russie, il en faudra une seconde pour la faire en Europe. »

Le fatal enchaînement de l’avènement d’Hitler en 1933, de ses avancées successives, profitant de la faiblesse de la France et de la Grande-Bretagne, est connu. Ce qui l’est moins, c’est qu’en mars 1937, Mgr da Silva, l’évêque de Leiria, renouvela auprès de Pie XI la demande de consécration de la Russie, au moment où celui-ci condamnait le communisme. Mais il n’y eut pas de suite. Ce Pape porte toute la responsabilité de la Deuxième Guerre mondiale.

Dans la nuit du 25 au 26 janvier 1938, le ciel de toute l’Europe s’embrasa de lueurs rouge sang mystérieuses. C’était le signe annoncé par Notre-Dame le 13 juillet 1917 : « Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne qu’il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre... »

Cette guerre commence effectivement « sous le règne de Pie XI » : en mars 1938, c’est l’Anschluss, l’annexion de l’Autriche, puis des Sudètes en octobre et de la Bohême-Moravie en mars 1939.

De régional, ce conflit germanique deviendra mondial à cause du soutien de Staline. Le 23 août 1939, en effet, est signé le pacte germano-soviétique, à la surprise des démocrates occidentaux à courte vue. Rassuré sur ses arrières, Hitler est libre d’entreprendre des campagnes de grande envergure, à l’est d’abord, en attendant de se retourner vers l’ouest. Quant à Staline, il récupère d’un seul coup tous les territoires perdus en 1918 ! (carte n° 2, p. 18)

LA GUERRE DE 1939-1945

Dès lors, la Deuxième Guerre mondiale pourra se décrire comme un jeu de bascule, les belligérants cherchant à se renvoyer le poids de la guerre d’est en ouest. En quatre actes.

PREMIER ACTE : PARTAGE DE LA POLOGNE.

Le 1er septembre, l’Allemagne envahit la Pologne. En réponse, le 3, l’Angleterre et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. Mais comment empêcher les deux compères nazi et bolchevique de dépecer la Pologne, à l’autre bout de l’Europe ? Comme l’écrivait Maurras le 26 août : « C’est exactement comme si quelqu’un prétendait enfoncer avec sa tête un mur solidement maçonné pour secourir quelqu’un que l’on égorgerait de l’autre côté du mur. » Nos armées demeurent donc passives : c’est “ la drôle de guerre ”.

Entre février et avril 1940, la demande de consécration de la Russie, dont dépend la paix du monde, est transmise au nouveau pape, Pie XII. En vain.

DEUXIÈME ACTE : GUERRE ÉCLAIR A L’OUEST.

En mai 1940, c’est la guerre éclair en Hollande, en Belgique et en France. Démoralisé et démilitarisé par la IIIe République, notre pays subit la pire défaite de son histoire. Pourtant, le maréchal Pétain sauve la France en obtenant un armistice inespéré : divine surprise ! Conservant son Empire, son Armée d’Afrique et sa flotte, la France reste une pièce maîtresse de la géopolitique mondiale. Surtout, par sa sagesse, son prestige, le Maréchal est le seul homme capable de préparer une paix durable, y compris avec l’Allemagne. L’orthodromie divine continue de passer par la France. Il faudra toute la trahison de De Gaulle, se vendant successivement à Churchill puis à Staline pour tout gâcher.

Pour l’heure, la diplomatie du Maréchal va imprimer à la guerre un tournant décisif. En effet, après son échec dans la bataille d’Angleterre, Hitler peut encore régler leur compte aux Britanniques en conquérant Gibraltar, pour leur interdire l’accès à la Méditerranée et les couper de leur empire colonial. Le Maréchal, de concert avec son ami Franco, va détourner le Führer de ce projet et le persuader que la Wehrmacht n’a plus rien à faire à l’Ouest, afin qu’il la renvoie de l’autre côté de l’Europe, s’épuiser contre l’Ours russe, contre qui l’affrontement est inéluctable. Tel fut l’enjeu de l’entrevue de Montoire, véritable Verdun diplomatique.

LE PORTUGAL, VITRINE DE NOTRE-DAME (II)

Comment le Portugal a-t-il traversé la Deuxième Guerre mondiale ?

Le 6 février 1939, sœur Lucie écrivit à son évêque pour lui annoncer l’imminence de la guerre. Mais elle promettait que dans cette guerre horrible, le Portugal serait épargné à cause de la consécration nationale faite par les évêques au Cœur Immaculé de Marie.

Pourtant, à la fin de 1940, Hitler décida de conquérir Gibraltar et d’occuper le Portugal. L’opération fut fixée au 10 janvier. Mais le 8 décembre, à la demande de sœur Lucie, les évêques portugais renouvelèrent la consécration de leur patrie au Cœur Immaculé de Marie. Dans ces moments d’angoisse, le président Salazar téléphona au généralissime Franco, afin de le convaincre d’interdire aux troupes allemandes de traverser l’Espagne. L’entretien se prolongea toute la nuit : d’une main Salazar tenait le combiné, de l’autre il égrenait sans cesse son chapelet. Et le miracle se produisit : Hitler renonça à son projet.

Notre-Dame du Rosaire de Fatima est la Reine de la paix !

TROISIÈME ACTE : L’URSS, CROISÉ DE LA DÉMOCRATIE !

Le 22 juin 1941, les blindés allemands s’enfoncent dans les plaines infinies de Russie. En l’apprenant, le Maréchal, qui se rappelle le précédent de Napoléon, se frotte les mains en murmurant : « Waterloo, Waterloo ! Les Allemands sont foutus ! »

Cependant, la Russie communiste bascule paradoxalement dans le camp des Alliés, de la “ Croisade des Démocraties ” contre le fascisme ! Le président Roosevelt entreprend alors de faire le siège du pape Pie XII, afin qu’il autorise les catholiques américains à faire alliance avec le communisme et même pour qu’il renonce à toute critique son égard !

Or Pie XII céda. Dans cette politique tout humaine, véritable trahison, il devenait inconcevable de consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie pour la convertir d’erreurs désormais entérinées par le Vatican !

