Il est ressuscité !

N° 267 – Juin 2025

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


LA LIGUE

La Ligue

À l’ombre de saint Pie X

«SI un bon Pape catholique était élu, il n’aurait qu’à prendre les discours de saint Pie X et les refaire mot à mot, pas une seule phrase n’a vieilli ! Ce serait encore remettre l’Église d’aujourd’hui dans les rails de la Vérité de Jésus-Christ, cela suffirait », s’écriait notre Père à la Mutualité, en 1988, au cours d’une série de conférences magistrales sur l’œuvre de restauration catholique du plus grand pape des temps modernes. Près de quarante ans plus tard, ses enseignements n’ont pas pris une ride et les deux cents jeunes participants de la session de la Pentecôte ont découvert avec bonheur ce docteur et pasteur incomparable : à l’orée de la grande apostasie, saint Pie X combattit victorieusement le modernisme, le progressisme, la démocratie-chrétienne, ces maux qui submergeraient l’Église à partir du concile Vatican II et dont nous souffrons encore aujourd’hui, pour, en revanche, tout restaurer dans le Christ, par l’Immaculée.

Le soir, au cratère, la projection de notre montage sur “ Le pape Jean-Paul Ier, le saint et le martyr ” ne nous fit pas changer de sujet : l’abbé de Nantes n’avait-il pas reconnu dans le Pape du sourire « un autre saint Pie X qui s’ignore » ? Les images de sa vie prédestinée, les analyses si profondes formulées par notre Père sur le moment même, en 1978, sont un témoignage roboratif de la permanence de la sainteté de l’Église, comme aussi de l’indéfectible amour que nous lui portons, au même moment où nous combattons l’apostasie de sa hiérarchie.

Nous avions réalisé ce film après la publication de la troisième partie du Secret de Fatima, le 26 juin 2000, il y a juste vingt-cinq ans. En dépit de l’incrédulité du cardinal Ratzinger qui avait alors spécifié que « les situations auxquelles elle fait référence semblent désormais appartenir au passé », cette vision grandiose demeure notre clef d’interprétation de tous les événements du monde. C’est ainsi que nous assistons à la consomption de l’Église sans céder à la tentation du désespoir, puisqu’elle nous a été montrée d’avance par Notre-Dame, en même temps qu’elle nous assurait du triomphe final de son Cœur Immaculé.

Parmi les âmes qui s’approchent de Dieu, arrosées par le sang des martyrs – nous les voyons nombreuses à frapper à la porte de l’Église, après soixante ans de pastorale conciliaire, comme des brebis abandonnées à la recherche des pasteurs perdus –, plusieurs s’étaient jointes aux habitués de nos activités. Ce fut notre récompense de les voir s’épanouir au fil des offices liturgiques et des conférences, goûtant avec une égale satisfaction la sûre vérité de notre doctrine et la piété communicative de nos trois ordres réunis.

À mesure que nous découvrions la sagesse et la pertinence des enseignements et des réformes de saint Pie X, nous nous demandions avec inquiétude dans quelle tradition s’inscrirait son nouveau successeur Léon XIV : prolongera-t-il la lignée des papes conciliaires dont il se réclame ou bien, saisi d’angoisse à la vue d’une Église à moitié en ruine, renouera-t-il avec l’héritage de saint Pie X ?

NOUVEAUTÉ

BIBLE, ARCHÉOLOGIE, HISTOIRE
Tome IV. L’Église : Jésus et Marie communiqués

Frère Bruno, dans un ensemble d’études exégétiques, s’appuyant sur des travaux scientifiques rigoureux, affirme de façon définitive que la Bible est historique. Il poursuit la mise en lumière de la continuité historique de la Révélation, de la Rédemption et du mystère de l’Église, le passage de l’Ancienne à la Nouvelle Alliance.

C’est ainsi qu’il met en avant les dernières découvertes archéologiques pour contredire les “ scientifiques ” sceptiques intervenant dans l’émission d’Arte, en 2006 : « Peut-on se fier à l’Ancien Testament ? » (p. 17) La réponse est nette : « Le judaïsme a donné naissance à la Bible et non le contraire ».

Le chapitre IV sur la « Sainte Église notre Mère » (p. 105 sq.), sujet du camp de la Phalange 2022, nous fait entrer non seulement dans l’histoire de l’Église, mais dans son mystère et celui du rôle prépondérant de la Femme, la nouvelle Ève, l’Immaculée Conception.

Ce recueil est un cri d’amour pour notre Mère la Sainte Église, une catéchèse nécessaire pour qui veut comprendre, loin des polémiques, le combat de l’abbé de Nantes pour la vérité de notre sainte religion.

Volume broché : dos carré, collé sans couture.

1 volume, 220 pages, 22 illustrations noir et blanc, et couleur, 21 cm x 29, 7 cm.       22 €

SOUS L’EMPRISE DE L’AMÉRICANISME

La conférence d’actualités de frère Pierre, prononcée au Canada et diffusée ce mois-ci sur notre site de VOD, a mis en lumière une tare dont le Saint-Père devra guérir pour revenir à la foi catholique intégrale : il s’agit de l’américanisme. Cette hérésie condamnée par Léon XIII ne se manifestait pas dans une théorie fausse, mais comme un libéralisme pratique imprégnant l’Église des États-Unis depuis ses origines, la conduisant à estomper la foi par souci de bonne entente avec les protestants, jusqu’à prêcher un christianisme sans croix, réduit à un humanisme aux accents religieux.

