19 FÉVRIER 2023

Le rôle de l’Esprit-Saint 
dans l’Église de Corinthe

SAINT Paul traduit l’expérience qu’il a vécue lui-même et qu’il voit vivre par ses chrétiens dont plusieurs ont fait des conversions spectaculaires. Cet Esprit-Saint les a retirés des bas-fonds de Corinthe. Il a une action intime en chacun et dans l’Église. Il fait des Corinthiens des êtres libres, sanctifiés, des créatures nouvelles.

S’adressant à eux, saint Paul leur dit : Vous, les païens, vous êtes transformés intérieurement, vous êtes maintenant vraiment membres de ce Corps à égalité avec les juifs baptisés :

« Car la construction que vous êtes a pour fondations les apôtres et prophètes, et pour pierre d’angle le Christ Jésus lui-même. En lui toute construction s’ajuste et grandit en un temple saint, dans le Seigneur ; en lui, vous aussi, vous êtes intégrés à la construction [au corps] pour devenir une demeure de Dieu, dans l’Esprit. » (21-22)

Donc, l’Esprit-Saint est celui qui travaille à construire l’Église à partir de membres dispersés, ici les Juifs, là les Grecs et parmi les Grecs, les Barbares et les civilisés. Tout cela, l’Esprit-Saint le forme afin d’en faire un seul corps pour le Christ.

Donc, il n’y a pas de doute, la force d’unification de ce corps qui est l’Église, c’est l’Esprit-Saint.

Autre citation qui montre bien que cet Esprit-Saint est une force en action qui construit l’Église : 1 Co 3, 16-17 : il s’agit toujours de cette demeure, de cette construction qu’est l’Église : « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? »

On peut l’interpréter d’une manière individuelle, mais en fait, ici, il s’agit de l’Église de Corinthe. Vous êtes un temple et l’Esprit de Dieu habite en vous.

« Si quelqu’un détruit le temple de Dieu [c’est-à-dire si un prédicateur vient là pour détruire cette unité de l’Église], celui-là, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est sacré et ce temple, c’est vous. »

C’est vous, l’Église de Corinthe. On pourrait dire aussi bien : c’est nous, notre communauté. Rendez-vous compte que vous êtes une communauté, que vous tenez les uns aux autres, que c’est tous ensemble que vous formez cette communauté ! Cette communauté, vous la formez parce que l’Esprit-Saint la forme en vous. Celui qui détruit cette communauté va contre l’Esprit-Saint.

L’Esprit-Saint est donc en travail :

– dans la communauté, mais aussi bien, et une chose ne va jamais sans l’autre, dans chaque âme. L’Église n’est pas une dictature, l’Église n’est pas une fourmilière. L’Esprit-Saint agit dans la communauté parce qu’il supervise l’ensemble, mais il ne peut le faire que parce qu’il agit dans chaque membre de la communauté. Ce n’est pas une dictature, ce n’est pas une pression extérieure qui fait l’empire du Christ.

– cette action libre de sanctification, d’action personnelle de l’Esprit-Saint, se fait dans chacun des membres de l’Église. À preuve, dans la même épître (6, 19), à propos de cette fameuse fornication dont nous avons déjà parlé. À celui qui va forniquer avec une courtisane, saint Paul dit :

« Ou bien ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint-Esprit, qui est en vous et que vous tenez de Dieu ? »

Admirons de quelle manière élevée et persuasive, saisissante saint Paul a de réprimer les vices ! au lieu de rester dans le prosaïsme : fais attention, où cela te mènera-t-il, cette liaison avec cette maîtresse ?

Voilà tout d’un coup que l’individu, le chrétien se rend compte qu’il est une personne sacrée, qu’il est comme un reposoir, un ostensoir, un tabernacle ! Vous avez l’Esprit de Dieu dans votre corps. Votre corps est sacré, il est le temple de l’Esprit-Saint qui est en vous et que vous tenez de Dieu, vous ne vous appartenez pas !

« Vous ne vous appartenez pas ? Vous avez été bel et bien achetés ! Glorifiez donc Dieu dans votre corps. » (6, 20)

Le Christ vous a rachetés et vous, maintenant, vous êtes le temple de l’Esprit-Saint. C’est Lui qui nous fait abonder en toutes sortes de vertus, de telle manière que nous sommes affranchis de la loi de Moïse, et conduits à faire le bien.

Quelle vocation merveilleuse et enthousiasmante !

Abbé Georges de Nantes
Extraits de la retraite l’Évangile de Paul
S 63 (1985) – 12e conférence