Toutefois, le 31 octobre 1942, le Saint-Père consacre non pas la Russie, mais le monde au Cœur Immaculé de Marie. Ce sont les supérieurs ecclésiastiques de sœur Lucie qui ont pris l’initiative de changer ainsi la demande du Ciel. Sœur Lucie écrira : « Le Bon Dieu m’a déjà montré son contentement de l’acte, bien qu’incomplet selon son désir, réalisé par le Saint-Père et par plusieurs évêques. Il promet, en retour, de mettre fin bientôt à la guerre. La conversion de la Russie n’est pas pour maintenant. » (28 février 1943)

En effet, dans les jours suivants, la guerre prend un tournant décisif. Le 3 novembre, victoire britannique d’El-Alamein, en Égypte ; le 8, débarquement anglo-américain en Afrique du Nord ; le 19, déclenchement de la contre-offensive soviétique sur Stalingrad.

QUATRIÈME ACTE : LA RUINE DE L’EUROPE.

Staline exige de ses nouveaux alliés l’ouverture d’un second front à l’Ouest pour soulager la pression qu’il subit en Russie où se livrent des combats de titans. D’où le débarquement en Afrique du Nord du 8 novembre 1942. Les Alliés et notre Armée d’Afrique remontent ensuite l’Italie, vers l’Autriche et l’Allemagne, accessibles par le col du Brenner ou la Vénétie. Il est alors possible de prendre à revers les Allemands et de faire capituler très vite Vienne et Berlin ! Comme l’Armée d’Orient de Franchet d’Esperey en 1918... La victoire est à portée de la main.

Mais Staline veut la ruine de l’Europe. Il exige donc plutôt l’ouverture d’un nouveau front à l’Ouest : les Alliés boudent donc leur percée en Italie, lui préférant les débarquements de Normandie et de Provence, les 6 juin et 15 août 1944. La guerre revient en France.

La conférence de Yalta, en février 1945, « sonne le glas de l’indépendance des nations européennes », écrit notre Père. Sous les yeux épouvantés et fatalistes de Churchill, Roosevelt et Staline, le vieillard utopique et le monstre sanguinaire, se partagent le reste du monde. Les deux grandes Puissances engagées dans la Croisade des Démocraties pour la Liberté des Peuples, l’une juive et maçonnique, l’autre impérialiste communiste, éradiqueront désormais d’un commun accord les dernières dictatures, libéreront les peuples colonisés pour introduire partout l’une ou l’autre forme de démocratie. À tout prix.

Staline ayant réclamé une nouvelle hécatombe en Allemagne, dans la nuit du 13 au 14 février 1945, les bombardiers alliés ravagent la ville de Dresde, faisant 130 000 morts : tapis de bombes meurtrier qui en annonce bien d’autres jusqu’à nos jours !

L’Allemagne capitulera finalement le 8 mai 1945.

La guerre s’achèvera en Extrême-Orient sous le même régime odieux de l’alliance des États-Unis et de l’Urss. Avec de semblables crimes de guerre à la clef, notamment les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945.

Dorénavant, le règne universel de la paix et des droits de l’homme sera assuré par l’Organisation des Nations Unies, créée le 26 juin 1945 lors de la conférence de San Francisco.

Mais le vrai bilan de cette grande guerre bolchevique, la plus sanglante de l’histoire avec cinquante-­cinq millions de morts, ce fut l’avancée spectaculaire des « erreurs de la Russie ». En 1939, l’Urss était le seul état communiste et Staline venait d’essuyer une cuisante défaite en Espagne ; en 1945, plusieurs nations ont été anéanties, absorbées par l’Urss ou bien satellisées (carte n° 2, p. 18).

Dans certains de ces pays, en Ukraine, par exemple, les communistes ont de plus imposé le rattachement de l’Église catholique uniate à l’orthodoxie schismatique. La Russie répand non seulement le communisme, mais aussi son schisme.

En France, à cause de la trahison du général félon, qui était allé jusqu’à Moscou pour mendier le soutien de Staline, la prétendue “ Libération ” se fera au profit des communistes, aux prix d’une sanglante épuration des meilleurs Français, dans le silence coupable de l’Église même. En 1944, les communistes accèdent au gouvernement, au côté des démocrates-chrétiens ! Nous entrons dans un monde de mensonge. Ce mensonge, c’est spécialement ce que notre Père a appelé « le mythe de la Résistance » qui brouille toute analyse politique en l’encageant dans la grille OKR.

Quel que soit le conflit, O, c’est l’Occupant. K, c’est le Kollabo, à abattre comme un chien. R, c’est le valeureux Résistant. La Résistance triomphe toujours !... avec l’aide d’un dernier facteur : Z. Qui est Z ? Chut ! C’est l’inavoué, l’inavouable pourvoyeur et profiteur de toutes les résistances. Z, comme Moscou.

« Pour réduire un pays en esclavage, écrit notre Père, pour le décomposer et le corrompre, il n’y a pas de meilleur moyen que de lui f... une résistance. » (La Révolution sous prétexte de Résistance, CRC n° 182, octobre 1982)

OKR : désormais, ce sera le secret de toute subversion révolutionnaire et en particulier de toutes celles qui éclateront dans nos colonies, sitôt finie la guerre en Europe. En effet, notre Père insistait sur le fait qu’après 1945, il n’y a pas eu de traité de paix : la guerre mondiale du communisme continue.

L’Europe après la deuxième guerre mondiale.

FATIMA OU LE GOULAG

Après la Guerre, le communisme n’a pas réussi à conquérir l’Europe de l’Ouest. Ses armées sont restées bloquées sur leur glacis d’Europe centrale. Grâce à la politique de containment américain, certes, avec le plan Marshall et la création de l’Otan en 1949.

Grâce aussi à la résistance sourde, unanime, des Pays satellites et à leurs révoltes sanglantes : 1953, révolte de Berlin ; 1956, révolte de Pologne et insurrection hongroise ; printemps de Prague en 1968...

