Il est ressuscité !

N° 267 – Juin 2025

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


« Des paroles plus douces que le miel »

LE Concile s’est dit  “ pastoral ” et non pas dogmatique, et l’Église se meurt des fruits empoisonnés dont ce Concile l’a nourrie. Notre Père a su nous administrer le remède, que Notre-Dame nous a apporté “ du Ciel ” pour la sauvegarde du “ dogme de la foi ”. En théologien averti de toutes les erreurs du Concile, qu’il a critiquées point par point sans jamais être pris en défaut, il a pris hardiment le relais de saint Maximilien-Marie Kolbe, et de la vénérable sœur Marie-Lucie de Jésus et du Cœur Immaculé pour enseigner, dans l’Église, la “ pastorale ” salvatrice de l’Immaculée Conception.

La Vierge de la ba­silique du Sameiro

La Vierge de la ba­silique du Sameiro, près de Braga. Sculptée à Rome et bénite par le bienheureux Pie  IX en 1876, l’Immaculée trône dans les ors et les anges, déjà triomphante et glorieuse comme en son mystère d’Assomption. Lors de son hospitalisation à Lisbonne, sainte Jacinthe confia au docteur Eurico Lisboa que c’était l’image qui lui rappelait le plus ses visions de Notre-Dame.

Sœur Lucie, que feu le pape Jean-Paul Ier recommandait à notre attention comme la « fille chérie de l’Église », raconte comment ce qu’elle avait cru bon de tenir “ secret ” se répandit dans toute l’Église, parce que Jacinthe, sa petite cousine, n’avait pu contenir son enthousiasme. « La Dame » était si belle !

« Malgré l’insistance que j’ai mise à recommander qu’on ne dise rien de l’apparition de Notre-Dame, Jacinthe en a parlé à sa mère. » Ce n’était pas une désobéissance, mais une volonté de Dieu. « Dieu veut. »

« Il n’en fallut pas plus pour que la nouvelle circule vite parmi ces gens simples, laborieux et occupés aux travaux de la campagne, pour tirer de leurs terres le pain de chaque jour, accomplissant ainsi la Loi du Seigneur : “ C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras ton pain. ” (Gn 3, 19)

« Telle est la loi du travail à laquelle nous sommes tous assujettis par suite des péchés que nous avons commis ; étant donné que nous sommes tous pécheurs, nous avons tous à travailler et à offrir à Dieu notre travail, le sacrifice qu’il nous coûte, en réparation et en esprit de pénitence pour le mal que nous avons fait et le bien que nous aurions dû accomplir et que nous n’avons pas réalisé. »

C’est cette loi primitive qui conduit ces foules à la Cova da Iria. Quel rapport ? Lucie continue :

« Parmi ces gens humbles et qui ne se préoccupaient pas des événements politiques, c’est à peine si de temps en temps on entendait quelques commentaires concernant les nouvelles que rapportaient les personnes venues des villes : on déplorait l’assassinat du roi et du prince, on regrettait la proclamation de la république qui avait chassé du pays les religieux et les religieuses en s’emparant de tous leurs biens, de leurs maisons, terres, églises, etc., qui maltraitait les prêtres, ne permettait pas qu’on sonne les cloches ni qu’on fasse des processions, qui s’appropriait tout ce qui appartenait à l’Église, en disant que tout était à eux.

« Mais le pire, le plus grave de tout, c’est qu’ils précipitèrent le pays dans la guerre, avec l’obligation pour nos fils d’aller au front, de se faire massacrer par les canons ou d’être transpercés par les balles !

« On ne sait pas de quelle sorte de gens il s’agit ! Est-ce que Notre-Dame ne vient pas là maintenant pour nous sauver ? Et ils priaient, ils chantaient avec ferveur : “ Salut ! ô noble Souveraine du peuple que tu protèges, choisi entre tous pour être le peuple du Seigneur. 

« Venant des villes, des bourgs et des villages, avec foi, espérance et amour, ils accourent aux nouvelles : “ Que s’est-il passé ? ” Parmi eux, il y a des pauvres et des riches, des sages et des ignorants, des croyants et des non-croyants, et aussi des curieux et des railleurs cherchant le meilleur moyen d’en finir avec tout cela !

« Ce fut là le début de ce que Notre-Dame avait prophétisé aux petits bergers : “ Vous aurez alors beaucoup à souffrir. ” Pas seulement eux, mais aussi leurs familles.

« Le Christ n’a pas réalisé autrement son œuvre rédemptrice : dès sa naissance, il a été persécuté, il a été menacé de mort et il a dû fuir à l’étranger ; il en a été ainsi pendant toute sa vie, jusqu’au jour où il est mort cloué sur le bois de la croix. La lutte diabolique ne s’avoue jamais vaincue, même si elle est certaine que tout sera perdu pour elle, parce que “ qui est comme Dieu ? 

« C’est ainsi qu’arriva le 13 juin 1917.

« Suite à tant d’interrogatoires importuns, de va-et-vient et de contradictions, je me sentais fatiguée. Je ne savais pas encore que c’était là le chemin par où Dieu voulait conduire mes pas afin de m’amener au Ciel par le moyen de son message, moi-même et tant d’autres qui voudraient le suivre avec foi, espérance et amour.

