Il est ressuscité !

N° 232 – Mai 2022

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

Saint Charles de Foucauld

NOUS n’avons jamais  été si fiers d’arborer sur nos poitrines le Sacré-Cœur, à l’exemple du Père de Foucauld, que depuis ce 15 mai 2022 qui l’a vu canoniser par le pape François. Notre Père l’abbé de Nantes a largement contribué au rayonnement du frère universel, en défendant inlassablement contre de faux disciples sa sainteté véritable et son martyre. C’est sous son patronage qu’il a fondé nos communautés des Petits frères et des Petites sœurs du Sacré-Cœur, ainsi que la Ligue de Contre-Réforme catholique.

Porter notre habit religieux, c’est ainsi commencer à rayonner la charité du Cœur de Jésus pour lui attirer les âmes, selon l’idéal missionnaire de saint Charles de Foucauld. Étonnez-vous donc que de nouvelles vocations se présentent régulièrement à la porte de nos maisons !

PRISE D’HABIT

Le dimanche 1er mai fut jour de fête à la maison Sainte-Marie. Saint Joseph Artisan, Chef de la Sainte Famille, donnait une nouvelle fille au Père de Foucauld et une nouvelle petite sœur à la communauté : sœur Quitterie de Jésus-Enfant.

La veille au soir, une pauvre postulante, dans une méchante blouse bleue, à genoux au milieu du chœur, s’était accusée de toutes ses fautes, négligences et manquements commis durant son postulat. Le lendemain, c’est une novice resplendissante dans son bel habit blanc qui chantait avec assurance : « Amo Christum, Ipsi soli servo fidem, Ipsi me tota devotione committo. »

En réponse à sa coulpe, frère Bruno lui avait recommandé d’exprimer sa contrition par une dévotion réparatrice : réparatrice de tous ses “ coups d’épingles ” infligés au Cœur Immaculé de Marie, mais aussi de toutes les épines cruelles que lui enfoncent à tout moment « ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui n’aiment pas ».

Dans l’élan de la consécration de la Russie et de l’Ukraine qu’il a accomplie le 25 mars dernier, il est urgent que le Saint-Père promeuve maintenant la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois dans toute l’Église, pour hâter le triomphe du Cœur Immaculé de Marie. Puisque nous savons que la lettre que lui a adressée frère Bruno à cet effet est parvenue entre les mains du pape François, l’heure sonne de lancer une offensive décisive par nos chapelets, afin de conquérir cette grâce. C’est en prescrivant aux communautés la récitation publique d’un troisième chapelet quotidien que frère Bruno acheva de faire oublier sa pauvre coulpe à notre petite sœur.

Le lendemain, notre frère prieur explicita les trésors que recèle le beau nom d’éternité de notre nouvelle novice. Au cours de la Grand-messe de saint Joseph, il évoqua d’abord sa sainte patronne : sainte Quitterie. Les enfants qui auront la grâce d’écouter ce sermon dans les logia seront charmés par la belle histoire de cette princesse wisigothe du cinquième siècle, vierge et martyre, fécondant par son sang la terre de notre Patrie.

Quant à son titre de noblesse, “ de Jésus-Enfant ”, il met notre sœur Quitterie à l’école de sœur Marie de Saint-Pierre et de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, pour s’engager sur leurs pas dans la voie d’enfance et devenir petite, petite, si petite qu’elle puisse puiser comme elles le lait virginal de Marie, et le répandre sur les pécheurs en rosée de grâce et de miséricorde.

PREMIER SAMEDI DU MOIS

La semaine suivante, nos frères imprimeurs firent diligence pour tirer 1 500 exemplaires du fascicule de nos sœurs sur la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie. Le temps pressait, car les 7 et 8 mai, nos amis investiraient nos maisons et réclameraient le précieux livret que frère Bruno leur avait promis. Déjà, chacun de nos ermitages nous en avait commandé une réserve, dans l’urgence.

Finalement, les piles de fascicules ont si vite fondu que nos frères sont déjà en train d’en achever un troisième mille. Si pour chacune de ces brochures offerte à un curé ou un ami, une nouvelle famille, une nouvelle paroisse embrasse la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois, le Cœur Immaculé de Marie sera grandement consolé et Dieu nous accordera le don de la paix.

Frère Bruno profita de toutes les occasions de prédications, durant ces deux jours de retraite mensuelle, pour donner à nos amis l’intelligence de cette dévotion si chère au Cœur de Dieu. En instituant les cinq premiers samedis du mois, Notre-Dame, qui est une éducatrice incomparable, a inventé un “ marché d’amour ” par lequel les pauvres pécheurs, en réparant leurs offenses, sont du même coup admis à participer au Cœur à Cœur eucharistique de Jésus et Marie.