Il y a surtout une troisième raison au répit accordé à nos nations occidentales : c’est la protection du Cœur Immaculé de Marie. La consécration du monde de 1942 avait en effet projeté Fatima en pleine lumière. De ce jour, la dévotion au Cœur Immaculé de Marie grandit prodigieusement ! Dès 1943, à la suite de la consécration des diocèses de France au Cœur Immaculé de Marie, accomplie le 28 mars, le Grand Retour de Notre-Dame de Boulogne fut un immense mouvement de dévotion mariale et de consécration au Cœur Immaculé de Marie à travers tout le pays.

Prenant la suite, en 1947 eut lieu la première route mondiale de Notre-Dame de Fatima, à travers le Portugal, l’Espagne, la Belgique, la Hollande et le Luxembourg. La France où démocrates-chrétiens, socialistes et communistes se partageaient le pouvoir avait fermé ses portes à la Vierge qui venait des pays fascistes.

Et pourtant, lorsque la France sera au bord de la révolution communiste, à la fin de cette même année 1947, Notre-Dame apparaîtra à L’Île-Bouchard : « Pour vous dire de prier pour la France qui, en ces jours-ci, est en grand danger. » Au même moment, les grèves communistes ces­seront, la menace de guerre civile s’écartera.

En 1948, la Vierge pèlerine triomphe à Madrid. En 1952, elle sillonne l’Allemagne. En 1954, l’Espagne et l’Allemagne sont consacrées à son Cœur Immaculé ; en 1959, c’est au tour de l’Italie d’accueillir la Vierge de Fatima et de se consacrer au Cœur Immaculé de Marie.

Pendant ces années, on renonce à compter les congrès mariaux jusqu’au sommet de la proclamation du dogme de l’Assomption en 1950.

La protection dont jouit l’Autriche fut particulièrement éclatante : en 1955, l’Urss, qui occupait depuis la guerre tout l’est du pays, accepta de façon inespérée de s’en retirer, lui rendant sa pleine indépendance. Il faut dire que 700 000 à un million de personnes y avaient signé la promesse de dire quotidiennement le chapelet et de répondre aux promesses de Notre-Dame de Fatima. Le Cœur Immaculé de Marie est le rempart de la Chrétienté.

Mais parce que le Saint-Père n’obéit pas à Notre-Dame, parallèlement, la puissance du communisme s’accroît terriblement. L’alternative s’impose à Pie XII : Fatima ou le Goulag !

Arrêtée sur le rideau de fer donc, la force subversive et militaire communiste mènera dorénavant une guerre de mouvement, d’enveloppement, par le truchement des mouvements de libération anticolonialistes à travers le monde. Lénine annonçait déjà qu’il faudrait tourner l’Europe par l’Asie et l’Afrique !

Les empires coloniaux en 1939.
« Le tiers monde passe au camp de la révolution. Le communisme mondial ravit à l’Europe toute son aire ancienne de civilisation, avec l’accord des grandes démocraties anglo-saxonnes. » ( Georges de Nantes, 1962 )

LES DIABOLIQUES À LA CONQUÊTE DU MONDE : 
LA DÉCOLONISATION

Une carte des grands empires coloniaux à la veille de la Deuxième Guerre mondiale nous présente un monde partagé entre les puissances européennes. Depuis le seizième siècle, chacune des nations catholiques puis, hélas ! protestantes avait petit à petit pris la charge d’une partie du monde barbare (carte n° 3, p. 23).

Il y eut toutes sortes de colonisations, depuis la perfection des colonies portugaises du président Salazar jusqu’aux colonies mercantilistes de la Grande-Bretagne, en passant par notre Empire colonial français où l’œuvre admirable d’évangélisation et de civilisation était contrariée par une autre colonisation, républicaine, maçonnique, protestante. Néanmoins, la colonisation fut un bien, car elle assura l’Ordre et la paix aux barbares livrés jusqu’alors à l’anarchie et au génocide perpétuel.

En contraste, la carte du monde en 1980 (carte n° 4, p. 23) nous montre qu’à ces grands empires s’est substituée une mosaïque d’États révolutionnaires, sous influence chinoise ou russe. La guerre sévit partout et les persécutions.

La guerre froide en 1970-1980.

L’aire islamique, de l’Indonésie au Maroc, était jusqu’alors fractionnée entre les Occidentaux. Les “ roumis ” partis, l’Umma, c’est-à-dire la communauté musulmane, peut se reconstituer. La décolonisation solidarise en effet tous ces musulmans, à partir du pacte des pays non-alignés de Bandung, en 1955. Ces pays comprennent leur force s’ils arrivent à s’unir. Des États fanatisés par leur islam ou leur racisme arabe se dressent alors, armés par l’Urss : la Syrie, la Libye, l’Algérie, etc. L’islam menace une nouvelle fois d’être le bâton de la colère de Dieu contre la Chrétienté apostate.

Comment est-on passé de la première de ces cartes à la seconde ?

La thèse officielle, c’est que la décolonisation fut le fruit de l’éveil de la conscience nationale de ces peuples, chassant les exploiteurs occidentaux.

Mais voici la réalité, exprimée en trois phrases par notre Père dans sa Lettre à mes amis du 1er janvier 1962. Sur le moment même, il a tout compris !

« Le tiers monde passe au camp de la révolution. Derrière sa façade nationaliste, raciste et xénophobe, c’est le communisme mondial qui ravit à l’Europe toute son aire ancienne de civilisation, avec l’accord des grandes démocraties anglo-saxonnes. Nous, peuples catholiques, européens, sommes dépouillés, bannis, haïs, et c’est de nous, de ce que nous représentons qu’on libère les peuples. Nous avons l’air de trouver cela très bon, très digne, très juste. » (Lettre à mes amis n° 100, 1er janvier 1962)

Détaillons les protagonistes de ce drame.

LA POUSSÉE COMMUNISTE.

Elle est double car, en 1949, l’immense Chine est tombée sous la dictature communiste de Mao Tsé-Toung. Elle se lance dans une politique d’hégémonie mondiale, se posant bientôt en rivale de l’Urss. Et, fait notable, dès 1950, par le “ Mouvement des trois autonomies ”, elle s’efforce d’arracher les catholiques à Rome. Tout comme l’Urss, donc. Les erreurs de la Russie progressent toujours aux dépens de Rome.