« C’est dans cet état d’âme que j’osai demander à la céleste Messagère de nous prendre avec elle dans le Ciel : “ Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel. ” Déjà la terre n’avait plus aucune importance pour moi. Ce que je désirais, c’était qu’elle nous emporte au Ciel avec elle. Mais comme ce n’étaient pas les desseins de Dieu, elle répondit : “ Oui, Jacinthe et François, je les emmènerai bientôt, mais toi, tu resteras ici pendant un certain temps encore. Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. 

« Telle était la mission que Dieu me destinait ; mais rester sans la compagnie de Jacinthe et de François me donnait l’impression de demeurer seule en ce monde si incertain et désert, sans plus personne pour me suivre, me comprendre, m’aider, compatir avec moi en parcourant les chemins par où Dieu voulait me conduire. Au long de ces chemins, que je trébuche sur les pierres se trouvant là où je passe, que je marche parmi les chardons et les épines, que je tombe et me relève, toujours Dieu me prendra par la main et m’aidera à tourner vers lui mon regard.

« Tout au long de ma vie, et aujourd’hui encore, je pense ainsi. Mais à ce moment-là, j’étais trop ignorante et enfant pour réfléchir de cette façon. C’est pourquoi la céleste Messagère me répondit : “ Non, ma fille. Tu souffres beaucoup ? Ne te décourage pas, je ne t’abandonnerai jamais. Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. 

« Par cette promesse, je me sentis réconfortée, remplie de confiance, certaine que la Dame ne me laisserait jamais seule, qu’elle me conduirait elle-même et guiderait mes pas sur les chemins de la vie, que Dieu voudrait me faire prendre ; et ainsi je m’abandonnais entre les bras de notre Dieu et à ses soins de Mère.

« C’est alors que la céleste Messagère, avec un geste de protection maternelle, ouvrit les bras et nous enveloppa dans le reflet de la lumière de l’Être immense de Dieu.

« Cette grâce nous marqua pour toujours dans l’ordre du surnaturel.

« Oh ! Seigneur, n’est-elle pas le refuge des pécheurs, la Mère de miséricorde, le secours des chrétiens, que tu as fait descendre jusqu’à nous pour nous introduire dans l’océan de ton amour, de ton pouvoir, de ton Être immense où cette flamme ardente nous fera vivre pour toujours ce mystère de l’amour des Trois pour moi ? C’est avec cet amour que je t’adorerai, que je te rendrai grâce, que je t’aimerai, transformée en cantique de ton éternelle louange.

« J’avancerai ainsi, Seigneur, en marchant derrière toi, en suivant tout simplement ce difficile chemin que tu as préparé pour moi.

« En mettant mes pas dans les empreintes que tu as laissées sur la terre que tu as foulée, j’avancerai en te suivant, le regard fixé sur toi ; je ne veux plus que m’embraser d’amour pour toi, je ne veux plus que la vie de Dieu en moi ! Flamme étincelante, qui en moi brûlait et, par toi attisée, s’embrasait de jour en jour davantage ! Je ne la lâchais pas ! Elle grandissait et gagnait la terre froide qu’elle rencontrait ! » (Comment je vois le message)

Ainsi quand sœur Lucie lit les Psaumes, en récitant son bréviaire, au Carmel, et qu’elle médite toute la Sainte Écriture, non seulement les livres de la Sagesse, mais le Pentateuque, la Loi contenue dans les cinq premiers livres, tournant les yeux vers la Vierge qu’elle a vue, de ses yeux vue, elle retrouve dans l’harmonie des lois de la nature, de l’immense univers réglé par la même Loi de Dieu que chantent les auteurs inspirés de la Sainte Écriture, qui est une loi physique, nécessitante dans le Ciel et qui, dans notre âme, est une loi amoureusement voulue, librement consentie, cette Loi révélée au long des siècles, dessine l’âme de la Vierge comme une sorte de firmament avec mille étoiles, la voie lactée, la lune... Chacun de ces astres représentant quelque perfection ou quelque vertu prescrite par « la Loi » :

« La Loi de Yahweh est parfaite :
elle est pour l’âme un réconfort,
le témoignage de Yahweh est sûr :
il rend sage le simple... »

La Vierge est ce “ décret de Yahweh ” : c’est l’Immaculée Conception. Comme disait le Père Kolbe, Elle est « la conception originelle de Dieu ». Ce que Dieu a conçu d’abord, ce n’est pas la Loi donnée à Moïse, c’est une Loi vivante, une règle, un modèle, la perfection. Il a conçu l’Immaculée :

« La Vierge est immaculée,
Elle éclaire les yeux,
Elle réjouit le regard. » (Psaume 18)

Après avoir admiré l’harmonie du ciel dans la première partie du psaume, le psalmiste admire l’harmonie de la Loi divine dans la beauté des vertus humaines que nous apercevons en Marie :

« L’oracle de Yahweh est pur
immuable à jamais. »

Insistant sur cette innocence de la toujours Vierge Marie,
« les sentences de Yahweh sont vérité,
également équitables »,

le psalmiste affirme par avance que dans toutes ses actions, Marie, toujours Vierge répond à la volonté de Dieu.

« Les volontés de Yahweh sont désirables,
plus que l’or le plus fin. »

Combien il est désirable d’entrer dans la dévotion à la Vierge Marie que « Dieu veut » établir dans le monde ! Cela vaut mieux que tous les trésors ! Celui qui a l’amour de la Vierge est plus riche que s’il possédait tous les trésors de la création.

« Ses paroles sont plus douces que le miel. »

frère Bruno de Jésus-Marie