Précisément, les trois conférences de notre retraite d’automne écoutées par nos amis leur ont donné ample matière pour remplir leurs quarts d’heure de méditation des mystères du Rosaire, afin de s’émouvoir à la pensée des merveilles accomplies pour nous par Jésus et Marie et de les consoler en retour (S 171, Notre Père et la Sainte Vierge).

C’est en 1994, au même moment où il enthousiasmait la Phalange dans une croisade eucharistique et mariale qui la mènerait à Fatima le 13 octobre 1996, que notre Père découvrit le Cœur eucharistique de Jésus-Marie. Le but de tous les travaux du Fils de Dieu, de sa Croix, de la Messe, c’est la Communion par laquelle il s’unit à chacune de nos âmes.

Or la Sainte Vierge partage ce souci, depuis les origines, désirant d’un même cœur le salut des pécheurs. Notre-Dame des Douleurs, unie à toutes les souffrances et au sacrifice de son Fils, a acquis une puissance d’intercession infinie sur son Cœur !

Notre Père s’efforçait, le plus possible, de Consoler Notre-Dame. En 1996, qui fut pour la CRC l’année de tous les périls, ce fut au tour de l’Immaculée de réconforter son serviteur et lui enseigner le prix de la Croix. Si bien que c’est du fond de sa déréliction effrayante de Hauterive qu’il écrira son formidable Autodafé !

À force de ne plus nous soucier que de dévotion réparatrice, ne serions-nous pas en train de sombrer dans la mystique ? Si fait ! Mais voici le plus remarquable : notre assiduité à suivre les actualités géopolitiques mondiales croît à la mesure de notre dévotion au Cœur Immaculé de Marie. C’est qu’il s’agit, depuis le 25 mars, de discerner l’accomplissement des promesses de Notre-Dame de Fatima. L’exercice est rendu difficile par la puissance de la désinformation médiatique. Frère Bruno s’y livra néanmoins, dimanche après-midi, en prononçant une conférence d’une clarté solaire.

ACTUALITÉS

En introduction, notre frère fit le point sur le déroulement de l’opération militaire spéciale en Ukraine. Après une première période au cours de laquelle l’armée russe a immobilisé une grande partie des forces ukrainiennes autour de Kiev, l’opération est entrée le 19 avril dans une nouvelle phase qui vise à anéantir les 60 000 à 100 000 soldats ukrainiens piégés dans le Donbass. Bien que leur situation soit désespérée, ces derniers livrent un combat à mort plutôt que de se rendre, Zelensky ayant donné l’ordre aux bataillons nationalistes révolutionnaires d’abattre les soldats des forces régulières qui auraient l’intention de se rendre !

Comme le conflit s’envenime, Vladimir Poutine a annoncé le 22 avril les nouveaux buts de guerre de son pays : contrôler toute la bande sud de l’Ukraine, jusqu’à la Transnistrie. Il s’agit donc désormais de restaurer la Nouvelle Russie, la Novorussia. Pour autant, Moscou garde les meilleures unités de son armée en réserve, au cas où l’OTAN lancerait un engagement direct. Une telle aggravation du conflit est possible, puisque le soutien militaire occidental à l’armée de Kiev en armement lourd et performant est de plus en plus massif et public, ce qui oblige la Russie à agir plus efficacement.

La perte du croiseur Moskva révèle le pouvoir de nuisance de l’OTAN. Le partage des responsabilités demeure obscur, mais ce n’est que grâce à l’aide des Occidentaux que le navire amiral de la flotte russe de la mer Noire a été coulé le 13 avril dernier.

PROPAGANDES MENSONGÈRES.

Pour l’heure, explique frère Bruno, la stratégie occidentale consiste surtout à produire sans cesse de fausses informations, à organiser sous la supervision d’agents de renseignements occidentaux des opérations sous faux drapeaux, c’est-à-dire en utilisant des marques de reconnaissance de l’ennemi, ou encore à jouer la menace des armes nucléaires, biologiques et chimiques. Tout cela, pour camoufler les crimes des régiments nationalistes révolutionnaires, pour décrédibiliser la Russie et la pousser à la faute. Il s’agit aussi de créer de l’émotion dans l’opinion afin d’envoyer davantage d’armes à l’Ukraine, d’augmenter les sanctions contre la Russie, pour finalement enliser le conflit.

Ainsi du fameux massacre de Boutcha. Accusation relayée par les gouvernements occidentaux, sans la moindre enquête à l’appui ! Pourtant, le simple rappel de la chronologie des événements est démonstratif. Le ministère russe de la Défense a déclaré le 3 avril que les forces armées russes avaient quitté la ville le 30 mars, alors que les “ preuves de crimes ” ne sont apparues que quatre jours plus tard, après l’arrivée dans la ville d’officiers du service de sécurité ukrainien. Le 31 mars, le maire de la ville, Anatoly Fedoruk, avait confirmé dans une allocution vidéo qu’il n’y avait pas de troupes russes à Boutcha. Cependant, il n’avait pas dit un mot sur les civils abattus dans la rue, les mains attachées dans le dos...