Chine et Urss se disputent dès lors l’Asie du Sud-Est : le Vietnam pour les Soviétiques, le Cambodge pour les Chinois. Ils contournent les Philippines et la Thaïlande, protégées par les États-Unis dans le cadre de l’Otase, la réplique de l’Otan pour le Pacifique depuis 1954. Puis ils se disputent l’Afrique.

Notre Père analysait en décembre 1964 : « La première poussée, islamo-marxiste, part du Caire vers Casablanca pour ensuite redescendre sur l’Afrique Noire, du Sénégal au Tchad, du Soudan à l’Érythrée, et voilà l’Afrique coiffée d’un turban étouffant.

« La deuxième poussée, implacable et secrète, est chinoise. Des Somalies, elle menace l’Éthiopie, de Zanzibar elle gagne le Burundi et vise la ville de Kamina, base stratégique centrale – qui tient Kamina tient le Congo. Quand elle aura ceinturé l’Afrique, la Chine poussera vers le sud et déjà je tremble, avec monsieur Tsiranana, pour Madagascar ; elle en fera sans peine sa plate-forme logistique et stratégique. » (Lettre à mes amis n° 191)

Prévision réalisée à la lettre pour Madagascar, dont le président Tsiranana, profrançais, fut renversé en 1972, avant que le marxiste Ratzirak prenne le pouvoir, en 1975, pour le malheur de son peuple.

Mais pourquoi cette poussée communiste est-elle victorieuse ?

LA COMPLICITÉ DES DÉMOCRATIES ANGLO-SAXONNES.

Les Anglo-saxons ont toujours rêvé de prendre notre place dans les colonies. C’était déjà le but du condominium franco-britannique concocté en juin 1940 par Churchill et de Gaulle !

Anglais et Américains organisèrent donc la subversion anticoloniale par leurs services secrets et les réseaux missionnaires protestants. À Madagascar, par exemple, colonie pourrie par les gaullistes, où l’insurrection indépendantiste éclata en 1947 (cf. frère Scubilion de la Reine des Cieux, “ La descente aux enfers de l’Afrique française ”, Il est ressuscité n° 47, juin 2006).

On constate que les Anglo-saxons ont partout préparé puis accompagné la progression de leurs ennemis communistes.

L’exemple le plus troublant de cette étrange connivence fut l’affaire de Suez. En juillet 1956, Nasser nationalise le canal de Suez. Décision inacceptable pour la Grande-Bretagne, dont le canal constitue un lien vital avec le Commonwealth. La France non plus ne peut l’accepter et en profite pour étriller l’Égypte qui soutient activement le FLN algérien.

Mais l’Urss, forte de sa bombe atomique, menace d’ « écraser les agresseurs pour rétablir la paix au Moyen-Orient ». Aussitôt, les États-Unis joignent à ce chantage leur triple pression diplomatique, économique et militaire, nous contraignant à un retrait honteux ! Grâce à l’appui des deux grands, concertés dans le cadre de l’Onu, le nationalisme arabe de Nasser est renforcé. Au mois de novembre suivant, les chars du Pacte de Varsovie pourront écraser l’insurrection de Budapest, faisant des milliers de victimes, sans être inquiétés par l’Amérique.

Dans Amitiés françaises universitaires, en décembre 1956, notre Père tira la leçon de cet échec cuisant : L’Onu, c’est la guerre ! « C’est l’Onu qui paralyse le monde libre (...). C’est l’Onu qui diminue la puissance et l’initiative des nations qui s’y soumettent au seul bénéfice du monde soviétique. C’est l’Onu qui, par utopie et démagogie internationale, consacre l’autorité des Nasser et autres forbans. Masque abattu, c’est l’hégémonie moralisante et apolitique de l’Amérique puritaine qui cherche à s’étendre à notre détriment, sans comprendre qu’elle fait le seul jeu de la puissance politique agissante, la soviétique. »

LE PORTUGAL, VITRINE DE NOTRE-DAME (III)

Dans cette Chrétienté en déroute, un seul môle de résistance : le Portugal de Salazar, malgré la perte de Goa, envahie par l’Inde le 18 décembre 1961. Quelques jours plus tard, notre Père écrit :

« Le Portugal catholique a lutté à Goa, sûr de son droit, force armée d’un peuple civilisé contre une autre force armée raciste et antichrétienne.

« Dans les airs la vérité splendide luttait contre les mythes de mensonge et elle flamboie encore dans les assemblées hypocrites de l’Onu. Dans les discours du président Salazar et de l’archevêque de Lisbonne, l’agression est démystifiée, démasquée. Enfin l’Occident fait entendre le langage de la raison et de la justice ! En Angola, hier au Portugal même, la Révolution est matée, force contre force, parce que les slogans qu’elle avait lancés en avant de ses troupes n’ont rencontré que le plus juste mépris des autorités et l’indifférence des sujets (...).

« L’exemple du Portugal est là, sur lequel plane l’apparition lumineuse de Fatima. Goa et Timor, le Mozambique et l’Angola, la Guinée et enfin la Métropole marquent les étapes que se fixe l’envahisseur, comme pour nous l’Indochine, l’Afrique Noire, l’Afrique du Nord, mais tandis que nous renions nos soldats, abandonnons nos missionnaires et taisons leur martyre, calomnions nos colons, lui, le Portugal politique et le Portugal ecclésiastique, est de cœur et d’esprit avec les siens qui meurent au loin pour la Mère Patrie et pour la Foi. Sa résistance paraît folle, mais il affirme à la face du monde son bon droit, réclame justice, et fait confiance à Dieu. Il vaincra. » (Lettre à mes amis n° 100, 1er janvier 1962)

Effectivement, tant que Salazar demeurera au pouvoir, puis son successeur Caetano, le Portugal conservera son Empire. Jusqu’en 1975.

LES TRAÎTRES.

Ce sont d’abord, les communistes français : saviez-vous qu’Hô Chi Minh, le leader révolutionnaire d’Indochine, avait appris ses idées communistes en France ? De même, Messali Hadj, fondateur du premier parti indépendantiste algérien.