Pour bien le comprendre, frère Pierre nous rappelle rapidement l’histoire du catholicisme américain, depuis la fondation du Maryland en 1632 par Lord Baltimore qui désirait fonder un nouveau pays où catholiques et protestants se respecteraient. L’utopie ne dura pas dix ans et s’effaça devant la réalité du fanatisme persécuteur puritain.

Dès lors, ce fut pour obtenir la sympathie des protestants au pouvoir que les catholiques se montrèrent les plus zélés patriotes, des citoyens exemplaires, faisant valoir dans leur foi tout ce qui favorisait les valeurs fondatrices des États-Unis... et atténuant le reste. Mgr Gibbons, le très brillant archevêque de Baltimore, personnifie cette Église métamorphosée, déjà, en “ mouvement d’animation spirituelle de la démocratie américaine ”.

« Le but du cardinal Gibbons est certes de convertir les protestants, explique frère Pierre, mais sans heurter la bonne entente qui doit régner dans le pays. Son principe : Pour que l’Amérique accepte le catholicisme, il faut que l’Église accepte l’Amérique. Il était convaincu que les institutions politiques américaines peuvent plus aisément que celles de l’Europe aider un homme à faire son salut, et qu’elles promettent à la catholicité un triomphe plus parfait que ses victoires médiévales. C’était oublier que la Chrétienté, c’est le Règne du Christ, tandis que la société démocratique c’est celui de l’Homme et du Prince de ce monde. »

La diffusion de cet esprit américain en France, à l’époque du ralliement à la République, provoqua une telle polémique que Léon XIII fut contraint de porter un jugement doctrinal, de condamner l’ensemble de ces opinions désignées sous le nom d’américanisme. Entre autres erreurs, le Pape récuse l’opportunité, pour gagner les cœurs égarés, de taire certains points de la doctrine comme étant de moindre importance ; il nie la nécessité de permettre à chaque fidèle de développer plus librement son initiative sous prétexte que la liberté est devenue le fondement de la société civile et, plus profondément, en raison d’une prétendue surabondance de l’action du Saint-Esprit chez nos contemporains ; Léon XIII condamne encore l’exaltation des vertus naturelles censées répondre davantage aux mœurs et aux besoins de notre temps : « À quoi servent les vertus naturelles sans la richesse et la force que leur donne la grâce ? »

Et frère Pierre de commenter : « C’est exactement ce qu’il faut répondre à Léon XIV quand il fait appel à l’humanité de tous les hommes pour construire la paix dans le monde. »

Évidemment, les évêques américains se soumirent à la condamnation de ces erreurs, en niant même de les avoir jamais professées. Mais ils ne modifièrent pas pour autant leur pastorale, avec un succès aussi spectaculaire qu’illusoire. En effet, malgré son apparente vitalité, due à une immigration catholique massive, l’Église américaine est caractérisée par un nombre record d’apostasies. Que nous sommes loin de l’intransigeance de saint Pie X, qui sauva l’Église de France de la persécution républicaine !

Le concile Vatican II et la proclamation de la liberté religieuse n’apparurent pas aux États-Unis comme une révolution, mais comme la consécration de l’esprit américain. De telle manière qu’un religieux fervent comme Robert Prevost ne pourrait pas trouver dans sa formation ni dans la tradition de l’Église américaine le remède à la crise post­conciliaire. Voilà qui doit nous engager à poursuivre l’œuvre CRC de notre Père, telle que frère Bruno l’a définie dans son éditorial du mois de mai : prière pour le Saint-Père et combat doctrinal contre le schisme et l’hérésie.

FÊTES DE JUIN

Rien de plus contraire à l’américanisme que le temporalisme triomphaliste des cantiques que nous avons chantés à pleins poumons lors des processions de la Fête-Dieu et de la solennité du Sacré-Cœur, les 22 et 29 juin, à la maison Saint-Joseph comme dans nos ermitages : “ Nous voulons Dieu ”, “ Parle, commande, règne ” !

Les enfants sont mis à l’honneur dans ces triomphes publics de l’Eucharistie. Ils agitent fièrement leurs bannières ou bien sèment leurs pétales de roses sur le chemin de Jésus-Hostie. Ne sont-ils pas les premiers dans le Royaume des Cieux, et partant nos plus puissants intercesseurs auprès du Roi des rois ? Saint Pie X, d’ailleurs, en prophétisant la conversion de notre nation, selon l’exemple de Saul de Tarse, dans son allocution mémorable du 29 novembre 1911, trouvait précisément dans la prière des enfants de France l’un des fondements les plus solides de son espérance : « Par-dessus tout, les gémissements de tant de petits enfants qui, devant les tabernacles, répandent leur âme dans les expressions que Dieu même met sur leurs lèvres, appelleront certainement sur cette nation les miséricordes divines. »

Mais le plus réjouissant est d’assister à la cérémonie finale du baiser des enfants à Notre-Seigneur dans l’ostensoir, selon la pieuse et ravissante coutume instituée par notre Père. On pense alors à la joie du Bon Dieu ! Le célébrant reprit le micro aussitôt après pour laisser éclater son enthousiasme :

« Celui qui a inventé cette pratique est génial ! Laissez venir à moi les petits enfants ! Comme la petite Thérèse aurait aimé cela, elle qui écrivit de sa première communion qu’elle fut  le premier baiser de Jésus à mon âme ”. »

C’est cela aussi, la CRC : l’école de la consolation des Saints Cœurs de Jésus et de Marie.

frère Guy de la Miséricorde.