Ainsi des prétendues fosses communes de Manhouch, près de Marioupol, dont nos médias nous affirmaient que les Russes y avaient enterré 9 000 civils ! Éva Bartlett, journaliste indépendante canadienne, et Bruno de Carvalho, journaliste de l’édition portugaise de CNN, s’y sont rendus et n’y ont trouvé que quatre cents tombes individuelles, dont près de cent vides...

Ainsi de l’emploi d’armes chimiques et biologiques par les Russes que dénoncent les Occidentaux. Imputation pour le moins paradoxale, puisque les programmes d’armes biologiques ont été abandonnés par l’Urss en 1972 et que la Russie a complètement détruit son arsenal chimique le 27 septembre 2017, tandis que les États-Unis possèdent encore un gros arsenal d’agents de guerre chimique et contrôlent 336 laboratoires biologiques dans trente pays.

Quant à l’accusation de recours par la Russie à des armes nucléaires tactiques, comme le prétend le directeur de la CIA, M. Burns, elle est absurde. Selon le ministère de la Défense russe, avec le niveau actuel d’équipement technique du système international de surveillance des essais nucléaires, il est impossible de dissimuler l’utilisation de telles armes !

UNE GUERRE TOTALE.

Les États-Unis ont entrepris une guerre illimitée, dont ils affirment qu’elle ne devra s’achever que par la défaite de la Russie. Sergueï Lavrov l’a constaté : « Ils ont déclaré une guerre hybride totale contre nous. » C’est-à-dire une guerre qui emploie toutes les armes – à l’exception, pour le moment, de l’arme nucléaire –, tous les procédés possibles, se déployant dans tous les domaines : militaire, intellectuel, culturel, économique, politique, médiatique, scientifique...

Elle est illimitée dans le temps, puisque Washington compte la faire durer longtemps et avec la plus haute intensité possible.

Elle est illimitée dans l’espace : depuis des années, l’OTAN s’est mobilisée pour soutenir militairement l’Ukraine, avec pour objectif de démanteler la Russie et son gouvernement, tout en l’isolant du reste du monde par des trains continus de sanctions économiques et de pressions énormes contre les États qui refusent de se joindre à cette curée, spécialement la Chine et l’Inde qui redoutent l’hégémonie américaine. Il s’agit d’impliquer le plus grand nombre possible de pays contre la Russie.

UNE GUERRE DE CIVILISATION.

En dernière analyse, il apparaît que le conflit en Ukraine prend place dans une véritable guerre de civilisation, de religion même, entre le progressisme athée américain et européen, d’une part, qui défend sa suprématie mondiale et promeut ses “ valeurs ” démocratiques, libérales et révolutionnaires, et la civilisation chrétienne, d’autre part, incarnée aujourd’hui par la Russie.

Vladimir Poutine a bien conscience de la portée du conflit. Dans son discours du 24 février, il déclarait : « Jusqu’à récemment, les tentatives de l’Occident collectif de nous utiliser dans leurs intérêts, de détruire nos valeurs traditionnelles et de nous imposer leurs pseudo-valeurs, qui nous rongeraient, nous, notre peuple, de l’intérieur n’ont pas cessé. Ces attitudes, ils les imposent déjà agressivement dans leurs pays et elles mènent directement à la dégradation et à la dégénérescence, car elles sont contraires à la nature humaine elle-même. Cela n’arrivera pas ici, cela n’a jamais marché pour personne. »

Notre pauvre France, au lendemain de ses élections présidentielles, vérifie exactement ces propos ! Rarement un président de la République n’a polarisé autant de haine qu’Emmanuel Macron. Et pourtant, aucun d’entre eux n’a jamais concentré entre ses mains autant de pouvoir pour imposer son programme. Et quel programme ! Européaniser et démoraliser le pays et faire payer à la France travailleuse la note de la crise économique. C’est la logique de la démocratie et le résultat de l’habile stratégie de barrage contre le Rassemblement national qui fait gagner la gauche depuis quarante ans... Non sans la trahison des gens d’Église, hélas...

En Russie, en revanche, le patriarche Kirill dénonce les véritables ennemis de sa nation et désigne l’enjeu ultime de la guerre contre l’Occident. Frère Bruno nous cita son sermon du dimanche 6 mars : « Depuis huit ans, on tente de détruire ce qui existe dans le Donbass. Et dans le Donbass, il y a un rejet, un rejet fondamental des soi-disant valeurs [les mœurs immorales] qui sont proposées aujourd’hui par ceux qui prétendent au pouvoir mondial. Si l’humanité accepte que le péché ne soit pas une violation de la loi de Dieu, si l’humanité accepte que le péché soit une variation du comportement humain, alors la civilisation humaine s’arrêtera là (...).