Le principal traître, c’est ensuite de Gaulle. N’oublions pas qu’il fut pendant la guerre le pion de Churchill, puis le laquais de Staline ! Non seulement les gaullistes cherchèrent à débaucher nos colonies fidèles au Maréchal, sapant ainsi l’autorité de la France, mais en février 1944, à Brazzaville, de Gaulle, qui se faisait une certaine idée de l’Empire français, inaugura SA nouvelle politique coloniale. Son fameux discours établissait en réalité la charte de la décolonisation : à l’Empire français succédait l’utopie de “ l’Union française ”, les colonies s’administrant elles-mêmes dans un chimérique cadre français. C’était déjà faire entrevoir l’indépendance à nos sujets d’outre-mer.

Les quelques agitateurs révolutionnaires ne s’y trompèrent pas et en profitèrent : en Indochine, dès le 2 septembre 1945, Hô Chi Minh proclama l’indépendance du Vietnam avec la complicité de la police japonaise et... des officiers américains.

Il faut préciser que ce n’est pas à la force que nous avons cédé : l’Indochine ne fut pas perdue à Diên Biên Phu, qui fut une terrible saignée pour le Vietminh. Quant au FLN, il fut vaincu en Algérie.

Notre Père constatait : « Avec son passé millénaire de cohésion nationale, de valeur militaire, de sens de la pacification, la France paraît plus apte qu’aucun autre pays à mener la guerre nouvelle, la guerre révolutionnaire. Mais, si généreux et ardents qu’ils soient personnellement ou par accident, les politiciens démocrates et républicains en viendront toujours à gâcher l’effort militaire par l’incroyable faiblesse de leur politique, par la candeur de leur vision du monde. » (“ L’expédition d’Égypte ”, Amitiés françaises universitaires, juillet 1957)

Ce sont en réalité aux grands mythes modernes que nous avons cédé : justice, liberté, égalité, fraternité, bien-être, développement, paix...

Après 1944, la trahison gaulliste s’est propagée dans tous les corps de la société. En 1962, elle sera tout entière solidaire de la trahison de l’Algérie par de Gaulle. C’est un péché collectif, public, qui demeure comme une malédiction et une tare pour la nation tout entière.

LA TRAHISON DE L’ÉGLISE.

C’est le plus grave. En janvier 1961, notre Père observait dans sa Lettre à mes amis n° 81 : « Une nouvelle théologie se substitue à l’ancienne, dont toute l’originalité est de prôner le respect de l’Homme, inconditionnellement, et de soumettre ainsi le civilisé chrétien assez sot pour écouter de tels discours ecclésiastiques au barbare qui s’en moque. Une nouvelle morale passe dans nos manuels de séminaires dont toute la pointe est de paralyser les armées chrétiennes ou civilisées dans leur combat défensif, au profit de hors-la-loi musulmans ou idolâtres qu’on revêt a priori de toutes les vertus. Une nouvelle politique chrétienne se fait jour, qui se propose de libérer l’Église d’un monde occidental qui sombre, pour que ce lâchage sans scrupule lui vaille les bienveillances de ses ennemis déclarés... Tactique de Judas ! »

Cette trahison courait de haut en bas dans la hiérarchie, jusqu’aux papes successifs, tous favorables à la décolonisation, de plus en plus ouvertement !

La cause surnaturelle de cette dérive de la papauté, c’est son rejet de Fatima. Depuis 1944 et les calomnies du Père Dhanis contre le témoignage de Lucie, une opposition diabolique prévalait à Rome. Pie XII, qu’on appelait « le Pape de Fatima », en fut lui-même impressionné. Le 7 juillet 1952, il accomplit une ultime demi-­mesure en consacrant la Russie au Cœur Immaculé de Marie dans sa lettre aux peuples de Russie, Sacro vergente anno, mais sans la moindre référence à Fatima et sans ordonner aux évêques de s’unir à lui dans un acte public de réparation et consécration. Par la suite, non seulement Pie XII cessera toute allusion à Fatima – silence assourdissant ! – mais à partir de 1955, sœur Lucie sera réduite au silence dans son carmel, d’ordre de Rome !

Comment s’étonner, dès lors, de l’impuissance de ce Pape à juguler la prolifération du progressisme dans l’Église ? Ses successeurs Jean XXIII et Paul VI seront quant à eux des promoteurs actifs du pacifisme et de l’anticolonialisme.

En 1964, notre Père dressa cette conclusion de son analyse géopolitique de la décolonisation :

« Le monde n’est pas partout sensible aux grands mots de fraternité et d’amour, toute une partie y échappe aux autorités internationales ; les loups sont lâchés contre les agneaux et il ne sert à rien d’inviter les agneaux seuls à désarmer et à parlementer. La géopolitique suffit d’ailleurs à éclairer tout cela. L’appel du Saint-Père à la paix, à la négociation, ses propositions de médiation ne valent que dans le cadre de la Chrétienté où deux nations chrétiennes en viendraient à s’affronter (...). Sur les petits peuples rebelles, sur les colosses barbares, l’Église ne peut rien, les grands mots humanitaires non plus, seule compte la force (...). Pour l’Église, proposer aux chrétiens un désarmement qu’elle n’est pas en mesure d’obtenir des autres, c’est abuser ses propres enfants et trahir leur confiance. Il n’y a pas d’autre paix que celle de l’ordre, de l’indépendance, de la force et de l’expansion de la civilisation chrétienne. Toute autre paix revient à la capitulation du monde libre et à l’apostasie, devant la terrible menace du royaume de Satan. Là est le suicide, et le dialogue pacifiste comme la trêve unilatérale nous y mènent, sous le couvert d’une fausse paix, d’un chimérique amour. » (“ Quatre slogans qui ruinent l’Occident chrétien ”, Lettre à mes amis n° 189, 24 nov. 1964)

L’EMPIRE DE LA TROÏKA SATANIQUE :
MOSCOU, WASHINGTON... ROME !

Le drame de la décolonisation s’est joué sur le fond de ce qu’on appelle la guerre froide.