« Par conséquent, ce qui se passe aujourd’hui dans la sphère des relations internationales ne relève pas uniquement de la politique. Il s’agit de quelque chose d’autre et de bien plus important que la politique. Il s’agit du Salut de l’homme, de la place qu’il occupera à la droite ou à la gauche de Dieu notre Sauveur qui vient dans le monde en tant que Juge et Créateur. »

Tous les chrétiens ne partagent malheureusement pas cette analyse en Ukraine. La minorité catholique – latins comme uniates – a notamment pris parti contre la Russie. Mais la véritable cassure entre chrétiens ukrainiens, catholiques et orthodoxes confondus, se trouve dans l’acceptation ou le refus des idées libérales politiques et religieuses. Car chez les orthodoxes, deux conceptions de l’Église s’affrontent. Le patriarcat de Moscou se présente comme la troisième Rome appelée à gouverner l’ensemble des Églises du monde et conserve une attitude intransigeante à l’égard des “ hérétiques occidentaux ”. Le patriarcat de Constantinople, pour sa part, ne revendique qu’une primauté d’honneur dans une Église synodale, où les patriarcats locaux sont autocéphales et où le dialogue œcuménique est encouragé. En 2018, Constantinople a reconnu l’autocéphalie de l’Église de Kiev, et donc sa dissidence vis-à-vis de l’orthodoxie russe.

Il est remarquable que le Pape ait refusé de prendre parti entre Moscou et Kiev, dans cette querelle religieuse comme dans la guerre actuelle. Aveuglé par son pacifisme, François ne peut la comprendre. Et pourtant, il a consacré la Russie et l’Ukraine, les deux belligérants, au Cœur Immaculé de Marie à qui Dieu a remis le soin de la paix ! C’est déjà un miracle, qui rend possible celui de la paix, comme l’expliqua frère Bruno en commentant de nouveau l’acte de consécration prononcé par le Saint-Père (voir supra, p. 2-5). Jamais le lien entre actualités religieuses et actualités politiques n’a paru si clairement qu’aujourd’hui !

Puisque le Pape tarde encore à recommander la dévotion réparatrice, qui permettra à la consécration du 25 mars de porter tous ses fruits, nous persévérons dans notre offensive de chapelets, jusqu’au 13 juin, anniversaire de la révélation du Cœur Immaculé de Marie à Fatima !

CANONISATION, À ROME ET À PARIS

En 2005, la béatification du Père de Foucauld avait donné lieu à un tel déchaînement de mauvais esprit progressiste, anticolonialiste, antimilitariste, etc., que la cause du moine-missionnaire semblait compromise. Mais le miracle si éclatant accompli par son intercession et qui a permis au procès d’aboutir impose sa canonisation comme une volonté manifeste du Ciel !

Certes, nous n’avons pas été invités à Rome, parmi les disciples officiels du frère Charles de Jésus. Nous n’avons pas manqué pour autant de célébrer dignement cette canonisation que notre Père appelait de ses vœux. Frère François avait donné rendez-vous aux amis de région parisienne et d’au-delà à Saint-­Augustin, dans le huitième arrondissement de Paris, qui fut la paroisse de saint Charles de Foucauld de 1886 à 1890, le lieu de sa conversion.

À ROME : UNE SAINTETÉ ESCAMOTÉE.

À 10 h, la paroisse proposait une retransmission en direct de la cérémonie de la place Saint-Pierre. La grande salle des catéchismes, située sous l’église, avec ses quatre cents places, fut envahie par une foule fervente, de nombreux fidèles restant debout au fond. En réalité, un bon tiers de l’assistance et la grande majorité des enfants étaient de nos familles.

Cependant, rapidement, à la joie de la glorification de notre vénéré Père se mêla une certaine amertume. Dans cette cérémonie cosmopolite de canonisation multiple, saint Charles de Foucauld disparaissait parmi dix nouveaux saints. On peinait même à distinguer son portrait parmi tous ceux affichés à la loggia de Saint-Pierre. Mis à part un résumé laconique de sa vie, la mention de son nom dans le rite de canonisation, il n’en fut pour ainsi dire pas question. Des autres saints non plus, d’ailleurs. En fait, nous expliquera frère Bruno, Rome, ne pouvant plus différer la canonisation de ce saint qui ne se laisse pas accommoder facilement à l’Église conciliaire, a éludé habilement la difficulté par cette canonisation en série.

Sur leurs bancs, des paroissiens s’impatientaient : « C’est pour la canonisation du Père de Foucauld que nous sommes venus ! Quand en parleront-ils ? »

Tout bien considéré, ce silence nous a peut-être fait échapper au pire, au travestissement de sa sainteté.

Une phalangiste, présente sur la place Saint-Pierre, nous a raconté : « Quant au Père de Foucauld, si la plupart des pèlerins étaient, apparemment, là pour lui, il n’a pas été plus mis à l’honneur que les autres dans les propos du Pape. Le livret de la messe, qui consacrait une page à chaque nouveau saint, était très vague. La découverte de la religion musulmane et la recherche de la vérité le poussent à rencontrer l’abbé Huvelin ”... est désagréablement ambigu. Il choisit de vivre parmi les Touareg, dans l’amitié et la bienveillance ”... Certes, mais il n’ont pas lu la série de qualificatifs peu valorisants dont il les caractérise dans ses lettres. Enfin, il a été assassiné ”. Par qui ? des pillards ? des bandits de grand chemin ? Nulle mention de martyre, d’évangélisation même, encore moins de mission. »

L’homélie du Pape fut ensuite des plus banales. Commentant l’Évangile du jour, sur le commandement nouveau de l’amour du prochain (Jn 13, 31-35), François prononça un discours passe-­partout sur la sainteté en général, sans la moindre référence aux saints qu’il venait de canoniser. Il disserta sur la sainteté ordinaire, la sainteté du quotidien : réflexions paradoxales, au moment de donner en exemple à l’Église universelle une vie hors du commun et inimitable comme celle de l’ermite du Hoggar !

On reconnaît là l’héritage du Concile : abolissant la distinction des états de perfection, les pères conciliaires ont proclamé la sainteté pour tous ! N’importe quel fidèle peut et doit désormais devenir un saint dans sa vie séculière (cf. Préparer Vatican III, p. 305).

L’HÉRITAGE DU PÈRE DE FOUCAULD À PARIS.

L’homélie du Pape s’acheva juste à temps pour nous permettre de prendre place dans l’église Saint­Augustin. L’ambiance y était tout autre qu’à Rome ! Ce sanctuaire est tout entier une vaste relique de saint Charles de Foucauld et sa mémoire y est encore entretenue. Dans cette vaste nef, on l’imagine aisément, à son retour du Maroc, encore prisonnier de son agnosticisme, répétant là pendant des heures son étrange et bouleversante prière : « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse. »

Aussitôt donné le coup de cloche, la procession du clergé remonta la longue nef bondée de fidèles. Et, surprise, entre les enfants de chœur et le célébrant avaient pris place une douzaine de Saint-Cyriens en grand uniforme ! Avant de s’installer dans le chœur, ils déposèrent leurs casoars en pyramide au pied de l’autel. L’amitié profonde du Père de Foucauld avec l’Armée française était donc mise à l’honneur et non pas occultée, voire réprouvée.

Avec leurs soutanes éclatantes, frappées du Sacré-Cœur, frère Bruno et les frères qui l’accompagnaient ne furent pas moins remarqués. Notre habit religieux, en un tel jour, en un tel lieu, attirait toutes les sympathies.

En commençant la messe, le jeune célébrant, ému par la circonstance, surpris par l’affluence des fidèles, nous accueillit chaleureusement : « Je salue parmi vous tous les amis du Père de Foucauld, tous ses imitateurs. J’en ai aperçu qui portent fièrement sur leur poitrine le Sacré-Cœur, magnifique ! »

Cependant, malgré la bonne volonté et la ferveur de ce prêtre, nous pûmes mesurer à quel point les enseignements de notre Père sont nécessaires pour comprendre et aimer intégralement saint Charles de Foucauld. Le sermon essaya de nous faire méditer l’exemple de son amour illimité, mais sans que fût prononcé une seule fois le mot sacrifice, remarqua frère Bruno... Alors que toute la course du frère universel est tendue vers le martyre, comme vers son couronnement ! Privée de son ressort, sa vocation se réduit à une amitié vague, flasque et vide.

Heureusement, à chaque entrée de l’église, de jeunes phalangistes distribuaient leurs tracts pour présenter la biographie écrite par frère Bruno (Charles de Foucauld, fondateur de Chrétienté, moine-­missionnaire et martyr, éd. CRC, 382 pages, 78 illustrations, 20 €). Ainsi les paroissiens de Saint-Augustin reçurent-ils tous un portrait intégral du nouveau saint.

La messe dite, frère Bruno se rendit au pied de l’autel de la Sainte Vierge, dans la chapelle absidiale, pour y réciter l’action de grâce. C’est à cet endroit même que le vicomte de Foucauld avait reçu sa “ seconde première communion ” des mains de l’abbé Huvelin, un soir d’octobre 1886. Nos amis présents suivirent les frères, remplissant toute la chapelle et débordant autour du chœur de l’église. Surprise de se retrouver si nombreux ! Et c’est en longue procession, en chantant le beau cantique d’Yvon Leca, “ Charles de Foucauld ”, que nous avons ensuite vénéré le confessionnal de l’abbé Huvelin, où il se convertit.