La thèse officielle : quarante ans d’équilibre de la terreur par une dissuasion nucléaire réciproque, à partir de l’acquisition de la bombe atomique par l’Urss en 1949.

La réalité est autre : « À Yalta et à Postdam, pouvait écrire notre Père en 1976, l’Allié et l’Ennemi, l’assaillant et le défenseur du Monde libre se comportèrent en compères plus qu’en adversaires et ils n’ont pas varié dans leurs sentiments depuis lors, même aux moments apparemment dramatiques du blocus de Berlin en 1948 et de la crise de Cuba en 1962. » (“ Authenticité française ”, CRC n° 112, décembre 1976)

Incroyable ? Mais notre Père a bien souvent dénoncé cette alliance internationale capitalo-socialiste.

UNE SOLIDARITÉ MATERIELLE.

Le marxisme-léninisme n’est pas un système économique et politique viable ; il ne subsiste dès son origine que sous perfusion occidentale. Notre Père le démontra systématiquement lors de la grande réunion à la Mutualité du 21 novembre 1981 : « L’Urss, création continue de l’Occident » !

« Le monde libre les nourrit. » : Les dirigeants communistes consacrant tous leurs efforts à la course aux armements, la famine sévit dans tout le bloc soviétique. L’importation annuelle de 40 millions de tonnes de blé permet néanmoins à ces pays de survivre... et à leurs gouvernements de maintenir leur effort de guerre !

« Le monde libre leur fait crédit. » : En 1982, la dette contractée par les pays communistes vis-à-vis de l’Occident était déjà tellement importante que son remboursement était d’ores et déjà utopique. Il ne restait plus aux Occidentaux qu’à consentir de nouveaux prêts, sans espoir de retour, pour éviter une faillite totale du bloc de l’Est, dommageable pour leur propre économie.

« Le monde libre trafique avec eux. » : Il y a quarante ans, le gaz russe constituait déjà un enjeu stratégique. Mais à l’époque, c’étaient les Européens qui profitaient de l’embargo décidé par le président américain Carter après l’invasion de l’Afghanistan, pour augmenter leurs échanges commerciaux avec l’Urss.

« Le monde libre fournit l’Armée rouge. » : La puissance militaire soviétique s’est développée principalement grâce aux transferts de technologies occidentales. « La liste est interminable, dénonce notre Père, des plans, des usines, des machines, des techniques, des produits finis, des pièces détachées, des armes qui passent régulièrement de l’Ouest à l’Est et qui repasseront fatalement, si rien ne change, pour tomber sur nous en avalanches de fer et de feu ! » (“ L’Échéance 1983 ”, CRC n° 172, déc. 1981, p. 21)

Citation de Lénine à l’appui : « Les bourgeois nous vendront jusqu’à la corde pour les pendre. » Les capitalistes n’ont aucune raison de refuser un marché juteux !

Les deux blocs capitaliste et soviétique ne constituent au fond qu’ « un seul consortium, une seule industrie, orientés vers le profit des uns et l’impérialisme des autres. Le capitalisme s’enrichit en finançant la conquête du monde par le communisme ! » (ibid.)

UNE SOLIDARITÉ IDÉOLOGIQUE.

De 1981 à 1984, en pleine crise des euromissiles et sous la présidence de François Mitterrand, la France comptait quatre ministres communistes !

Comment comprendre ce paradoxe d’un Occident prétendant faire la guerre à la Russie, mais pas au communisme ? Notre Père nous l’explique : « On ne peut interdire le Parti communiste, anathématiser le marxisme, démontrer le vide absurde de ce prétendu matérialisme dialectique, bref engager la lutte contre tout cet appareil de Satan, sans gripper la démocratie, sans remettre en cause le parlementarisme, sans condamner de ce fait même les Grands principes de 1789, la Déclaration universelle des droits de l’homme, la statue de la Liberté et la Constitution américaine, les programmes du judaïsme et de la franc-­maçonnerie, et ceux du Conseil œcuménique des Églises comme ceux du concile Vatican II, autre appareil de Satan. Car tout cela se tient, démocratie occidentale et marxisme pseudo-oriental, comme frères siamois. » (“ La Russie avant et après 1983 ”, CRC n° 184, déc. 1982)

LE PORTUGAL, VITRINE DE NOTRE-DAME (IV)

Le Portugal demeura la vitrine de Notre-Dame tant qu’il fut gouverné par Salazar. En 1945, alors qu’il était en butte à la contestation démocrate-­chrétienne, sœur Lucie lui fit savoir qu’il était « la personne que le Bon Dieu a choisie pour continuer à gouverner notre patrie et à qui seront accordées la lumière et la grâce pour conduire notre peuple par les chemins de la paix et de la prospérité ».

Malheureusement, à partir de 1968, son successeur Caetano entreprit de libéraliser le régime. Résultat, le 25 avril 1974, il fut renversé par une junte militaire de libéraux, francs-maçons et socialo-­communistes. Les colonies furent abandonnées, Timor, par exemple, aussitôt envahie par l’Indonésie qui y massacra 150 000 personnes en quelques semaines. Quant à la métropole, elle glissa vers l’anarchie communiste.

Mais le 13 mai, les évêques renouvelèrent la consécration du pays au Cœur Immaculé de Marie. Le 10 août, à l’appel de l’archevêque de Braga, le peuple catholique contre-attaqua et incendia une quarantaine de permanences du parti communiste ! Ce fut le coup d’arrêt de la révolution. La dévotion au Cœur Immaculé de Marie est victorieuse des erreurs de la Russie !

Cependant, parce que l’épiscopat participait à la désorientation conciliaire, le Portugal ne redevint pas la “ vitrine de Notre-Dame ”.

UNE COMPLICITÉ MANIFESTE.

Elle fut particulièrement visible dans la politique dite de détente, consacrée en 1975 par l’Acte d’Helsinki : sous les grands mots de paix et de liberté, ce fut la reconnaissance de fait par les États-Unis des annexions soviétiques de 1945 et de la satellisation de l’Europe de l’Est !