À la sortie, après quelques instants de joyeuses retrouvailles, il était déjà plus de treize heures. Il était grand temps de pique-niquer, car frère François avait fixé le rendez-vous suivant à 14 h 15, à la basilique du Sacré-Cœur.

LE PÈRE DE FOUCAULD À MONTMARTRE

Parvenus au sommet de la butte de Montmartre, ce n’est pas sans soulagement ni sans émotion que l’on s’arrache à la cohue cosmopolite et débraillée qui hante ces lieux pour pénétrer dans le sanctuaire où trône Jésus-Hostie, attendant que quelques adorateurs se détachent de la foule indifférente pour le consoler.

C’est ici que le vicomte de Foucauld se consacra au Sacré-Cœur de Jésus, le 6 juin 1889, quelques mois avant d’entrer à la Trappe. Mais aucune célébration de sa canonisation n’avait été prévue, sinon notre réunion CRC.

Nous avions réservé la crypte de la basilique, habituellement fermée. On y descend comme dans un tombeau désert, sombre, froid, lugubre, sans même la Présence réelle, bien figuratif, hélas ! de l’état de l’Église... Mais en quelques minutes, plus de deux cents amis y furent réunis, chantant de tout leur cœur les mystères glorieux du Rosaire. Nous avions rendu cette crypte à sa vocation : non plus le sépulcre cadenassé de l’Église parisienne, mais le cœur mystique, battant de la capitale ! Les quelques touristes étrangers qui y sont descendus pendant ce temps rentreront dans leur pays persuadés que la foi demeure vive en France !

CHARLES DE FOUCAULD, NOTRE MODÈLE.

Après le chapelet, frère Bruno se retourna vers la foule de nos amis. Plutôt que de leur raconter une nouvelle fois la vie du Père de Foucauld, il voulait leur montrer ce pour quoi il doit être notre modèle à tous. Une expression de l’abbé Huvelin, citée en introduction de sa conférence, nous le révèle : « Le vicomte de Foucauld fait de la religion un amour. »

Était-ce donc si remarquable ? Il semble bien. Et c’est encore plus rare aujourd’hui. Cette définition s’applique cependant suprêmement à la Bienheureuse Vierge Marie. Quelques mois à peine après le martyre du saint moine-missionnaire, elle descendit du Ciel à Fatima afin de nous apprendre à tous à faire à notre tour de la religion un amour, en embrassant la dévotion à son Cœur Immaculé.

C’est en premier lieu par sa conversion exemplaire que Charles de Foucauld servira demain de modèle à toute notre jeunesse pervertie par l’école républicaine. Sa vie commença par reproduire le drame de l’enfant prodigue. À l’âge de quinze ans, il avait en effet soudain basculé dans le camp de « ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui n’aiment pas ». Charles personnifie son siècle. À Fatima, le Ciel nous a révélé comment regagner ces apostats dévoyés : c’est notre souci missionnaire aujourd’hui, comme c’était celui de sa famille alors. Il ne nous est demandé que de prier, de demander pardon. Le reste, le Cœur Immaculé de Marie le fera, multipliant signes et prodiges pour ramener irrésistiblement à Jésus tous ses enfants perdus.

De fait, la conversion du vicomte de Foucauld et toute sa carrière de sainteté portent la marque de la Vierge Marie.

Charles n’était pas un pécheur médiocre et satisfait ! Il avait conservé, durant ses douze ans de vie sans Dieu, une soif de grandeur et d’héroïsme manifestée par ses campagnes militaires et par l’exploit de son exploration du Maroc. Rentré à Paris, son agnosticisme finit par “ craquer ” au contact des saintes femmes qu’il voyait vivre et qu’il aimait. Le mystère de la Visitation était à l’œuvre dans son âme : dans le cœur de sa cousine Marie, par le témoignage silencieux de sa dévotion et de ses vertus, c’était Jésus qui l’attirait à Lui.

Finalement, l’abbé Huvelin acheva facilement la conquête d’une telle âme ! Après l’avoir confessé, c’est au pied de l’autel de la Sainte Vierge qu’il lui donna la communion : c’est Elle qui lui a donné son Jésus par la main du prêtre. Sa tendresse maternelle enveloppera dès lors toute la vie de saint Charles, se manifestant pour lui dans le port d’un grand rosaire accroché à la ceinture, inlassablement égrené lors de ses tournées d’apprivoisement et ses longues heures de solitude dans le désert.

Confession – Communion – Chapelet : quoi de plus traditionnel, remarquait notre Père, et en même temps de plus actuel, puisque c’est tout le programme de la Dévotion réparatrice demandée par Jésus et sa Mère à Pontevedra ?

L’ÉVANGILE À LA LETTRE.

À peine converti, Charles s’élança sur la voie d’une imitation littérale de Notre-Seigneur. « Sa vie, expliquait notre Père en 1964, récapitule de manière presque inouïe les grands mystères, les grandes étapes de celle de Notre-Seigneur, présentant ainsi à notre temps une merveilleuse illustration de l’Évangile. Certes, le Père de Foucauld a voulu  crier l’Évangile par toute sa vie ”, mais il ne s’est même pas aperçu à quel point cette grâce lui était donnée ! Il était tellement absorbé par la grâce de l’instant, par les inspirations du moment qui lui faisaient prendre des décisions, que les étapes de sa vie se sont succédé dans un ordre que lui-même n’a pas aperçu, mais que nous retrouvons avec émerveillement, comme un itinéraire évangélique littéral, et donc comme l’itinéraire mystique idéal ! »

Nos amis apprécièrent beaucoup cette nouvelle manière de raconter la vie du Père de Foucauld : non pas tant selon les dates et les lieux, que selon le mûrissement de sa vie évangélique.

Cela commence par la vie cachée : comme l’Enfant-­Jésus à Nazareth, le vicomte de Foucauld converti n’aspira d’abord qu’à obéir et se cacher. À l’instar de son divin Modèle, il « croissait et se fortifiait plein de sagesse et la grâce de Dieu était sur lui » (Lc 2, 40).

Mais de même que Jésus, à l’âge de douze ans, dévoila son mystère à ses parents au Temple de Jérusalem, saint Charles, devenu frère Marie-­Albéric, révéla un jour à ses supérieurs de la Trappe sa vocation singulière, sans pour autant se départir de son obéissance. Et le 23 janvier 1897, en la fête du saint mariage de saint Joseph et de la Sainte Vierge, il fut libéré de ses vœux pour répondre à cette vocation personnelle qui le pressait. Il était libre d’aller à Jésus, sans s’arrêter à aucune Règle, à aucune détermination tracée d’avance, autre que l’Évangile ; libre de rechercher la vie cachée auprès de Jésus, à Nazareth, « entre saint Joseph et la Sainte Vierge », comme il disait.

Il ne s’en tint pas là. En méditant le mystère de la Visitation, il entra parfaitement dans l’élan du Cœur Immaculé de Marie : « C’est la charité du Christ vous pressant, écrit-il, c’est Jésus qui, à peine est-il entré en vous, a soif de faire d’autres saints et d’autres heureux. » Un ardent désir apostolique l’envahit, qui éclipsa peu à peu tout autre souci, le poussant à quitter comme Jésus sa douce solitude de Nazareth pour entrer dans la vie publique.

Sur les conseils de l’abbesse des clarisses de Jérusalem, frère Charles accepta de recevoir le sacer­doce pour imiter plus parfaitement Jésus, être sauveur avec Lui : il comprenait désormais que le Sacré-Cœur achève de se révéler dans l’institution de l’Eucharistie, qui renouvelle le sacrifice de la Croix, tandis que la vie cachée de Nazareth en gardait le secret.

Ordonné prêtre le 9 juin 1901, il s’en fut aux plus déshérités et célébra sa première messe missionnaire à Beni-Abbès le 28 octobre suivant. Il ne s’agissait pas seulement pour lui de mener sa propre vie publique à l’imitation de Notre-Seigneur, mais de permettre à Jésus de poursuivre son ministère public à Lui, dans la vie cachée de son pauvre serviteur. Le Père de Foucauld ne se voulait que l’instrument ignoré et humble du rayonnement de son Maître, en célébrant la Messe là où elle ne l’avait jamais été, en installant le Saint-Sacrement en ces terres lointaines et infidèles. Il ne voulait que donner Jésus !

Et pourtant, il se trouva peu à peu entraîné à se donner lui-même, et de plus en plus, jusqu’à se laisser “ manger ” par tous les pauvres qui accouraient à lui. L’imitation de Jésus lui parut plus parfaite lorsqu’il était lui-même la charité du Cœur de Jésus en action, rayonnant, plutôt que lorsqu’il satisfaisait ses désirs de contemplation solitaire. En vérité, frère Charles et Jésus ne faisaient plus qu’un à Beni-Abbès !