En analysant les actualités mondiales dans les années 1970-1980, l’abbé de Nantes a de plus remarqué des situations dans lesquelles les deux blocs se comportaient systématiquement en alliés : quand il s’agissait d’éradiquer les vestiges de l’ordre ancien : les derniers dictateurs catholiques, les dernières colonies, etc.

Par exemple, notre Père a commenté mois après mois les actualités de la Namibie et de la Rhodésie – l’actuel Zimbabwe –, qui comptaient alors parmi les derniers pays d’Afrique gouvernés par des Blancs. Eh bien ! Tandis que l’Urss y armait des guérillas terroristes, l’Onu, les pays occidentaux, le Conseil œcuménique des Églises et même le Pape, au nom des droits de l’homme, réclamaient le départ des Blancs.

Pour notre Père, ce fut une nouvelle vérification d’une constante de la géopolitique mondiale depuis la révolution bolchevique de 1917 : le communisme est le terroriste et le garde-chiourme des plouto-­démocrates occidentaux, pour écraser les peuples qui échappent à leur emprise. Depuis 1945, « ces Dominateurs associés ont offert le choix entre l’une et l’autre forme de démocratie, la ploutocratique et la soviétique, à tiers exclu » (ibid., p. 8).

Leurs ennemis communs ? « La Civilisation hu­maine antérieure, la Religion, les Nations civilisées chrétiennes. »

FRÈRES ENNEMIS.

L’abbé de Nantes demande : « Mais s’ils sont complices, pourquoi ces deux mondes de la démocratie libertaire et de la démocratie totalitaire se font-ils la guerre ? A-t-on déjà vu deux frères siamois s’entretuer ? » (ibid., p. 9)

Constatons d’abord avec notre Père que dans ce duel la Russie attaque, progresse, l’Amérique laisse et abandonne. Cela ne nous étonne pas, puisque nous savons que la vocation du communisme, c’est la révolution mondiale, tandis que les nations occidentales sont avachies par la démocratie. S’opère donc un renversement du rapport de force entre les puissances d’argent et leur dogue communiste.

La guerre du Vietnam est emblématique. C’est aux États-Unis même qu’elle fut perdue, en 1975, en raison d’une formidable propagande pacifiste.

Incapables de résister au communisme sans renier la démocratie, les droits de l’homme, etc., les États-Unis se contentent de « se créer un arsenal militaire purement défensif pour  dissuader  Moscou d’attaquer (...). Moscou en tient compte. La diplomatie, le KGB, enfin l’Armée rouge avancent avec modération, et rentrent dans le lard de leur complice embarrassé, aux points de moindre résistance ! »

L’ÉCHÉANCE 83.

En décembre 1982, notre Père analysait ainsi : « Impossible d’arrêter la marche du communisme mondial sans blesser la démocratie, sans tuer la liberté ! Plutôt lui sacrifier encore quelque victime... Laquelle en 1983 ? L’Europe. » (ibid.)

Il s’agit de la fameuse « Échéance 83 ».

Que se passait-il ? En 1981, Ronald Reagan avait été élu président des États-Unis. Il était patriote et proclamait que la politique de détente, les droits de l’homme ne profitaient qu’à l’Urss. Il lança l’Amérique dans une course aux armements formidable pour rétablir le rapport de force avec l’Est. En attendant, l’année 1983 devait être celle de la plus grande vulnérabilité de l’Europe. L’Urss avait donc programmé pour cette année son invasion.

Notre Père fit alors beaucoup prier nos amis, multiplier les chapelets.

Or, en novembre 1982 débuta une série noire pour l’Urss qui vit mourir successivement trois présidents – Brejnev, Andropov et Tchernenko – et deux ministres de la Défense, tandis que plusieurs catastrophes effroyables ravageaient ses stocks de missiles et complexes d’armements, particulièrement le 13 mai 1984, à Severomorsk dans la presqu’île de Kola.

Notre Père écrira : « L’Échéance 83, pour moi, a été détournée par le chapelet de vos enfants. » (CRC n° 309, janvier 1995) Notre-Dame de Fatima éteint les flammes de l’épée de l’Ange exterminateur, selon la vision du troisième Secret.

LA TRAHISON DES PAPES.

Le malheur est que les Papes sont demeurés aveugles à de tels “ signes des temps ” et sourds aux appels de Notre-Dame. Elle avait fait savoir par sœur Lucie que cette troisième partie du Secret du 13 juillet 1917, ce terrible avertissement, devrait être révélée en 1960.

Le Pape régnant était alors Jean XXIII, prophète de bonheur secrètement acquis aux erreurs modernes. Jean XXIII, c’est le Pape qui ouvre l’Église à la Révolution.

Lorsqu’il lut le Secret, en 1959, il avait renoué avec l’Ostpolitik de Pie XI – un détail mesquin : en 1961, il fera même demander à Khrouchtchev de lui fêter ses quatre-vingts ans ! Surtout, Jean XXIII préparait la réunion d’un concile dont il annonçait qu’il serait une nouvelle Pentecôte.

Ayant pris connaissance du Secret, si redoutable, il déclara : « Cela ne concerne pas les années de mon pontificat. » Malgré l’attente du peuple chrétien, il ne le divulgua donc pas et conserva ses chimères. Dans son discours d’ouverture du Concile, il condamna même les prophètes de malheur. Notre-Dame elle-même, donc !

Conséquence : le concile Vatican II fut le ralliement de l’Église hiérarchique, dans son instance la plus solennelle, aux erreurs de la Russie que nous identifions de plus en plus clairement.

1°) Pour obtenir la venue d’observateurs d’Urss, Jean XXIII s’engagea au mois d’août 1962 à ne pas condamner le communisme et fit silence sur les persécutés d’au-delà du rideau de fer.

2°) Par souci œcuménique, le Concile trahit les chrétiens uniates au profit de leurs persécuteurs, de l’orthodoxie schismatique courtisée par Rome : « Quand l’union se fera, s’indignait notre Père dans son commentaire du Décret sur l’œcuménisme, les uniates en paieront le prix. On les contraindra des deux côtés à se noyer dans l’Orthodoxie persécutrice devenue la seule forme de Catholicisme oriental reconnue par Rome ! » (Préparer Vatican III, p. 217)

3°) L’athéisme même fut follement flatté dans la constitution dogmatique Gaudium et spes, qui constitue une apologie démentielle du monde moderne.

Le successeur de Jean XXIII, pour achever le Concile, ce fut Paul VI : la cheville ouvrière de la trahison communiste sous Pie XII !

Le 4 octobre 1965, il se rendit au siège des Nations unies à Manhattan : dans ce temple de la judéo-maçonnerie mondiale, le Vicaire du Christ se fit le chantre de la subversion capitalo-­socialiste : il reconnut en l’Onu la suprême espérance de l’humanité et la réplique temporelle de l’Église ! Il y cria son « Plus jamais la guerre ! », désarmant les peuples chrétiens contre l’ennemi communiste.

Paul VI, c’est le Pape qui approuve partout la Révolution. En 1967, il fit l’éloge des Gardes rouges chinois, communistes, les assurant de sa proximité spirituelle ! Le 1er juillet 1970, il reçut même au Vatican trois chefs terroristes d’Angola, du Mozambique et de Guinée, trois tortionnaires aux mains pleines de sang ! (cf. Liber Accusationis in Paulum Sextum, p. 76-85)

Enfin, en 1978, après le bref rayon de lumière du pontificat de Jean-Paul Ier, voici Jean-Paul II, le Pape des droits de l’homme. Jean-Paul II, c’est le Pape aux cent-quatre voyages internationaux ; le Pape qui parcourt le monde pour appeler tous les peuples à la Révolution !

Par exemple, en Pologne, en 1979 : à la suite de sa visite est créé le syndicat Solidarnosc, noyauté par les trotskistes. Jean-Paul II les soutiendra, contre le général Jaruzelski, qui était pourtant le garant de la souveraineté polonaise et de l’ordre contre Moscou.

Aux Philippines en 1981, le Pape prêche la dignité et les droits fondamentaux de la personne humaine. Cinq ans plus tard, le président Marcos, catholique, anticommuniste et anticapitaliste tombe.

En Amérique latine, la théologie de la libération avait poussé les jésuites, notamment, à prendre les armes pour devenir guérilleros marxistes. Le Pape réprouve la violence, mais appelle lui aussi les peuples à la liberté, au nom de l’Évangile.

En Haïti, en 1983, Jean-Paul II crie : « Il faut que ça change, ici ! » Et cela change : le dictateur Duvalier tombe et quelques années plus tard, en décembre 1990, après une saga de coups d’états et de massacres à la machette, c’est un prêtre défroqué, Jean-Bertrand Aristide, qui est élu président !

C’est ainsi qu’avec la bénédiction du Pape et profitant de la mollesse de l’Amérique, la révolution communiste gagne irrésistiblement.

LA TROÏKA DE LA PAIX.

En 1989, Ronald Reagan céda la présidence des États-Unis à George Bush, personnage moins charismatique, un peu falot en face de Mikhaïl Gorbatchev, le formidable président de l’Union soviétique, exerçant quant à lui un leadership mondial irrésistible. Il était marxiste-­léniniste et athée. Ce qui n’empêcha pas Jean-Paul II de lui affirmer l’année suivante, en le recevant au Vatican le 18 novembre 1990, qu’il avait une « mission divine » à remplir pour l’instauration de la paix dans le monde. Gorbatchev voyait ainsi consacré par le Pape le prix Nobel de la Paix qui lui avait été décerné un mois plus tôt, le 15 octobre !

1989 fut en revanche l’année du renversement de l’admirable général Pinochet au Chili, deux ans après la visite du Pape qui y avait fait acclamer la liberté. Pinochet, nationaliste et catholique, était le dernier chef d’État à refuser encore la Révolution, tant celle du communisme que celle des droits de l’homme.

Au seuil de la décennie 1990, aucune lueur contre-révolutionnaire ne subsistait donc plus dans le monde, tout entier dominé par cette troïka antichrist : Bush – Gorbatchev – Jean-Paul II, sous la bannière d’une paix qui était la contrefaçon de celle promise par Notre-Dame à Fatima.

En effet, plutôt que d’ignorer les demandes de la Sainte Vierge, Jean-Paul II avait accompli des simulacres de consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, en 1982 et 1984, pour faire croire qu’il était l’élu de Notre-Dame de Fatima. Mais en réalité, le Pape ne mentionnait même pas la Russie ! Notre Père titra alors : “ L’imposture suprême ”.

Et lorsqu’en 1989 se déclencha une campagne travestissant le témoignage de sœur Lucie pour faire croire que les demandes de Notre-Dame étaient satisfaites et que la perestroïka de Gorbatchev – c’est-à-dire sa restructuration du régime soviétique – était la conversion de la Russie, le mensonge parvint à son comble ! À croire que Satan prévaudrait contre la Vierge de Fatima.

CONCLUSION

Eh bien non ! Deux ans plus tard, le bloc soviétique s’effondrait, à la stupéfaction universelle. L’abbé de Nantes ne cria pas à la fin du châtiment pour autant : il prévoyait que la fin du goulag précipiterait la Russie, et l’Occident par contrecoup, dans une corruption sociale et morale effroyable. Surtout, l’Urss disparue, les « erreurs de la Russie » demeuraient néanmoins, répandues dans le monde entier et jusque dans l’Église, pour la ruine des sociétés et la perte des âmes.

Au moment de l’Échéance 83, notre Père expliquait déjà : « L’apostasie immanente pénètre jusqu’au dernier carré des fidèles. Si la guerre tarde, c’est que notre châtiment est celui des âmes, plus redoutable que celui des corps ; celui de l’aveuglement, de la corruption et de la damnation éternelle, bien pire que la guerre et l’occupation russe avec leur cortège de maux temporels. Et cela durera tant que le monde ne cessera d’offenser Dieu, tant que l’Église ne répondra aux demandes de Notre-Dame de Fatima que par des mépris et des faux-semblants. » (CRC n° 181, sept. 1982)

Conclusion austère, mais qui donne toute sa valeur à la promesse inconditionnelle de Notre-Dame de Fatima : « À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera, le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. »

frère Guy de la Miséricorde.