Mu par une soif des âmes grandissante et un désir véhément du Règne du Christ, l’ermite du Sahara se lança bientôt sous la poussée de l’Esprit-Saint dans la vie apostolique. En 1904, le voici qui entreprend une première “ tournée d’apprivoisement ” avec Laperrine en pays touareg. En même temps, il élabore toute une doctrine missionnaire... civilisatrice et coloniale ! En lui, c’est le Cœur de Jésus qui parle, qui vit, qui se sacrifie. Notre Père le comparait alors aux Apôtres, après l’Ascension et la Pentecôte : « Ils ne se sont pas trouvés livrés à eux-mêmes, mais pleins de l’Esprit-­Saint, pour agir comme Jésus, faire ce que Jésus aurait fait, parler en son Nom. » (14 septembre 1964)

Quelle vocation enthousiasmante ! « Demain, le Père de Foucauld sera un saint, certainement canonisé, s’exclamait l’abbé de Nantes il y a cinquante ans. Un saint exemplaire, ayant en lui une force inouïe pour la conversion du monde. Je ne dis pas pour la conversion des Touareg, je ne dis pas pour la conversion de la France, je dis pour la conversion du monde. Il sera capable d’embraser toute une génération d’enthousiasme, de ferveur, générateur d’héroïsme. »

La garantie de l’apostolat “ charismatique ” qu’inaugure le Père de Foucauld, sans laquelle il ne porterait pas de fruit, c’est l’immolation, l’union au sacrifice rédempteur de Jésus et Marie.

L’ULTIME CONFORMITÉ, LE SCEAU DU MARTYRE.

« Toute la vie du Christ ne fut que Croix et martyre, rappela frère Bruno en citant L’Imitation. La Vierge Marie, de même... Et on peut, sans risque de se tromper, maintenant qu’il est canonisé, affirmer la même chose de Charles de Foucauld. »

De même que sa vie évangélique, son désir du martyre mûrit peu à peu. Sitôt converti, il souhaitait offrir à Jésus « le plus grand sacrifice possible » et le martyre lui apparaissait comme la « preuve suprême de l’amour ». Le sacerdoce attisa ce désir en lui donnant une motivation nouvelle : s’offrir lui-même en victime, jointe à la divine Victime, Jésus, dans un même sacrifice.

Mais bientôt, parmi les pauvres du désert, le martyre lui parut être en outre la plus belle preuve d’amour à leur donner à eux, pour leur enseigner la charité du Christ. Dans cet esprit, il ne voulut plus tant mourir comme Jésus qu’aimer les âmes, les pauvres, comme Lui, en se donnant, totalement, dans un anéantissement complet, jour après jour, qui fut un martyre continuel.

« Je ne puis pas dire que je désire la mort, confia-t-il alors. Je la souhaitais autrefois ; maintenant, je vois tant de bien à faire, tant d’âmes sans pasteur, que je voudrais surtout faire un peu de bien et travailler un peu au salut de ces pauvres âmes. »

Le drame du 1er décembre 1916 ne fut donc pas un fait divers, mais le dénouement logique, désiré de sa carrière. « Notre anéantissement est le moyen le plus puissant que nous ayons de nous unir à Jésus et de faire du bien aux âmes », avait-il écrit à sa cousine le jour même.

Son martyre demeure le sceau manifeste de la plus sublime sainteté, que l’Église vient enfin de reconnaître, ce 15 mai 2022.

Frère Bruno conclut en nous recommandant de prier beaucoup saint Charles de Foucauld, qui occupe sans aucun doute une place de choix dans le Cœur Immaculé de Marie, puisqu’elle a voulu nous révéler, dans son grand Secret du 13 juillet 1917, la fécondité du sang des martyrs : « Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un vase de cristal à main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs, et avec lequel ils arrosaient les âmes qui s’approchaient de Dieu. »

Cette conférence s’acheva dans un silence religieux, impressionnant. Après quelques couplets d’un chant au Sacré-Cœur, nos amis remontèrent dans la basilique et envahirent la nef pour un temps d’adoration du Saint-Sacrement. Le spectacle de toutes ces familles nombreuses priant avec dévotion au pied de l’ostensoir, s’il n’a peut-être pas touché les badauds, a sûrement ravi Jésus-Hostie ! Ce fut le point d’orgue de notre pèlerinage. Littéralement, car au bout de quelques minutes, le mugissement puissant des grandes orgues remplit toute la basilique. Interloqués, c’est en se bouchant les oreilles que les petits continuèrent à adresser leurs oraisons jaillissantes à Jésus !

Enfin, tous se retrouvèrent dans le jardin public au chevet du sanctuaire. Le temps était splendide, le goûter de notre ami Duvivier bienvenu. Mais le principal charme de ces réunions CRC, c’est leur caractère familial. Quatre générations étaient rassemblées autour de notre frère Bruno !

Espérons que parmi tant d’enfants présents, le souvenir de cette belle journée dédiée à saint Charles de Foucauld éveillera de nombreuses vocations de moines et de moniales-missionnaires !

     frère Guy de la Miséricorde.